lundi 23 avril 2007

Soirée électorale

Comme chacun de vous, j'ai passé quelque temps hier soir devant mon poste de télévision. J'ai été rapidement lassé d'entendre les commentaires des uns et des autres, surtout des autres d'ailleurs.
Seuls deux représentants de l'opposition m'ont paru à la hauteur de la situation. Laurent FABIUS est incontestablement un homme d'état. Il a fait preuve de maîtrise de lui-même, d'une très grande intelligence aussi. Dans un autre registre, Bernard KOUCHNER s'est révélé humain, fraternel, et sympathique. Que dire des autres ? Ils n'ont que l'injure à la bouche, le dénigrement des personnes surtout, car de propositions concrètes ils n'en ont pas. "Monsieur SARKOZY veut s'allier au FN, c'est honteux. Nous, nous voulons rassembler, c'est pourquoi nous ne dédaignerons pas les voix qui se sont portées sur madame LAGUILLIER, ou sur messieurs SCHIVARDI et BESANCENOT. Ils expriment pour ceux de nos concitoyens qui ne partagent pas leurs vues une haine viscérale, rejoignant en cela monsieur HOLLANDE qui hait les riches ? Tant pis. Nous voulons rassembler quand même, et si des électeurs de monsieur BAYROU veulent se joindre à nous, tant mieux. Voilà qui est d'une remarquable cohérence politique. N'est-il pas ?" Mais qui a fait rentrer des députés FN à l'Assemblée Nationale ? Allez, je vais vous aider : ça commence par monsieur MITTE et ça finit par RAND. Vous ne vous souvenez pas ? C'était pour éviter à son camp une monumentale pâtée électorale, et pour enquiquiner les vainqueurs prévisibles de la compétition. On a changé la loi électorale quelques temps avant le scrutin pour faire élire les députés à la proportionnelle. Pitoyable, cynique et immoral.
J'ai aussi entendu monsieur SARKOZY : "Je respecte madame ROYAL. Je respecte ses convictions etc." Hormi le reproche, fondé, de sectarisme, fait par monsieur BERTRAND à ses interlocuteurs, je n'ai pas entendu dans la bouche des supporters de monsieur SARKOZY ou de monsieur BAYROU (digne et remarquable Jean-Marie CAVADA) la moindre attaque personnelle.
Alors de deux choses l'une : ou bien ces personnages politiques sont sincères, et alors il faut conclure que la haine, le ressentiment (au sens de NIETZSCHE), la rage impuissante et la petitesse d'esprit sont dans un camp, et l'ouverture dans l'autre. Ou bien ils ne le sont pas. Alors il nous faut conclure que dans un cas, il y a au mieux de la courtoisie, au pire de l'habileté, et dans l'autre une exploitation éhontée et misérable des bassesses de l'âme humaine.
Il faut aussi que nous nous souvenions de ce que monsieur LANG a dit le 5 mai 1981 : "voici le jour où nous passons des ténèbres à la lumière", de ce que monsieur MAUROY, premier ministre a dit "des gens du château", ou de l'imprécation vulgaire de monsieur CHEVENEMENT, alors candidat à la députation, qui nous parlait "de l'haleine fétide de la droite". Qui sont ces gens qui se permettent de renvoyer dans les ténèbres, dans la puanteur, ou dans les très hypothétiques lambris des châteaux, les quelques 50 % des français qui ne pensent pas comme eux ? Qui sont les fauteurs de guerre civile ? Et pourquoi faudrait-il que les français qui par leurs talents, leur travail, leurs qualités personnelles gagnent de l'argent soient tous des salauds ?
Nous avions besoin de réconciliation. Nous avons besoin de fraternité. Pas de combat de chefs, de combats de clans. Pas de prélèvements obligatoires supplémentaires au nom de la solidarité, mais de supplément d'âme au non de la compassion et de l'aide qu'il nous faut porter aux pauvres, aux petits, aux malades, aux personnes âgées. De tout cela je n 'en ai pas entendu beaucoup parler. Ou plutôt si, mais le porteur de ces idées n'est plus dans la compétition.

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