jeudi 24 mai 2007

Qu'est ce que le totalitarisme ?

Voici une bonne définition du totalitarisme
"Je prends le mot totalitarisme dans son sens communément reçu, signifiant un système politique dans lequel tous les liens sociaux ont été entièrement remplacés par des organisations imposées par l'Etat, et où, conséquemment, tous les groupes et les individus sont censés poursuivre seulement des buts, qui, à la fois, sont ceux de l'Etat, et sont définis comme tels par l'Etat. Autrement dit, un système totalitaire idéal consisterait dans la destruction complète de la société civile, cependant que les seules formes de la vie sociale qui subsisterait seraient l'Etat et ses instruments organisés. Toutes les diverses formes d'activité humaine - dans l'ordre économique, politique, culturel - ne seraient permises ou obligatoires (la distinction entre ce qui est permis ou obligatoire tendrait à disparaître) que dans la mesure où elles serviraient les buts de l'Etat, tels que l'Etat les aurait définis. Chaque individu (y compris les dirigeants eux-mêmes) seraient considérés comme propriété de l'Etat." [Leszek KOLAKOWSKY. Marxist root of stalinism, (R.C. TUCKER, Ed.), New York, 1977.]
Je prétends que la façon dont les hommes politiques français dirigent notre pays depuis la Révolution est d'inspiration totalitaire, à défaut d'être totalitaire. La destuction des corps intermédiaires et des communautés naturelles (dont la famille, et les communautés locales transformées dans notre jargon technocratique en "collectivités territoriales - tout un programme, toute une inspiration), laisse le citoyen sans défense devant l'Etat. La suppression des coutumes et des cultures locales (langue et folklore), le mépris pour la morale, laissent au pouvoir politique le soin de définir ce qui est légal et ce qui ne l'est pas, ce qui est autorisé et ne l'est. La multiplication des structures étatiques aboutit à l'encadrement minutieux des actes privés les plus simples (Agences diverses dont l'énumération serait fastidieuse, mais qui règlent les dimensions et l'équipement de nos piscines, le diamètre des pommes offertes aux chalands des marchés, la nature des semences qui peuvent être ou non être vendues aux jardiniers, impose la couleur des façades de votre maison; comité qui décide de ce qui est "éthique" ou ne l'est pas, etc.) Il en résulte que les citoyens complètement déresponsablisés, ne trouvent d'espace d'indépendance - je ne parle pas de liberté, car la liberté est d'abord intérieure - que dans l'individualisme et la transgression de la loi, véritables caractéristiques nationales.
Mais c'est probablement dans le domaine de l'enseignement que la tyrannie est la plus pesante : il y a en France une histoire officielle, et une histoire réelle si (vous ne me croyez pas, expliquez-moi pourquoi nous avons réuni une commission d'historiens français et allemands pour écrire un récit commun des relations entre nos deux nations), il y a en France une pensée unique qui ne peut être remise en cause sans que les vierges effarouchées qui veillent sur nos médias crient au scandale fasciste (Il est acquis comme vérité de nature qu'il y a trois pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire ; mais personne ne se demande s'il existe des peuples heureux et sages chez qui ces trois pouvoirs se confondent - il en existe pourtant ; personne ne s'interroge sur l'existence d'autres pouvoirs, occultes ou occultés, ceux de la presse, de l'argent, de la publicité, entre autres. Il est acquis dans nos cours d'histoire que la République a délivré le peuple de l'ignorance dans laquelle le tenait les aristocrates et les curés sous l'Ancien Régime. C'est une contre-vérité : il y avait 18.000 petites écoles en France, à l'aube de la Révolution. Je ne parle même pas du SMIC et du droit d'Association que nous aurait si généreusement octroyé la République : voir la Loi Le Chapelier qui a interdit les corporations et syndicats, et abrogé les tarifs minimaux). On ne finirait pas de montrer comment l'Etat s'insinue dans les replis les plus cachés de nos vies. Il est un domaine du reste qui fait l'objet d'âpres combats dans les souterrains de la République : celui de la culture. A-t-on besoin d'un ministère de la Culture vraiment ? Que vient faire l'Etat dans ce qui relève du goût et du mécénat ? Faut-il avoir du mépris vis-àvis du peuple pour le croire incapable de discerner ce qui est beau et ce qui ne l'est pas, pour lui indiquer ce qui mérite d'être vu, lu, écouté, admiré, un mépris que distillent des élites formées dans des écoles réservées à des happy fews, membres de la nomenklatura. C'est que les cultureux dévôts des ministres de la Culture sont, dans la République qui est la nôtre, les fabricants de la symbolique sociale. Les hommes politiques se les arrachent dans leurs meetings, et croient s'attacher les admirateurs de ces "vedettes" par une misérable combine.
Autre exemple encore, le sport. Si vous voulez pratiquer un sport comme le tennis, le football, le basket ball, etc., vous devez prendre une licence, vous inscrire dans un système organisé, et accepter que les fédérations nationales engrangent le fruit de ce petit trafic.
Evidemment si je critique ces institutions comme je le fais, on va me taxer de néo-libéral. Bien au contraire. Le propre du libéralisme, comme du marxisme, c'est de détruire tout ce qui s'interpose entre la puissance publique et les citoyens, pour laisser la champ libre aux puissances d'argent privées dans un cas, étatiques dans l'autre. Le libéralisme est une forme de totalitarisme. Je plaide pour la reconstruction d'une société plus humaine, plus juste, plus consensuelle, dans laquelle, en vertu du principe de subsidiarité, on ne règlerait pas à un échelon supérieur ce qui peut l'être à un inférieur, et on laisserait jouer les solidarités naturelles. Dans toutes les sociétés dites "primitives", ces solidarités sont très puissantes, et il n'y a pas d'exemple qu'elles aient jamais failli. Pourquoi faudrait-il que chez nous, nous occupions de nos anciens par temps de canicule, puisque l'Etat est censé tout faire, y compris se substituer aux enfants qui ne veulent pas interrompre leurs vacances pour s'occuper de leurs parents ? C'est tellement facile d'évacuer l'obligation morale, d'accabler un ministre qui ne sait pas faire littéralement la pluie et le beau temps, tout en sirotant son pastis pendant que son père, sa mère, un vieil oncle, ou un voisin âgé attendent en vain que leurs proches ou leurs voisins s'occupent (un peu) d'eux.
Laissons à l'Etat ses fonctions régaliennes : justice, monnaie, défense, finances. C'est déjà beaucoup. Pour le reste, qu'il nous lâche les baskets ! Nous ne voulons pas d'un Etat à prétention totalitaire.

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