mardi 27 novembre 2007

Compassion, justice et vérité

C'est une chose terrible que de perdre la vie quand on a 15 ans. Le premier sentiment qui devrait nous habiter à l'annonce de l'accident de Villiers-le-Bel est celui de la tristesse ; nous devrions aussi être remplis de compassion pour les parents des deux adolescents qui se sont tués en moto. Ils ont été d'une dignité exemplaire, en réclamant la retenue, en appelant à l'apaisement et en demandant justice et vérité.
Les média, une fois encore, ont rendu compte de ce drame avec une imprécision qui frise l'inconscience.
Certes, il est difficile d'avoir une idée claire de ce qui s'est passé. On sait au moins une chose, c'est que, contrairement à ce qui a été dit ici et là, les policiers n'ont pas pris la poudre d'escampette, bien au contraire. J'ai entendu à la télévision un témoin direct du choc, un homme d'une quarantaine d'année, d'origine étrangère, dire qu'il avait vu un policier du véhicule accidenté faire un massage cardiaque à l'une des victimes, hélas, sans succès. Il est également certain que ces pauvres jeunes circulaient sur une minimoto. J'ignore si le modèle qu'ils utilisaient était homologué ou pas, comme j'ignore si les jeunes portaient ou non un casque. Ces questions sont d'importance. Une autre chose semble sûre, et l'état du véhicule de police le prouve : le choc a été frontal, et d'une grande violence. Je ne pense pas qu'un homme de bonne foi puisse accuser les policiers d'avoir délibérément foncé sur la moto ; le comportement du policier qui a fait le massage cardiaque montre tout le contraire. Il n'est pas celui d'un raciste ou d'un enragé. En d'autres termes, avant de suggérer par une relation imprécise, tendancieuse et connotée des faits qu'il s'agit d'une bavure, les journalistes feraient mieux d'être plus prudents.
Tant que l'enquête n'aura pas établi scrupuleusement les circonstances exactes et la chronologie, des faits - il semble que l'accident ait eu lieu fort tard dans la nuit, ce qui soulève aussi des questions - nous ne pouvons que pleurer la mort de ces jeunes, nous interroger sur la dangerosité de véhicules disproportionnés, trop rapides, peu maniables, sur la nécessité de devoir faire des rondes de police régulières pour assurer le calme dans certains quartiers, et sur la folie qui saisit la civilisation occidentale quand il s'agit de la liberté "individuelle". Qu'est-ce qu'une liberté qui conduit à la mort ? Voilà une autre question de fond et qui ne concerne pas que l'usage des motos, mais aussi celui de la cigarette, de la drogue, du vagabondage sexuel, etc.
Tant pis pour les ronchons qui m'imaginent réactionnaire ou conservateur. Je revendique le droit de défendre des valeurs de conservation ce qui n'est pas le conservatisme, comme celui de défendre des valeurs de progrès, ce qui n'est pas le progressisme. Cette défense ne peut passer par la loi ; elle se fera par le retour à la pensée et à la réflexion sur le bien et le mal. Je n'ose utiliser l'expression "par le retour à la morale" de peur de n'être point compris, notamment par ceux que Bernanos appellent les imbéciles lesquels, dit-il, sont loin d'être inintelligents.

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