lundi 26 novembre 2007

Ressentiment

Une suroccupation très passagère a fait que je n'ai pas pu alimenter mon Blog comme je l'aurais souhaité. Je vais tâcher de rattraper le temps perdu. En commençant par une anecdote qui me paraît très significative de ce que j'appelle le ressentiment, et de l'air du temps, matérialiste, petit, envieux, dépourvu de tout sens moral.
Dans la rue où j'habite, il y a non loin de mon domicile un garage Jaguar. Tous les matins on peut voir des heureux (?) possesseurs de ces somptueuses voitures attendre l'ouverture des portes de cette clinique automobile de luxe. Comme les garages Jaguar n'abondent pas, il y a du monde. Une fois révisées, ces voitures sont garées sur la voie publique où elles occupent par-ci par-là des places de stationnement payantes, sans payer, ce qui vaut à leur propriétaire des prunes carabinées, alors que c'est le propriétaire du garage qui les gare de cette façon.
Quelle n'a pas été ma surprise de constater, hier après-midi, que toutes les Jaguars garées ainsi dans ma rue, et elles-seules, avaient été rayées sur toute la largeur de leurs deux portières avec un instrument métallique. Ni les Clio, ni les Smart, ni les voitures des autres marques n'avaient subi les outrages d'imbéciles inconnus et lâches. Ce qu'il m'importe de souligner ici est que ces voitures ont été vandalisées au motif qu'elles sont censées appartenir à des riches dont il faut sanctionner la richesse. C'est très exactement cela le ressentiment. Nous en crevons collectivement et pour certains, individuellement. Je ne connais pas l'âge et les opinions politiques des vandales impliqués, mais en revanche je lis suffisamment bien dans leur psychisme pour comprendre qu'ils meurent de jalousie. Je laisse les Jaguars (dont je ne voudrais pour rien au monde) à leurs propriétaires et les graveurs à leur conscience. J'entends l'opinion courante dire : "C'est bien fait pour eux, ils n'ont qu'à être plus discret" ou "Ils sont pleins aux as, ils ont une bonne assurance, ça ne leur coûtera pas cher de passer chez le carrossier pour réparer". C'est une autre forme de ressentiment, encore plus insidieuse et basse, car elle ne s'avoue pas à ceux qu'elle habite.
Quand cesserons-nous de regarder dans l'assiette des autres pour regarder seulement dans la nôtre ?
Allons ! Pour terminer, une petite citation de mon cher LANZA DEL VASTO, né Prince LANZA di TRABIA : "Je savais, dit-il, que tous les biens de la terre viennent à nous dès que nous nous tenons immobiles et cessons de courir après les reflets du désir. Je savais que les choses les plus saintes, les plus secrètes, les plus précieuses nous sont données pour rien. Que les hommes tournent vers nous un regard fraternel dès que nous n'attendons et n'espérons rien d'eux. Que la lumière et la grâce de Dieu fondent sur nous dès que nous cessons de nous donner le mal DE FERMER LE POING ET LES YEUX" (Histoire d'une amitié, Editions Denoël, Paris).

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