mercredi 30 mai 2007

Jean-Jacques Rousseau et la civilisation

Jean-Jacques ROUSSEAU a fait à notre patrie plus de torts que le phylloxera, la peste, et la canicule réunis. Voici un petit texte qui vous démontrera la pertinence de ce jugement qui pourrait paraître partial.
"L'appel rousseauiste à la conscience reste vain, s'il n'est pas nourri d'une juste connaissance de l'animal rationnel. Le grand tort de Jean-Jacques ROUSSEAU n'aura-t-il pas été d'ailleurs de nier imperfection native et de vanter notre originelle solitude, éloignée de tous les artifices de la société ? Mais si, sans éducation et sans langage, nous aurions [...] été adéquats à notre essence, pourquoi chercherions-nous ailleurs qu'en nos pulsions animales la solution du problème et la fin de nos tourments d'être dénaturés ? Qu'il suffise de protéger notre progéniture des atteintes néfastes de la société et nous verrons s'épanouir, dans la société des hommes, les vertus naturelles voulues par la divine nature. Ce soupçon nourri contre la civilisation sera repris par FREUD dans son essai Malaise dans la civilisation, (même si par ailleurs Sigmund FREUD ne partage pas le même goût pour la vie sauvage puisque dans le même ouvrage, il affirme que l'homme sauvage est un monstre sadique) ; la société, en réprimant nos légitimes aspirations, trouverait dans notre frustration l'énergie de sa propre réalisation, et ne nous laisserait pour seule consolation que la religion, cette grande sublimation névrotique. Nous avons donc là, bien évidemment, une inversion complète du point de vue traditionnel, puisque le "sauvage" devient, chez Jean-Jacques ROUSSEAU, le modèle d'une harmonie perdue dans la perversion sociale : la civilisation serait donc l'humus originaire et nourricier de la barbarie. [...] Plus l'Etat, intimidé par intellectuels , répugne à user de son pouvoir répressif à l'encontre des méchants, plus leur nombre et leurs vices se renforcent. Mais les utopies sont des illusions difficiles à vaincre; et le secret de leur force, comme dirait FREUD, est la force des désirs qui les animent." (Référence en note [a].)
Voilà pourquoi après les incidents de la gare du Nord, il s'est trouvé tout un escadron de bobos branchés pour plaindre un resquilleur, en situation irrégulière dans notre pays, et condamné déjà pour une dizaine de délits ; ils ont accusé monsieur SARKOZY d'être responsable des incidents. Voilà pourquoi, il y a quelques jours des passagers, en partance pour le Mali, pris d'une sainte indignation, se sont opposés à l'expulsion d'un malien en situation irrégulière, lors d'un vol vers Bamako. Que ne lui ont-ils proposé un travail et un hébergement pérenne en métropole ?
On n'en finirait pas d'égrener la litanie des rébellions boboïques qui transforment les transgresseurs, les fauteurs de trouble, les resquilleurs, les profiteurs de tous poils, en VICTIMES DE LA SOCIETE. Je dis que le respect que l'on doit à tout être humain exige qu'on lui reconnaisse du libre arbitre et qu'on lui laisse la responsabilité de ses actes. Tout le reste n'est que littérature et violent mépris.
Autre chose, qui n'a rien voir. Mesdames Isabelle MANDREAU (Le Monde), Ilana MORYOUSSEF (France Info) et Françoise DEGOIS (France Inter) font à Daniel CARTON un procès, ainsi qu'à son éditeur, Albin Michel. Elles ne sont pas gentilles pour madame ROYAL, puisque la raison de leur plainte est que monsieur CARTON les décrit dans son livre "comme des groupies" de l'ex-candidate. Est-ce donc si infâmant que cela ? A moins que ce ne soit pour échapper à la critique du public, à laquelle mesdames SCHOENBERG, épouse de monsieur BORLOO, et DRUCKER, compagne de monsieur BAROIN, ainsi que monsieur Alain DUHAMEL n'ont pas été exposés, puisqu'ayant fait connaître leur choix, ou le laissant supposer, les unes et l'autre ont suspendu leur participation aux émissions télévisées ou radiophoniques le temps de la campagne. Comme quoi l'élégance du comportement n'est pas là où le politiquement correct essaye de nous le faire croire. Tout bien pesé, je crois que les plaignantes sont des groupies honteuses.
Je suis obligé de suspendre mes billets jusqu'au 8 juin inclus. Mais vous pouvez réagir. Vous le devez même.
Politis-philippe alias philippepoindron@hotmail.fr
[a]
Paul MIRAULT.
Civilisation et barbarie dans une perspective thomiste. (In Barbares et civilisés dans l'antiquité, Ouvrage collectif.) pp 187-214.
Cahiers Kubaba N° VII.
LHarmattan, Paris [,Budapest, Turin,] 2005.

mardi 29 mai 2007

Socialisme sud-américain

Cette information n'a pas été très commentée dans la presse bien pensante. Elle vaut cependant la peine d'être largement diffusée. Monsieur Hugo CHAVEZ, un éminent représentant de la gauche latino-américaine, un grand ami de Fidel CASTRO, en compagnie duquel on l'a vu récemment à La Havane, vient de prendre une décision lourde de conséquence. Il interdit la dernière chaîne de télévision d'opposition, et la remplace par une chaîne à sa dévotion, qui, pour autant qu'il m'en souvienne, porte dans son nom l'adjectif "socialiste". Nos éléphants peuvent vitupérer les collusions politico-médiatiques en France ; il n'empêche : je me fais vice-camerlingue si l'on prétend que France-Info, ou France 3 sont à la dévotion de l'actuelle majorité. Il y a chez nous, très heureusement, un pluralisme de l'information. Mais la tendance des idéologues socialistes, dont monsieur CHAVEZ se flatte d'être un adepte ardent, est le totalitarisme. Et je suis prêt à parier que le Vénézuéla connaîtra dans quelques temps une dictature à la CASTRO, sans qu'aucun des amis européens de ces deux grands humanistes aient protesté contre l'assassinat des libertés publiques dans ce grand pays latino-américain.
Autre chose, et qui n' a rien à voir. Il n'y a pas que des bêtises dans le quotidien "Libération". J'y ai lu un article critiquant avec modération et argmentation serrée l'instauration d'une franchise en matière de dépenses de santé. Je ne suis pas loin de penser qu'il faudrait réfléchir à deux fois avant d'instaurer cette mesure dans l'actuelle système français. En tout cas, il faudrait certainement la moduler si les assurés ne sont pas davantage responsabilisés. Enfin, n'oublions pas que la CMU exonère totalement de paiement les patients qui en relèvent.
Ceci étant, je note que personne ne critique les franchises en matières d'assurance, pas plus que les contrôles tâtillons des compagnies d'assurance après la déclaration d'un sinistre qu'elles sont censées couvrir. A se demander si nous ne prenons pas l'Etat pour un dispensateur universel de prestations qui, dans l'éther de l'idéologie de la solidarité, n'auraient aucun coût, et seraient extensibles à l'infini. Affaire à suivre.

jeudi 24 mai 2007

Ils continuent...

Monsieur FILLON disait récemment : "François HOLLANDE est pathétique. Ce qu'on attend de lui c'est qu'il nous dise quel est le projet du Parti Socialiste, pas les pitreries auxquelles on a assisté depuis quelques jours." Monsieur REBSAMEN, le numéro deux du PS, juge ces propos "insultants et inadmissibles" et dénonce "une conception arrogante et méprisante du pouvoir." Je trouve, moi, que ce sont les propos de monsieur REBSAMEN qui sont arrogants. Monsieur FILLON énonce uné évidence : les électeurs du parti socialiste attendent que leurs responsables proposent des solutions aternatives à celles du gouvernement, et non des flots de paroles sans aucune portée politique, ni aucune prise sur le concret. Il est du reste assez symptomatique qu'au meeting de Bordeaux censé lancer la campagne électorale du PS, ni monsieur FABIUS, ni monsieur STRAUSS-KAHN n'étaient présents. Ils étaient retenus, l'un dans l'Isère, l'autre dans la Sarthe et ont prétexté que la direction du parti les avait prévenus trop tardivement pour qu'ils puissent modifier leur emploi du temps. C'est dire l'ampleur des vues politiques qui ont été exprimées dans ce meeting et l'intérêt qu'il a suscité chez des personnalités qui, au PS, ont un poids éléphantesque. Monsieur HOLLANDE continue sur la lancée de ces derniers jours. Il vitupérait hier soir sur France Info :"Tout est fait aujourd'hui au niveau de la communication présidentielle et gouvernementale pour anesthésier les Français". Moi, j'attends de monsieur HOLLANDE qu'il réveille les endormis, si tant est que les Français soient anesthésiés. Chiche ?
Pour comprendre le drame - car c'en est un - idéologique du PS, je vous recommande la lecture d'une interview (intitulée : "Cette élection est une revanche du réel") de Marcel GAUCHET dans Le POINT du jeudi 24 mai. Vous verrez que ce je vous serine depuis 5 semaines n'est pas si faux que cela. Que dit que ce grand politologue et philosophe politique ? Ceci qui est tout simple : "[Ségolène ROYAL] n'était pas de taille à nous protéger d'un parti qui ne s'est pas guéri du mitterandisme et se refuse A REGARDER LA SOCIETE TELLE QU'ELLE EST. Le sens de cette élection est donc à la fois infra-politique - retour au réel - et métapolitique - au-delà du clivage droite-gauche." Et ceci encore "Le PS n'a rien à dire sur le nouvel état du monde sinon que 'ce n'est pas bien'..." Et il conclut son interview par cette phrase qui dit tout : "Les demi-habiles qui se croient malins se prennent les pieds dans leurs subtilités tandis que le peuple, qui ne sait pas tout, ne se trompe pas sur l'essentiel. La politique est restée pascalienne. C'est assez rassurant."
Politis-philippe alias philipepoindron@hotmail.fr

Qu'est ce que le totalitarisme ?

Voici une bonne définition du totalitarisme
"Je prends le mot totalitarisme dans son sens communément reçu, signifiant un système politique dans lequel tous les liens sociaux ont été entièrement remplacés par des organisations imposées par l'Etat, et où, conséquemment, tous les groupes et les individus sont censés poursuivre seulement des buts, qui, à la fois, sont ceux de l'Etat, et sont définis comme tels par l'Etat. Autrement dit, un système totalitaire idéal consisterait dans la destruction complète de la société civile, cependant que les seules formes de la vie sociale qui subsisterait seraient l'Etat et ses instruments organisés. Toutes les diverses formes d'activité humaine - dans l'ordre économique, politique, culturel - ne seraient permises ou obligatoires (la distinction entre ce qui est permis ou obligatoire tendrait à disparaître) que dans la mesure où elles serviraient les buts de l'Etat, tels que l'Etat les aurait définis. Chaque individu (y compris les dirigeants eux-mêmes) seraient considérés comme propriété de l'Etat." [Leszek KOLAKOWSKY. Marxist root of stalinism, (R.C. TUCKER, Ed.), New York, 1977.]
Je prétends que la façon dont les hommes politiques français dirigent notre pays depuis la Révolution est d'inspiration totalitaire, à défaut d'être totalitaire. La destuction des corps intermédiaires et des communautés naturelles (dont la famille, et les communautés locales transformées dans notre jargon technocratique en "collectivités territoriales - tout un programme, toute une inspiration), laisse le citoyen sans défense devant l'Etat. La suppression des coutumes et des cultures locales (langue et folklore), le mépris pour la morale, laissent au pouvoir politique le soin de définir ce qui est légal et ce qui ne l'est pas, ce qui est autorisé et ne l'est. La multiplication des structures étatiques aboutit à l'encadrement minutieux des actes privés les plus simples (Agences diverses dont l'énumération serait fastidieuse, mais qui règlent les dimensions et l'équipement de nos piscines, le diamètre des pommes offertes aux chalands des marchés, la nature des semences qui peuvent être ou non être vendues aux jardiniers, impose la couleur des façades de votre maison; comité qui décide de ce qui est "éthique" ou ne l'est pas, etc.) Il en résulte que les citoyens complètement déresponsablisés, ne trouvent d'espace d'indépendance - je ne parle pas de liberté, car la liberté est d'abord intérieure - que dans l'individualisme et la transgression de la loi, véritables caractéristiques nationales.
Mais c'est probablement dans le domaine de l'enseignement que la tyrannie est la plus pesante : il y a en France une histoire officielle, et une histoire réelle si (vous ne me croyez pas, expliquez-moi pourquoi nous avons réuni une commission d'historiens français et allemands pour écrire un récit commun des relations entre nos deux nations), il y a en France une pensée unique qui ne peut être remise en cause sans que les vierges effarouchées qui veillent sur nos médias crient au scandale fasciste (Il est acquis comme vérité de nature qu'il y a trois pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire ; mais personne ne se demande s'il existe des peuples heureux et sages chez qui ces trois pouvoirs se confondent - il en existe pourtant ; personne ne s'interroge sur l'existence d'autres pouvoirs, occultes ou occultés, ceux de la presse, de l'argent, de la publicité, entre autres. Il est acquis dans nos cours d'histoire que la République a délivré le peuple de l'ignorance dans laquelle le tenait les aristocrates et les curés sous l'Ancien Régime. C'est une contre-vérité : il y avait 18.000 petites écoles en France, à l'aube de la Révolution. Je ne parle même pas du SMIC et du droit d'Association que nous aurait si généreusement octroyé la République : voir la Loi Le Chapelier qui a interdit les corporations et syndicats, et abrogé les tarifs minimaux). On ne finirait pas de montrer comment l'Etat s'insinue dans les replis les plus cachés de nos vies. Il est un domaine du reste qui fait l'objet d'âpres combats dans les souterrains de la République : celui de la culture. A-t-on besoin d'un ministère de la Culture vraiment ? Que vient faire l'Etat dans ce qui relève du goût et du mécénat ? Faut-il avoir du mépris vis-àvis du peuple pour le croire incapable de discerner ce qui est beau et ce qui ne l'est pas, pour lui indiquer ce qui mérite d'être vu, lu, écouté, admiré, un mépris que distillent des élites formées dans des écoles réservées à des happy fews, membres de la nomenklatura. C'est que les cultureux dévôts des ministres de la Culture sont, dans la République qui est la nôtre, les fabricants de la symbolique sociale. Les hommes politiques se les arrachent dans leurs meetings, et croient s'attacher les admirateurs de ces "vedettes" par une misérable combine.
Autre exemple encore, le sport. Si vous voulez pratiquer un sport comme le tennis, le football, le basket ball, etc., vous devez prendre une licence, vous inscrire dans un système organisé, et accepter que les fédérations nationales engrangent le fruit de ce petit trafic.
Evidemment si je critique ces institutions comme je le fais, on va me taxer de néo-libéral. Bien au contraire. Le propre du libéralisme, comme du marxisme, c'est de détruire tout ce qui s'interpose entre la puissance publique et les citoyens, pour laisser la champ libre aux puissances d'argent privées dans un cas, étatiques dans l'autre. Le libéralisme est une forme de totalitarisme. Je plaide pour la reconstruction d'une société plus humaine, plus juste, plus consensuelle, dans laquelle, en vertu du principe de subsidiarité, on ne règlerait pas à un échelon supérieur ce qui peut l'être à un inférieur, et on laisserait jouer les solidarités naturelles. Dans toutes les sociétés dites "primitives", ces solidarités sont très puissantes, et il n'y a pas d'exemple qu'elles aient jamais failli. Pourquoi faudrait-il que chez nous, nous occupions de nos anciens par temps de canicule, puisque l'Etat est censé tout faire, y compris se substituer aux enfants qui ne veulent pas interrompre leurs vacances pour s'occuper de leurs parents ? C'est tellement facile d'évacuer l'obligation morale, d'accabler un ministre qui ne sait pas faire littéralement la pluie et le beau temps, tout en sirotant son pastis pendant que son père, sa mère, un vieil oncle, ou un voisin âgé attendent en vain que leurs proches ou leurs voisins s'occupent (un peu) d'eux.
Laissons à l'Etat ses fonctions régaliennes : justice, monnaie, défense, finances. C'est déjà beaucoup. Pour le reste, qu'il nous lâche les baskets ! Nous ne voulons pas d'un Etat à prétention totalitaire.

mardi 22 mai 2007

Quelques vérités dérangeantes

La Loi Le Chapelier qui aboutit à laisser sans défense les salariés, les travailleurs, les artisans, les agriculteurs devant l'Etat s'inspire directement de Rousseau. Il vaut la peine de la connaître dans certains de ses détails. Dans son article 1er, elle interdit les corporations. Dans son article 2, elle interdit aux citoyens exerçant la même profession, soit comme ouvriers, soit comme maîtres, de nommer des présidents, secrétaires ou syndics, et même de délibérer, je cite textuellement : "sur leurs prétendus intérêts communs". Dans son article 5, elle stipule : "Si contre les principes de la liberté et de la Constitution, des citoyens faisaient entre eux [...] des conventions, tendant à refuser de concert ou n'accorder qu'à un prix déterminé le secours de leurs industries ou de leurs travaux, lesdites [...] conventions sont déclarées inconstitutionnelles, les auteurs en seront poursuivis et l'exécution empêchée par la force publique". Ainsi (cf Jean DUMONT) se trouvent interdites les grèves, tous les tarifs de minimum des salaires acceptés voire promulgués par l'Ancien Régime. Il faut attendre 1864 (Sous Napoléon III, par conséquent) pour voir abolie l'interdiction des grèves, 1884 (la troisième République) pour voir les syndicats autorisés, et 1901 (idem) pour avoir de nouveau le droit de s'associer (Loi sur les Associations ; idem). C'est tellement vrai que dès 1869, pour faire face à la misère ouvrière, il existe 6.139 sociétés de secours mutuel, comptant 913.633 travailleurs et 11.160 membres honoraires, les syndicats et les corporations étant interdits. La tyrannie de la Loi Le Chapelier prend fin, je l'ai dit, en 1884.
Cette Loi Le Chapelier, dont Le Dictionnaire Robert dit fort justement qu'elle a ouvert un boulevard au capitalisme libéral, et qu'elle l'a fondé, a désarmé les ouvriers, légalisé leur exploitation, et éteint la vie des sociétés naturelles intermédiaires qui défendaient les sujets ou les citoyens des abus de l'Etat. Elle a abouti à développer exagérément le corporatisme, en le vidant de ses supports vigoureux qu'étaient les communautés naturelles. La révolte des canuts à Lyon, en 1831, n'a pas d'autres origines que l'application de cette loi révolutionnaire. Le nouveau tarif minimum de leurs salaires (tarif parfaitement légal sous l'Ancien Régime) leur sera refusé et les militaires materont la révolte.
En puisant dans l'immense ouvrage de Jean DUMONT, j'aurai l'occasion de vous montrer qu'au XIXe siècle, c'est l'Eglise catholique et les aristocrates, aussi bien en France qu'en Allemagne, qui ont été le fer de lance de l'action sociale. Tant pis pour les anticléricaux. Tant pis pour monsieur LAIGNEL qui, maire d'ISSOUDUN, à refusé de mettre des panneaux de signalisation idoines devant une école privée, au motif, justement qu'elle était privée (entendez catholique). L'esprit de système a nourri notre histoire depuis deux siècles. Il est grand temps d'en finir avec cette tyrannie qui veut que les êtres et les choses rentrent dans un cadre de pensée idéologique sans aucune attache avec le réel, devraient-ils en crever.
De l'air ! De l'air ! Et de la mémoire, chers compatriotes, de la mémoire. Nous devons être solidaire de notre histoire, mais nous n'avons pas à la maquiller.
politis-philippe
Lecture recommandée :
Jean DUMONT.
La Révolution Française ou les prodiges du sacrilège.
Criterion, Limoges, 1984.

L'honneur de la Fance

Son portrait figure en couverture du Point. Même ses adversaires les plus acharnés ne pourront contester l'élégance et la beauté de cette femme au souriant visage. Madame Rachida DATI, notre nouveau Garde des sceaux, vient de nous donner en moins de 24 heures deux leçons de morale. Son premier geste, après sa nomination comme ministre, a été de rendre visite à monsieur Albin CHALANDON qui fut son mentor politique. Le second, passé peut-être inaperçu, mais à la fois juste et touchant, a été de dire à un journaliste qui lui demandait ses impressions "je pense d'abord à mes parents". D'origine algéro-marocaine, ils ont élevé douze enfants. Aucun n'a tourné à la délinquance ou au dénigrement de sa patrie. Sans rien renier de leurs origines, ils ont fait leur chemin. Par ces deux gestes simples et forts, madame DATI indique que nous ne nous faisons pas nous-même, mais que nous recevons et que nous devons transmettre. Tout naturellement, elle insère sa vie dans le grand flux du temps et de l'histoire. Madame DATI est non seulement belle et intelligente, elle est tout simplement juste et profonde. Elle est l'honneur de la France. Monsieur LE PEN doit enrager.
De son côté, monsieur HOLLANDE poursuit ses méditations politiques et philosophiques. Son dernier trait, publié par Libération (livraison datée du 8 mai) est tout un programme : "Ce serait une erreur fondamentale, dit ce grand stratège, que de faire vivre François BAYROU par quelque moyen que ce soit". En voilà une grande et belle pensée, positive, ouverte, aimable, et tout et tout. Comment s'y prendre ? Là est toute la question. Je suggère le recours à quelques hommes de main qui pourraient aller mitrailler nuitamment monsieur BAYROU dans sa maison béarnaise. Ou bien d'avoir recours à un pharmacien malintentionné pour qu'il mette dans une sauce du même nom, un subtil poison (nitrate d'aconitine, 50 mg, ça suffit : quasiment indécelable). Disposée dans un pot en faiënce que l'on offrirait à ce dangereux rival, cette sauce viendrait mettre fin à la carrière d'un indésirable, d'un fâcheux, d'un trouble-fête, en un mot d'un emmerdeur. On attribuerait la mort de ce pauvre François au surmenage de la campagne. Je réfléchis à d'autres moyens.
Cette simple comparaison de deux personnalités politiques permet de comprendre à quelles valeurs l'une et l'autre font référence pour leur vie. Elle explique les succès de celle-là et l'échec de celui-ci.

dimanche 20 mai 2007

Psychologie des hommes politiques

Les démocraties modernes en général, et la démocratie française en particulier, souffrent d'un vice congénital. L'obligation qui est faite à ceux qui briguent nos suffrages de mentir. En première approximation, faisons pourtant le crédit de la bonne foi à tous les hommes politiques. Nous constatons qu'ils se combattent furieusement pour faire triompher leur cause. Nous sommes amenés à penser par conséquent que les uns et les autres croient qu'ils sont dans la vérité politique, à la différence de leurs adversaires. Et nous sommes alors conduits à examiner leurs propositions. Hélas, force est bien de constater que ces propositions, surtout à gauche, découlent de l'application d'un système de pensée à la réalité. Au lieu de poser les bonnes questions au réel, ils veulent que le réel se plie à leurs idées. Or la politique est l'art du possible.
Un exemple très clair est celui de la mondialisation. En votant le traité de Maastricht, et en acceptant (sous la cohabitation du Président Mitterand et de monsieur Balladur) les accords de l'Uruguay Round (accords qu'aucun homme politique n'a remis en cause), le peuple français a accepté le principe du libre-échange des biens et des capitaux, et dans une certaine mesure, la libre circulation des personnes. Dans ces conditions, on peut toujours crier à l'immoralité des délocalisations, mais on a fort peu de moyens de lutter contre. Le consommateur ne se prive pas de profiter des bas prix de denrées et de matériels produits dans les pays pauvres, mais le citoyen s'étonne de devoir subir le joug de la concurrence étrangère. Alors les altermondialistes s'époumonent dans les congrès, pétitionnent, manifestent, crient, en vain. Il faut oser le dire : la solution passe par un accord mondial, et une nécessaire diminution de nos propres revenus et de notre niveau de vie. Car jusqu'ici, pour nous l'assurer, nous avons externalisé la pauvreté.
Ces hommes politiques sont-ils idiots ou aveugles ? Certes non. Ils savent bien qu'ils leur faut composer avec la réalité. Ils sont donc obligés de mentir. A dire vrai, ils ne croient pas à leur système, mais ils en servent pour capter le vote des électeurs. Ce qui les intéressent, c'est donc le pouvoir, et ce n'est pas la vérité, à laquelle beaucoup ne croient pas. La haine furieuse qui anime certains d'entre eux après les élections présidentielles, et qui, je le crains, n'est pas feinte, n'est que l'expression de leur impuissance, de leur dépit, et de leur ressentiment. Ils se persuadent qu'ils ont raison - ils se veulent sincères, et c'est ce qui leur donne l'énergie de faire des campagnes épuisantes, au résultat aléatoire. Mais au fond d'eux-mêmes, sont-ils bien certains d'être dans le vrai ?
Je tiens pour assuré que des hommes sages, dépourvus de tout préjugé, même s'ils ont des références spirituelles ou philosophiques diverses peuvent tomber d'accord sur des solutions politiques raisonnables, acceptables par tous les citoyens, et susceptibles d'amener cette paix civile dont nous avons tant besoins pour faire vivre notre patrie. Il n'y a pas d'autres voies pour notre pays.
Voilà pourquoi accuser Bernard KOUCHNER de traîtrise comme je l'ai entendu dans la bouche d'un homme politique de première grandeur, monsieur Kléber MESQUIDA - si, si ; il s'agit d'un député socialiste du midi, à la réputation subcantonale, qu'une radio, sans doute éblouie par la notoriété de cet élu, a interviewé après la nomination des membres du gouvernement ; je ne vous ferai pas l'injure de croire que vous ignorez l'existence de ce stratège au coeur grand comme une coucourde - est une ignominie : je ne mets pas en cause la sincérité de monsieur MESQUIDA (orthographe non garantie), mais son bon sens. Plus prudent que monsieur HOLLANDE, et c'est à son honneur, monsieur STRAUSS-KAHN a différé toute déclaration sur ce sujet.
Quand pourrons-nous nous parler sans nous injurier, sans accabler ceux qui ne pensent pas comme nous de nos sarcasmes ? N'était-il pas possible de dire : "Bernard, nous ne comprenons pas ton choix, nous ne l'approuvons pas, mais bonne chance dans tes nouvelles fonctions ?"

vendredi 18 mai 2007

Décidément, ils n'ont rien compris

Avec une rare élégance de style, une puissance argumentative qui force l'admiration, un respect de la démocratie qui laisse pantois, la revue "Témoignage chrétien" annonce ainsi l'élection de monsieur SARKOZY à la Présidence de la République : "Merdre ! Merdre ! Sarkozy pour cinq ans". Et d'y ajouter des dessins du Père UBU, où se trouve inclus le portrait de l'élu, à la place du visage. Quelle délicatesse de pensée ! Quel amour des autres ! Quel beau témoignage évangélique ! Quelle héroïsme dans la protestation ! Encore quelques numéros, et tous les Français seront ramenés à Celui qu'il n'aurait jamais dû quitter, tant ils comprendront le mode de fonctionnement intellectuel de ces mauvais perdants. De vérité, il ne saurait y avoir que la leur. D'hommes intègres et efficaces que dans leur coterie, d'espérance pour l'avenir que dans leurs théories fumeuses qui nous ont conduits au bord du gouffre. Ah ! Certes avec eux, nous aurions fait un grand pas en avant si vous voyez ce que je veux dire. Eh bien ! les Français ne veulent plus de ces moulins à imprécations, de ces gestionnaires bien pensants de la plainte sociale ; nous aurions été en droit d'attendre, comme chrétiens, une autre ouverture d'esprit de leur part, à tout le moins de la prudence. Mais ils sont les prisonniers d'un système ; ils sont l'illustration de l'esprit de système poussé à la limite du ridicule. Un bon conseil : n'achetez plus ce Journal. Mieux vaut avoir à faire à l'original qu'à sa copie : lisez Marx, Proudhon, Saint-Simon, Fourier, Enfantin, surtout si vous avez du mal à vous endormir. Effet garanti.
Monsieur HOLLANDE, quant à lui, dit du gouvernement constitué par monsieur Fillon : "C 'est un gouvernement de droite [c'est grave docteur ?] : François Fillon, ministre des réformes qui ont ont mis le plus de monde dans la rue [mais que personne ne conteste plus, cher monsieur HOLLANDE pas même madame Royal qui ne voulait que "la remettre à plat", concept assez flou selon moi !], Alain Juppé, premier ministre de Chirac [horresco referens ; ce doit être une maladie contagieuse], Christine Boutin, traditionaliste et conservatrice qui s'était opposée au PACS [et qui a été tellement injuriée par les amis de monsieur HOLLANDE, que monsieur Jospin s'est cru obligé de lui envoyer un bouquet de roses pour sécher les larmes que ces goujats avaient fait nâitre chez cette femme de bien], et Michèle Alliot-Marie, ancienne présidente du RPR [alors là, c'est GRAVE]. Cela ne laisse pas de doute sur son identité de droite, et son orientation de droite décompléxée où l'on va chercher ceux qui n'ont pas de complexe - Kouchner - ou celui qui n'a plus de tabou - Besson."
Pauvre monsieur HOLLANDE. Dites-moi, n'êtes-vous pas Président, pardon Premier Secrétaire d'un parti ? Ne fûtes-vous point un proche du défunt Président Mitterand ? Personne ne vous le reproche, en tout cas personne en dehors de votre parti. Monsieur Savary, combien de citoyens a-t-il mis dans la rue, quand sous la pression de grandes lumières politiques comme monsieur Laignel, il a essayé de créer le "grand service laïc unifié de l'enseignement" ? A la différence de la réforme de monsieur Fillon, celle de monsieur Savary (qui était, je le dis parce que c'est vrai, un homme honnête, intègre, et clairvoyant, mais prisonnier de ces furieux) a été abandonnée, et personne n'en a plus parlé, vous en particulier. Encore une fois, vous êtes aveuglés par votre idéologie. Avant même que ce gouvernement n'ait pris des mesures que vous ne connaissez pas, vous critiquez, faute d'avoir des propositions à faire pour régler nos problèmes. Vos solutions, ce sont encore et toujours des idées sorties de votre imagination, déconnectées du monde et de ses réalités, des systèmes tout faits. Vous n'avez rien compris, et vous n'êtes pas près, grâce au ciel, de reprendre le pouvoir dans le lamentable état de votre pensée actuelle. Je vous donne acte, toutefois, que pour vous la notion de tabou a un sens, enfin, un certain sens. Nous verrons bien ce que cela donnera quand il faudra parler du clonage thérapeutique et du clonage reproductif.
Je prefère l'argumentaire de monsieur BAYROU. Ne vous étonnez pas s'il vous vole quelques électeurs.

mercredi 16 mai 2007

L'heure des comptes

Si l'opposition socialiste continue sur son actuelle lancée, je crains fort qu'elle ne fasse naufrage. Et ce naufrage sera le bienvenu. Nous avons besoin d'une vraie opposition, pas d'une collection d'idéologues incapables de se mettre d'accord sur les sujets les plus importants pour notre patrie, leurs opinions variant en fonction des chances qu'ils estiment avoir d'arriver au pouvoir en captant les voix de la majorité des électeurs.
Voici deux exemples de leurs erreurs :
Après les incidents de la Bastille qui ont suivi l'élection de Nicolas SARKOZY, les élus non inscrits, chevènementistes, socialistes et radicaux de gauche de Paris ont cru habile de "demander des comptes" à monsieur Pierre MUTZ, préfet de police de Paris, comme si ledit préfet était responsable des désordres qu'il a dû faire contenir par les polices.
Monsieur MUTZ, avec un semblant de goguenardise, les a rendus, ces comptes : 415 personnes, dont 334 majeurs et 81 mineurs ont été interpellées ; 329 ont fait l'objet d'une vérification ; 17 d'une audition libre et 66 d'une mesure de garde à vue. Sur ces gardés à vue, 32 étaient déjà connus (défavorablement) des services de police pour des dégradations. Ces mesures ont entraîné 45 jugements (31 concernant des majeurs, et 14 des mineurs). Parmi ces personnes condamnées, certaines ont fait l'objet d'une comparution immédiate.
Cent dix commerces ont été détérioriés dans Paris, 97 véhicules (deux-roues et quatre-roues) ont été incendiés. Dix sept devantures on été vandalisées dans le XIe arrondissement, rue du Chemin Vert.
Avec l'hypocrisie qui caractérise ces caciques, il a été déclaré que ce sont les provocation de la police qui ont déclenché ces troubles. Je prétends, moi, que s'il n'y avait pas eu de police, l'ampleur des dégâts eût été beaucoup plus importante. Je prétends encore que c'est bien la crainte du gendarme et la présence des radars qui ont réussi à obtenir une baisse du nombre des accidents de la route. Du reste, l'argumentation de ces messieurs est assez contradictoire ; c'est comme s'ils disaient que ce sont les services de contrôle fiscaux qui incitent à la fraude. Tiens ? Pour l'argent, ils les acceptent ces gendarmes du fisc ? Curieux, non ?
Tant qu'ils n'auront pas compris que les victimes attendent de la part des violents qu'ils réparent les effets de leur violence, c'est à dire qu'ils soient sanctionnés (et non pas punis, car c'est à la société qu'il revient de le faire), ils ont des cheveux à se faire. Voilà le fruit de l'idéologie "ce système de valeurs dont les hommes se servent pour accéder au pouvoir et s'y maintenir" : une cécité unilatérale, une perte du contact avec la vie réelle. Je leur conseille d'aller discuter avec les commerçants dont les magasins ont été pillés. Et j'espère que les commerçants visités auront alors quelques cageots de tomates dans leur arrière-boutique, les visiteurs présentant à mes yeux un tomatotropisme positif.
Deuxième exemple, l'ouvrage d'un magistrat, monsieur Serge PORTELLI, vice-président du Tribunal de Paris et président de la 12e chambre CORRECTIONNELLE (Nicolas SARKOZY, une république sous haute surveillance, L'Harmattan, Paris, 2007). Monsieur PORTELLI déclare, sans avancer la moindre preuve, que monsieur SARKOZY a mis en place une machine à produire des faux bilans, une machine étatique s'il vous plaît. Monsieur PORTELLI dit que les orientations politiques de la justice étaient prises Place Beauvau, et non au Ministère de la Justice. Je suppose qu'en tant que président d'une chambre correctionnelle, il s'indignait que le ministre de l'intérieur voulût que les magistrats appliquent aux délinquants ordinaires la loi, laquelle en matière de fiscalité ou d'URSSAF est toujours interprêtée avec la plus grande rigueur. Monsieur PORTELLI ajoute que nous sommes dans "un début de naufrage des libertés", rien que ça. Je dis moi, que la première des libertés consiste à pouvoir se promener partout dans l'espace public sans crainte d'être agressé ou de voir ses biens et son outil de travail à la merci de délinquants ordinaires, que la première des libertés est précisément de pouvoir délibérer de la politique dans l'espace public et sur un pied d'égalité entre citoyens, et je dis enfin que toute l'élucubration de monsieur PORTELLI n'est que le fruit d'un fantasme, bien connu depuis Jean-Jacques ROUSSEAU : l'homme naît bon, et c'est la société qui le corrompt et est responsable de tous ses dévoiements. Jean-Jacques auraient mieux fait d'élever ses enfants que d'écrire l'Emile. Il est temps de jeter aux orties toutes ces sornettes qui sont au coeur d'une désastreuse "Exception française".
Politis-philippe
Vous pouvez m'envoyer vos commentaires soit sur le Bolg, soit à

mardi 15 mai 2007

Déjà Philon...

Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Des situations analogues à celles que nous vivons aujourd'hui ont été vécues dans l'antiquité. J'ai trouvé dans les discours de Lysias, un avocat athénien, des fulgurantes opinions que nous pourrions reprendre à notre compte. Ainsi dans la plaidoirie Contre Philon. Ce citoyen a eu l'audace de se présenter au tirage au sort pour devenir magistrat de la Ville. En fait, il s'était prudemment exilé à Oropos, pendant la lutte entre les oligarques et les démocrates, et n'était rentré chez lui qu'après la victoire de ceux-ci contre ceux-là. Lysias est scandalisé et il plaide devant le Conseil des bouleutes :
"Je dis donc que ceux-là seuls ont le droit de délibérer sur nos affaires qui n'ont pas seulement le titre de citoyens, mais sont attachés à ce titre ; car, pour ceux-là, il y a une grande différence suivant que la cité est prospère ou ne l'est pas : ils se croient obligés de participer à ses malheurs comme ils participent à ses avantages. Mais ceux qui, citoyens de naissance, ont pour principe que la patrie est partout où sont leurs intérêts, ceux-là évidemment seraient des gens à trahir le bien public pour courir à leur gain personnel à leurs yeux, ce n'est pas la cité qui est leur patrie, c'est leur fortune."
On devrait mettre ce texte en exergue sur de grands panneaux, à la frontière suisse, du côté français. Ceux de nos concitoyens qui placent leur fortune à l'étranger commettent contre leur patrie une mauvaise action. Je conviens avec eux que la démagogie de gauche est parvenue à les décourager d'entreprendre et que les impôts imaginés par elle, et qui ne rapportent strictement rien au pays, peuvent leur donner des tentations. Mais pas au point d'y succomber. Il y a des moyens argumentatifs forts qui permettent de démontrer que l'ISF fut une erreur politique de première grandeur. Il y a des arguments moraux non moins forts qui auraient dû pousser les détenteurs de grande fortune à favoriser leur patrie plutôt que des paradis fiscaux. Mais quand deux siècles d'idéalisme au service de la politique on détruit les corps et les sociétés intermédiaires naturels, il ne faut pas s'étonner de ces comportements anti-naturels. Reste q'il est toujours possible de priver de leurs droits civiques ceux qui adoptent de telles attitudes.
Il faut avoir le courage de revenir sur ces mesures idiotes, et encourager les fortunes françaises à investir dans leur patrie. Quand bien même on distribuerait l'ensemble de leurs avoirs à nos concitoyens, en fin de course, il n'y aurait pas grand chose dans chacune de nos escarcelles, mais l'on aurait fait droit aux plus bas des sentiments humains : la jalousie, le ressentiment et la haine impuissante. Avec cet impôt, on ne les satisfait que très partiellement, que dis-je ? on les renforce et on les entretient.
Politis-Philippe
In
Lysias.
Discours. Tome II (XVI-XXXV et fragments).
Collection des Unversités de France, publiés sous le patronage de l'Association Guillaume Budé.
Traduit par Louis GERNET et Marcel BIZOS.
Société d'édition "les Belles Lettres", Paris, 1926.

lundi 14 mai 2007

Liberté intellectuelle et dignité humaine

J'ai déjà eu l'occasion de parler du livre de Simon LEYS, "La forêt en feu". Le propre des grands ouvrages est d'être une source inépuisable d'universelles vérités. En voici quelques unes que j'ai puisées dans ce livre dont la lecture devrait faire honte à tous les anciens suppôts du maoïsme, tant il démonte implacablement le caractère totalitaire, sanguinaire et fou du Grand Timonier.
"L'objectivisme - cette conviction qu'il existe une vérité objective, indépendante de l'arbitraire des dogmes et des idéologies - est vraiment la pierre angulaire de la liberté intellectuelle et de la dignité humaine - et donc aussi la principale pierre d'achoppement du totalitarisme". (Incidemment, la campagne présidentielle nous a donné quelques beaux exemples de cette vérité.)
Et cet autre extrait :
"Pour dominer l'univers naturel, l'homme occidental s'est séparé de lui. Cette attitude héroïque, agressive et conquérante à l'égard de l'environnement est bien ilustrée par exemple dans l'art des jardins classiques (l'art des jardins est toujours la projection la plus expressive qu'une culture peut donner de sa vision du monde) - Voyez Versailles ! -où la nature est soumise, déformée, réduite et taillée de façon à devenir entièrement conforme à une géométrie et un dessin que lui impose l'homme. Dans une telle perspective, rigoureusement anthropocentrique, les formes et les motifs naturels, non façonnés de main d'homme, et dont la complexité mystérieuse ne reflète celle d'aucun cerveau, acquièrent automatiquement quelque chose de menaçant. Leur autonomie hermétique limite et met en question l'empire de l'esprit humain."
"Dans un contexte totalitaire, chaque fois que le bon sens entre en conflit avec le dogme, c'est toujours le bon sens qui perd." (Voyez les tentatives de madame ROYAL pour trouver un accord avec monsieur BAYROU : elles ont été torpillées par les éléphants, messieurs FABIUS, EMMANUELLI, et tutti quanti, en tête, pour des raisons idéologiques (j'aime à le penser en tout cas, car si c'est pour des raisons de basse tactique politicienne, c'est indigne). Il faut proclamer haut et fort que madame ROYAL doit prendre la tête d'une opposition constructive. Elle doit être moins agressive car sa "colère" téléphonée lors du débat du mai lui a fait perdre des milliers de voies. Elle doit être plus précise dans ses propositions, et surtout ne pas raconter n'importe quoi dans des domaines aussi importants que la défense et les sous-marins nucléaires, ou dans celui de l'énergie nucléaire. Elle devrait aussi savoir qu'une loi votée en février 2005 a donné aux enfants handicapés un total accès aux établissements d'enseignement, et que sa critique sur la suppression d'Handiscole était absolment infondée. Mais elle a l'honnêteté de mettre en accord ses actes et ses paroles, en se présentant pas à la députation. Voilà les traits d'un caractère fort auquel il ne manque qu'une culture philosophique du réel)
Pourquoi le réalisme est-il si important pour notre liberté ? Parce que dans un contexte totalitaire, toujours lié à un idéalisme, on arrive avec beaucoup de sincérité, mais peu de vérité, à la conclusion qu'il est possible d'opposer "une science allemande" à "une science juive" [Hitler], ou "une vérité prolétarienne" aux "mensonges bourgeois" [Marx, Staline, Mao, Sartre..., eh oui Sartre, pour qui le marxisme était "l'horizon indépassable de l'histoire"].
Je tiens pour certain que le réel est ce qui précisément nous résiste. Et le réel se venge toujours quand il n'est ni respecté, ni pris en compte. C'est vrai pour l'écologie, pour la psychologie, et surtout pour le politique. Je trouve particulièrement intéressant la convergence des analyses d'un Marcel de CORTE, philosophe chrétien, et d'un Simon LEYS, parfaitement agnostique.
Quand reviendra-t-on dans nos écoles, nos lycées et nos universités à ces évidences ?

dimanche 13 mai 2007

Education et famille : la vraie liberté

Un père et/ou une mère, que ce soit dans une famille classique, monoparentale ou recomposée sont responsables de l'éducation de leurs enfants. Ils le sont devant leur conscience et devant la société. Celle-ci, d'alleurs le leur rappelle par la loi. On accordera sans difficulté que, pour s'exercer, la responsabilité exige la liberté effective et non pas formelle (et la liberté n'est pas l'indépendance). On conviendra aussi qu'il ne peut y avoir d'éducation sans transmission et que l'on ne transmet que ce que l'on a reçu. Comme le disait Paul de Tarse : "Je vous transmets, frères, ce que j'ai reçu de la Tradition etc."
Les conditions de l'exercice d'une liberté effective dans ce domaine ne sont pas remplies dans notre pays. Dx exemples
Si des parents n'ont que de faibles ressources, ils ne peuvent pas inscrire leurs enfants dans une école privée dont ils sont sûrs (encore qu'aujourd'hui, le système de péréquation de l'écolage qui se pratique dans les écoles privées catholiques permet à pratiquement tout le monde d'inscrire son enfant ; reste la question des frais de repas et de transport).
Si des parents ne veulent pas que leurs enfants soient exposés à la pornographie ou à l'érotisme exacerbé de la société, ils n'ont aucun moyen d'action sur les publicitaires et les médias, notamment Internet. Ils sont seuls et démunis devant cette violence, ce qui ne serait pas le cas si les associations familiales avaient un pouvoir politique effectif comme représentantes de la société naturelle qu'est la famille. Bref, et l'on y revient aucun corps intermédiaire ne s'interpose entre les individus (qui hélas ne sont pas considérés comme des personnes) et l'Etat ou les puissances d'argent.
Parlons de la transmission. Posons comme principe de départ qu'avant toute discussion de fond, l'athéisme comme la foi en un Dieu personnel et transcendant sont des croyances. Etre athée, c'est croire que Dieu n'existe pas. Avoir la foi, c'est croire qu'il existe. Sur le plan strictement philosophique, ces deux opinions se valent. Force est de constater que la promotion du laïcisme (qui n'est pas la laïcité) dans nos écoles d'Etat et dans l'espace public où se déploie l'action politique, a tout simplement promu l'athéisme et par conséquent l'idéalisme (théorie philosophique qui veut que l'intelligible soit une création de l'esprit ou de la pensée, et non pas la connaissance de ce qui est) au rang de dogme (ce qui est assez paradoxal). La question du sens de la vie a donc été évacuée, comme l'a été toutes considérations sur ce qu'est l'homme. (Le sens et l'homme, dans cette perspective, sont ce que les Maîtres à penser disent, élucubrent, proposent, supputent, hypothétisent ou pressentent.) Il ne peut y avoir de transmission et d'éducation sans réponses à ces questions du sens et de la nature de l'homme. Il y en a plusieurs, et c'est bien. Mais la vaie laïcité voudrait que toutes les réponses possibles soient effectivement proposées à nos enfants. Il reviendrait aux parents de les aider à choisir parmi ces réponses, par l'exemple, par la discussion, et par l'argumentation.
Concrètement ? Premièrement, il faut donner aux parents la liberté effective (et non formelle) de choisir pour leurs enfants l'école qu'ils jugent la plus convenable. La chose est assez simple a réaliser. Il suffit de donner à chaque famille et pour chaque enfant un chèque éducation (qui ne pourrait être utilisé QUE pour l'écolage et les frais afférents : demi-pension, transports scolaires). L'argument des braillards qui veut que l'argent public aille à l'école publique est une imposture : je paye des impôts, je n'ai aucune raison de payer deux fois l'école. En vérité, si les braillards ne veulent pas de cette solution, c'est précisément parce qu'elle leur ôterait le monopole de la transmission des valeurs du laïcisme et de l'anticléricalisme. Voltaire pas mort qui voulait "écraser l'infâme" ! On voit aujourd'hui le résultat.
Le rôle de l'Etat consisterait (a) à garder le monopole de la collation des grades ; (b) à s'assurer que les enseignants des établissements primaires, secondaires et supérieurs ont le niveau de compétences requis ; (c) à s'assurer que les conditions matérielles de l'enseignement sont convenables (surfaces, sécurité, matériels, services divers comme cellules d'orientation, services médicaux et sportifs, services culturels) ; (d) à vérifier que les objectifs pédagogiques et éducatifs sont en conformité avec la loi . Chaque établissement serait libre de recruter ses enseignants. Le traitement des enseignants et des personnels associés à cette fonction resterait à la charge de l'état. Enfin, chaque projet éducatif devrait obligatoirement offrir, surtout dans le secondaire, une réflexion sur les questions que j'ai évoquées plus haut. Voyez-vous, il me semble que ce dispositif modifierait considérablement le paysage de l'éducation nationale. Qui aura le courage d'entreprendre cette réforme ?

samedi 12 mai 2007

Sociétés naturelles et pouvoir politique

J'ai déjà eu l'occasion de parler de l'ouvrage de Marcel de CORTE dans le premier billet de ce blog. Vous n'aurez donc pas la référence de cet ouvrage (L'intelligence en péril de mort). Mais en revanche, vous en aurez deux petits extraits qui me semblent être d'actualité.
"Le régime démocratique moderne, né de la Révolution française et de la mutation opérée par l'intelligence sur elle-même, présuppose de toute évidence la ruine, l'éviction ou, à tout le moins LA STERILISATION POLITIQUE de toutes les sociétés naturelles ou semi-naturelles où l'homme se trouve inscrit par le destin de la naissance ou de la vocation : famille, communauté professionnelle, et locales et régionales, patrie petite ou grande."
Et ceci encore :
"Le bon sens nous révèle que, dans un système politique et social dont les membres sont séparés les uns des autres parce qu'ils ne participent plus à des réalités communes, à un même bien commun, la seule opinion qui puisse naître n'est évidemment pas l'opinion réelle, résultante d'un accord sur les êtres et les choses, d'une entente sur des vérités éprouvées, d'une action convergente vers le bien de tous, c'est à dire d'un fait social ANTERIEUR A L'OPINION ELLE-MÊME." Ceci signifie que les opinions publiques sont essentiellement de nature idéologique.
Pendant longtemps, avec d'autres, j'ai méprisé les "corporatismes", et il est de bon ton dans le politiquement correct, de continuer à le faire. Néanmoins, je constate que sans la protection que conféraient jadis les corps intermédiaires contre l'arbitraire de l'état, le citoyen se trouve aujourd'hui complètement désarmé devant une bureaucratie toute puissante. Ainsi, l'administration fiscale peut trouver dans vos déclarations d'impôts des éléments qu'elle juge irréguliers ; il vous appartient de faire la preuve qu'elle se trompe, sinon vous devez payer. Les agents des douanes ont le privilège exorbitant de perquisitionner sans mandat d'aucun juge à toute heure du jour et de la nuit. Les magistrats instructeurs peuvent mettre en détention préventive qui bon leur plaît, et ce pouvoir est discrétionnaire, etc.
Il est assez symptomatique de voir que l'un des premiers actes législatifs de la l'Assemblée Constituante, fut, sous l'impulsion d'Isaac René Guy (Dixit le Robert) LE CHAPELIER, de voter le 14 juin 1791 une loi supprimant les corporations, limitant le droit d'association, et déniant tout pouvoir politique aux sociétés intermédiaires. Le Robert ajoute - notez-le bien - que cette loi "constitua l'une des bases du capitalisme libéral".
La saine défense des sociétés naturelles explique sans doute pourquoi les communes françaises, surtout les plus petites, ne veulent pas fusionner entre elles pour créer de plus grosses ENTITES ADMINISTRATIVES (entité veut tout dire !). En tant que petites patries, elles pressentent que le peu de liberté politique que leur laisse la constitution française disparaîtrait corps et biens dans ces "entités". Des technocrates, sans légitimité politique, irresponsables juridiquement de leurs actes (pour antant qu'ils soient légaux), décideraient pour les citoyens de la commune ce qui est bon peur eux.
Il est grand temps de réagir. Et avec le recul, je constate que le rejet du projet de réforme constitutionnelle forgé par le général de GAULLE, rejet qui entraîna sa démission fut tout simplement une catastrophe pour notre pays.
Il est temps que nos communautés naturelles récupèrent le pouvoir politique qu'elles n'auraient jamais dû perdre. Lecteurs, je vous en prie, faites vos commentaires. J'ai de bonnes raisons de penser que ce blog est lu par certaines personnalités politiques (de droite comme de gauche), car j'ai eu la surprise d'entendre ou de lire des opinions qui reprenaient quasiment mot pour mot ce qui était ici écrit depuis un certain temps. Je dis bien mot pour mot.
Politis-philippe

vendredi 11 mai 2007

Proverbes chinois

On dit que les proverbes expriment la sagesse des nations. En voici quelques uns qui nous viennent de la Chine. Chacun poura les appliquer aux situations et aux hommes politiques de son choix. Mais vous ne m'en voudrez pas si je donne quelques pistes d'application.
"Il est difficile de chanter tout seul un opéra." (Monsieur BAYROU) (Proverbe colligé par Roger DARROBERS ; voir référence plus bas.)
"Le meilleur moyen d'empêcher les autres de connaître vos mauvaises actions, c'est d'abord de ne pas les commettre." (Cité par Ray HUANG ; voir référence plus bas.) Hum ! Hum ! Là, il y a foule !
"Les principes gouvernent les gens honnêtes ; les lois gouvernent les gens méchants." (Je vous renvoie à l'un de mes précédents billets et au texte de Jean-Claude GUILLEBAUD . Proverbe colligé par Roger DARROBERS.)
"Etre encombré d'un imbécile est pénible, mais être encombré d'un idiot plein d'initiatives est pire." (Monsieur MONTEBOURG, et sa sortie indécente sur le compagnon de madame ROYAL ; cité par Simon LEYS.)
"Les gens importants ont souvent la mémoire courte." (Pour tous les princes qui nous gouvernent ; colligé par Roger DARROBERS.)
"Il est facile de monter sur scène ; il est difficile d'en descendre." (Idem.)
C'est tout pour aujourd'hui.
Politis-Philippe
Références.
Rogers DARROBERS. Proverbes chinois. Collection "Points" série Sagesse, N° Sa 109. Editions du Seuil, Paris, 1996.
Ray HUAN. 1587 : le déclin de la dynastie des Ming. Collection "Histoires". Presses Universitaires de France, Paris, 1985.
Simon LEYS. LA forêt en feu. Essais sur la culture et la politiques chinoises. Collection "Savoir". Hermann, Paris, 1983.

jeudi 10 mai 2007

Responsabilité collective

L'esclavage fut et demeure une pratique abominable. Notre pays l'a pratiqué avant et après la Révolution. C'est un crime contre l'humanité. Tout cela est exact. MAIS je refuse de me reconnaître une quelconque responsabilité personnelle dans ce crime. Je veux bien me repentir de ce dont je suis l'auteur volontaire, mais pas des fautes de mes ancêtres. Et c'est une grande conquête morale que de nier l'existence de la responsabilité collective : Souvenez-vous de certaines horreurs ! Du temps de l'Occupation, les nazis sélectionnaient arbitrairement des otages et les exécutaient quand il y avait eu une attaque de leurs convois ou de leurs troupes par les résistants. Souvenez-vous du sentiment de révolte et d'injustice qui vous saisissait quand un professeur punissait collectivement votre classe faute d'avoir pu identifier le responsable d'un chahut ou du jet d'une malencontreuse boulette.
En revanche, je me sens parfaitement solidaire de mes contemporains. Et je me sens dans l'obligation de rappeler quelques évidences.
Quand pour gagner quelques centimes d'euros, je vais acheter mon essence au supermarché, je condamne à la faillite et à fermeture le pompiste de mon quartier ou de mon village.
Quand je paye 1 euros un tee-shirt ou un slip fabriqué en Chine au prix de l'exploitation éhontée des paysans de la Chine centrale et occidentale, exilés dans des usines tenues par les tyranneaux du Parti reconvertis dans les affaires, je contribue à l'appauvrissement de mon pays, je perpétue l'esclavage - bien réel celui-là - des ouvriers chinois et j'induis la délocalisation des quelques fabricants de textile qui végètent péniblement dans mon pays et ne trouvent d'issue que dans la fuite dans les pays pauvres.
Quand je vais me baffrer aux buffets en plein air du Club Med, sous les yeux écarquillés d'enfants au ventre ballonnés par la malnutrition, des enfants qui attendent mon départ pour vider les poubelles, je contribue à l'exploitation des populations locales lesquelles ne tirent aucun bénéfice de ma présence.
Quand je refuse de donner quelques centimes d'euros de plus pour acheter des produits issus du commerce équitable, j'enrichis les spéculateurs de matière première, les multinationales de l'agro-alimentaire et je me moque du travail pénible des petits producteurs africains ou sud-américains.
Quand mesdames et messieurs Louis Althusser, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Jean-Louis Bory, Patrice Chéreau, Jacques Derrida, Françoise Dolto, Gabriel Matzneff, Jean-Paul Sartre, Philippe Sollers, ont signé un manifeste (publié par le Monde dans son numéro du 22-23 mai 1977), pour réclamer la dépénalisation des relations sexuelles avec des mineurs, ils n'imaginaient pas les ravages que feraient vingt ans plus tard la pédophilie. Tous ces "intellectuels" ou presque étaient "de gauche". Que dit "La Gauche" aujourd'hui à ces encombrants soutiens dont, heureusement pour elle, beaucoup ont quitté ce monde ? Madame ROYAL a tranché, elle, et selon moi, dans le bon sens. Serait-ce parce qu'elle a essayé de réintroduire la morale dans la vie politique que ses "amis" lui ont savonné la planche et continuent de le faire ?
Il n'y a pas de responsabilité collective. Il n'y a que des responsabilités individuelles, mais la somme de nos choix personnels donnent à la société la couleur qui est la sienne ici et maintenant. Si l'on veut changer les choses, commençons par être cohérents et mettons nos actes en accord avec nos idées.

mardi 8 mai 2007

Reflexions

"On ne saura jamais ce que la peur de ne pas paraître suffisamment à gauche aura fait commettre de lâchetés à nos français" disait Charles PEGUY.
Voilà pourquoi nombre de nos hommes politiques ont soutenu MAO, Fidel CASTRO, STALINE et autres tyrans qui ont des millions de morts à leur palmarès. En dépit des cris que poussaient vers eux les victimes de ces monstres avant qu'elles ne soient exécutées, ils se sont bouché les oreilles ; en dépit des images d'horreur qui leur parvenaient par le canal des dissidents pourchassés, ils se sont bouché les yeux ; ils pouvaient protester, prendre des mesures de rétorsion, en un mot avoir une parole, ils ont préférer se taire ou n'avoir que des jugements creux, vous savez ce que l'on appelle plaisamment des "paroles verbales".
Des exemples ?
Monsieur Jacques DELORS, sur le plateau d'Apostrophe, le 16 janvier 1976 : "j'ai été profondément choqué par trois affirmations de ce livre (La tentation totalitaire de Jean-François REVEL, note du rédacteur) : premièrement une assimilation du communisme et du nazisme ; deuxièmement le monopole de la violence par le communisme, alors que la violence est un phénomène très partagé puisqu'il suffit de parler des guerres coloniales, des interventions américaines ou en Amérique du Sud ; enfin par une critique sans nuance des pays communistes." Soljenitsyne aura sans doute apprécié.
Monsieur Jean-Pierre COT, dans le Nouvel Observateur du 31 décembre 1978 "Je refuse de traiter pareillement les internements arbitraires en Union Soviétique (40 milions de paysans morts de faim en Russie d'Europe sous STALINE, note du rédacteur) et les tortures, assassinats et disparitions massives en Argentine (6500 morts selon les aveux du Capitaine ASTIZ, note du rédacteur)". Monsieur COT aurait-il eu un accident vasculaire cérébral ? Une aphasie ? Vous entendez bien : il parle "d'internements arbitraires" et non des excutions, disparitions, déportations de millions de citoyens "soviétiques" sous le régime stalinien. On croit rêver.
Et cet aveu tardif de Jean DANIEL (L'ère des ruptures, Grasset, Paris, 1979) : "Je fus souvent tenté de préférer l'erreur qui rapproche à la vérité qui sépare", (à mon humble avis, ce fut plus qu'une tentation ; il arrive que le Malin nous y fasse succomber ; la litote ici est des plus succulentes) ou de Pierre DAIX, un marxiste repenti et sincère et probe : "Moi, l'ancien de Mauthausen, j'ai bien aidé les bourreaux du goulag".
(Merci à Jean SEVILLIA. Le terrorisme intellectuel, Perrin, Paris, 2000 et 2004, qui dans cet ouvrage, duquel j'ai extrait ces citations, met les points sur les i de cette question avec une précision et une probité remarquable.)
Je n'hésite pas à dire que la défaite de la gauche aux élections présidentielles est le résultat de ce mensonge permanent, de ce viol collectif de la vérité la plus élémentaire. Comme le dit un auteur anglo-saxon : "Le premier devoir des intellectuels est d'être intelligent ; encore faudrait-il ajouter que celui de leurs lecteurs est d'avoir de la mémoire". Pour ce qui me concerne, j'en ai et j'entends bien raffraîchir celle des amnésiques.
Je n'aime pas l'idéologie néo-libérale. Je ne crois pas à la main invisible d'Adam SMITH. Il me semble nécessaire d'assurer un juste partage des biens terrestres car la Terre appartient à tous les hommes. Mais je ne crois pas au bonheur imposé au prix de la terreur et de l'immoralité. Je me demande s'il est possible de se dire "de gauche" sans se compromettre avec ses membres les plus sanguinaires : pour les refondateurs du socialisme, c'est une vraie question ; il faudra bien qu'ils y répondent.

lundi 7 mai 2007

Souviens-toi que tu es un homme

Dans la Rome antique, lorsque un consul victorieux recevait les honneurs du triomphe, il était accompagné d'un prêtre qui, tout en brûlant une poignée d'étoupe, lui disait : "Souviens-toi que tu es un homme."
Nous venons d'élire, largement, un nouveau président de la république. Jusqu'ici, dans les déclarations du nouvel élu, je n'ai rien entendu de choquant, et je m'en réjouis. Qu'il continue de garder la tête froide ; qu'il se souvienne des anciens triomphes romains, et qu'il médite ces paroles de CLAUDEL :"Il n'y a rien de plus dangereux pour les nations comme pour les individus que les vessies qui se regardent comme des lanternes et que des lanternes qui tiennent absolument à se faire prendre pour des messies (sic) ! De même qu'à tous les surhommes il faut préférer ce spectacle rare entre tous : un homme juste et juste un homme."
En saluant sa concurrente, le nouveau président a montré qu'il était sensible à la déception de ceux qui avaient placé en elle leurs espoirs, et qu'il était effectivement un homme. Je puis confirmer, pour avoir eu l'occasion de le rencontrer il y a trois dans dans un déjeuner de travail, avec d'autres collègues de l'Université, du CNRS et de l'INSERM, que malgré des divergences d'opinions, nous avons eu un échange constructif, amical, et vrai. Je m'étais abstenu de faire état de cette rencontre dans mes billets ; elle n'avait rien à voir avec le débat d'idées et la philosophie politique. L'élection étant passée, je me sens libre de le faire. Ce ne sont que des impressions, mais elles ont le mérite, contrairement à bien des éructations, injures, préjugés de tous ordres, de reposer sur l'analyse des faits. De ces milliers de détracteurs, de ces millers de porteurs de pancartes du collectif TSS, qui avait vraiment rencontré, ailleurs que dans les médias, celui qu'ils villipendaient ?
Ce n'est pas ainsi qu'il faut faire de la politique. Il est possible de contribuer au bien commun sans être au pouvoir. Ou alors il faut accepter l'idée dangereuse que l'engagement politique n'est que la manifestation de la volonté de puissance.