vendredi 29 juin 2007

Décrispation

Monsieur Didier MIGAUD, député socialiste de l'Isère, vient d'être élu Président de la très importante Commission de Finances de l'Assemblée Nationale. A l'unanimité. Ainsi se trouve tenue l'une des promesses que le nouveau Président de la République avait faite pendant la campagne électorale. Ainsi se trouvent démenties les accusations des éléphants contre ce tyran en puissance, ce despote partisan, ce claniste invétéré.
Monsieur MIGAUD a été Rapporteur Général du Budget. C'est un homme compétent. Il a tenu des propos justes et équilibrés après son élection. Sans renier ses convictions, ce qui ne lui était pas demandé, il a déclaré que ce n'était pas tant la gauche et la droite qui étaient en cause dans cette élection, que le contrôle du budget de l'Etat par la représentation nationale. Ce qui est juste.
Décidément, quelque chose a changé au Royaume de France. On ne fait plus de la politique comme avant. Il faut savoir gré à monsieur MIGAUD d'avoir accepté cette élection. Lui aussi aurait pu être partisan, déclarer que cette offre était un piège, que sais-je encore. Il a compris qu'il était possible dans une démocratie apaisée de travailler avec des collègues qui ne partagent pas ses convictions. J'ai déjà eu l'occasion de dire que la pluralité des opinions étaient parfaitement compréhensible en politique, et même souhaitable, car il existe manifestement plusieurs solutions à des problèmes politiques complexes. Il faut simplement que ces solutions tiennent compte du réel et ne soient pas la projection dans celui-ci d'un système de pensée tout fait, dont le but caché mais prégnant est de piper les voix des électeurs, quitte à leur mentir (ah ! le SMIC à 1500 euros !).
Le Président de la République donne l'exemple étonnant d'un homme ouvert, dont le comportement est tout le contraire de celui que ses adversaires politiques lui prêtaient au cas où il aurait été élu. Il a été élu. Il fait ce qu'il a dit. Sa parole n'est pas mensongère.
Ils ont pris un étonnant coup de vieux les éléphants ! Ils prêtent au peuple les sentiments qui les agitent, et les passions qui les font se mouvoir. Mais le peuple a d'autres soucis que celui de savoir si Hippolyte déposera sa motion au Congrès du PS, contre celle de Théodule. Le peuple sent bien que la politique est l'art du possible, et non pas une perfection qui d'un seul coup viendrait mettre fin à l'histoire et assurerait à tous un improbable bonheur. A méditer.
Je m'absente quelques jours. Reprise des billets le 2 juillet. J'aimerais bien que vous donnassiez votre opinion, vos réactions et vos commentaires.

jeudi 28 juin 2007

Championne du conservatisme

On croit rêver. A chaque mesure de bon sens prise par le gouvernement, se lève un peuple d'opposants qui entend protester pour maintenir un état de choses insupportable à nos finances, inadapté aux conditions des temps, mais intouchable, car institué par le digne héritier de la Révolution, Napoléon.
Le gouvernement veut-il réformer la carte judiciaire ? Aussitôt, des avocats, des magistrats, des greffiers, des hommes de lois se massent en foule et en robe sur les perrons ou les marches des tribunaux : il s'agit, disent-ils, de maintenir la proximité entre la justice et les justiciables. Moyennant quoi, comme il est impossible, financièrement, d'équiper convenablement ces multiples tribunaux, les greffes sont encombrés, il pleut dans les salles d'audience, et les jugements sont rendus dans des délais géologiques. Il serait selon moi, tout à fait possible de maintenir des barreaux dans les sièges des tribunaux supprimés, d'utiliser les moyens modernes de communication que sont les téléconférences, les vidéoconférences, et l'informatique pour permettre de bonnes transmissions entre la justice, les justiciables et les avocats. Et de ne faire venir le justiciable et son défenseur, qu'au rendu du jugement. A qui fera-t-on croire, au siècle du TGV, des autoroutes, de l'avion et de la voiture qu'allonger de 30 km la distance qui sépare le citoyen de ses juges est un scandale, quand le même citoyen, souvent n'hésite pas à monter en bus nocturne de Marseille à Paris pour encourager son équipe fétiche dans son match contre le PSG ?
Le gouvernement veut-il réformer l'Université ? C'est une levée de boucliers, enfin une mini-levée ; en cette matière en effet, la situation s'est tellement dégradée que nous risquons de ne plus jamais rattraper les Universités étrangères dans leur excellence. (Du reste, et j'en suis étonné, monsieur LANG est pour cette réforme). Des syndicats sont heurtés, nous dit-on, parce que le développement de l'autonomie des Universités, sur la base de l'autonomie, entraîne (selon monsieur Gérard LAUTON, membre du bureau national du Syndicat National de l'enseignement Supérieur) "un risque de compétitivité entre les Universités (sic), des diplômes dévalués, et à terme l'apparition d'un guide Michelin des diplômes (resic)". A qui fera-t-on croire qu'un doctorat de Physique nucléaire obtenu à Orsay ou à Grenoble a la même valeur qu'un doctorat de ce type obtenu (très hypothétiquement du reste) à l'Université de Cayenne ? Qu'un doctorat en Ecologie tropicale obtenu dans cette Université a la même valeur qu'un doctorat de ce type obtenu à l'Université de Bretagne occidentale ? La compétitivité et les spécificité existent déjà, cher monsieur LAUTON : il est temps de le reconnaître et de permettre aux Universités de les afficher et des renforcer. Je ne vois pas où est le risque dans la compétitivité. Elle devrait réjouir les tenants de l'évolutionisme de DARWIN qui fait de celle-ci le moteur de l'évolution. Je ne vois pas pourquoi les Diplômes seraient dévalués. C'est d'une part faire injure au corps enseignant que de le supposer capable de délivrer des peaux d'âne "synthétiques", et d'autre part c'est une opinion toute faite qui découle d'u système idélogique tout entier présent dans le cerveau de monsieur LAUTON, et dans celui de quelques autres, mais pas dans le réel, une opinion qui ne repose sur aucune étude, aucun fait concret ; c'est un préjugé, c'est un a priori, et pour tout dire, c'est une ânerie. Quant au Guide Michelin des Universités, je trouve que c'est une bonne idée que de l'officialiser ; car, cher monsieur LAUTON, il existe, non point sur le papier, mais dans l'inconscient collectif du petit monde étudiant. Le Point ou l'Express publient régulièrement des Palmarès. Nul ne seen offusque. Les étudiants sont contre la sélection à l'entrée de bac + 4. En vérité, il sont contre le retour à un statu quo qui n'est pas vieux, puisque dans l'ancienne maquette (il y a donc deux ans), un étudiant de maîtrise (bac + 4) n'avait pas la possibilité automatique de rentrer en DEA et par là en troisième cycle des études supérieures. L'inscription était autorisée par le responsable de l'école doctorale. Dernier point d'achoppement, la réduction des effectifs du Conseil d'Administration : "Dans ma Fac de Paris XII qui compte 27.000 étudiants, 1.300 enseignants, et 700 personnels administratifs, dit monsieur LAUTON, notre CA compte 60 membres", donnant à penser que ce chiffre est tout à fait raisonnable, eu égard à la taille de l'établissement. Je lui répondrai que dans un pays de 65 millions d'habitants, il n'y que 577 députés, ce qui est notablement peu selon ses critères.
Le gouvernement veut-il réformer la fiscalité et le régime des heures supplémentaires ? Les syndicats aussitôt crient au scandale. Les patrons (ah ! ces maudits) vont avoir la totale liberté d'accorder ou non des heures supplémentaires ! (Comme s'ils ne l'avaient pas déjà). C'est injuste car certains salariés pourront en avoir, d'autres non (ah ! l'égalitarisme ; mais n'en va-t-il pas déjà ainsi ?). Cette mesure va empêcher des embauches. (Les 35 heures ont-elles créé des emplois ?) Toute cette rhétorique est purement idéelle, aucunement réelle. Si la mesure peu faire quelques heureux, elle est la bien venue.
On pourrait multiplier les exemples de ces conservatismes, de ces blocages, de ces craintes infondées, de ces jugements a priori. La France est-elle réformable autrement que par des Révolutions, dont les polémologistes ont montré qu'elles instaure toujours un ordre plus tyrannique que celui qu'elles prétendent renverser. En réalité, le slogan des opposants est résumable en ce constat doux-amer de TOCQUEVILLE : "On se passe fort aisément de ce que les autres n'ont pas".

mercredi 27 juin 2007

Ane rouge

C'est entendu. Le rôle de l'opposition est de s'opposer. Mais de s'opposer VRAIMENT en offrant au choix des citoyens des solutions alternatives à celles de l'exécutif en place. Le Président de la République, une première, a réuni collectivement les responsables des formations politiques représentées au parlement, de monsieur de VILLIERS à madame BUFFET, pour leur rendre compte des résultats du sommet de Bruxelles et du contenu du Traité simplifié. Aucun d'eux n'a été reçu séparément. Il n'y avait par conséquent aucune possibilité de dire à l'un une chose, et à l'autre une autre.
L'opposition aurait pu saluer cette initiative démocratique, dire POURQUOI elle n'était pas d'accord et ce qu'elle eût proposé à la place des dispositions contestées. Du reste, chacun de leur côté, madame ROYAL et monsieur LANG ont crédité le Président et le Ministre des Affaires étrangères d'un satisfecit, un peu froid pour l'une, plus consistant pour l'autre. Monsieur HOLLANDE, qui n'a pas dédaigné de se rendre à la réunion, a ironisé en sortant sur le perron de l'Elysée ; la mine réjouie, manifestement content de lui et de ses bons mots (?), il a déclaré à des journalistes qu'il se demandait s'il existait un Ministre des Affaires étrangères, un Ministre des Affaires européennes ou un Premier Ministre. En d'autres termes, il n'a pas évoqué le moins du monde les points en débat, s'est attaqué aux personnes, a, comme à son habitude, évoqué l'écume des (de faux) problèmes. La vraie question est la suivante : est-il pour le Traité simplifié, est-il contre ? Il a défendu le Traité constitutionnel dont l'un des ses amis a contribué à empêcher la ratification. Va-t-il pourfendre avec lui le Traité simplifié ? Va-t-il faire des contre-propositions ? Il me souvient qu'une partie de l'opposition à monsieur MITTERAND a fait approuver le Traité de Maastricht. Voilà la différence entre le réalisme et l'idéologie, entre la perception des intérêts de sa patrie, et celle des intérêts de son parti.
Monsieur HOLLANDE préfèrerait un Président soliveau. Il lui serait plus facile d'en brocarder l'inaction. Mais pensez-donc, un Président qui en 5 semaines a réussi à relancer l'Europe, et, grâce au Ministre des Affaires étrangères, à mettre la question du Darfour au premier plan des préocupations internationales, cela à Paris, voilà qui est gênant pour un parti dont les responsables ne sont d'accord sur rien, si ce n'est la perpétuation de leur statut et de leur pouvoir. Misère ! Les Français qui ont voté pour le parti qu'ils pilotent, devraient s'interroger sur l'aptitude des éléphants à faire des propositions crédibles, à promouvoir en tous lieux les intérêts de notre pays, et à nous faire rentrer dans ce monde nouveau qui se ferait sans nous si nous n'y prenions garde.
On peut se demander s'il est nécessaire de revenir régulièrement sur les erreurs, les approximations, les manipulations, voire l'incompétence de monsieur HOLLANDE et de ses amis. Comme le dit en effet une savoureuse expression chinoise, "à laver la tête d'un âne rouge, on y perd sa lessive". Vite, vite, une véritable opposition. Ce pourrait être le MoDem.

mardi 26 juin 2007

Abbé Grégoire pas mort

Dans ses Mémoires, voici comment l'abbé GREGOIRE, curé d'Embermesnil, Evêque constitutionnel de Blois, assasin des langues et dialectes régionaux parlés depuis des siècles en France, opportuniste, gallican, janseniste, jacobin notoire, décrit comment manipuler l'Assemblée Nationale :
"Pour forcer la main à l'Assemblée Nationale, notre tactique était simple. On convenait que l'un de nous saisirait l'occasion opportune dans une séance de l'Assemblée. Il était sûr d'y être applaudi par un très petit nombre et hué par la majorité. N'importe : il demandait et l'on accordait le renvoi à un comité où les opposants espéraient inhumer la question. Les Jacobins de Paris s'en emparaient. Sur invitation circulaire ou d'après leur journal, elle était discutée dans trois ou quatre cents sociétés d'affiliés et, trois semaines après, des adresses pleuvaient à l'Assemblée pour demander un décret dont elle avait d'abord rejeté le projet et qu'elle admettait ensuite à une grande majorité, parce que la discussion avait mûri l'opinion publique."
Il y a fort à parier que le parti socialiste va utiliser cette tactique - la manipulation par des activistes minoritaires - pour faire capoter le projet de loi sur l'autonomie des Universités. Avec une dialectique digne de sophistes en veine d'idées, ils vont utiliser les relais commodes que sont les "syndicats" étudiants pour arriver à leur fin et faire que rien ne change. Du reste le président de l'UNEF l'a déjà annoncé. Les arguments avancés pour s'opposer à ce projet sont d'une navrante pauvreté : accorder l'autonomie aux Universités, c'est les mettre en concurrence, c'est favoriser les riches au détriment des "plus démunis", c'est attenter aux principes d'égalité. La vérité est tout autre. (a) Accorder l'autonomie aux Universités, c'est, enfin, les libérer de la tutelle nationale des syndicats dits "de gauche" et cette raison inavouée est la raison déterminante de l'opposition à ce projet ; (b) c'est permettre aux Universités de prendre rapidement les décisions ad hoc concernant leur survie (ainsi, il ne faudra plus 7 ans pour avoir un commencement de semblant de début de désamiantage d'une tour pharaonique et dangereuse, sous la houlette d'un organisme d'état, dont la responsable vient du reste d'être limogée) ; (c) c'est donner la possibilité aux Universités d'attribuer des bourses conséquentes aux étudiants de qualité qui n'auraient pas autrement les moyens de s'y inscrire ; (c) c'est avoir la possibilité de moduler les droits en fonction des revenus familiaux du candidat à l'inscription ; (d) c'est la possibilité de recruter d'excellents professeurs et chercheurs, sans avoir recours à des "commissions de spécialistes" et à des concours qui - c'est le moins que l'on puisse dire - n'ont pas toujours la transparence requise, en utilisant éventuellement un recrutement contractuel avec possibilité de se séparer du recruté s'il ne répond pas aux objectifs fixés par l'Université et aux objectifs qu'il a inscrit dans le projet qu'il a soumis aux instances universitaires au moment de sa candidature.
Je ferai également remarquer que l'état d'étudiant est un état transitoire. Il me paraît, pour cette raison tout à fait normal que des acteurs universitaires qui euxferont toute leur vie carrière dans une Université aient voix prépondérante dans les conseils. Je ferai aussi remarquer que de nombreux présidents d'Université trouvent cette loi tout à fait pertinente (cf les interviews des Présidents de l'Université Pierre-et-Marie-Curie [Jean-Charles POMEROL] ou de Paris-Dauphine [Laurent BATSCH] dans le Figaro du 25 juin). Des chercheurs universitaires de gauche (même journal, même livraison) partagent cet avis, dont un écrit : "Le texte proposé est juste et nécessaire pour sauver ce qui peut encore l'être. Les organisations syndicales doivent savoir que les universitaires soutiennent cette réforme dans leur écrasante majorité. Même si ceux qui sont contre et qui braillent sont les plus médiatisés".
Ainsi, l'opposition à un texte de sauvetage n'est motivée que pour des raisons politiciennes : il ne s'agit pas de chercher le bien de la France et de ses jeunes, mais de mettre en échec un gouvernement qui fait obstacle à la prise de pouvoir par ces furieux ; pour cela, on a recours à toutes les ficelles de la manipulation, de la mauvaise foi, de l'aveuglement, on fait appel à des relais bien structurés mais très largement minoritaires, et l'on commence, avec un certain succès, à trafiquer le vocabulaire en parlant de "Communauté Universitaire" (terme repris hélas par Le Figaro) là où il n'y a qu'un ramassis d'opposants affamés de pouvoir, qui ne représentent qu'eux-même et les "sociétés de pensée" dont ils sont les affidés.
Ma conclusion est simple : Abbé Grégoire pas mort.

lundi 25 juin 2007

Les éléphants ont-ils des yeux ?

Dans une chanson bien connue, un petit garçon demande à sa maman si les petits bateaux ont des jambes. Moi je me demande si les éléphants ont des yeux. Je veux parler des éléphants qui sont en train de ravager la porcelaine socialiste.
Ah, ils étaient bien contents, les éléphants, d'appeler à la rescousse madame ROYAL pour sauver leur siège ! Maintenant qu'ils ont de quoi poser leur derrière (Dieu me pardonne cette petite familiarité), ils vouent leur déesse aux gémonies. Curieux renversement des choses. Mais madame ROYAL a du caractère, et, selon moi, une vue assez juste de l'avenir de son parti. Eh bien, lisez les déclarations des uns et des autres à l'issue Conseil National, tenue en l'absence volontaire de celle qu'ils accusent de tous leurs maux. C'est une accumulation d'images fausses, un flot de "paroles verbales", un vide abyssal de propositions. Il s'agit avant tout de laisser leur chance à tous les candidats au califat, et... à l'investiture du parti pour les prochaines élections présidentielles. Je serai monsieur HOLLANDE, je ne serais pas aussi assuré de mon avenir. Car le peuple n'est pas fou, et il sait faire la différence entre ceux qui cherchent le pouvoir pour le pouvoir, et ceux qui, avec des moyens peut-être discutables ou inadaptés - c'est en tout cas mon opinion - veulent sincèrement son bonheur. L'ingratitude de ces machos suffit à les disqualifier. Il n'est pas interdit d'avoir du coeur et de la gratitude pour faire de la politique.
Autre chose. Monsieur Julien DRAY, dans une formule à graver dans le marbre, parle du traité smplifie comme "un compromis boîteux et sans ambitions". Ainsi, parce qu'un projet ne correspond pas à l'idée qu'il se fait de l'avenir de l'Europe, monsieur DRAY est incapable de voir le progrès que représente ce traité, ne serait-ce que pour le fonctionnement des institutions européennes. Il a une idée, qui correspond à son système de pensée, et il se fait fort, (c'est très français ça) d'amener nos partenaires européens à ses vues, qu'il a bien courtes. D'où ma question réitérée : les éléphants ont-ils des yeux ?

dimanche 24 juin 2007

Miscellanées

Interrogé par un journaliste de TF1, monsieur MOSCOVICI, ancien ministre des affaires européennes, a reconnu au Président SARKOZY une certaine tenacité européenne, mais conclut que le traité n'a ni souffle, ni ambition. Au lieu de se réjouir de ce retour de sa patrie sur la scène européenne, il fait la fine bouche. Car lui, Pierre MOSCOVICI, il eût certainement entraîné l'adhésion de ce têtu de polonais, là où les efforts conjugués de messieurs BLAIR, SARKOZY, JUNKER, ZAPATERO, BARROSO, et de madame MERKEL n'ont obtenu que ce piètre résultat. J'aurais aimé que l'on interrogeât aussi monsieur FABIUS, l'un des grands responsables de l'échec du référendum. A-t-il la même opinion que monsieur MOSCOVICI ? Il trouve peut-être que c'est encore trop. Incidemment, personne n'a relevé ou presque l'exploit diplomatique du Président et du Ministre des Affaires Etrangères qui ont réussi à faire supprimer dans le nouveau texte la référence à la "concurrence libre et non faussée" que portait le projet avorté de Constitution Européenne. On peut discuter de la pertinence de cette suppression, mais pas de l'exploit quand on connaît l'acharnement des anglais à défendre ce concept.
Je ne puis que citer ici - que certains de mes lecteurs me pardonnent cette redondance avec la Citation du mois - un texte remarquable de LANZA del VASTO sur l'esprit de corps. Il va comme un gant à monsieur MOSCOVICI :
"Cet oubli de leurs propres intérêts, ce renoncement à leur repos et à leur sécurité, ainsi qu'à leurs affections personnelles et à leurs rancunes particulières, à leurs plaisirs et à leur liberté, cette soumission à l'ingrate discipline, cet attachement à des chefs qu'ils n'ont pas choisis, et qui ne leur veulent aucun bien, la fierté qu'ils éprouvent de produire ensemble un si grand dégât, l'étonnant pouvoir qui se révèle en eux de haïr soudain tout une catégorie d'hommes, des peuples entiers, de les haïr de confiance sans les avoir auparavant connus ni rencontrés, la différence absolue qu'ils parviennent à établir entre des êtres portant la même apparence humaine et se livrant à des actes pareils, entre eux-mêmes et ceux d'en face, ce renversement des instincts naturels, des sentiments humains, du jugement, sont dus à une forte passion qui ressemble autant à l'amour qu'au contraire de l'amour, et qui s'appelle l'Esprit de Corps." (LANZA del VASTO. Les quatre fléaux, Editions du Rocher, Monaco, 1993.)
Autre chose maintenant. Une dépêche de l'AFP titre : "La Communauté Unversitaire rejette le projet de l'oi sur l'autonomie de l'Université". Curieusement, ce terme est repris par Claire CHAZAL dans le Journal Télévisé d'hier soir. Il eût été plus honnête, et surtout conforme à la vérité de titrer : "Le CNESER rejette à une faible majorité le projet de loi sur l'autonomie des Unversités". Ce projet, en effet, a été rejetté par 19 voix contre, 13 voix pour, et 4 abstentions. Je dénonce encore une fois la manipulation rhétorique imposée aux faits par des journalistes peu scrupuleux. J'ai été vice-président d'une très grande université. Je sais comment les syndicats et les partis de gauche investissent les Comités et Commissions Hippolyte et Théodule, pour y trouver une caisse de résonnance à leur système. Et je puis vous dire, ayant enseigné pendant 33 ans dans cette Université, que les enseignants n'aspirent qu'à une chose : l'autonomie, la liberté pédagogique : songez qu'il fut un temps où une Université n'avait pas le droit d'acheter pour son imprimerie une machine spécifique sans l'autorisation du Ministère. Du reste, avec le système des marchés, il en va de même.
Enfin, dernier petit point. Philippe SEGUIN a présenté le rapport de la Cours des Comptes. Il note que l'Etat doit 1 milliard d'euros à la Sécurité Sociale. Savez-vous pourquoi ? Il s'agit tout simplement du coût des actes médicaux et chirurgicaux réalisés en faveur des immigrés clandestins. Nous avons le devoir de les soigner. Cela je ne discute pas. Mais nous avons le devoir de reconnaître que cette générosité à un coût. Il faudra bien prendre des mesures pour le limiter. Et sans doute trouver des moyens efficaces pour faire reculer la pauvreté et l'oppression politique dans des pays qui passent leur temps à critiquer l'Occident. Monsieur MUGABE est, à cet égard, l'un des tyrans les plus typiques de cette posture.

samedi 23 juin 2007

Des lois qui sont des lois.

"Les lois - dit Montesquieu - dans la signification la plus étendue, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ; & (sic) dans ce sens tous les êtres ont leurs lois, la divinité a ses lois, le monde matériel a ses lois, les intelligences supérieures à l'homme ont leurs lois, les bêtes ont leurs lois, l'homme a ses lois.
Ceux qui ont dit qu'une fatalité aveugle produit tous les effets que nous voyons dans le monde, ont dit une grande absurdité ; car quelle plus grande absurdité qu'une fatalité aveugle qui aurait produit des êtres intelligents ?
Il y a donc une raison primitive ; & les lois sont les rapports qui se trouvent entre elle & les différents êtres, & les rapports de ces divers êtres entr'eux.
[...]
Les êtres particuliers intelligents peuvent avoir des lois qu'ils ont faites : mais ils en on aussi qu'ils n'ont pas faites. Avant qu'il y eût des êtres intelligents, ils [les êtres intelligents ; note du transcripteur] étaient possibles. Ils avaient donc des rapports possibles, et par conséquent des lois possibles. Avant qu'il y eût des lois faites, il y avait des rapports de justice possibles. Dire qu'il n'y avait rien de juste ou d'injuste que ce qu'ordonnent les lois positives ; c'est dire qu'avant de tracer de cercle, tous les rayons n'étaient pas égaux."
MONTESQUIEU.
De l'esprit des lois. Livre premier. Des lois en général. Chapitre premier. Des Lois, dans le rapport qu'elles ont avec les différents êtres.
In
Oeuvres de Monsieur de Montesquieu. Tome premier. Nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement auagmentée par l'auteur. Chez Arkstée et Merkus, à Amsterdam et Leipsick (sic), 1764 [j'ai le bonheur de posséder la totalité des oeuvres de Montesquieu dans cette édition].
Montesquieu occupe une place particulière dans le siècles papillonnant des Lumières. Esprit profond, juriste distingué, il ne fait pas partie de ces camarillas parisienne qui ont parasité les aristocratiques salons parisiens, et contaminé le clergé. Il va droit son chemin. Bien qu'il eût été injustement attaqué par de minables plumitifs dont la postérité n'a pas gardé le nom, son oeuvre demeure. Elle devrait être lu par tous les députés. Le Président de l'Assemblée Nationale devrait faire à leur intention des stages d'initiation à la pensée de ce très honnête homme. Ceci étant dit, je ne suis pas obligé de tenir ses propos pour paroles d'Evangile.
Bref mais intense retour sur la définition des Lois par la personnalité du jour. Les Lois, dit-elle, sont des RAPPORTS NECESSAIRES QUI DERIVENT DE LA NATURE DES CHOSES. Il en résulte qu'une Loi qui ne dérive pas de la nature des choses, n'est pas une Loi mais une contrainte tyrannique imposée par le plus fort aux plus faibles, et que la connaissance préalable de la nature des choses est un prérequis à son élaboration. Voilà pourquoi nombre de Lois prétendues modernes (j'en ai parlé dans un billet précédent sur la régulation des comportements) ne sont que des offenses faites à la nature, et ont fort peu de chances de durer. L'Esprit des Lois s'oppose résolument à L'Esprit du Monde d'HEGEL, Esprit qui se manifesterait progressivement par l'accumulation d'interminables séquences de thèses, antithèses, synthèses, émergeant du flux apparemment incohérent de l'histoire. Nous sommes les victimes aveuglées de ce philosophe qui ne tient aucun compte de ce que les philosophes médiévaux nommaient la substance et l'accident. Pour que quelque chose change en effet, il faut qu'il garde de lui-même l'essentiel de son être. Sinon, il n'y a pas de changement ; il n'y a que des substitutions, dont la révolution est la forme la plus violente. (HEGEL tente de garder cette notion par le concept de synthèse... ; on voit où cela nous conduit. Nombre de synthèses ne sont que des ruines, des "syntholyses", si l'on me permet ce néologisme.)
Par conséquent, sans respect de ces principes, il n'y a pas de loi.

C'est tout pour aujourd'hui.
Politis-philippe

vendredi 22 juin 2007

Toute nue, la vérité sort du puits

Madame ROYAL a donc déclaré que "le SMIC à 1500 euros et la généralisation des 35 heures n'étaient pas crédibles", mais "qu'elle avait dû les reprendre dans son pacte présidentiel". Le sénateur MELANCHON crie à la duplicité ; plus réaliste, ou plus modéré, monsieur MOSCOVICI, sur les antennes de RTL, se déclare "perplexe" après cette déclaration tonitruante, mais laisse entendre, que dis-je fait entendre, qu'il est d'accord sur le fond avec madame ROYAL ; il crédite monsieur SARKOZY d'une action de rupture d'avec le passé, rupture qu'il juge "illusoire" (c'est son droit) et "mensongère" (il franchit indûment la ligne jaune, car il fait un jugement a priori sur la bonne foi du Président). Personnellement, je ne me serais pas avancé sur le terrain du mensonge, car en cette matière la candidate socialiste, de son propre aveu, a quelques longueurs d'avance.
Le PS traverse une crise majeure. Il est coincé entre les pressions qu'impose la réalité du monde actuel, et les pressions d'un électorat qu'il a constamment carressé dans le sens du poil, pour en piper les voix, tout en sachant qu'il ne pourrait pas tenir ses promesses (lesquelles, c'est bien connu, n'engagent que ceux à qui elles s'adressent). Je tiens pour nécessaire l'existence d'une opposition forte. Mais je dis bien "forte", (pas de carton pâte), et nantie de propositions réalistes et alternatives, qui offrent un vrai choix aux Français. Les Français sont majeurs. On leur doit la vérité, fût-elle douloureuse. Vite, vite l'aggiornamento au PS. Il n'y a pas trente-six solutions : création d'un parti social-démocrate (ce qui suppose l'éclatement de l'actuel PS), accord de gouvernement avec le MoDem : adieu monsieur FABIUS (à gauche toute), adieu monsieur MONTEBOURG, adieu tous les furieux de l'idéologie. Nous rentrerons enfin dans un système politique moderne, libéré des fumées des Lumières et des miasmes de la Révolution, sans doute au prix d'une remontée de monsieur BESANCENOT.
L'avenir dira si les choix du Président sont les bons. En tout cas, et monsieur MOSCOVICI l'a bien reconnu en regrettant que son parti ne l'ait pas imité, monsieur SARKOZY fait ce qu'il a dit et dit ce qu'il fera. Voilà qui nous change des manières du président florentin, et des valses-hésitations du président corrézien.

jeudi 21 juin 2007

Sonotone, mémoire et dictionnaire

Je propose que, par souscription nationale, nous offrions à madame Marie-Georges BUFFET un sonotone performant. Elle prétend avoir entendu, dans la prestation époustouflante du Président de la République hier soir, "un exercice d'autosatisfaction". Elle a certainement un très grave déficit auditif qu'il convient de corriger sans tarder. Moi j'ai entendu un homme qui dit "Je peux me tromper et si c'est le cas, j'en tirerai les conclusions", qui dit "être un homme comme tout le monde", qui "ne veut pas être un Président glacé et glaçant", qui déclare avoir voulu donner à la cérémonie d'investiture un caractère humain en simple en y associant sa famille ("je suis un homme vivant, avec une famille, comme les autres"). Je n'ai pas entendu qu'il disait être content de lui, mais qu'il connaissait le poids de ses responsabilités, qui déclare (à propos de la supposé gaffe de monsieur BORLOO au soir du premier tour des législatives), je cite "je n'aime pas les attaques ad hominem ? S'il y a un reponsable c'est moi". Alors, c'est de l'autosatisfaction, ça, madame BUFFET ? Avez-vous fait votre propre examen de conscience ? A quoi attribuez-vous la chute vertigineuse du PC ? S'il y a un responsable, est-ce vous, ou... les électeurs ?
Les muses de monsieur HOLLANDE doivent faire grève. Il devrait exiger de leur part un service minimum. (Prévenir de toute urgence la Commission des Lois.) Comme le Premier Secrétaire n'a rien à dire après l'interview du Président de la République, il ressert des plats réchauffés. "Des cadeaux fiscaux payés par tous les français" dit-il à propos de la TVA fiscale dont les mécanismes ont été lumineusement expliqués hier soir. En somme chacun des français fait des cadeaux à ses concitoyens. C'est pas bien ! Peut-être préfère-t-il que les cadeaux ne soient payés que par les jeunes, qui ne trouvent pas d'emploi, et par les chômeurs de longue durée. Car c'est bien à cela que conduit la calamiteuse politique socialiste, en cela suivie d'ailleurs par le précédent Président de la République. Je propose qu'une seconde souscription nationale offre à monsieur HOLLANDE un dictionnaire d'histoire contemporaine.

Venons-y justement, à l'histoire contemporaine. Monsieur HOLLANDE, ses éléphants et ses éléphanteaux critiquent la réception de monsieur LE PEN à l'Elysée. Il faut leur rafraîchir la mémoire. Moi, je trouve qu'un Président qui accepte de recevoir un responsable politique ayant mis en avant, pendant la campagne présidentielle, sa qualité d'homme de terroir en l'opposant aux origines étrangères de son concurrent, et à ses possibles et partielles racines juives, je trouve, disè-je, qu'un Président qui fait ce geste a de la grandeur d'âme et une très imposante hauteur de vue. Beethoven disait, et ce sera ma conclusion : "L'expression de la bonté est la marque d'une supériorité d'esprit". Les adversaires politiques de monsieur SARKOZY ont encore du chemin à faire avant d'y parvenir.

mercredi 20 juin 2007

Qu'est-ce qu'une société politique harmonieuse ?

La loi, la conscience morale et la culture, dans son aspect diachronique (la tradition) et synchronique (la mode), sont les trois régulateurs des comportements humains. Il m'apparaît qu'aucune société politique ne peut se développer harmonieusement sans mettre en accord ces trois éléments. Et je pense qu'un des facteurs principaux de notre apparente décomposition sociale vient justement de cette absence d'harmonie entre ces facteurs de régulation.
Quand la loi va à l'encontre d'une très longue tradition occidentale, la transmission patrilinéaire du nom de famille par exemple, elle introduit une rupture culturelle très importante. Depuis des siècles les enfants portent en France le nom de leur père. Mais nos Diafoirus de la modernité et de la prétendue parité autorise aujourd'hui un enfant à choisir soit le nom de son père soit celui de sa mère soit les deux (dans l'ordre qui lui convient), sans se soucier des effets de ce changement sur les générations à venir. Cette innovation qui améliore certainement le sort des chômeurs, augmente la compétitivité de la France, suscite l'innovation et le risque d'entreprendre, a été introduite sous la pression de quelques viragos qui détestent les hommes mais ne dédaignent pas de les exploiter quand il s'agit d'obtenir une prestation compensatoire lors d'un divorce : là, les susdites viragos savent mettre en avant leur "féminité", l'immense dévouement dont elles ont fait preuve en élevant leurs enfants etc. En vérité, elles baignent dans l'idéologie la plus pure et pensent révolutionner la société dans le sens qui leur convient, alors qu'elles ne cherchent qu'à assouvir leur volonté de puissance, et très probablement aussi, à se venger de leurs échecs sentimentaux.
Quand la loi va à l'encontre de la plus constante tradition morale (au sens de ce qui nous est livré par les générations passées, après le sévère criblage de l'expérience historique et le témoignage des saints) en autorisant le PACS entre personnes du même sexe, elle blesse la conscience de nombreux français. Certes chacun est libre de son orientation sexuelle, et nul ne doit juger du choix de ses semblables en de telles matières. Mais pourquoi la loi imposerait-elle dans l'espace public de ne point discuter de ce qui relève du comportement privé ? Depuis des siècles, les enfants de la fille aînée de l'Eglise entendent les imprécations de Paul de Tarse : "Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature de préférence au Créateur, qui est béni éternellement ! Amen. [...] Leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature ; pareillement les hommes, délaissant l'usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétuant l'infâmie d'homme à homme et recevant en leurs personnes l'inévitable salaire de leur égarement" (Romains, 1, 25-26) Et il leur paraît que cette parole relève du bon sens le plus élémentaire. Eh bien savez-vous que si Paul écrivait cela aujourd'hui, il serait passible des tribunaux ? En ôtant à chaque conscience le droit imprescriptible de juger, la loi détruit le sens moral, et donne à penser qu'elle est le maître du bien et du mal ; la loi se détruit elle-même. Je me sens tout à fait le droit de lui désobéir, car "il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes." Et la vraie raison de l'anticléricalisme, c'est l'antichristianisme dont le seul objet est de détruire tout référent extérieur à la pensée pour permettre à chacun de "faire ce qui lui plaît" dans tous les domaines (excepté, curieusement, en matière d'impôts !)
Ces "innovations" promues par un courant de pensée moderniste, pas exclusivement socialiste, mais majoritairement de cette école de pensée, nous poussent droit dans le mur et accroissent la fracture entre le citoyens. Il est grand temps de réintroduire dans la vie intellectuelle de notre pays ce que les philosophes médiévaux appellent la pensée spéculative, et qui nous permet d'appeler un chat un chat, et Montebourg un furieux.

lundi 18 juin 2007

Tartuffe ou le triomphe de la démagogie

Je vous ai promis de ne pas céder à l'idéologie, mais de m'en tenir aux faits et au réel. Je le ferai donc. Il faut reconnaître que le second tour des élections législatives est un échec pour la majorité. Elle demeure la majorité, mais elle perd près de 50 députés. On ne peut pas dire que ce soit un bon score.
A quoi attribuer ce décalage ? A la démagogie de la gauche. Elle veut protéger les français dit-elle. Pétain le voulait aussi.
La démagogie et le mensonge de la gauche, que monsieur FILLON a eu raison d'appeler imposture, reposent sur deux arguments développés avec talent entre les deux tours : l'équilibre des pouvoirs, et la prétendue injustice de la TVA sociale.
Monsieur STRAUSS-KAHN a dénoncé la TVA sociale en l'appelant la TVA patronale. C'est pourquoi il a sauvé son siège. Qu'a-t-il fait exactement ? Il a eu recours aux bonnes vieilles recettes marxistes qui consistent à désigner tous les patrons comme des profiteurs qui exploitent la classe ouvrière. Est-ce ainsi qu'il va les inciter à embaucher des jeunes ? C'est un argument misérable dans la bouche d'un avocat qui se fait payer une heure de consultation juridique, auprès d'une mutuelle étudiante, 600.000 francs. C'est un argument misérable dans la bouche d'un homme qui le premier a évoqué la possibilité d'une TVA sociale. C'est un mensonge éhonté, et il le sait. Mais il a sauvé son siège. Maintenant, nous attendons de lui qu'il nous dise comment il va traiter la question de la dette sociale.
Je serais un petit patron, chef d'une entreprise artisanale (entreprise de plomberie, d'électricité, de maçonnerie, de boulangerie, de menuiserie, par exemple), je ferais le serment de ne jamais plus voter pour des hommes politiques de cet acabit-là. Je serais responsable d'une entreprise de prestation de services, je ferais de même. Idem pour une entreprise de commerce ou pour une grande industrie. A ces gens qui nous ont jeté tout crus dans la mondialisation sans nous y préparer, sans stimuler notre goût du risque, sans nous inciter à relever ce défi, qui ont augmenté le coût du travail de 11 %, ouvert les frontières à de pauvres gens qui n'ont aucune chance de s'insérer ou de trouver un emploi, et que l'humanité, pourtant, nous fait un devoir d'aider, à ces gens qui ont mis a point un système de prestations sociales permettant à un chômeur d'avoir des revenus supérieurs à celui travaille, il est temps de dire NON. Ce sont des tartuffes, et ce qu'il convient de reconnaître comme une victoire socialiste, est un triomphe à la Pyrrhus. Le réel est têtu et il se vengera de ceux qui le violente.
Quant à l'équilibre des pouvoirs, il est assez mal venu comme argument de la part d'un mouvement politique qui contôle 21 régions sur 22, sans compter un nombre impressionnant de conseils généraux. Le déséquilibre des pouvoirs, dans leurs discours, est toujours dangereux quand il est à leur détriment. Moi, je n'ai jamais entendu un homme politique de droite mettre en cause le déséquilibre des pouvoirs dans le cas des exécutifs régionaux. Pas davantage, quand, en 1981, avec 35 % des suffrages, monsieur MITTERAND a obtenu la majorité absolue au parlement.
Enfin, il faut saluer la dignité et la hauteur de vue de monsieur JUPPE qui a eu l'élégance de féliciter son vainqueur, et de reconnaître sa défaite. Que la France puisse s'offrir le luxe de se passer de ses services est bien triste, comme est triste la défaite de Vincent PEILLON ou celle de Jean-Pierre CHEVENEMENT. L'un est courtois, argumenté et modéré ; l'autre a l'amour de la patrie chevillé au corps. Je ne partage pas leurs idées, mais je les estime et je les respecte. Les électeurs ont préféré plébisciter l'inénarrable Arnaud MONTEBOURG. Ainsi va le jeu de la démocratie. On peut en discuter, c'est cependant le régime qui a l'accord des français.

dimanche 17 juin 2007

Goutte à l'imaginative

J'ai, ce matin, la goutte à l'imagitive. Prochain billet demain, après les résultats des élections.

samedi 16 juin 2007

TVA sociale

Voici quelques éléments d'information objective sur la TVA sociale.
1-De l'avis de tous les spécialistes de l'économie, notre système de prestations sociales est à bout de souffle. Il faut le changer.
2-Quelles sont les solutions ?
D'abord rappeler aux français qu'ils ne cotisent pas pour eux, mais pour les autres. Ceci est particulièrement vrai pour les retraites.
Ensuite, pour assurer l'équilibre des comptes, il n'y a pas 36 solutions. Ou bien l'on diminue le niveau des prestations versées aux allocataires, ou bien l'on augmente le taux des cotisations, qui sont versées, il est bon de le rappeler, par les salariés et leurs employeurs. On peut ne faire porter l'effort que sur les employeurs, et sur les bénéficiaires de revenus non salariaux (CSG) : c'est la bonne vieille méthode socialiste, radicale socialiste, (et chiraquienne). Dans ce cas, il est fort à parier que les employeurs hésitent à embaucher, licencient ou délocalisent. Ansi se trouvera augmenté le chômage des jeunes, qui est un véritable drame et la plaie de la France.
On peut aussi augmenter les impôts "des plus riches". Mais les plus riches, il y a longtemps qu'ils ont mis leur fortune à l'abri. L'effort serait alors supporté par les salaires les plus élevés, dont les bénéficiaires n'ont pas forcément un énorme patrimoine. Il faut dénoncer le procès qui est constamment fait à ceux qui par leur travail et leur talent gagnent mieux leur vie que ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas travailler, ou n'ont pas fait les efforts nécessaires de formation, pendant leur scolarité ou dans le cadre d'une formation continue. Ce ne sont pas les stages qui manquent.
On peut enfin expliquer au français que la solidarité est une valeur à laquelle tous devraient adhérer pour mieux vivre ensemble. La solidarité à sens unique finit par détruire le sens de la solidarité. Les français n'accepteront ce projet solidaire que lorsqu'ils verront l'état, et les institutions qui en relèvent, mettre fin aux privilèges indus et au gaspillage. Ainsi supprimer à la SNCF la prime "pour absence de prime" (sic), supprimer les décharges syndicales des enseignants, ne pas abonder de je-ne-sais-combien de pourcent les retraites des fonctionnaires qui décident de s'installer outre-mer : il s'agit là d'exemples qui me viennent spontanément à l'esprit. Il y a bien des économies à faire dans le fonctionnement de l'état. Et l'on pourrait sans peine trouver quelques dizaines, voire centaines de millions d'euros d'économie, et peut-être plus.
3-La TVA sociale est une bonne solution.
La TVA sociale consiste à baisser les charges patronales pour dégager des opportunités d'embauche, en contre-partie d'une baisse des prix qui ne peut pas être équivalente à la diminution des charges, mais ne peut être que moindre (de peu). "En clair, disent des journalistes de Métro, on reporte une partie des frais de la production sur la consommation".
Tous les produits, y compris ceux qui sont importés, supportent cette augmentation, mais comme dans ce système, seule les produits français coûtent moins chers à la production, eux seuls voient leur compétitivité augmentée, aussi bien en France que dans les pays étrangers : moins d'importations, plus d'exportations.
En Allemagne, l'augmentation de la TVA a eu un effet nul sur les prix. A Danemark, où la TVA est au moins de 24 %, il y a un chômage de moitié moindre qu'en France. Il est structurel, et non conjoncturel.
Enfin, effectivement, pour éviter de pénaliser les revenus modestes, il est toujours possible de diminuer la TVA sur les produits de première nécessité (elle est de 33 % sur les lunettes ! produit dont beaucoup d'entre nous ne peuvent se passer ; elle n'est que de 5 % sur les livres ; elle pourrait passer à 7 %-8 % que je ne trouverai pas ça indécent). Il me semble que répartir l'effort sur tous les citoyens plutôt que de le concentrer esentiellement sur les salariés et sur les chefs de entreprise est une mesure de justice. Du reste, mais l'avouera-t-il, monsieur STRAUSS-KAHN avait déjà eu la même idée. Nous devrions faire une recherche en paternité.
Avec leur habituelle démagogie, nos éléphants sont contre une mesure de bon sens. Mais comment vont-ils diminuer le montant de la dette sociale ? Veulent-ils faire payer les générations à venir, à commencer par nos enfants, qui déjà ont du mal à trouver du travail ? Ce sont des aveugles, des irresponsables. Dieu nous garde de les avoir au pouvoir.

vendredi 15 juin 2007

Paroles de philosophe

On pourrait croire que je suis partial. Il n'en est rien. Ce n'est pas le socialisme dont j'ai horreur. Je rejette en bloc les leaders socialistes parce qu'ils disent tout et n'importe quoi, et n'ont strictement aucune proposition à opposer à celles que fait le gouvernement. Ils ne sont intéressés que par le pouvoir, ils veulent faire notre bonheur malgré nous, ils ont réponse à tout avec leur système. Le socialisme, comme le libéralisme du reste, est une idéologie. L'un et l'autre sont, en effet, des systèmes, des systèmes de pensée qui ont plus ou moins de rapport avec le réel. D'abord un détour pour comprendre de quoi il s'agit.
Voici comment André COMTE-SPONVILLE, un philosophe médiatique certes, mais très pédagogue, ce qui est rare pour un philosophe, définit matérialisme et idéalisme, dans une joute qui l'oppose à l'un de ses collègues, monsieur STAUNE, et qu'a publié le Figaro (merci à un ami de m'avoir communiqué ce texte) :
"Le matérialiste, au sens trivial, c'est celui qui n'a pas d'idéaux, qui ne vit que pour les plaisirs corporels. Au sens philosophique, il en va tout autrement ! Le matérialisme est d'abord une position métaphysique : c'est penser que tout est matière ou produit de la matière. Attention, je ne parle pas du concept scientifique de matière, qui ne cesse d'évoluer, mais de la catégorie philosophique, qui appelle « matière » tout ce qui existe indépendamment de l'esprit. La vraie question est de savoir ce qui est premier : est-ce l'esprit qui crée la matière, ou la matière (qu'elle soit énergie, ondes ou corpuscules) qui produit l'esprit ? L'idéalisme défend la première position ; le matérialisme, la seconde, ce qui revient à nier l'existence d'un dieu créateur et d'une âme immatérielle. Pour le matérialisme, ce n'est pas un esprit qui a créé le monde ; c'est la nature incréée qui finit par engendrer la pensée dans le cerveau humain. Je ne suis donc qu'un corps, ce qui exclut que je puisse lui survivre : être matérialiste, c'est aussi penser qu'il n'y a pas de vie après la mort. Voici résumées les composantes majeures du matérialisme, depuis Démocrite et Épicure jusqu'à aujourd'hui."
Les définitions sont excellentes. Toutefois je m'interroge sur le grand manquant de ces conceptions métaphysiques, je veux dire le réalisme. Nous voyons bien les dangers des idéalismes, père de tous les totalitarismes. Si l'esprit est "créateur" de la matière, tout est permis à l'homme, et le plus fort de nos frères en humanité pourra nous imposer son système, contre notre volonté : c'est ainsi que l'on a vu fleurir le nazisme, le fascisme, le marxisme, le freudisme, le nietzschéisme, le castrime, le léninisme, le stalinisme, le maoïsme, toutes idéologies dont vous observerez que la plupart portent un nom dérivé de celui de leur créateur. Le matérialisme est un avatar de l'idéalisme. Lorsque je déclare que tout, y compris la pensée, est un produit de la matière, je ne fais que projeter ma pensée dans celle-ci, en lui supposant, sans possibilité de preuve, une telle puissance.
Que dit le réalisme ? Il dit qu'il y a une correspondance possible entre les choses et l'intelligence, que la recherche de cette correspondance est précisément la recherche de la vérité, que les êtres et les choses portent en eux de l'intelligible, c'est à dire la trace d'un esprit. Toute la question est de savoir si l'intelligible des êtres et des choses est prouvable, possible, très conjectural, impossible à détecter ou hypothétique. Un penseur très connu, Karl POPPER, montre qu'il existe trois mondes bien distincts : le monde 1 est celui de la matière, y compris celui du cerveau, le monde 2 est celui du vécu dans chaque conscience, le monde 3 est le monde des idées car les "idées sont perpétuelles". Cela signifie tout simplement que les idées émergent de la matière par le travail de l'esprit humain qui cherche à en dégager l'intelligible. C'est précisément cela le réalisme.
Quelques idées clés du réalisme dont le plus éminent représentant occidental est Thomas d'Aquin, mais qui a aussi de non moins éminents représentants orientaux (Yahia, Miskaywah, Ibn Sibna, etc.) : L'homme individuel ne pourra que difficilement parvenir à ses fins terrestres sans le secours du corps social (Thomas d'Aquin, Miskaywah). La fin ultime est ce au-delà de quoi l'agent ne cherche plus rien (Thomas d'Aquin, les philosophes arabes médiévaux). Tout agent agit en vue d'un bien. L'amour est le mouvement de la volonté éclairée par l'intelligence. Etc.
S'il en est ainsi, on peut comprendre pourquoi la recherche d'un consensus politique n'est pas une utopie, mais une tentative de trouver ensemble l'intelligible des choses, des êtres, et des situations. En d'autres termes, à une situation problématique donnée, historiquement et géographiquement située, il ne peut pas y avoir de solutions dépendantes des idéologies, il ne doit y avoir que des solutions dépendantes du réel. Il peut y en avoir plusieurs, également bonnes, mais il n'y en a pas un nombre infini, ni indéterminé, et notre liberté s'exerce justement dans le choix que nous faisons de l'une de ces bonnes solutions. Aucune solution ne saurait être bonne si elle n'est pas conforme à la fin qui nous est due.
En voilà assez pour aujourd'hui. Mais je continuerai demain sur la question de la TVA sociale, et je montrerai combien sont de mauvaise foi ceux qui en critique le principe, loin de toute réalité, en s'accrochant à des idées dont ils savent qu'elles sont au mieux discutables, au pire mensongères.

jeudi 14 juin 2007

Ils ne manquent pas de toupet

Ceux qui ont inventé l'ISF et la CSG ne manquent pas de toupet. N'ayant aucune contre-proposition crédible à présenter pour résoudre le problème de la dette sociale, ils se permettent de critiquer un projet (a) qui est à l'étude ; (b) qui ne prendrait effet qu'en 2009 ou 2008 ; (c) qui consisterait à augmenter la TVA de 5 points au maximum ; (d) à condition que les conditions de cette augmentation n'ait aucun effet sur les prix. On peut déjà remarquer (a) que répartir l'effort sur des millions de français permet d'alléger celui des quelques centaines de milliers de chef d'entreprise, (b) qu'il serait assez judicieux de ne pas berner les "plus démunis" avec le loto, le tiercé et le millionnaire ; combien ces pièges leur coûtent-ils ? Combien de frustrations et de déceptions ? (c) qu'il serait juste de calculer les revenus de tous les français en y incorporant les bénéfices non monétaires (tickets restaurant, prestations diverses, réductions de toutes sortes via les comités d'entreprise, chèques vacances, etc.). Probablement verrait-on que les différences entre les revenus salariés modestes et les hauts revenus salariés (les grands de la nomenklatura mis à part) ne sont pas si énormes que ça.
Pour ce qui est de l'ISF, il faut demander aux petits propriétaires de l'île de Ré ce qu'ils en pensent. Ils tiennent ces biens le plus souvent de leurs parents ; ce sont des biens de famille. La spéculation a fait grimper les prix, ce dont ils ne sont pas responsables ? Tant pis, il faut qu'ils payent, même s'ils n'ont que de maigres revenus : ils sont passibles de l'ISF.
Quant à la CSG qui est de 10 %, et dont, personnellement je ne conteste ni la nécessité, ni le bien-fondé, il faut demander ce qu'ils en pensent aux petits retraités qui pour abonder les revenus de leurs vieux jours ont acheté les uns studio, les autres un petit appartement, afin de le louer. Ils payent 10 % d'impôts sur ces loyers. Ils n'ont pas poussé des cris d'orfraie nos éléphants socialistes, quand certains de ces anciens ont vu leurs revenus annexes amputés de 10 %. Mais ils n'avaient qu'un tort, celui d'être PROPRIÉTAIRES. Se faire une clientèle en attribuant un logement social à qui ne l'est pas est plus juteux électoralement. Mais sur ce point, la gauche a des émules à droite. Égalité.
Les éléphants sont les champions de la redistribution. Mais ils ne soucient guère d'augmenter la production des richesses. Leur politique a eu pour effet un appauvrissement général de notre pays. Qu'ils nous chantent d'autres chansons que celle "des plus démunis" et des "riches".

mercredi 13 juin 2007

Un expert a parlé

Un "expert" des Nations Unis en matière de racisme, monsieur Doudou DIENE, a eu des paroles définitives sur la création en France d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale : il critique "le traitement idéologique et politique de l'immigration comme un enjeu sécuritaire et comme une menace à l'identité nationale". Que n'a-t-il eu ces fortes paroles quand des milliers de nos compatriotes ont dû fuir la Côte d'Ivoire, où ils habitaient depuis des années, attaqués par des hordes à la solde de monsieur GBAGBO, au motif qu'ils étaient français. Certains y on perdu la vie, la plupart tous leurs biens ; des femmes ont été violées, des hommes molestés. Arrétez-moi si je me trompe. Nous comportons-nous comme ça en France ?
Et que dire des milices arabes qui massacrent les noirs du Sud-Soudan au Darfour ? Monsieur Doudou DIENE n'a pas de vue experte sur le sujet ? Comme c'est curieux. Je ne parle pas des Tibétains, des Kurdes, des Tchetchènes, et de toutes les minorités persécutées en raison de leur origine éthnique, religieuse ou géographique. Monsieur Doudou DIENE ne doit parler que le français, et ne lire que ROUSSEAU, VOLTAIRE et DIDEROT.
Pourquoi le désir d'indépendance, d'attachement à ses racines, d'amour de sa patrie, pourquoi le désir de la voir durer telle qu'en elle-même les siècles l'ont façonnée, serait-il condamnable chez nous, et encouragée ailleurs ?
Je trouve tout à fait normal que l'on exige d'un immigré qu'il parle convenablement la langue de son pays d'accueil. Je trouve normal qu'en arrivant sur notre sol, il fasse la preuve qu'il a un logement et du travail. A moins, qu'entre la poire et le fromage, les éléphants socialistes, qui vont dîner chez Edgar, n'aient décidé d'augmenter (en cas de victoire électorale) les "impôts des plus riches" pour financer le flux des sans papiers, des sans emplois, des pauvres gens perdus dans un monde dont ils ne comprennent ni les codes ni la langue, sans se préoccuper de nos propres chômeurs, de nos jeunes qui galèrent et qui désespèrent, mais qu'ils appellent pourtant à voter pour eux. Je ne sais plus qui disait "La générosité déployée avec l'argent des autres est dépourvue de toute valeur morale".
Ayant dit cela, je ne prétends pas avoir donné de solutions au douloureux problème des pays émergeants. Mais dans un précédent billet, je crois avoir expliqué comment nous pourrions améliorer les termes de l'échange entre les pays riches et les pays pauvres. L'amélioration commence par un changement de nos comportements individuels et collectifs.

mardi 12 juin 2007

Fiefs électoraux

"Monsieur X a voté dans son fief de Z. Madame Y fera sa déclaration de son fief de W." Nous entendons ou lisons cela tous les jours en cette période électorale. Mais qui dit fief dit feudataire. A la différence de l'Ancien Régime dont les fiefs étaient souvent héréditaires, nos fiefs aujourd'hui ne le sont plus ; ils peuvent être repris à tous moments par la grâce du suffrage universel. Enfin, ils ne sont pas héréditaires.... ou presque, car l'on pourrait citer maintes familles dans lesquelles on est député de père (plus rarement de mère, mais ça existe) en fils ou fille. Je n'ai pas fait d'enquête sur le sujet... mais vous trouverez vous-même.
Je ne saurais trop recommander aux feudataires révocables de notre démocratie la lecture d'un ouvrage écrit en persan et que nous devons à NIZAM AL-MULK, ministre célèbre des sultans seldjoukides ALP-ARSLAN (règne : 1063-1072) et MALIK CHAH (règne : 1072-1092). Il a été offert à la lecture de nos compatriotes après que Charles SCHEFER l'eut traduit en 1893. Voici un petit passage de cet ouvrage (référence dans la note [a]) :
"Il faut que les personnages qui possèdent des fiefs soient persuadés qu'ils sont seulement chargés de prélever sur la population des impôts justement répartis, et la perception qui leur en a été confiée doit être faite avec douceur. L'impôt une fois acquitté, chacun doit jouir de la plus grande sécurité pour sa personne, ses biens, sa femme, ses enfants. Les biens immeubles et immeubles doivent être assurés contre toute saisie et le feudataire ne peut avoir aucune prise sur eux."
C'est sans doute pour faire mentir NIZAM AL-MULK que les 21 présidents socialistes à la tête des régions (sur les 22 que compte la Frace continentale) ont augmenté les impôts locaux de plus de 20 % (en moyenne) alors que l'Alsace, dirigée par un président modéré, ne les a augmenté que de 3 à 4 %. Qu'ils ne viennent donc pas nous seriner que cette augmentation a pour cause le transfert de certaines charges de l'état vers la collectivité territoriale régionale. C'est toujours dans le même but que la feudataire à la tête de la région Poitou-Charente a déclaré publiquement qu'elle refuserait les subventions du Conseil Régional aux entreprises qui saisiraient les opportunités d'embauches avantageuses offertes par la législation qu'avait votée une majorité parlementaire légitimement élue. Imaginons que des chefs d'entreprise poitevins non moins légitimement élus par leurs pairs dans des organismes consulaires et/ou syndicaux aient refusé de payer l'impôt régional en raison du refus de la présidente de reconnaître la loi, qu'aurait-elle dit, la présidente de la région Poitou-Charentes ? Il est heureux que nous ayons refusé nos suffrage à une "responsable" politique aussi irresponsable. La décomposition sociale commence toujours par la contestation de lois qui ne violent ni les moeurs ni les consciences.
Politis-philippe.
Note [a]
In
NIZAM AL-MULK.
Traité de gouvenement (Sisayet-Name),
composé pour le sultan Malik Chah, traduit du persan et annoté par Charles SCHEFER, et préfacé par Jean-paul ROUX. ("La Bibliothèque persane", collection éditée par Pierre BERNARD.
Sindbad, Paris, 1984.

lundi 11 juin 2007

Comment désinformer

Petit larcin aux dépens d'une dépêche de l'AFP publié par France-Info sur son site Web. Je cite :"La majorité pourrait ainsi gagner plusieurs dizaines de députés. Pourtant, au premier tour, elle a recueilli 45,5% des voix, soit seulement deux points de plus qu'en 2002 (43,5%) tandis que la gauche s'est maintenue à 39% (40% il y a cinq ans)." Le score de la droite est historiquement le plus élevé jamais obtenu dans une législative sous la troisième république, mais la droite n'a pris QUE deux points. La vraie victoire eût été sans doute d'en prendre 60 et d'atteindre les 120 %.
On se frotte les yeux : la droite a deux points de plus. Et le plumitif, de rage, écrit POURTANT, et ajoute 2 POINTS DE PLUS SEULEMENT qu'en 2002. La gauche, ah ! la gauche. Mais c'est fantastique. Elle a perdu un point ce qui creuse de 3 points de plus l'écart de 2002. Mais ELLE SE MAINTIENT. Si ! si ! Elle se maintient. Elle a pris numériquement une monumentale pâtée, mais elle se maintient. L'art de transformer par la rhétorique un fait avéré en son contraire est ici porté à un sommet de perfection. Mais ils n'ont donc rien compris. Ils prennent leurs concitoyens pour des imbéciles. Ils ne voient donc pas que ces derniers, pas si bêtes contrairement à ce qu'ils pensent, n'aiment point ce jugement implicite méprisant, perlaboré dans les salons des bobos. C'est risible, et ça discrédite le pourtant si beau métier de journaliste. Je n'ai pu m'empêcher de vous faire connaître très rapidement mon opinion sur ces fesses-matthieu qui crèvent de rage impuissante devant leur perte de pouvoir "sur les masses". Les pauvres. N'est-ce pas le moment de leur rappeler ce que disait le bon bonhomme Chrysale : "je vis de bonne soupe et non de beau langage" ? Si, n'est-ce pas ?

Soirée électorale (bis)

L'appel de madame ROYAL aux jeunes est pathétique. Je l'ai entendu comme vous hier en regardant la télévision. Autour de la table, messieurs FABIUS et HOLLANDE, mesdames GUIGOUT, VOYNET, BUFFET, pour la gauche, messieurs MORIN, RAFFARIN, BORLOO, et mesdames Rama YADE et Rachida DATI pour la droite.
Et je me disais ceci : si j'étais un jeune, je constaterais que du côté de la gauche, il n'y a que des têtes connues depuis... très longtemps (soyons galant avec ces dames). Et à droite, deux superbes jeunes femmes, décomplexées, naturelles, sans doute moins à l'aise avec les médias que leurs interlocutrices, mais tellement plus vraies. Aucune d'elle n'a été arrogante ; ce qui n'est pas le cas de madame GUIGOU (qui fut jolie) ; déployant son agressivité naturelle, elle a quasiment empêché François COPPE de parler. Mais ce n'est pas nouveau chez elle. Souvenez-nous de sa réaction lorsqu'elle fut battue par madame ROIGT en Avignon, aux avant-dernières élections législatives, (elle avait à l'époque une ascendance comtadine ; depuis est s'est découvert des affinités franciliennes ; c'est plus sûr) ou de son arrogance envers monsieur de VILLIERS, lors d'un débat radiophonique précédant le vote du traité de Maastricht. Je sais de quoi je parle, car je l'ai entendue en ces deux occasions. En vérité, ce n'est pas le socialisme qui est un repoussoir ni pour moi, ni pour les français, ce sont ses représentants. Ainsi, madame ROYAL a jugé que madame DATI était arrogante envers les banlieues. C'est une erreur politique grave. Quand madame ROYAL acceptera-t-elle de voir la réalité ? La plupart des banlieusards, y inclus et surtout ceux qui viennent de l'immigration, en ont assez de la vie que leur font subir des bandes (très minoritaires) de malfrats, qui tirent de la drogue et du vol leur moyen de subsistance. A quoi attribue-t-elle donc l'effondrement du FN ? Et si c'était parce qu'enfin on a entendu la plainte des sans-voix ?
Quant à monsieur BESANCENOT qui est postier comme moi je suis vice-camerlingue au Vatican, il a - comme toujours - fait un procès d'intention à ses adversaires, dont madame PECRESSE qui l'a renvoyé à son hypothétique vélo. "Vous allez faire votre mauvais coup contre les universités en juillet, quand les étudiants sont en vacances" dit-il à propos des réformes de l'Université. Bien entendu, il n'en connaît pas le contenu, et pour cause puisque madame PECRESSE consulte, et reçoit les représentants étudiants trois fois par semaine depuis un mois. Ils ne savent qu'inventer, les masques, pour cacher leur dépit. Et ils accusent les Français de mal voter. On ne peut espèrer de nos compatriotes que deux choses : primo, qu'ils infligent un cinglant revers à ces politiques hargneux, et qu'ils obligent le PS à se débarrasser de ces éléphants et de leurs trompe(rie)s : ils font trop de mal à des causes si brillamment défendues par des JAURES ou des MENDES-FRANCE. Ils n'en ont ni la culture, ni la stature morale, ni la probité intellectuelle. Ils ne méritent tout simplement pas notre confiance. En revanche oui à des Vincent PEILLON ou des Manuel VALLS qui ont les yeux ouverts et ne disent pas que des bêtises.

dimanche 10 juin 2007

Désastre national ?

Le Point fait paraître un dossier très étoffé sur les heurs et malheurs de l'Education Nationale. Il l'annonce en couverture : la France compte 32.000 enseignants sans élèves, et ce scandale a été dénoncé par la Cours des Comptes. Mais curieusement, Le Point ne dit pas pourquoi il y a tant d'enseignants qui n'enseignent pas. C'est un sujet tabou. La plupart des enseignants sans élèves ont en effet des décharges syndicales, et il est interdit de contrister les syndicats. Silence, silence, et encore silence. Les contribuables payent ces délégués syndicaux dont la fonction essentielle est d'organiser des grèves pour "obtenir plus" ? Silence, silence, silence ! "Travailler moins pour gagner plus" semble être le mot d'ordre de ces permanents de l'agitation. Il faudra bien qu'on mette fin à cet abus. Qui en aura le courage ?
Le même dossier donne la parole à Philippe MERIEU. Personne ne contestera qu'il s'agit d'un spécialiste connu et reconnu des sciences de l'éducation. Cependant, l'objectivité exige qu'on reconnaisse au discours de ce spécialiste toutes les caractéristiques d'une idéologie qui a fait et continue de faire des ravages, notamment en matière de carte scolaire. Comme l'exercice est délicat, monsieur MEIRIEU reconnaît que le statut quo en cette matière, "est hypocrite et injuste". Vous, comme moi, conclueriez que le principe même d'une carte scolaire est un principe faux. Pas du tout. La carte actuelle ne marche pas ? Il faut en faire une autre "afin que les bassins de recrutement associent des quartiers très divers". Je dirais à monsieur MEIRIEU que cette association est déjà faite, et qu'elle a été la providence des établissements privés. Dans tel quartier de Strasbourg, que je ne nommerai pas, on a associé une zone pavillonnaire, habitée par des cadres supérieurs, à une zone de grand ensemble, et l'on a crée une ZEP. Le résultat est que le taux de fuite vers le privé, lors du passage au Collège, est de 36 %. Au lieu qu'il voit des quartiers, je suggère à monsieur MEIRIEU qu'il considère des personnes. Au lieu d'utiliser la contrainte, il est préférable d'utiliser l'incitation et l'argumentation. Ca me paraît plus juste quand il s'agit d'éducation. Mais monsieur MEIRIEU, tout à son rêve d'une cité idéale, poursuit. "Il faut que les établissements les plus exposés - quelle jolie litote - disposent de filières d'excellence, bénéficient d'activités culturelles et artistiques de haut niveau, puisse mettre en place un suivi personnel approfondi des élèves, stabilisent des équipes de professeurs expérimentés et bien formés. Afin que les familles trouvent sur place les meilleures conditions de scolarisation et n'aient pas à fuir le secteur scolaire". Nous sommes ici dans l'idéalisme le plus pur, le plus échevelé, le plus dangereux, et en plus, dans le déni de la réalité. Les Centres Socio-Culturels sont implantés pour la plupart dans des secteurs délicats. Quantité d'Associations animent la vie artistique et culturelle des quartiers. Reste la question des filières d'excellence qui, effectivement n'a pas trouvé de réponse adéquate. Principaux, infirmières, assistantes sociales, conseillers d'orientation psychologues, conseilleurs principaux d'éducation, éducateurs spécialisés font un travail formidable de suivi personnalisé dans les Collèges. Mais monsieur MEIRIEU semble l'ignorer. Et pourtant, des écoles brûlent, des professeurs sont molestés, l'ignorance et l'incivisme prospèrent. Et pourtant - je l'ai moi-même constaté lors d'une enquête que nous avons réalisée à Strasbourg dans 20 Collèges du Bas-Rhin - les enseignants des Collèges de ZEP, et toutes leurs équipes éducatives, SONT ADMIRABLES de compétence, de dévouement, d'imagination (Cf le rapport de l'IPLS : "Etude comparative des modalités de prise en charge des élèves en difficulté", IPLS, 11 rue Silbermann, 67000 STRASBOURG), ils aiment leur métier, et ils ne baissent pas les bras. Les équipes sont stables. Cela ne suffit pas ; le principe de la ZEP est donc tout simplement faux. Mais monsieur MEIRIEU s'acharne à défendre des principes au mépris de la réalité.
"Il faut faire ceci, il faut faire cela", dit monsieur MEIRIEU à plusieurs reprises, comme si le volontarisme en cette matière pouvait se substituer au devoir naturel qu'ont les parents d'assurer le meilleur avenir à leur enfant. Tout le raisonnement de monsieur MEIRIEU repose sur des a priori : les jeunes des "quartiers sensibles" ne peuvent pas s'en sortir tout seuls, ils ont besoin des jeunes de milieu social "plus élevé" (l'auteur le sous-entend), disons pour simplifier, de ces fils et filles de bourgeois, détestés par ailleurs, et ils en on besoin comme modèles ; monsieur MEIRIEU ajoute : si la carte scolaire disparaît les "écoles, collèges et lycées [...] choisiront TOUT NATURELLEMENT (c'est moi qui souligne) les meilleurs élèves" ; c'est une pétition de principe et un jugement bien rapide sur un corps enseignant qui - officiellement - ne cesse de réclamer justement cette mixité sociale. Il me paraît plus simple à moi d'exiger de ces "bons" établissements qu'ils recrutent très largement - le ministre de l'éducation national a le pouvoir d'imposer ce brassage, et il en a les moyens - plutôt que d'imposer à des parents des choix qu'ils ne peuvent accepter en conscience (Un tel choix est fait par tous les établissements privés de Strasbourg, en tout cas par les établissements privés catholiques que je connais : Saint-Etienne, La Providence, Notre-Dame des Mineurs, La Doctrine Chrétienne, Saint-Joseph de Matzenheim). En somme, plutôt que de concentrer les difficultés en un lieu précis, il est préférable de les diluer en des lieux variés. J'ajoute que, lors de l'enquête que nous avons conduite à Strasbourg et dans le Bas-Rhin, nous avons été sidérés d'apprendre des principaux de ZEP que la majorité des jeunes de leur Collège ne sortaient presque jamais de leur quartier. Voilà une bonne occasion pour eux de le quitter.
Une autre suggestion me paraît essentielle. Il n'est pas humain de concentrer les habitats sociaux en des ensembles qui urbanistiquement, géographiquement et démographiquement sont invivables. La seule solution est de diluer l'habitat social dans le tissu urbain. La voilà la vraie révolution. Et jamais personne n'en parle.