mardi 22 janvier 2008

Témoignage d'un grand écrivain

Voici ce que dit Chateaubriand dans le Préface de son Génie du Christianisme : "Ceux qui combattent le christianisme ont cherché à élever des doutes sur la sincérité de ses défenseurs. Ce genre d'attaque, employée pour détruire l'effet d'un ouvrage religieux, est fort connu ; il est donc probable que je n'y échapperai pas, moi surtout à qui l'on peut reprocher des erreurs. Mes sentimens (sic, selon l'orthographe de l'époque) religieux n'ont pas toujours été ce qu'ils sont aujourd'hui. Tout en avouant la nécessité d'une religion et en admirant le christianisme, j'en ai méconnu plusieurs rapports. Frappé des abus des institutions et des vices de quelques hommes, je suis tombé jadis dans les déclamations et les sophismes. Je pourrais en rejeter la faute sur ma jeunesse, sur le délire des temps, sur les sociétés que je fréquentais ; mais j'aime mieux me condamner ; je ne sais point excuser ce qui n'est point excusable."
L'immense écrivain poursuit en décrivant les horreurs dont la "Révolution" a accablé sa famille : emprisonnement de sa mère, âgée de 72 ans ; mort d'une partie des siens, dont une soeur des suites de son emprisonnement, et de son frère, sa belle-soeur et son père, tous trois guillotinés.
On n'en finirait pas d'énumérer les maux dont la "République" l'a accablé. Pourtant, une autre de ses soeurs avait obtenu de la Roche-Jaquelin, le fameux chef vendéen, la grâce de 800 soldats des armées républicaines, que l'on avait condamnés à être fusillés, après qu'ils avaient été faits prisonniers à Fougères, et elle l'avait fait savoir (pour obtenir la libération d'une de ses soeurs) à un Commissaire de la République de Rennes, dont la réaction et les décisions furent ignobles comme l'étaient celles de tous ses homologues, ivres de pouvoir, de vin et de bêtise (cf. H. TAINE !). La générosité de mademoiselle de Chateaubriand ? Un trait qui distingue le caractère aristocratique de celui de la populace (et je ne confondrai pas celle-ci avec le peuple, qui est d'une autre nature, et d'une autre trempe).
Chateaubriand doit à sa mère (qui avant de mourir avait confié à l'une de ses filles une lettre dans laquelle elle suppliait le fils qui lui restait de revenir à Dieu) sa conversion. "Ma conviction est sortie du coeur, j'ai pleuré et j'ai cru" dit-il des sentiments qu'il éprouva après la lecture de ce message.
Pourquoi rappeler ce texte, me direz-vous ? C'est, me semble-t-il, assez clair, et dans la ligne de mon billet d'hier. On le voit bien : l'esprit qui anime les critiques les plus virulents des propos présidentiels sur la foi en général et le christianisme en particulier, est celui qui animaient les furieux de la Révolution (monsieur HOLLANDE, le pauvre, dénonce "une vieille rengaine de la droite la plus cléricale" ; monsieur BAYROU s'y met aussi, et je m'en attriste, qui y voit le retour à une religion "opium du peuple"). Leur anthropologie est fausse, leur ambition démesurée, leur mépris de la vertu, de l'ascèse et du désintéressement est abyssal. Puissent les chrétiens, ceux qui se réclament de Jésus et de lui seul, leur pardonner, et leur faire comprendre leur erreur.

1 commentaire:

alsacelorraine a dit…

PPP
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