jeudi 14 février 2008

Républicains, les Français ?

Le chef de l'Etat a puissamment aidé les média dans leur entreprise de démolition systématique. Je vois au secours inespéré qu'il apporte à nombre de charognards journalistiques une raison majeure. Loin d'être macchiavélique, comme le fut le général de GAULLE ou le président François MITTERRAND (qui fut un modèle du genre - qu'on se rappelle comment il a descendu Michel ROCARD en propulsant Bernard TAPIE), monsieur SARKOZY est naïf. Il a cru qu'il était un homme comme tout le monde. J'avais été frappé et touché de l'entendre dire lors d'un de ses tout premiers interviews : "Je suis un homme comme tout le monde. J'ai une famille, etc." C'était oublier une constante du caractère français : depuis la Révolution, les Français aiment les monarques. Il est devenu le peuple le plus monarchique du monde. Ses modèles sont Louis XIV et Napoléon, ce ne sont pas Paul DESCHANEL ou Félix FAURE. Le français a besoin d'admirer, de se complaire dans une dévotion sacrée pour l'homme qui a sur lui des pouvoirs considérables, si bien analysés par le tout jeune Etienne de LA BOETIE dans son Discours de la servitude volontaire. (J'aurai l'occasion de revenir sur ce texte politique qui vaudrait aujourd'hui à son auteur d'être accusé de subversion.) Contrairement à ce que disent nos actuels analystes du passé, le roi de France supposé être le dépositaire d'un POUVOIR ABSOLU au (contre)sens où nous l'entendons aujourd'hui, devait cet absolu du pouvoir à son statut particulier : celui d'être investi d'un pouvoir venu de Dieu. Il n'y a plus de Dieu dans l'espace public aujourd'hui, mais il y a tout un panthéon de divinités qui ont nom argent, sexe, prestige, luxe, confort, etc. Et l'on veut bien que le chef de l'Etat les adorent, pas comme les vulgaires que nous sommes le font, mais avec discrétion, et ne les encensent que dans les obscures cella, les Saint des Saints, des temples de la République. Le pouvoir se nourrit de mystère, de secret, de distance, et, paradoxalement, de NON AGIR. (C'était la manière suprême que les empereurs chinois avaient de gouverner. C'était même une règle absolue, sans cesse rappelée par les censeurs et les ministres à leur maître). C'est pour avoir agi, et pour s'être comporté en homme ordinaire que le Président de la République est sanctionné par les sondages : je vous l'ai dit, le peuple français est, de tous les peuples européens, le plus monarchique. Il n'est pas le plus juste, et c'est sans doute l'un des plus versatiles.

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