samedi 22 mars 2008

Le détail et la structure, ou l'esprit de monsieur Le Pen

Un de mes collègues, un ami dont j'admire et la culture et la finesse, le professeur Michel TARDY, me donna un jour la définition suivante d'une structure : c'est, me dit-il, un ensemble de relations non quelconques entre des objets quelconques. Il me paraît important de vous donner cette définition, car j'ai souvent fait appel dans ce Blog, au point de vue structuraliste, et aux structures. J'ajoute que cette définition, pour un biologiste et un enseignant en cette discipline, aide puissamment à clarifier ses idées.
Pourquoi vous dis-je cela ? Vous allez comprendre rapidement, et même si vous trouvez que j'insiste lourdement sur la Révolution, vous verrez qu'il y a du vrai dans l'analyse trop rapide que je vous en fais depuis trois billets.
Il vous souvient sans aucun doute de l'ignoble réflexion de monsieur LE PEN qui traitait les chambres à gaz et les fours crématoires de "détail de l'histoire". C'était ignoble en effet, non seulement parce que c'était attentatoire à la mémoire des victimes, mais encore et aussi parce que ça dénotait une absence totale de compréhension du temps historique et du déroulement de l'histoire dans ses ruptures. Nous avons dans cette affaire la structure suivante : un homme (monsieur LE PEN), des faits monstrueux (les camps de concentration), un jugement contestable sur ces faits (cela n'a pas eu d'incidence sur la conduite de la guerre).
Il convient d'examiner le jugement que l'histoire officielle porte sur la Révolution. Un groupe d'hommes (les AULARD, MATTHIEZ, SOBOUL et consorts, et leurs relais politiques au ministère de l'éducation nationale), des faits monstrueux (les guerres de Vendée et ses 182.000 morts, les 70.000 guillotiné, fusillés, déportés de la Convention, les spoliations, les destructions notamment des édifices religieux, Cluny n'étant qu'un petit exemple), un jugement contestable sur ces faits (ils ne sont pas si importants que cela, ce qui compte c'est le résultat globalement positif de la Révolution). Autrement dit, la relation que l'on fait entretenir à notre mémoire collective à ces horreurs est, d'un point de vue de la structure, absolument identique à l'opinion de monsieur LE PEN sur les chambres à gaz. D'où vient que l'on s'offusque de l'une et pas de l'autre ? A mon avis, c'est assez clair. HITLER a perdu. Les ENRAGES de la Révolution ont fini par gagner à l'usure. Voilà l'exemple type du penser faux !
Et elle n'est pas si loin que cela la Révolution. L'arrière-grand-père de ma grand-mère, née en 1892, était né lui sous LOUIS XVI ! Elle était à même de me transmettre de mémoire d'homme des faits de cette époque. Elle ne l'a pas fait parce que l'on ne lui en avait pas parlé. Mais je possède le gilet de soie brodé de cet ancêtre.
Il n'y a pas d'autres solutions pour avancer dans la concorde civile que de reconnaître ces monstruosités et de faire repentance. Laver notre mémoire et demander pardon pour ces iniquités. Les Allemands ont su le faire avec un courage et une dignité exemplaires. Pourquoi ne le pourrions-nous pas nous aussi ? Il n'y a pas d'exemples direz-vous ? Si, il y en a. C'est celui du mur des fédérés et de la Commune de Paris. Chaque année, on commémore ce drame qui a vu des Français fusiller d'autres Français, au motif qu'ils ne pensaient pas comme monsieur THIERS. Mais les Communards étaient classés à gauche ; c'est bon, ça, la gauche. Que des nobles, des prêtres, des religieuses, des artisans, des gens de rien, très nombreux, aient été guillotinés, ma foi, ce n'est pas bien grave : il n'y a pas de fumée sans feu ; ils avaient sans doute bien des choses à se reprocher.
Désolé, je ne marche pas dans ce mensonge.

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