jeudi 12 juin 2008

Bien commun et intérêts particuliers : un cas d'école

Un ami alsacien m'envoie un dossier très complet sur une initiative qui risque de dégrader pour près de deux siècles (au minimum) un des plus jolis endroits de l'Alsace bossue.
Et l'on va voir comment, en France en particulier, en Europe en général, une administration arrogante, toute puissante, anonyme et irresponsable vient combiner ses méfaits à ceux des grandes entreprises cotées en bourse, arrogantes, toutes puissantes, anonymes et tout aussi irresponsables.
Dans la vallée de l'ISCH, 95 ha de terres agricoles d'un seul tenant (le Schwabenhof), représentant 15 % du ban agricole du village de HIRSCHLAND, sont convoités par la société Villiers Service, installée à VILLERS-COTTERET dans l'Aisne. Cette société emploie huit personnes. Curieux pour une société qui entend obtenir une concession de 80 ans pour entreposer au bas mot 120.000 T déchets ultimes par an, véhiculés par 6.000 camions. On peut imaginer que la dite société a obtenue des garanties quant à l'obtention de cette concession. En fouillant un peu le dossier, on apprend que Villiers Service agit pour le compte de la COVED, du groupe SAUR, N°3 du déchet en France et filiale d'Axa et DE LA CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATION [CDC] (celle-ci détenant 47 % du capital de SAUR). Ainsi, on risque d'appauvrir, avec le bienveillant concours de la CDC, (un organisme d'Etat, qui est le bien commun de tous les Français), les agriculteurs des 7 villages qui sont situés à moins de 4 km du Schwabenhof, par une décharge qui surplombe deux sources, des terrains humides, un petit cours d'eau répondant au nom charmant de Langenbitzengraben, par une décharge imbécile située à moins de 300 m d'une aire de repos (le Katzenkopf, joli mot pour dire Tête de chat) de l'autoroute A4. Quand on saura, de plus, que le site serait implanté sur un terrain calcaire fissuré, qu'une décharge existe déjà à moins de 4 km (décharge d'ESCHWILLER) qui laisse fuir 3966 m3 de lixiviats par an (ces liquides qui s'écoulent des décharges après avoir traversé la couche de déchets, et qui se chargent surtout de métaux lourds) dont seulement 2739 m3 sont pompées, et qui dégage 1.056.000 m3 de gaz par an (elle doit fermer en 2009), on mesure la bêtise des décideurs, l'égoïsme de quelques intérêts particuliers, et l'injustice du monstre froid qu'est devenu l'Etat et l'administration. Ils peuvent toujours nous dire que toutes les précautions sont prises ; il n'en est rien ; personne en ce domaine ne peut dire si le plastique isolant (qui ne fait que 2 mm d'épaisseur) et qui est percé de trous (reconnu par une norme qui en fixe le nombre maximum admissible par m2 !) résistera pendant les deux siècles nécessaires à la transformation totale du dépôt en matière inerte, sans parler d'une couche de roches supposées être imperméables.
Il faut convenir que nous fabriquons beaucoup de déchets. Mais il serait sans doute possible d'en restreindre la production en imposant des normes pour l'empaquetage des produits : est-il normal que celui-ci soit trois ou quatre fois plus lourd que le produit qu'il est censé protéger ? est-il acceptable que cet empaquetage soit fait de matières premières coûteuses en énergie, toxiques, ou toxigènes ? Il faut que nous modifions nos comportements, et cela de bon gré, avant que les événements ne nous contraignent à les transformer brutalement et de force. Et puis nous devons dénoncer cette collusion des administrations avec les puissances d'argent, car ni AXA, ni la CDC ne sont, me semble-t-il, des entreprises industrielles, mais des banques ou des entreprises de finances.
J'aurai l'occasion de vous montrer comment cette tyrannie de l'Etat a fait son apparition au XVIIIe S., avec les décisions iniques qu'a prises le Régent et qui bafouaient la liberté des corps intermédiaires. Nous ne faisons qu'appliquer les théories des philosophes des Lumières, Jean-Jacques en tête.

1 commentaire:

Adèle a dit…

A l'heure où la lutte contre le réchauffement climatique est devenue une priorité, il est un phénomène curieusement passé sous silence par les medias : celui de la pollution par des emballages démesurément encombrants par rapport au bien qu’ils abritent. Achetez un crayon, une gomme ou tout objet de dimension encore plus restreinte, et vous vous retrouvez face à un emballage de carton et plastique du joli nom de blister … Son utilité ? Prétendument à des fins de rangement dans les rayons. Certes. Mais il faut savoir ce que l’on veut. Laisser une planète en meilleur état requiert aussi que nous fassions l’effort de revenir à des méthodes de stockage plus adéquates. En vérité, chacun le sait, la véritable raison de l’existence de ces blisters est de limiter le vol. A qui cela profite-t-il vraiment ? En premier lieu, à la grande distribution qui verrait probablement son bénéfice diminuer en raison d’un nombre accru de vols si les blisters disparaissaient. Si ces vols sont certes condamnables, est-il normal d’accepter de polluer la planète à grande échelle afin d’augmenter le profit d’une immense minorité ?