samedi 12 juillet 2008

Les jeunes délinquants ont du bon sens

La presse a très peu rendu compte de l'étude qu'a réalisée la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ce service de la Chancellerie a pour mission de suivre les mineurs délinquants. A l'issue de cette enquête réalisée auprès d'un groupe représentatif de jeunes délinquants, une conclusion ressort. Pour la majorité de ces mineurs (331 d'entre eux ont été interrogés entre février et mars 2008), la mission de la justice est avant tout de sanctionner et de punir. Avant de commenter cette enquête, il convient de signaler que 45 % de ces jeunes avaient fait l'objet de trois procédures pénales. Nous verrons tout à l'heure ce que cela signifie.


Ces jeunes ont du bon sens, et je dirais même une certaine conscience morale, qui mériterait toutefois d'être éduquée. Contrairement à l'idéologie rousseauiste héritée des Lumières, qui fait de la société la responsable principale des déviations et incivilités qui traversent maintes populations de jeunes, ceux-ci acceptent, et trouvent normal d'être punis et sanctionnés pour leurs actes. La justice n'a pas à justifier ces sanctions et ces punitions. Et les juges n'ont pas à faire de la psychopédagogie mystico-gélatineuse et de la psychanalyse sauvage. Cette conclusion est étayée par une autre réponse significative de ces jeunes. Une majorité d'entre eux estiment que la fonction de la justice n'est ni éducative ni préventive. Le rôle préventif de le justice n'est reconnu, tenez-vous bien, que par 19 % des interrogés. L'opinion sur le rôle éducatif de la justice est moins tranchée, puisque 49 % la lui attribue. A la quasi unanimité, les sondés indiquent que la justice doit donner une réponse appropriée à la gravité des faits délictueux. Le sursis est considéré comme normal pour la première condamnation, mais il doit tomber dès la seconde, indique l'un des jeunes.


Les mesures de placement judiciaire sont les plus critiquées. Les uns estiment qu'elles auraient dû leur être appliquées plus tôt au cours de leur vie ; les autres qu'elles l'ont été trop rapidement.


Enfin, plus inquiétant, seulement 70 des 331 jeunes disent avoir pensé à la victime et regretté leurs actes. Un peu plus de 20 %. C'est peu, c'est trop peu.
Ces données sont à rapprocher des réflexions publiées par Jean-Marie PETITCLERC dans un petit livre remarquable où transparaissent la profondeur du polytechnicien qu'il était et la bienveillance du prêtre éducateur qu'il est devenu (Enfermer ou éduquer. Les jeunes et la violence. Dunod, Paris, 2004). L'auteur y indique, chiffre à l'appui, qu'il faut sanctionner dès le premier délit pour prévenir la récidive. Il pense donc que le simple rappel à la loi est insuffisant, et il ne me paraît pas être un partisan du sursis. Il fait la très juste distinction entre punition, et sanction. Cette dernière appartient, dit-il, au registre de la responsabilité. Elle doit être positive et réparatrice. Il montre combien le premier droit de l'enfant est celui de la cohérence des adultes qui l'accompagnent sur le chemin de l'éducation. Enfin, et ce point rejoint ma propre et ancienne expérience de chef scout dans une banlieue difficile, une politique de la jeunesse doit reposer sur la confiance en l'éducabilité des jeunes, sur la mise en projet de leur vie, et sur la socialisation. On voit que ces fondements reposent sur une anthropologie saine.
Voilà pourquoi il est très certainement nécessaire de conduire des actions de préventions de la délinquance, pourquoi cette action ne peut être conduite par la justice, et pourquoi aussi, il faut savoir sanctionner sans faiblesse ni larmoiement misérabiliste dès la première incartade. Le choix n'est pas prévention ou répression ; il est prévention et sanction.




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