mardi 29 juillet 2008

Nature et culture

Ainsi, la nature n'aurait rien à nous apprendre que nous ne lui fassions dire par une simple opération de notre pensée ? C'est ce que prétend l'un de mes fils adoptifs, brillant professeur de philosophie, agrégé dans cette discipline à 22 ans et demi. Tout est culture, selon lui, y compris la morale.

Si cette proposition est vraie, l'écologie n'a aucune place dans l'histoire de l'humanité et les défenseurs de cette vision des choses sont des pessimistes qui ne croient pas aux progrès, à la science et à la technique.
Chaque jour, pourtant, nous apprend que l'exploitation sans scrupule de la terre a des répercussions incalculables sur la biodiversité, sur le climat très probablement, sur les équilibres entre les espèces, et sur la vie des hommes (nourriture, eau, chauffage, notamment). Michel TARRIER me fait parvenir ces données tout à fait scientifiques qui font réfléchir. Au rythme actuel de la consommation, me fait-il savoir, les dates prévisibles d'épuisement des ressources naturelles sont les suivantes pour les produits dont voici la liste :
2021 :fin de l'argent
2025 : fin de l'or et du zinc
2028 : fin de l'étain
2030 : fin du plomb
2039 : fin du cuivre
2040 : fin de l'uranium
2048 : fin du nickel
2050 : fin du pétrole
2064 : fin du platine
2072 : fin du gaz naturel
2087 : fin du fer
2120 : fin du cobalt
2139 : fin de l'aluminium
2158 : fin du charbon
Voilà un combat qui doit être mené. Celui du respect des ressources naturelles. Si nous continuons sur ce rythme, qu'allons-nous laisser à nos enfants ? Plutôt que de se moquer la Loi en la bafouant, monsieur MAMERE ferait mieux de prendre la tête d'une vraie croisade de la décroissance, en proposant des solutions à ces problèmes considérables et gros de violence.
Il est clair, en effet, que la seule solution possible est la rentrée dans la décroissance pour les pays hyperdéveloppés (Etat-Unis, Union Européenne) et un meilleur partage des richesses matérielles. Il se peut que ces propos déplaisent à certains de mes lecteurs. Mais je les supplie de bien réfléchir aux conséquences qu'aurait pour l'humanité une consommation exponentielle de biens matériels dont la croissante rareté irriterait les envies et multiplierait les conflits. Il me semble plus utile de porter nos efforts de développement sur les biens intellectuels, artistiques et spirituels, dans nos pays riches. On vendrait sans doute moins de bicarbonate pour favoriser les digestions ; il y aurait moins d'obèses ; mais on serait tellement plus légers de l'âme.
Bref, je crois que la nature nous apprend qu'on ne viole pas impunément ses Lois. Je vais plus loin ; ce qui est vrai des ressources matérielles, l'est aussi des règles de la vie. Je trouve que le silence fait autour des expériences conduites en Australie et en Grande Bretagne sur la production d'oeufs hybrides d'homme et d'animal est d'une extraordinaire gravité. C'est un silence assourdissant qui illustre la folie des hommes, leur mégalomanie, ce que les grecs appelaient l'Hubris. Il me semble que SOPHOCLE a bien montré à quoi elle conduisait, en dépeignant les plaintes de XERXES qui fit battre la mer avec des chaînes après sa défaite contre les Grecs rassemblés (pour une fois), parce qu'elle n'avait pas respecté le pont de bateaux qu'il avait faire construire pour joindre les rives de l'Europe et de l'Asie. Toute proportion gardée, nous sommes dans la même situation que cet infortuné monarque ! Fasse le ciel que nous n'ayons pas à nous venger de l'Atlantique et de la mer immense en raison du réchauffement climatique dont les hommes sont, partiellement peut-être mais substantiellement, responsables.

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