mardi 29 juillet 2008

Quand le poisson pourrit par la tête...

Le Conseil Supérieur de la Magistrature [CSM] ne recommande aucune sanction contre monsieur LESIGNE, le procureur de BOULOGNE-SUR-MER sous la responsabilité duquel des réquisitions ont été prises contre plus de trente innocents dans l'affaire d'OUTREAU. Ils ont été condamnés à de lourdes peine de prison en première instance, avant d'être reconnus innocents au terme d'une procédure qui a révélé les dysfonctionnements, partis-pris et préjugés de tout un corps de magistrats forts de leur immutabilité. Monsieur Gérald LESIGNE, aux dires du CSM, n'a commis aucune faute. Il est pourtant bien responsable de l'action publique qui a condamné des innocents et conduit l'un des accusés à la mort, mais il a opéré selon les normes et procédures ; il n'a donc rien à se reprocher. C'est du moins l'analyse que fait cette respectable institution qu'est le CSM. Ayant recours au procédé très banal de l'ouverture du parapluie, monsieur LESIGNE a déclaré que sa hiérarchie (laquelle ?) était plus préoccupée du problème des immigrés de SANGATE que de l'affaire d'OUTREAU, qu'au demeurant, il n'y avait pas assez de personnel dans son tribunal. Monsieur LESIGNE - qui reconnaissait cependant des erreurs d'appréciation, c'est bien le moins qu'il puisse concéder - n'a jamais admis, à aucun moment, sa responsabilité dans cet abominable scandale judiciaire. Bref, il a eu la réaction d'un homme qui refusait d'endosser ses erreurs, fussent-elles seulement d'appréciation. La seule attitude digne, selon moi, eût consisté à démissionner, une fois connue l'issue du procès en appel. Le CSM, composés de magistrats dont on connaît l'esprit de corps, n'a finement retenu contre monsieur LESIGNE qu'une seule faute qui aurait pu être sanctionnée : la présentation de l'affaire sous un jour que le contenu de la procédure ne venait pas corroborer. Fort opportunément, cette faute tombe sous le coup de la loi d'amnistie votée après la réélection de Jacques CHIRAC à la Présidence de la République. Ainsi, monsieur LESIGNE échappe à toute sanction. Tout cela est pitoyable. On aura du mal à faire admettre au Peuple, dans ce qu'il a de sain et de vivant, qu'un haut magistrat puisse ne pas assumer les responsabilités sociales qui lui valent d'être considéré comme membre de l'élite, et lui assurent quelques privilèges (légitimes sous réserve de la reconnaissance de responsabilité).
Allez donc raconter cela au patron d'une petite entreprise en bâtiment, sanctionné par l'inspection du travail au motif que les barrières de sécurité qui protègent ses ouvriers d'une mauvaise chute ne sont pas aux normes ! Allez dire cela à un chef d'entreprise qui prend une majoration de 10 % de ses cotisations sociales s'il a seulement 24 heures de retard dans leur paiement !
Pour qu'un pouvoir soit respecté, il doit être respectable et responsable. Monsieur LESIGNE n'a pas eu le civisme et la noblesse du Général CUCHE qui a présenté sa démission après le drame de la fusillade de CARCASSONNE. L'armée me semble être aujourd'hui le dernier refuge de l'honneur et du sens des responsabilités. Monsieur LESIGNE aura tout de même le droit de choisir la juridiction d'appel à laquelle il désire être affecté, le Garde des Sceaux lui ayant fait savoir que ce serait une bonne chose qu'il change de juridiction en raison du traumatisme social créé par ce scandale.
Les élites ne méritent ce statut que si elles en assument la responsabilité. Ce ne fut pas le cas. Le poisson pourrit toujours par la tête.

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