samedi 27 septembre 2008

Petits commentaires



Lacan revisité par Ubu.
Je ne résiste pas au plaisir de vous communiquer les impressions de Michel SCHIFFRES après la lecture qu'il a faite dans Libération (livraison de jeudi) d'un article jailli de la plume de Julia KRISTEVA. Il a, dit-il, commencé sa lecture à 10 h 44 et l'a terminé à 15 h 07. Texte assez long, ajoute-t-il, qui fait 236 lignes (en effet). Il avoue qu'il a trébuché sur nombre de paragraphes dont celui-ci que je vous livre : Le symptôme Sarah PALIN et autres passages à l'acte féminin, qui signent le malaise actuel de civilisation relèvent moins d'une 'virtuelle essence féminine' que d'une crise hystérique destructrice sous son masque salutaire. Avec ses dérives borderline de toute-puissance maternelle, sexuelle et divine, une telle posture défigure l'expérience complexe de la maternité, qu'elle fige dans l'impénétrable pouvoir de la matrone phallique, fantasmée comme prothèse des mâles défaillants et châtrés.
Personnellement, j'aurais écrit, plus sobrement (à supposer que j'aie compris ce que veut dire l'auteur) : La candidature de madame PALIN à la vice-présidence des Etats-Unis ne sert pas la cause des femmes. Elle met en relief leur soif de pouvoir, et d'une certaine façon leur masculinité. Et madame PALIN n'est qu'un prétexte pour ce pauvre monsieur McCAIN, insuffisamment sûr de lui, assez peu viril, qui cherche dans cette colistière un soutien peu glorieux.
Michel SCHIFFRES est plus humble que moi qui conclut : Découvrir qu'on est d'une intelligence moyenne et d'une capacité de compréhension moyenne est une expérience terrifiante.
Il a raison. Je suis au bord des larmes. Je puise ma consolation dans l'idée que l'article de madame KRISTEVA est un remake de LACAN, revisité par UBU.
Parachute doré.
Monsieur MESSIER, qui a failli ruiner VIVENDI par sa désastreuse mégalomanie, a perçu après sa démission une indemnité de 20 millions d'euros ; monsieur ZACHARIAS, qui démissionne de VINCI, n'a perçu que 13 millions d'euros ; monsieur FORGEARD, ex-coprésident d'EADS, démissionne de son poste en 2006, au moment où explose la crise (prévisible) de l'Airbus A380, et touche 8,5 millions d'euros. Quant à monsieur TCHURUK, malheureux dirigeant d'ALCATEL, dont les affaires ne sont pas très brillantes, il reçoit à son départ une aumône de 5,65 millions d'euros. Tout cela est inacceptable. Ces grands patrons, quelles que soient leurs qualités, n'ont pas rendu à leur entreprise des services tels qu'ils méritent d'être traités aussi somptueusement au moment de leur départ. Il y a une disproportion qu'aucun esprit amoureux de la justice ne peut accepter. Il ne s'agit pas d'exprimer ici de l'envie ou de la jalousie, mais de regarder en face la réalité. Rétribuer confortablement des dirigeants qui ont de lourdes responsabilités est une chose ; les "récompenser" par des indemnités pharaoniques, quand bien même ils ont géré leur entreprise de manière désastreuse en est une autre. On peut toujours m'objecter qu'ailleurs, aux Etats-Unis, par exemple, on utilise couramment ces pratiques. J'en doute fort. Là-bas, un patron qui rate est renvoyé par les actionnaires sans autres forme de procès. Et si la situation des dirigeants est si belle que cela, que nos grands patrons aillent aux Etats-Unis louer leurs services. Je ne les regretterai pas, et j'aurai à l'esprit qu'ils ont une âme de mercenaires. Toutefois qu'il y réfléchissent à deux fois : je n'aimerais pas être le PDG de la défunte et faillie société LEHMAN-BROTHERS ; son sommeil doit être agité.
Les répercussions de la crise financière sur la Chine.
Julie DESNE nous apprend dans les pages saumon du Figaro d'hier que 67.000 PME ont fermé leur porte en Chine au premier semestre de l'année 2008, laissant sans emploi 20 millions de Chinois. CHEN XINGDONG, économiste à la Banque BNP PARIBAS confirme que le gouvernement chinois ne peut pas se permettre de descendre sous la barre des 8 % (sous-entendu, "de croissance annuelle"). Il confirme ainsi les dires de CAI ZHONGGUO ou de Thierry WOLTON dont j'ai évoqué les analyses dans des billets précédents. Or les analystes économiques prévoit une hausse du PIB de 10 % en 2008 et de 9 % en 2009 (Banque Asiatique de Développement) ou (moins optimiste) de 9,9 % en 2008 et de 7,9 % en 2009 (Standard Chartered Bank). Nous devons nous inquiéter de cette situation qui risque de plonger la Chine dans une situation économique et sociale dramatique, d'autant plus que les récentes affaires du lait maternisé en poudre SANLU, du dentifrice à l'antigel, ou des fauteuils CONFORAMA (fabriqués en Chine) dont les tissus provoquent des allergies gravissimes n'est pas de nature à donner confiance aux consommateurs occidentaux, principaux clients de l'Empire du Milieu.
Conclusions de cette petite revue : (a) on ne fait pas de politique avec la morale ; j'en conviens. Mais rien n'interdit aux dirigeants haut placés d'avoir le sens de la mesure et le goût de l'intérêt général ; (b) la course aux paillettes, à la renommée médiatique, pousse souvent des esprits brillants à des excès qui frisent le ridicule ; ils font la mode hélas ; c'est là qu'est l'os aurait dit BOURVIL, s'il était encore des nôtres, parodiant une de ses immortelles réparties de la Grande Vadrouille ; (c) le monde est devenu un village ; le froissement d'une feuille dans une forêt de l'Amazonie peut déclencher une tempête en mer de Chine : c'est du moins ce que nous apprennent les mathématiciens de la Théorie du chaos (mot terrible s'il en fut !).

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