vendredi 10 octobre 2008

Parachutes dorés et Droits de l'homme

Je dois à mes rares lecteurs des excuses. Je ne les avais pas avertis que je m'absentais quelques jours. Je m'apprête du reste à en faire autant pour demain et dimanche. Ceci étant dit, je fais rattraper mon retard en publiant aujourd'hui quelques billets.
J'ai stigmatisé l'attitude de ces dirigeants de grands groupes industriels qui, quand ils sont remerciés, souvent en raison de leur mauvaise gestion, se voient équiper d'un parachute doré qui leur permet de quitter sans risque l'aéronef en perdition. Je dis, je prétends, et je maintiens que cette disposition est non seulement scandaleuse moralement, mais encore qu'elle est juridiquement inconstitutionnelle. On sait que les sages du Conseil Constitutionnel ont incorporé la Déclaration des Droits de l'homme dans le Bloc Constitutionnel. Or cette déclaration dit formellement ceci : Les hommes naissent et demeurent égaux en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Il y a donc une très sérieuse base juridique pour limiter ces pratiques, les encadrer, j'aurais aimé pouvoir dire les moraliser. Hélas...
Nombre de philosophes politiques ont très largement étudié le statut de l'élite. Il n'y a pas d'élite légitime si le statut ne s'accompagne d'aucune responsabilité sociale, et d'aucun service rendu à la société. Quand tel ou tel dirigeant, par ses erreurs stratégiques de gestion, entraîne la chute de son entreprise (baisse de la valeur capitalisée, licenciements, fermetures d'usines, etc.), il doit être sanctionné et non pas couvert d'or. La sanction devrait venir des actionnaires, non de la Loi. Mais on voit bien que tous ces messieurs se tiennent par la barbichette, et se font des amabilités au cas où. Alors, en dernier ressort, la Loi doit intervenir dans toute sa rigueur.
Ce qui est terrible, c'est que ce dévoiement entraîne une condamnation sans nuance du capitalisme industriel, qui n'a rien à voir avec le capitalisme financier. Prendre des risques pour créer des biens est un indice de vigueur sociale. Reconnaître que l'augmentation de la valeur boursière est le fruit et de ce risque et du travail des salariés de l'entreprise est un acte de bon sens. Les événements boursiers actuels indiquent bien que risque il y a, puisque nombre de petits actionnaires ont vu leur patrimoine fondre en quelques jours. Il est donc faux de dire qu'à tous les coups on gagne. On peut aussi perdre. Le problème est que les perdants sont les risqueurs de bonne foi, et les gagnants, ces petits groupes de spéculateurs initiés aux combines de la finance. A mon avis, c'est à la jointure des notions de risque et de spéculation que le politique doit travailler. J'ai déjà donné des pistes puisées dans les travaux d'Henri HUDE (voir billets anciens).

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