jeudi 6 novembre 2008

Chronique du genre et de l'espèce, ou la louange de la philosophie spéculative

Si la pensée moderne avait la moindre connaissance de la philosophie spéculative, illustrée tout particulièrement par Thomas d'AQUIN au Moyen-Âge, les journalistes censés la représenter ne se seraient point lancés dans des dithyrambes sur l'élection de Barak OBAMA. La couleur de peau de monsieur OBAMA est à l'homme ce que l'espèce est au genre. Le Président élu appartient au genre humain, que je sache, et les Américains ne s'y sont pas trompés qui, en le portant triomphalement au pouvoir, ont reconnu en lui un homme remarquable, certainement hors du commun. Je ne prétends pas ici parler de ses idées politiques, mais simplement de son talent, de ses talents.
Nous végétons sur les décombres de la pensée des Lumières. Elle a mis le sujet au centre de tout, et de sujet, l'homme est devenu peu à peu un individu, un atome social. Le courant prétendument nommé néolibéral a surfé sur cette idée saugrenue. Conscient de cette imposture, le courant marxiste a privilégié la collectivité (et non point la communauté) en négligeant le sujet, et, bien entendu, l'individu. Nos socialistes français font le grand écart. Ils se réclament de VOLTAIRE (entre autre), et endossent l'héritage délétère de cette pensée qui hypertrophie le "Je", mais ils adoptent partiellement les solutions collectivistes de MARX. C'est le mariage de la carpe et du lapin. Et on le voit bien, quand on analyse d'un peu près les motions présentées aux suffrages des militants socialistes. Il n'y a rien de commun entre les propositions de monsieur DELANOE, qui se réclame plutôt de la social-démocratie humaniste de JAURES, et celles de monsieur Benoît HAMON, un homme qui invoque la bonne vieille idéologie des socialistes du XIXe siècle.
Et si l'on en revenait à la notion de genre et d'espèce, qui renvoie nécessairement au statut de sujet social qu'est l'homme, n'aurait-on pas fait un grand pas ? Celui que justement les Américains, plus mûrs et plus lucides que nous, n'ont pas hésité à faire. Le rôle du politique, je le recrie sur les toits, est de conduire les citoyens à la fin qui leur est due, et en tant que sujet capable de dire "Je", et en tant que membre de la communauté humaine (ce groupe qui - comme son nom l'indique, ce que ne fait pas le mot collectivité lequel renvoie à une collection - met dans un genre unique des sujets qui ont quelque chose en commun, et donc quelque chose à partager), capable de dire "Nous".
Non ! Il ne faut pas crier "Au secours VOLTAIRE, ils sont devenus fous !" Il faut mettre VOLTAIRE là où il doit être, au rayon des écrivains superbes, des esprits subtils et pleins d'humour, mais certainement pas à celui des penseurs politiques ou des philosophes.

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