dimanche 30 novembre 2008

Vittorio est sous le choc

Pauvre Vittorio. Pensez-donc. Lui, un ex-directeur de publication, être interpellé comme un malfaiteur, chez lui (joli appartement, porte blindée semble-t-il), par des policiers, être conduit chez le juge, menotté par derrière, puis par devant, avoir subi deux fouilles corporelles. C'est, selon France Info (qui toutefois met un point d'interrogation derrière la formule) un dérapage judiciaire.
Plusieurs remarques. Monsieur de FILIPIS s'en défend, mais il semble qu'il n'ait pas répondu aux diverses convocations du juge. Ensuite, bien qu'inhabituelle, la procédure est tout à fait légale. Troisièmement, il est accusé de diffamation publique pour avoir laissé passer sur le site du Journal Libération des propos que leur cible, monsieur NIEL, juge diffamatoires. Sur ce point, on peut légitimement se demander si monsieur de FILIPIS avait la possibilité matérielle de contrôler la totalité des échanges qui se font par le biais du site. Mais la Loi rend le responsable d'une publication toutes les opinions et déclarations faites dans celle-ci.
Là n'est pas le point essentiel. Ce qui me paraît incroyable, c'est la levée de boucliers que soulève cet incident dans le petit monde journalistique de la presse écrite comme parlée. Pourquoi faudrait-il qu'un directeur de publication échappe de par sa fonction aux procédures qui peuvent frapper n'importe quel citoyen ? Lui n'a pas les moyens de mobiliser la presse pour sa défense. A la vérité, ce qui est scandaleux, ce n'est pas le cas particulier de monsieur de FILIPIS, c'est que de telles manières de faire puissent exister dans un pays démocratique où les Droits de l'Homme sont mis à toutes les sauces. Mis à part les cas de justiciables dûment répertoriés comme potentiellement violents ou dangereux, il ne devrait pas être possible d'amener menotté devant un juge un citoyen, quel que soit le chef d'accusation susceptible d'être retenu contre lui. Décidément, nous avons encore des progrès à faire pour réformer la mentalité inquisitoriale de la justice, son côté implacable et mécanique, et son incapacité à s'interroger sur ses dysfonctionnements.

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