samedi 27 décembre 2008

Grandeur et servitude d'un métier

La grandeur du métier d'infirmière est à la mesure des responsabilités dont celle-ci est chargée. Un enfant est mort après avoir reçu une perfusion inadéquate. L'infirmière qui a pratiqué la pose reconnaît avoir fait une erreur : elle a injecté du chlorure de magnésium à la place de sérum glucosé. Plusieurs remarques factuelles : (a) en premier lieu, il semble que le flacon de chlorure de magnésium n'ait pas été rangé à sa place normale ; (b) le soluté perfusé ne présente normalement aucun danger, et il n'est pas certain mais seulement possible que la mort de l'enfant soit la conséquence de cette erreur ; (c) j'ai appris pendant mes études, et les infirmières l'apprennent tout comme je l'ai fait, qu'il faut lire deux fois l'étiquette d'un médicament avant de le délivrer ou de l'administrer, et il ne semble pas que cela ait été fait.
Deuxième série de remarques. (a) L'infirmière fait preuve d'une grande dignité ; elle accepte la responsabilité de son erreur ; (b) elle en est tellement choquée qu'elle a besoin d'un soutien psychologique.
Troisième série de remarques. Les urgentistes, les syndicats, les revendicateurs de tous poils accusent le manque de moyens alloués à l'hôpital, en cette terrible épreuve. L'un d'eux ne demande rien moins que la démission du ministre de la santé. Faut-il donc conclure qu'il trouve normale une erreur d'inattention ? Si au lieu d'administrer de l'oxygène à un patient, un urgentiste lui donnait du protoxyde d'azote, faudrait-il faire rejeter la responsabilité de l'erreur à madame BACHELOT ? On voit l'instrumentalisation du drame ; l'opposition va faire chorus. Il serait bon de lui rappeler qu'en promouvant la loi sur les 35 heures quand elle était au pouvoir, elle a contribué puissamment à désorganiser l'hôpital. Et qu'on ne vienne pas me dire le contraire. J'ai en la matière une expérience qui fait défaut au maire de Lille. Il est vraisemblable que le manque de personnel a rendu plus difficile la réanimation de ce petit garçon à Saint-Vincent de Paul. Il est sans doute nécessaire de recruter du personnel supplémentaire. Mais il serait bon aussi de mesurer le coût de ces recrutements et les répercussions qu'ils auraient sur les comptes de la sécurité sociale, sur les cotisations sociales, et sur les impôts. Comme toujours, les adeptes du "YAKA FAUTQUE" vont encenser les dépenses mais se garderont bien de contribuer aux recettes. Ce sont les autres qui doivent payer.
Alors petite question : pourquoi la gauche, quand elle était aux affaires, s'est-elle gardée de s'attaquer aux aspects les plus immoraux du capitalisme financier ? Elle a augmenté la CSG, et, tout bien réfléchi, on ne peut pas être contre cette mesure. Mais qu'a-t-elle fait pour encadrer les "produits dérivés" et les "produits structurés" ? A-t-elle imposé un délai minimum de détention des titres pour empêcher la spéculation du matin au soir ? A-t-elle modifié les règles absurdes des achats à terme qui permettent de se faire de l'argent personnel avec de l'argent emprunté, c'est-à-dire l'argent des autres ? Rien de tout cela. Elle s'est contentée d'augmenter les impôts qui frappent les classes moyennes et les cadres supérieurs, sans toucher le moins du monde aux plus criants dysfonctionnement des marchés en folie. Avec l'argent gagné sur la moralisation de la bourse, elle aurait pu changer les choses. Elle ne l'a pas fait. Alors, de grâce ! qu'elle ait la pudeur de se taire !

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