mardi 29 janvier 2008

Vacances

Je pars pour quelques jours et reprendrai mon Blog lundi prochain.
A tous mes lecteurs, amicalement

lundi 28 janvier 2008

Gogo ?

A qui fera-t-on croire qu'un unique employé peut planter une Banque de 5 milliards d'euros en un an sans que les dizaines de personnes chargés du contrôle des opérations ne se soient jamais aperçu de quoi que ce soit, n'aient rien détecté d'anormal, et aient continué de mettre des tampons "conformes" sur les papiers (en alsacien, pour tampon, on dit de manière savoureuse "stampele") de comptes-rendus de procédure ? Ils nous prennent pour des imbéciles tous ces grands de la finance qui ont les yeux rivés sur les résultats et qui se moquent des moyens utilisés pour les obtenir. On ne peut même pas dire que la nationalisation des Banques serait une bonne chose. Le désastreux exemple du Crédit Lyonnais indique bien que ce sont les hommes, et non les structures, organisations, organigrammes, et autres clés du "management" qui font et défont une réputation.
A demain.

samedi 26 janvier 2008

Ellipse !

Il faut que je développe ici ce qui risque sinon de paraître comme un jugement de nanti, et que j'ai présenté de manière trop elliptique dans un récent billet. Je me suis fait incendié par un proche pour avoir, paraît-il, laissé entendre que les chômeurs étaient responsables de leur situation. Pour que les choses soient claires, je précise que telle n'est pas ma pensée. Mais j'ai dit et je maintiens qu'il n'y a pas de crise de l'emploi. Alors pourquoi tant de chômeurs ?
Tout simplement parce qu'il y a une inadéquation entre l'offre et la demande d'emploi. Notre système éducatif est incapable de former aux professions dont notre pays a besoin. Nos représentations collectives font de certains métiers le refuge des incapables et des incultes, et n'ont pour eux que du mépris. Notre civilisation du moindre effort et du bonheur à tout prix répugne à encourager les efforts. Nos références anthropologiques font que la frustration, hélas normale et consubstantielle à l'état d'homme, est devenue insupportable, comme si la vie devait être un chemin couvert de pétales de roses. On m'accordera, je l'espère, que ces constats peuvent faire l'objet d'un consensus général.
Et voilà pourquoi les restaurants emploient tant de cuisiniers (excellents) originaires d'Afrique ou d'Extrême-Orient. Voilà pourquoi les entreprises de nettoyage recrute essentiellement du personnel africain ou maghrébin. Voilà pourquoi, comme j'ai pu le constater récemment de visu, des artisans qui perpétuent des traditions séculaires dans les métiers du luxe n'ont que du personnel d'origine indienne ou pakistanaise. J'ignore si ces salariés sont recrutés de manière légale. Supposons que oui. J'ignore également s'ils sont correctement rémunérés, et je préfère imaginer que oui, sans en être tout à fait sûr. Arrêtez-moi si je me trompe : ne sont-ce point là des emplois qui manquent à nos jeunes compatriotes ?
Encore deux choses. Cet ami me reproche de taper à bras raccourcis sur les socialistes. Ce n'est pas parce qu'ils sont socialistes qu'ils font l'objet de mes critiques. C'est pour leur manque de contre-propositions et leur façon oblique et insinuante de démolir les messagers faute de pouvoir critiquer intelligemment leurs messages. Si j'accordais un aveugle crédit à cette doctrine - qui a des côtés que j'approuve - je ferais des propositions. J'encouragerais le partage et la solidarité par des mesures incitatrices (par exemple, et anecdotiquement, des déductions sur la TIPP pour les automobilistes qui font du covoiturage à titre gracieux) plutôt que par des appels au ressentiment, à l'envie, à la jalousie, à la dénonciation incessante des riches, et à la bureaucratie étatique .
Ensuite, non pour me justifier mais par souci de vérité, je dirais que je fais partie des privilégiés, que je le reconnais, que je n'en ressens aucune culpabilité mais une grande responsabilité vis-à-vis de ceux qui n'ont pas eu la chance d'avoir un métier passionnant, bien considéré, et bien rémunéré. Je dirais aussi que j'ai commencé à gagner convenablement ma vie à 32 ans, après des années d'études que j'ai pu payer en occupant (c'était facile à l'époque) des postes correspondant à ma formation (interne en biologie, puisque j'étais biologiste), après des années de préparation à des concours difficiles qui m'ont valu bien des veilles jusqu'à des heures avancées de la nuit, et après de multiples renoncement à des soirées en boîte, à des soirées entre amis, à des soirées de cinéma. En d'autres termes, il me semble avoir fait ce qu'il fallait pour arriver au succès dans une voie qui n'était pas tracée d'avance, au prix d'un effort auquel l'éducation reçue de mes parents m'avait formé. Je leur rends grâce, et pense souvent à eux, pour tout ce qu'ils m'ont donné, et que je me suis efforcé d'honorer par mon activité professionnelle. C'est d'un bourgeois banal, me direz-vous. Mais les contempteurs de cet idéal crèvent de ressentiment pour n'avoir pas su faire un choix de vie qui leur eût assuré d'obtenir ce qu'ils feignent aujourd'hui de mépriser. Le peuple, qui est sain et plein de bon sens, ne tombe pas dans l'amertume que j'ai vu trop souvent déborder des lèvres d'étudiants en sociologie, ethnologie, anthropologie, psychologie, musicologie, etc, inemployés en raison de leur passion pour le principe du plaisir et de leur mépris pour le principe de réalité. "Ils sont trop verts, disent-ils des raisins succulents qu'ils ne peuvent manger, et bons pour des goujats." Sauf qu'ils en ont faim.
PS : j'ajoute qu'avec des amis, nous avons pu créer une société de recherche sur contrat avec quatorze emplois à la clé, de l'animalier au chercheur en passant par le technicien, la secrétaire, le responsable administratif, etc. Nous avons pris des risques en y mettant de notre argent et de notre temps. Notre plus grande joie est de voir que cette société, devenue la propriété d'une compagnie australienne, est toujours bien vivante.

vendredi 25 janvier 2008

Trois pensées de Pascal

Dans l'article IX (Pensées morales détachées) de la première partie, la pensée XXXVII (édition de 1803, publiée à Paris chez Antoine Augustin RENOUARD) : "Plaindre les malheureux n'est pas contre la concupiscence ; au contraire, on est bien aise de pouvoir rendre ce témoignage d'humanité et de s'attirer la réputation de tendresse, sans qu'il en coûte rien : ainsi ce n'est pas grand chose".
Et la pensée XLIV : "La science des choses extérieures ne nous consolera pas de l'ignorance de la morale, AU TEMPS DE L'AFFLICTION (majuscules du transcripteur) ; mais la science des moeurs nous consolera toujours de l'ignorance des choses extérieures".
Enfin la pensée LIII : "Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; c'est là ma place au soleil ; voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre".
Leçons à tirer :
Pensée XXVII : plutôt que de s'afficher avec les mal logés de la Rue de Banque, en héberger quelques uns chez soi.
Pensée XLIV : plutôt que de moquer la morale au temps de la technique, de l'abondance et de la consommation, se forger une âme forte pour ne pas sombrer dans la bassesse quand des temps difficiles et très prévisibles viendront.
Pensée LIII : plutôt que de prendre, d'accaparer, d'accumuler, de s'étourdir de l'ivresse du propriétaire, comprendre que la terre est à tous et partager équitablement les biens qu'elle produit.
Plus moderne que PASCAL ? Impossible. Plus génial que lui ? Difficile. Autant témoin de la lumière que lui ? Très souhaitable, car ce siècle a besoin de saints. PASCAL devrait être un maître pour les hommes politiques qui cherchent d'abord le bien de la Cité. On peut les inviter à lire et relire l'un des plus grands génies que notre Patrie ait jamais vu naître.

jeudi 24 janvier 2008

Enfin !

Madame ROYAL doit lire mon Blog. Et je m'en félicite, comme je reconnais qu'elle a, contrairement à nombre de ses amis politiques, une vision un peu moins idéologique de la politique. Que dit-elle en effet à propos du rapport ATTALI et de ses préconisations pour doper la croissance française ? (a) Premièrement que "Ce rapport a au moins le mérite d'être là." Il n'y a donc pas d'opposition a priori à un travail commandé par le Président de la République ; (b) Deuxièmement, qu'elle s'engage "à avoir l'honnêteté intellectuelle de regarder les propositions mises sur la table". Il apparaît que ce sont deux excellentes réactions de la part de madame ROYAL. On examine, on soupèse ; on ne ricane pas en déclarant comme le dit monsieur DRAY "que ce rapport est un programme alternatif de gouvernement qui en dit long sur l'échec économique des premiers mois de François FILLON et Nicolas SARKOZY". Il propose quoi, monsieur DRAY, dont le mentor a vu sous son règne grimper le chômage à des niveaux jamais atteints, les scandales de tous ordres éclabousser la nomenklatura socialistes (mais en cette matière, il y a eu des émules...), le suicide d'un honnête homme traîné dans la boue par des médias infects, et celui d'un intime, abandonné par l'homme qu'il avait servi. Comment monsieur DRAY veut-il redresser la barque de la France ? Imagine-t-il qu'il est possible d'obtenir en six mois des résultats que quatorze ans de Présidence socialiste n'ont pas pu effleurer ? Va-t-il influencer par son verbe enflammé les choix des dirigeants chinois, indiens ou américains ? Régler la crise des prêts hypothécaires aux Etats-Unis ? Distribuer des biens qui n'ont pas été produits ?
Crise de l'emploi en France ? Allons donc. Une de mes nièces a épousé un Égyptien, un homme délicieux et travailleur. Moins d'un mois après son arrivée en France, il avait deux propositions de CDI dans l'hôtellerie. La chose date de cinq mois.
Crise du pouvoir d'achat ? Mais depuis que nous ne sommes plus libres de faire fonctionner la planche à billets et de dévaluer notre monnaie pour faire semblant d'augmenter les revenus, quelles sont les mesures qui ont permis de l'augmenter ? Les trente-cinq heures ! Voilà bien une décision inopportune dans le contexte économique qui se profilait au moment où elle a été prise.
La crise que nous traversons est avant tout une crise morale. Nous n'aimons plus notre patrie, nous ne croyons plus à une solidarité de destin, nous ne voulons pas nous priver ou partager, nous avons perdu tout sens des autres, et - il faut bien le dire - tout spécialement les riches, qui sont devenus riches non par leur travail ou par leurs talents, mais par leur goût du lucre. Je le redis, un Français qui place sa fortune à l'étranger - il en a le droit et les possibilités juridiques - ne peut prétendre garder la nationalité d'un pays qu'il méprise et qu'il appauvrit pour son seul profit personnel.
Monsieur ATTALI, conseiller du Président MITTERAND, a eu raison d'accepter la mission qui lui était proposée par monsieur SARKOZY. Madame ROYAL a raison de dire qu'elle va étudier les propositions de monsieur ATTALI avant de les critiquer de façon argumentée. Voilà comment il faut faire de la politique si l'on veut réconcilier les Français avec leurs responsables, de la majorité comme de l'opposition.

mercredi 23 janvier 2008

La renommée et le journalisme

TERTULLIEN dit ceci de la Renommée. "Chacun sait ce que c'est que la Renommée. Un de vos citoyens [l'auteur s'adresse aux Romains] l'appelle le plus prompt de tous les maux. Pourquoi l'appelle-t-il un mal ? Est-ce à cause de sa vitesse ? Est-ce parce qu'elle rend les choses publiques ? Ou bien parce qu'elle n'est presque jamais véritable ? Car lors même qu'elle annonce quelque chose de vrai, elle le corrompt par le mensonge, ôtant, ajoutant, et changeant toujours quelque chose à la vérité. D'ailleurs sa nature est telle qu'elle ne se soutient que par le mensonge et ne subsiste qu'autant de temps qu'elle laisse la chose incertaine. Est-elle assurée ? La Renommée se retire et comme si toute ses fonctions étaient faites, elle expose la vérité. [...]. Mais, heureusement pour nous, le temps découvre tout, comme le disent vos Proverbes et vos Sentences : & suivant l'ordre que Dieu a mis dans la nature, rien ne peut demeurer longtemps caché, pas même les choses qui échappent à la Renommée." (TERTULLIEN. Apologétique ou défense des premiers Chrétiens contre les calomnies des Gentils. Traduction de J.B. VASSOULT. A Paris, chez Jacques COLLOMBAT, rue S. Jacques, au Pélican, 1714 ; j'ai le bonheur de posséder ce livre.)
Il me semble que la chose s'applique bien aux ras et aux flas des tambours de cette divinité capricieuse, quand ils sont battus par tout un peuple de journalistes en quête de rumeurs, de ragots, de "scoops", de photos, de faits mesquins. On fait et défait des réputations par ce que TERTULLIEN appelle la Renommée, et qui est l'opinion couramment répandue dans le public après qu'elle a été élaborée et calibrée dans le salles de rédaction. Il faut s'en méfier comme de la peste.
Une sorte de conspiration souterraine des medias s'efforcent de ternir la personne du Président, et lui façonne une image qui me semble loin de la réalité ; au lieu d'argumenter, d'analyser les causes explicitées et les conséquences possibles d'une décision politique, elle assène des jugements qui ne prennent naissance que dans le cerveau de ceux qui les portent. Ainsi sur les déclarations présidentielles aux responsables religieux. Il m'apparaît que le contenu des propos mériterait d'être discuté et validé ou invalidé par un dialogue socratique entre approbateurs et critiques. Il n'en est rien. Quel dommage pour la Pensée. Elle est en train de mourir, victime de la consommation, de l'argent, de l'hédonisme, de l'individualisme, de la volonté de pouvoir, du goût du paraître, et du plus grands des mots qui accable notre patrie depuis deux siècles l'idéalisme utopique des Lumières.

mardi 22 janvier 2008

Témoignage d'un grand écrivain

Voici ce que dit Chateaubriand dans le Préface de son Génie du Christianisme : "Ceux qui combattent le christianisme ont cherché à élever des doutes sur la sincérité de ses défenseurs. Ce genre d'attaque, employée pour détruire l'effet d'un ouvrage religieux, est fort connu ; il est donc probable que je n'y échapperai pas, moi surtout à qui l'on peut reprocher des erreurs. Mes sentimens (sic, selon l'orthographe de l'époque) religieux n'ont pas toujours été ce qu'ils sont aujourd'hui. Tout en avouant la nécessité d'une religion et en admirant le christianisme, j'en ai méconnu plusieurs rapports. Frappé des abus des institutions et des vices de quelques hommes, je suis tombé jadis dans les déclamations et les sophismes. Je pourrais en rejeter la faute sur ma jeunesse, sur le délire des temps, sur les sociétés que je fréquentais ; mais j'aime mieux me condamner ; je ne sais point excuser ce qui n'est point excusable."
L'immense écrivain poursuit en décrivant les horreurs dont la "Révolution" a accablé sa famille : emprisonnement de sa mère, âgée de 72 ans ; mort d'une partie des siens, dont une soeur des suites de son emprisonnement, et de son frère, sa belle-soeur et son père, tous trois guillotinés.
On n'en finirait pas d'énumérer les maux dont la "République" l'a accablé. Pourtant, une autre de ses soeurs avait obtenu de la Roche-Jaquelin, le fameux chef vendéen, la grâce de 800 soldats des armées républicaines, que l'on avait condamnés à être fusillés, après qu'ils avaient été faits prisonniers à Fougères, et elle l'avait fait savoir (pour obtenir la libération d'une de ses soeurs) à un Commissaire de la République de Rennes, dont la réaction et les décisions furent ignobles comme l'étaient celles de tous ses homologues, ivres de pouvoir, de vin et de bêtise (cf. H. TAINE !). La générosité de mademoiselle de Chateaubriand ? Un trait qui distingue le caractère aristocratique de celui de la populace (et je ne confondrai pas celle-ci avec le peuple, qui est d'une autre nature, et d'une autre trempe).
Chateaubriand doit à sa mère (qui avant de mourir avait confié à l'une de ses filles une lettre dans laquelle elle suppliait le fils qui lui restait de revenir à Dieu) sa conversion. "Ma conviction est sortie du coeur, j'ai pleuré et j'ai cru" dit-il des sentiments qu'il éprouva après la lecture de ce message.
Pourquoi rappeler ce texte, me direz-vous ? C'est, me semble-t-il, assez clair, et dans la ligne de mon billet d'hier. On le voit bien : l'esprit qui anime les critiques les plus virulents des propos présidentiels sur la foi en général et le christianisme en particulier, est celui qui animaient les furieux de la Révolution (monsieur HOLLANDE, le pauvre, dénonce "une vieille rengaine de la droite la plus cléricale" ; monsieur BAYROU s'y met aussi, et je m'en attriste, qui y voit le retour à une religion "opium du peuple"). Leur anthropologie est fausse, leur ambition démesurée, leur mépris de la vertu, de l'ascèse et du désintéressement est abyssal. Puissent les chrétiens, ceux qui se réclament de Jésus et de lui seul, leur pardonner, et leur faire comprendre leur erreur.

lundi 21 janvier 2008

Morale et communication

Monsieur Laurent GEOFFRIN (orthographe non garantie) est un journaliste talentueux. Il écrit bien. Mais hélas, c'est un esprit faux, comme il en est tant d'autres aujourd'hui, en ces moments où la pensée semble être rentrée en agonie.
Je l'écoutais vendredi dernier débattre sur France Info avec un confrère. Il critiquait les récentes déclarations du Président de la République sur la religion, ce qui est son droit le plus absolu. Comment le faisait-il ? Exclusivement par procès d'intention : monsieur SARKOZY voulait récupérer les voix des chrétiens comme il l'avait fait de celles des musulmans, il agissait comme BONAPARTE, etc. Or rien dans les déclarations du Chef de l'état n'autorise cette interprétation. Monsieur GEOFFRIN pouvait critiquer leur opportunité, les déclarer peu conformes aux principes constitutionnels de laïcité. Non ! Il s'attaquait à la bonne foi, il projetait sa propre analyse dans les pensées et les actes d'un autre, sans tenir le moindre compte de la personne du dit. Ce qui lui paraît juste, c'est ce que lui trouve juste.
Il se peut qu'il y ait du calcul dans les déclarations présidentielles. Mais nous n'en savons rien. Par ailleurs, jusqu'à preuve du contraire, nous avons l'obligation de considérer que ces déclarations sont de bonne foi. Sinon, nous pouvons faire à monsieur GEOFFRIN le procès de vouloir caresser le lectorat de son journal dans le sens du poil.
Je voudrais ici donner mon point de vue. Ces déclarations sont effectivement inopportunes, non pas parce qu'elles sont fausses, mais parce qu'elles peuvent paraître porter atteinte à la laïcité de l'état. Je ne suis pas un fanatique de la laïcité, certes non, mais la Constitution a été adoptée par une majorité de Français, et Paul de Tarse fait obligation aux chrétiens dont je suis d'obéir aux autorités légitimes, tant qu'elles ne heurtent pas les droits fondamentaux de la conscience.
Je suis pourtant bien obligé de constater qu'imposer la laïcité, n'est jamais qu'imposer une forme de croyance. Imposer la laïcité, c'est faire la même violence aux personnes qu'imposer une religion. Du reste, et fort justement, monsieur GEOFFRIN l'avoue, les laïcs et les athées ne sont point sans repères. Eux aussi, ils croient à quelque chose. Ils sont eux aussi dans la croyance. Considérant que leur point de vue a valeur universelle, ils estiment qu'ils doivent l'imposer dans l'espace public, alors que celui-ci devrait permettre une harmonieuse cohabitation de toutes ces croyances, pour autant qu'elles respectent les lois. Une partie des combats politiques vient du refoulement illégitime et tyrannique des expressions religieuses dans l'espace privé.
Dernier point fondamental. Il ne faut pas confondre morale et religion. La conscience morale est nourrie par la raison, et il existe des athées ou des agnostiques qui sur ce point pourraient en remontrer à bien des croyants. Il existe effectivement une morale dite naturelle, et il seraient bon que les politiques s'en souvinssent.

jeudi 17 janvier 2008

Ethique et morale

Seul contre tous, ou presque, je maintiens depuis des années que les mots "Éthique" et "Morale" ne recouvrent plus les mêmes réalités. Tout auréolé du prestige qui entoure les termes de racine grecque, le premier a pris le pas sur le second, et, l'Esprit des Ténèbres aidant, les grands penseurs des médias nous font croire ou feignent de croire qu'il s'agit de la même notion. Si c'était le cas, pourquoi avoir créé un Comité National Consultatif d'Ethique et non un Comité National Consultatif de Morale, appellation plus conforme au génie de notre langue, fait tout entier de simplicité, ennemi juré de la pédanterie. Toujours avec l'aide puissante de l'Esprit des Ténèbres, on renvoyé la Morale aux poubelles de l'Ancien Régime, on l'a habillé des oripeaux de la culpabilité ("il faut, il ne faut pas, tu dois", etc.), on l'a ringardisée. Et c'est ainsi que l'on a pu marchandiser, vendre, négocier, acheter, spéculer, écraser les pauvres, déifier les riches, enrichir les cyniques et moquer les purs à l'esprit d'enfance, dans le plus grands respects des règles éthiques (Ah ! la déontologie journalistique et le "droit à l'information", qui font dire aux journalistes n'importe quoi, à condition que ce soit nouveau) . Mais il n'en a pas toujours été ainsi.
Je me bats donc, je me bats. Et j'ai trouvé un renfort de poids en la personne d'un philosophe norvégien, Jostein GAARDER qui a écrit un gros livre merveilleux, intitulé "Le Monde de Sophie", publié aux Éditions du seuil, Paris, 1995. La traduction française en est parfois un peu lourde, mais il faut sans doute imputer cette lourdeur à la difficulté que présente notre langue à rendre des tournures propres au norvégien.
Que dis GAARDER ? "Pour les philosophes, l'éthique est la doctrine des principes de la morale pour mener une vie heureuse. C'est dans ce sens que nous parlons de l'éthique de Socrate ou d'Aristote. DE NOS JOURS, L'ÉTHIQUE S'EST VUE RÉDUITE A UN ENSEMBLE DES RÈGLES A RESPECTER POUR NE PAS MARCHER SUR LES PIEDS DE SES VOISINS." (Page 267).
Le tour de passe-passe des "intellectuels" consiste donc à prendre le mot Éthique dans son sens originel, et à l'utiliser dans ce sens pour apaiser leurs scrupules de conscience, tout en sachant que la langue moderne ne le reconnaît plus mais y substitue cet ensemble de règles qu'évoque GAARDER. C'est donc une imposture.
La Morale est d'abord un art de vivre ; c'est la réponse que donne NOTRE CONSCIENCE à cette question que tout un chacun ne cesse de se poser à lui-même : Que dois-je faire ? Et la réponse de notre conscience s'appuie sur l'intuition qu'il ne faut pas faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu'il nous fasse, mais au contraire lui faire ce que nous voudrions qu'il nous fasse. On est loin des caricatures du Canard Enchaîné ou des Campagnes de publicité pour le Droit à l'avortement ou le Droit à la contraception, ou pour le Droit de travailler le dimanche, ou pour le Droit de faire compter dans son temps de travail les six minutes quotidiennes passées à revêtir sa tenue réglementaire de postier ou de cheminot, que sais-je encore. Si les promoteurs de ces campagnes réfléchissaient aux conséquences pour autrui (pris comme sujet et non comme individu) de leur mortelles initiatives, sans doute y regarderaient-ils à deux fois avant de les prendre. Conséquences psychiques et démographiques de l'avortement, conséquences économiques de la revendication des six minutes, conséquences familiales et sociétales du travail du dimanche, par exemple. La vérité en effet est que cette Éthique de pacotille ne s'intéresse qu'à l'individu, comme s'il était coupé de toutes relations avec autrui, alors qu'il est un sujet social, un être capable de dire "je", "tu" et "nous". Affaire à suivre. On y reviendra.
C'est tout pour aujourd'hui. Je m'absente quatre jours. A lundi prochain.

mardi 15 janvier 2008

Mondialisation

On critique beaucoup la mondialisation. C'est oublier qu'elle a permis à plus de 300 millions d'êtres humains, sud-américains, indiens et chinois pour l'essentiel, de sortir de leur misère séculaire. C'est aussi perdre de vue que les niveaux de vie entre pays occidentaux et ces nouveaux géants économiques vont aller en s'égalisant et que tout naturellement les salaires et les prix de ceux-ci vont s'aligner sur les salaires et les prix de ceux-là. En quelque sorte, la mondialisation nous fait prendre conscience que nous avions externalisé notre misère. D'où vient cependant notre malaise devant ce phénomène d'une ampleur et d'une importance inouïes ? L'origine en est simple, me semble-t-il. C'est que les délocalisations frappent chez nous les salariés les plus âgés, les salariés les moins qualifiés, les salariés les plus fragiles. Et ce n'est pas acceptable pour une conscience droite. Il y aurait bien un moyen de régler une partie du problème : ce serait de taxer certaines importations manifestement opérées dans des conditions de dumping, liées à des conditions de production qui frappent durement les ouvriers de pays producteurs comme la Chine. La situation des paysans sans terre, poussés par la faim vers les grandes capitales, comme CHANGHAÏ, est tout simplement épouvantable. Et l'on s'étonne que dans ce pays qui se réclame de papa MARX, l'on fasse si peu de cas de ces pauvres hères. Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces exploités du système marxiste chinois se révolteront contre leur exploiteur. Ce n'est pas de l'analyse marxiste que je fais là. C'est tout simplement une constatation de bon sens.
Il y aurait lieu de réfléchir aussi à ce que l'on appelle pudiquement les "produits financiers dérivés" et qui sont tout simplement des escroqueries permettant à des aigrefins sans scrupules et initialement sans patrimoine d'emprunter de l'argent, de le placer dans des opérations à risques, lesquels peuvent du reste être limités par toutes sortes de combines. Je ne connais personnellement qu'un argent propre, celui que l'on gagne par son travail ou celui que l'on fait fructifier dans des investissements productifs (non financiers par conséquents). Tout le reste est de l'argent volé. Tout le reste n'est qu'excréments, ceux de la bête de l'Apocalypse dans laquelle on reconnaît le sinistre de Mammon.

lundi 14 janvier 2008

Into the wild

Toute affaire cessante, allez voir ce film. Il est superbe ; c'est sans doute un chef d'oeuvre. Il raconte une histoire vraie, celle d'un jeune homme en quête de sa vérité, en rupture avec ses parents - pour des raisons compréhensibles - et qui, bien que promis à une carrière brillante, part en vagabond, sans argent, sans autres bagages que le strict nécessaire pour survivre, et court vers le Nord, vers l'Alaska, ses solitudes glacées, et sa vie sauvage. En quête d'une inaccessible pureté qu'il croit acquérir par la vie en solitaire, il confiera finalement à son carnet de bord : "Il n'est de bonheur que partagé". Il conquiert peu à peu la sagesse, et renoue à l'intime de lui-même avec ses parents, tandis que ceux-ci, rongés par l'absence de leur fils, sans nouvelle de lui depuis deux ans qu'il est parti, accomplissent une douloureuse révolution intérieure, qui les ramène à eux-mêmes et les fait rentrer enfin en possession de leur vie.
Jamais, la parole du prophète Malachie n'a paru plus juste, elle qui clôt l'Ancien Testament, le règne de la Loi, et débouche sur le Nouveau Testament qui ouvre celui de l'Amour :
"Il [ndt : le prophète Elie, Figure de Jésus] ramènera le coeur des pères vers leurs fils et le coeur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'anathème". (Malachie, 3, v. 23). Oui, cette parole est bien la dernière de l'Ancien testament.
Si elle vous a touché, je vous en prie, je vous en supplie, dites-le en commentaires. Ceux-ci pourront aider les pères et les fils en rupture les uns d'avec les autres.

jeudi 10 janvier 2008

A monsieur le Président de la République

Monsieur le Président,

Je fais partie des Français qui ont assuré votre victoire au deuxième tour des élections présidentielles de mai 2007. Même si je ne partage pas toutes vos analyses, je constate avec satisfaction que vous tenez les promesses que vous aviez faites pendant la campagne : Réforme des Régimes spéciaux de Retraite, Autonomie des Universités, Régulation de l'Immigration, Service minimum dans les Transports. Certains grincheux diront que vous n'allez pas assez loin ; d'autres que vous dépassez les limites, que vous allez trop vite. Pascal disait déjà (je cite de mémoire) : "Plusieurs choses vraies sont contredites ; plusieurs choses fausses sont assenties : ni la contradiction, ni l'incontradiction ne sont marques de vérité." C'est pourquoi, en matière de Réformes, il vous faut suivre effectivement ce que vous dicte votre conscience, en tenant compte - et vous le faites, contrairement à ce que disent les médias publiques [je pense à France Info et à FR3], qui vous sont systématiquement hostiles, et déforment ou tronquent vos propos -de l'avis de ceux de nos concitoyens qui sont concernés par ces Réformes (j'utilise à dessein la majuscule).
Vous en annoncez d'autres : Modification de certains points de la Constitution, modification du Régime rigide des 35 heures, par exemple. Il me semble que sur ce dernier point, la question qu'il convient de poser aux syndicats est très simple : si l'on vous convainc par des arguments rationnels que les 35 heures ont appauvri notre pays, ont fait peser sur les salariés une pression intolérable de productivité, ont diminué la compétitivité de notre pays et finalement vont à l'encontre de l'intérêt général, acceptez-vous de modifier votre opposition de principe ?
Cependant, il y a deux points qui me semblent devoir être critiqués : vous avez dit pendant la campagne que vous ne seriez pas l'adepte de la Real Politik, or il semble bien que la réception du colonel KHADAFI aille à l'encontre de ce principe. J'ai cependant consacré un billet de ce Blog à l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité, en mettant au compte de la seconde le choix qu'en cette matière vous avez fait. Deuxième principe battu en brèche, celui de la transparence en matière de santé (et les médias ne se sont pas privés de repasser en boucle votre intervention sur la publicité faite à votre médecin personnel qui aurait à publier régulièrement vos bulletins de santé). Je veux bien croire que l'opération d'un phlegmon est chose bénigne, mais nous n'en avons rien su, contrairement à vos engagements.
Il y a certainement d'excellentes raisons qui justifient vos choix. J'en ai donné une, qui me semble pertinente, pour ce qui concerne l'invitation du colonel KHADAFI. Et, effectivement, si l'on invite, autant bien recevoir... Pour ce qui est de votre santé, je ne vois pas la raison de la cachotterie.
Voilà, monsieur le Président, ce qu'un de vos concitoyens pense et qu'il croit devoir porter à votre connaissance avec le respect qui est dû et à votre personne et à vos fonctions.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l'expression de mes sentiments de très haute considération.
Philippe POINDRON

mercredi 9 janvier 2008

Notules

Culture moderne. Plus honnête que monsieur PORRAS qui prétend avoir mis en scène Pedro et le Commandeur "DE" LOPE de VEGA, monsieur Damien POINSARD, qui s'en voudrait d'être à la traîne de la modernité, donne Les Précieuses ridicules "D'APRES" MOLIERE (et non de MOLIERE). Vous comprendrez pourquoi lorsque vous saurez que la pièce est transposée à Paris de nos jours, et que tous les personnages sont des hommes. Vous entendez bien : Les personnages féminins sont des hommes habillés en homme. Il faudrait que l'on m'expliquât en quoi cette espèce d'anamorphose donne à cette comédie merveilleuse un énorme plus. Mais enfin monsieur POINSARD dit bien "D'APRES". Dont acte.
Révolution doctrinale au PS. Personne ne donne l'impression de s'en être aperçu. Tout le monde s'en fout. C'est pas bien. Amis des contorsions à la recherche d'exercices acrobatiques, je vous suggère de lire la toute récente production idéologique de monsieur HOLLANDE. A défaut de vous assouplir le dos, elle vous stimulera les petites cellules grises. Voici donc ce que le Premier Secrétaire a dit le 15 décembre 2007 : "Nous reconnaissons l'économie de marché, mais nous avons un rapport critique au capitalisme et nous combattons le libéralisme". Franchement, je ne vois pas comment une économie de marché peut fonctionner en dehors du "capitalisme", dont François d'ORCIVAL, un journaliste du Figaro Magazine donne, me semble-t-il une bonne définition. "Le capitalisme consiste, dit-il, à fournir [à l'entreprise, aux actionnaires et aux consommateurs,] les moyens d'exercer leurs choix". Je ne dis pas que je partage cette vue, car le chroniqueur ajoute que le "Libéralisme économique, ce ne sont que les règles nécessaires au bon fonctionnement du marché". Or le marché, c'est un peu court. Il m'apparaît simplement que si l'homme politique ne s'intéresse qu'à l'Homo economicus, il n'a guère d'autres choix que le capitalisme, et le libéralisme. C'est ce que dit monsieur d'ORCIVAL. L'argumentation de François HOLLANDE serait bien meilleure et bien plus compréhensible s'il la plaçait sur un plan moral. Seulement voilà, comme les socialistes se font une spécialité de nier l'importance de la vie morale en politique, qu'ils ont relégué le message de Jésus aux oubliettes de l'Histoire, quand ils ne combattent pas ceux qui en vivent, ils sont pris dans une contradiction insoluble. Seule la conscience supérieure d'une communauté de destin des êtres humains peut justifier le partage. Le reste est de la littérature électorale.

mardi 8 janvier 2008

Qu'est-ce qu'un homme grand ? (Bis)

Octobre 1940. La France est à genoux. son armée a été défaite. Des parlementaires aveugles et dépourvus de tout sens politique ont abandonné le pouvoir à un vieil homme. Pour notre malheur, pour notre déshonneur, c'est un Maréchal de France.
L'Alsace est annexé de fait. A Grendelbruch, village alsacien lové dans un fond de vallée, non loin du Champ du Feu, les soeurs qui tenaient l'école primaire ont été chassées. Des institutrices nazies ont pris la relève. Elles ont à coeur d'endoctriner les petits qui leur ont été confiés et entreprennent, dès le premier octobre, de leur apprendre à crier "Heil Hitler". Mais c'est bien mal connaître les Alsaciens que de leur prêter une échine souple. "Wiederhole, bitte ! Heil Hitler !".
Alors un petit garçon de six ans lève le doigt, et dit, en français, à la groupie du Führer "Chez nous, on dit pas "Heil Hitler" ! On dit "Loué soit Jésus-Christ !" Et la Lehrerin de répondre, en allemand "Toi, tu es ("du bist") bien une tête de Français".
Je garantis l'authenticité de l'histoire. Elle m'a été racontée par un témoin de la scène, le frère de ce jeune téméraire. Voilà, selon moi, ce qu'est un grand homme. Celui qui dit ce qu'il pense, en vérité, étiam in perilium aurait aurait dit Thomas d'Aquin. Voilà le fruit d'une véritable éducation de la conscience, voilà de l'héroïsme au quotidien. On est bien loin du pipolisme, de la consommation, des "occasions à saisir", des "testez votre libido", et j'en passe.
"Ils appelleront bien ce qui est mal, mal ce qui est bien". Nous y sommes. La conscience morale et la foi ont été confinées à l'espace privé, et l'on étale au grand jour ce qui relève de l'intimité des personnes. J'ignore combien de temps durera la décomposition. Mais j'affirme très fort que cette civilisation du veau d'or et des idoles inaugure les derniers temps.

lundi 7 janvier 2008

Climat

Il règne sur notre pays, actuellement, un mauvais climat : une excessive et indiscrète, pour ne pas dire impudique, publicité faite à la vie privée du Président de la République, une absence totale de contre-propositions crédibles de l'opposition, une exacerbation des mauvais corporatismes (car il en est de bons), tout cela ne libère pas notre créativité, ne stimule pas notre économie, ne nourrit pas notre culture. Il faudrait si peu de choses pour que notre pays, ô combien créatif - et cette qualité lui est reconnue par nombre d'étrangers - sorte de son marasme intellectuel ET SURTOUT MORAL. Quand se résoudra-t-on, enfin, à réintroduire la formation à la vie morale dans nos écoles, collèges et lycées ? JAURES, qui fut professeur de morale à l'Université de Toulouse, et ceci avant la séparation de l'Église et de l'Etat, fut un grand homme, POUR CELA SEUL qu'il avait mis les injonctions de sa conscience avant celle de la mode, du pouvoir, et de l'influence. Il en est mort. Il serait effaré de voir dans quel état se trouvent réduites les consciences contemporaines. Et qu'on ne vienne pas me chanter "Pas d'ordre moral", comme si le dévergondage des moeurs, de la culture et de la pensée n'imposait pas un autre ordre, moral lui aussi, mais déconnecté de toute réflexion.
Et ce qui est fondamental, c'est bien de savoir si l'individu doit être au centre de cette réflexion, ou si, au contraire, il doit se situer comme sujet social, en RELATION avec ses frères en humanité. Voilà ce qui justifie, et rien d'autre, l'interdiction de fumer dans les espaces publics. Il n'y a pas lieu d'imposer aux autres des modes de vie qui seraient préjudiciables à leur santé. Idem pour la limitation de vitesse. Nous n'entrerions pas dans une société du contrôle et du soupçon, du judiciarisme et du légalisme, si nous ajustions nos comportements de façon à respecter autrui.
Et puis zut, j'en a assez de me voir assailli d'images provocante, de films violents, de romans ou de pièces pornographiques, ou au titre plus ou moins provocateurs (Le monologue du Vagin, La vie sexuelle de Catherine Meillet, par exemple). Et même pas zut, merde ! Il est difficile de vouloir la vertu comme le plus grand bien qui nous soit offert. Qu'on ne vienne pas nous polluer la sensibilité, l'intelligence et la volonté tendues vers elle, par ces délétères initiatives. Je ne soutiens pas les Ligues de vertu. Mais je ne vois pas pourquoi on me forcerait au nom de la modernité à soutenir celles du vice.

dimanche 6 janvier 2008

Pour les enfants abandonnés

Voici un extrait de l'éditorial que monsieur Claude NEVERS, Président de l'Association Française pour l'Enfance Abandonnée, a publié dans le Bulletin de cette organisation, à laquelle j'adhère depuis une dizaine d'années.
"Vous avez été nombreux à nous interroger suite à l'intense activité médiatique au sujet de l'adoption et je saisis l'occasion pour vous réaffirmer le but de notre soutien à nos ONG indiennes.
Notre position, depuis 40 ans, a été constante et très claire sur ce sujet. Elle a été fidèle aux principes fondateurs du Père Ricardo FRANCES : 'Redonner une vie de famille aux enfants abandonnés, sans distinction de castes ou de religion, et leur permettre de retrouver espoir et vie, dans leur pays, dans leur culture'.
[...]
Notre souci permanent est la CONTINUITÉ, car contrairement aux grandes associations qui répondent, en urgence, aux grandes catastrophes largement médiatisées, nous devons travailler pour chaque enfant, dans la discrétion et la durée. Pour redonner une chance à un enfant, nous lui offrons une vie familiale qui lui procure affection et épanouissement, nous lui assurons nourriture, soins médicaux, la possibilité de s'intégrer dans une école classique ou adaptée à ses difficultés pour qu'il puisse, avec le temps nécessaire, se réintégrer à la vie active de son pays."
Voilà un objectif qui est marqué au coin du bon sens, de l'amour et de la justice. Telle actrice célèbre, tel politicien connu, peuvent aller manifester leur soutien aux mal logés - originaires de lointains pays - qui campent sur les trottoirs de la Rue de la Banque. (Il n'est pas question de mettre en doute la bonne foi et le bon coeur de ces célébrités. Au moins, ils s'engagent. Rien de ce qui touche l'homme dans son humanité ne devrait, comme à eux, nous être étranger.) Mais s'ils utilisaient leur notoriété pour aider les pauvres familles, dans leur pays d'origine, ils travailleraient encore plus à la paix dont le monde a tant besoin. Que peuvent espérer, dans notre civilisation sans coeur, ces pauvres gens qui ne connaissent ni notre langue, ni notre culture, et ont fort peu de chances de trouver en France un travail décent, faute d'avoir les compétences nécessaires, alors que, correctement soutenus, ils le pourraient dans leur patrie ? Ainsi ne verrions-nous pas des juges condamner de nos compatriotes, parce qu'avec impréparation, naïveté et relative incompétence, ceux-ci ont voulu soustraire à leur misérable sort des enfants africains.
Je n'irais pas jusqu'à dire "La France aux Français" comme ces excités de NJAMENA le disaient de leur pays " Le Tchad aux Tchadiens". Tout simplement parce que la terre est à tous les hommes. Mais je note qu'il y a une certaine incohérence à protester contre les expulsions de clandestins et à condamner des Français qui veulent héberger en France et ouvertement, des étrangers.
Je vous supplie d'aider l'Association Française pour l'Enfance Abandonnée. Elle soutient la vie de Foyers d'accueil à Bombay, Goa, Kérala et Karnataka.
En voici l'adresse :
AFEA,
17 rue Voltaire,
44000 NANTES.
CCP 3093 77 N NANTES.
Vous deviendrez ainsi le parrain d'un petit indien ou d'une petite indienne dont vous recevrez la photo ainsi que des lettres (traduites, car elles sont en ourdou ou en langues indiennes) auxquelles vous pourrez répondre. Vous serez sensible aux éclatants sourire de ces enfants que des parents trop pauvres pour les élever ont abandonnés dans les gares des grandes villes indienne.

samedi 5 janvier 2008

Qu'est-ce qu'un homme grand ?

"L'homme grand est celui qui n'a point perdu son coeur de nouveau-né" disait MENCIUS, un grand philosophe chinois, venu après CONFUCIUS.
Marcel GRANET (In La pensée chinoise, collection "L'évolution de l'humanité", synthèse collective, dirigée par Henri BERR. La Renaissance du Livre, Paris, 1954) commente ainsi cette pensée : "Seulement, quand [MENCIUS] parle ainsi, il ne songe pas à la simplicité native que toute civilisation déforme. Il veut dire 'L'Homme grand, c'est-à-dire celui qui ne travaille pas avec ses muscles mais avec son coeur, celui qui vit noblement peut [...] développer librement ses sentiments naturels de bienveillance et de compassion. La morale de MENCIUS est une morale (aristocratique) du coeur." Je rapproche de l'aphorisme de MENCIUS celui que je crois être de GOETHE : "La bienveillance est la marque d'un esprit supérieur".
La boucle est bouclée avec ce que dit Jésus : "Si vous ne devenez pas comme ce petit enfant, vous ne pouvez entrer dans le Royaume des Cieux".
Quel rapport avec la politique dont ce Blog se voudrait être un (petit) commentaire quotidien ou presque ? Il me semble limpide. Nous attendons de nos hommes politiques de la bonne foi, de la bienveillance pour leurs adversaires, une vision claire des objectifs qu'ils croient bons pour notre pays (appuyée sur des arguments rationnels), un esprit qui ne calcule pas, ne tripatouille pas les données objectives, ne caricature pas les propos d'autrui, n'insinue pas, ne préjuge pas, ne fait pas de procès d'intention, ne cherche pas le pouvoir pour le pouvoir, nous attendons qu'ils désirent conduire fermement leurs concitoyens vers la fin qui LEUR EST DUE. Je puis admettre qu'elle n'a pas la même couleur pour tous, mais je ne puis accepter qu'elle soit absente de la pensée politique, sauf à confondre celle-ci avec la volonté de puissance et la seule lutte pour le pouvoir. Et je sais bien que le Royaume de Dieu n'est pas de ce monde.
Je pourrais donner l'impression de caricaturer les propos de nombreux hommes politiques socialistes, et d'être un petit esprit. Ce n'est pas certes ce que cherche. En réalité, je ne fais que citer les opinions de ces leaders, et manifester mon exaspération à voir tant de talents gâchés. Ils ont des idées, une analyse de la situation, des propositions ? Qu'ils les exposent, qu'ils les commentent, qu'ils les étayent par des arguments rationnels. Mais de grâce qu'ils ne prennent pas leurs concitoyens pour des imbéciles. Quand on a dit : Le sarkozysme c'est du narcissisme, a-t-on fait avancer le débat démocratique ? J'ai, à cet égard, apprécié une partie des remarques qu'a faites monsieur MOSCOVICI à l'annonce du système de notation des ministres par un cabinet d'audit. En effet, le Parlement, la Cour des Comptes, le Conseil Constitutionnel, le Conseil d'Etat, les médias (quand ils sont libres...) sont des instruments d'évaluation tout à fait pertinents, à condition d'être utilisés dans l'esprit que je me suis efforcé de définir plus haut et non pas dans celui de monsieur MONTEBOURG. Pour un talent gâché, monsieur MONTEBOURG en est un. Il use sa crédibilité et compromet son avenir dans ses foucades orales ou écrites. Dommage. Mais c'est bien connu, Jupiter aveugle ceux qu'il veut perdre !
Il me semble qu'un Président qui a dit qu'il n'aimait pas les arguments ad hominem fait preuve d'une grande supériorité d'esprit sur ceux qui passent leur temps à les utiliser. Il se peut que ce soit une tactique, mais elle réclame de celui qui la met en oeuvre une grande ascèse intellectuelle qui, de toute façon, est une ébauche de cette supériorité.

mercredi 2 janvier 2008

Ils continuent...

Monsieur Faouzi LAMDAOUI, qui au PS remplit la fonction de secrétaire national à l’égalité, à la diversité et à la promotion sociale porte à monsieur Serge DASSAULT une charge qu'il veut définitivement définitive. Monsieur Serge DASSAULT , dit-il, "cumule les casquettes de député-maire UMP, de patron de presse et de marchand d’armes et défend sur quatre colonnes à la une du Figaro la politique de Nicolas SARKOZY". Vous vous rendez cmmpte ? Sur quatre colonne ! Pour le PS, ce "nouvel épisode" qui fait suite "aux voyages répétés de Nicolas SARKOZY à bord du jet de Vincent BOLLORE, autre milliardaire patron de presse, illustre la collusion malsaine des grands groupes de médias avec le pouvoir SARKOZY". "Les amis milliardaires patrons de presse de Nicolas SARKOZY ont transformé leurs médias en nouvelles pravdas du pouvoir", conclut Monsieur LAMDAOUI qui avec cette métaphore supposée assassine, n'est pas très gentil envers ses amis communistes qui furent les fidèles lecteurs de l'une d'entre elles.
Pourquoi une telle ire ? Quel est donc le motif de cette opinion remplie de fiel et de ressentiment, de ce jugement péremptoire à connotation moralisante, pourquoi cette basse incitation à la jalousie ? Je vais vous le dire : monsieur DASSAULT a commis une faute irréparable. Il a adressé ses voeux aux lecteurs à la Une du Figaro, et "à la France qui a choisi un président dynamique et courageux". "Nos encouragements et notre appui l’accompagnent pour réformer un pays dont les habitudes ont besoin d’être changées". Et il ajoute que Nicolas Sarkozy "a déjà fait beaucoup en quelques mois".
Ainsi, monsieur DASSAULT n'aurait pas le droit d'exprimer une opinion politique dans un journal dont il est l'actionnaire majoritaire ? Monsieur LAMDAOUI prétend que non. Monsieur DASSAULT est milliardaire. Donc il n'a pas le droit. Il est l'ami de monsieur SARKOZY. Donc il n'a pas le droit. Il est UMP. Donc il n'a pas le droit.
Comme il serait bon que monsieur LAMDAOUI exerçât son acuité de jugement sur d'autres journaux et sur d'autres grossium des affaires. Ainsi, il dirait que Monsieur de ROTSCHILD - l'actionnaire majoritaire de Libération est un gentil milliardaire. Monsieur DOUMENC qui finançait le partie communiste du pactole de son commerce avec les pays du bloc soviétique fut un milliardaire généreux et qui entretenait une collusion des plus saines avec les membres du Comité Central. Monsieur Roger-Patrice PELAT, qui ne semblait pas être dans la gêne, fut un estimable citoyen car il était l'ami du Président MITTERAND. Qui ne voit, en réalité, le ridicule de ces jugements, lequel fait sombrer du coup les premiers dans l'ignoble ? Un milliardaire doit-il s'interdire d'être l'ami d'un Président de la République ? Faut-il voir dans cette amitié le reflet d'un sulfureux accord en sous-main ? Toujours l'insinuation, la démolition, le soupçon de mauvaise foi. Monsieur DASSAULT comme monsieur PELAT ont (ou avaient) le droit de choisir qui ils veulent (ou voulaient) comme amis. Point. Et je préfère que ce soit monsieur BOLLORE le payeur des déplacements privés présidentiels plutôt que les contribuables. Repoint.
Comme ils n'ont strictement rien à dire, rien à proposer, rien à argumenter (ce qui, de mon point de vue est très grave pour la santé de notre démocratie), les socialistes s'en prennent aux hommes. Bonne vieille méthode que n'aurait pas renié la Propaganda Staffel. Monsieur DASSAULT ne répondra pas. Il a bien raison. De minimis non curat praetor !