samedi 31 mai 2008

Toujours à Nassim

[Pour que mes éventuels lecteurs comprennent de quoi il s'agit, je les renvoie au billet récent que j'ai intitulé "Non au droit de vote des étrangers non-communautaires", et au commentaire de Nassim.]
Cher Nassim,
Il m'est venu cette nuit à l'esprit quelques remarques complémentaires dont je désire vous faire part. Je ne sais pas si vous êtes né en France. Si c'est la cas, vous êtes Français, et vous pouvez, je suppose, comprendre que ce n'est pas la même chose que de ne pas l'être. Si, comme Français, vous revendiquez les mêmes droits, vous pouvez comprendre que vous avez les mêmes devoirs que vos compatriotes
La première remarque concerne le vocabulaire. Vous attribuez à l'usage que je fais des mots "Maghrébin" et "Africain" une connotation raciste. Mais vous, quand vous utilisez les mots "Européen" ou "Français", le faites-vous d'une manière raciste ou non ? Le simple fait de poser cette question montre que votre critique est complètement infondée, et que c'est dans votre tête que les choses se passent. La gôôôôche a en effet réussi à convaincre les ressortissants Africains, Algériens, Tunisiens ou Marocains (ces derniers désignés collectivement Maghrébins pour indiquer leur commune origine géographique), que le simple fait de les évoquer par celle-ci revenait à les stigmatiser. Comment faut-il les appeler ? Est-il honteux de venir du Maghreb ou d'Afrique dite Noire ? Au demeurant, vous me faites le procès de ne pas inclure les Asiatiques dans les étrangers qu'il convient de ne pas admettre au vote lors des élections locales. Ils sont simplement moins nombreux. Mais je ne vois aucune raison de les autoriser à voter aux élections locales.
Vous faites une allusion malveillante à ma supposée mentalité coloniale. (a) Je vous invite à lire la lettre ouverte qu'un de mes Collègues, le Pr SAVELLI, a écrit au Président BOUTEFLIKA, et qui figure dans ce Blog (billet du 13 décembre 2007). Vous verrez qu'il n'y a pas eu que du mauvais dans ladite colonisation ; il eût mieux valu ne pas coloniser l'ALGERIE, là-dessus, je suis entièrement d'accord. Il y a eu des abus, des injustices, des exploitations. Il faut en convenir. Mais pas au point où l'on veut bien le dire d'une manière hâtive et sans discrimination entre les exploiteurs et les paisibles habitants. (b) Mais en vertu de ce constat, je réclame en retour le droit de ne pas être colonisé par les compatriotes de vos ancêtres. Nombre d'étrangers travaillent, payent des impôts, cotisent à la Sécurité Sociale, certes. Mais ils ont accès à l'enseignement public et aux soins gratuits et bénéficient des mêmes facilités publiques que les Français, à l'exception de la capacité citoyenne. Ils ne sont donc pas lésés dans l'exercice de leurs droits fondamentaux. C'est bien le moins que l'on puisse faire à leur égard. Combien d'autres étrangers, cependant, s'adonnent-ils au trafic de drogue, à la violence, à l'oisiveté, et sont pourtant pris en charge par la collectivité nationale ? Et pourquoi une telle indignation quand, appliquant le droit français, on en vient à les juger pour leurs incivilités, leurs contraventions, leurs délits, voire leurs crimes, exactement comme on le ferait d'un Français ? Comment ne voyez-vous pas que cette réaction est fondée sur le sentiment erroné, mais enraciné dans l'inconscient, d'une infériorité raciale de la part des étrangers ? C'est cette mentalité qu'il faut combattre.
Je vous accuse d'avoir mal lu mon texte. Je dis clairement "oui à l'accueil généreux des immigrants", "non aux pique-assiette". Je m'explique. Si, par exemple, la vie en Algérie, pays par ailleurs riche de son agriculture et de son pétrole, était si belle et bonne pour ses habitants, je ne vois pas pourquoi tant de jeunes femmes algériennes viendraient accoucher en France pour que leur enfant soit Français, pourquoi tant d'Algériens quitteraient un tel Eldorado pour se réfugier dans le pays si raciste et si peu accueillant qu'est la France. Il y faut des raisons, non ? Preuve que tout n'est pas si mauvais chez nous. C'est au nom de la dignité égale des hommes que je revendique le droit de ne pas traiter identiquement mes compatriotes et les étrangers vivant sur notre sol. Car c'est cela, la justice. Bien entendu, il reste la voie de la naturalisation. Pourquoi ne la tentent-ils pas, les étrangers ?
J'ai dit aussi qu'il était légitime que les ressortissants étrangers légalement installés en France puissent avoir leur mot à dire dans la gestion de la cité. La chose est très simple à réaliser. Il suffit de créer un collège électoral des étrangers non-communautaires, et de leur attribuer un nombre de sièges proportionnels à celui qui est attribué au collège électoral actuel (nationaux, et étrangers communautaires). Sinon, en vertu de la loi électorale, cinquante étrangers suffiraient à faire basculer la majorité politique d'une ville ou d'une région de plusieurs dizaines de milliers d'habitants, DANS UN SENS OU DANS UN AUTRE, ce qui n'est tout simplement pas admissible. Ma patrie n'a pas de pétrole, mais elle a des idées, et un sens de l'humanisme dont les assassins des moines de TIBEHIRINE ou ceux de monseigneur CLAVERIE semblent avoir été singulièrement dépourvus. Tant que vous ne comprendrez pas cela, vous ne serez pas dans la vérité. Je le redis : oui à l'accueil fraternel et généreux des immigrants ! Non au racisme, le nôtre comme celui des étrangers ! Oui au respect des Lois que nous avons démocratiquement élaborées ! Non à l'application d'un droit et de coutumes qui n'ont aucun rapport avec notre histoire nationale.
Je termine sur la Chine que vous m'accusez de ne pas mettre en cause. Oh que si ! Je viens d'acheter, hier, un petit ouvrage d'un opposant chinois, installé en France depuis les événements de TIEN AN MEN. Il a pour titre Chine : l'envers de la puissance. Son auteur a pour nom CAI CHONGGUO. Il est publié aux éditions En Clair, Paris, 2005. J'en ferai un compte-rendu très instructif. Et je ne serai pas tendre.
J'espère que vous me répondrez. Car vous avez eu le courage de donner votre opinion, et je trouve cela très bien. Et je vois dans vos yeux moins de paille que je ne vois dans les miens de poutres. Comme vous en effet, je le répète, je suis profondément croyant. Et je cherche la Paix plutôt que l'Affrontement, mais pas à n'importe quel prix. Car il y a des "Paix" grosses de violences.
Oui, j'espère que vous me répondrez.

vendredi 30 mai 2008

Réponse à Nassim

Cher Nassim,

Dans le commentaire que vous faites sur mon billet relatif au vote des étrangers non communautaires, auquel je demeure résolument opposé, vous me faites un mauvais procès. En premier lieu, je n'exclus pas les asiatiques de mon refus. En second lieu, je trouve étrange que vous demandiez le respect de la Loi algérienne relative aux religions (Loi qui fait de l'Islam une religion d'état), en la désapprouvant, dites-vous, tout en me refusant le droit de reconnaître qu'il existe une différence POLITIQUE entre des nationaux (quelle que soit leur couleur de peau, leur origine, leur religion) et des non nationaux. Vous me suspectez de racisme, et c'est intolérable pour moi. J'ai formé dans mon laboratoire de très nombreux étudiants maghrébins et africains que d'autres collègues de mon université n'avaient même pas reçus, ou qu'ils n'ont pas eu la générosité d'accueillir. J'ai dit et je redis ici qu'ils étaient remarquables, et qu'ils s'étonnaient de notre irreligion. J'ai l'honneur de compter parmi eux deux professeurs, l'un, Mimoun AZZOUZ, enseigne à Londres, l'autre, Khaled BOURY aux USA. Je pourrais encore citer Mohamed CHOKRY, senior scientist dans une grande entreprise de biotechnologie, ou Nada CHOUCAIR, post-doctorante dans un excellent laboratoire de neurobiologie. Et je pourrais allonger la liste : Constant VODOUHE, Aloyse MABONDZO et d'autres encore. Et, cerise sur le gâteau, ma grand-mère, veuve de guerre, avait épousé en seconde noce un médecin antillais, descendant d'esclaves noirs. Je l'ai considéré comme mon grand-père. C'était un homme adorable et d'une rare culture. Il était chevalier de la Légion d'honneur ; il a servi sa Patrie avec un rare dévouement, et un incroyable désintéressement, puisqu'il a soigné gratuitement pendant des mois, au cours de la seconde guerre mondiale, les malades de MONTMORILLON, ville où les vicissitudes de l'Exode m'ont fait naître. Vous n'aviez pas le droit de me faire ce ridicule procès. Je me place sur un plan politique et non pas ethnique, et je constate que l'annexion de l'ethnicité est le fait voulu, entretenu, suscité par les courants de pensée dont vous vous réclamez. Je N'ACCEPTE PAS VOS REMARQUES en leur forme actuelle, mais je suis tout disposé à discuter avec vous, et à vous rencontrer. Harlem DESIR, à cet égard, a fait beaucoup de tort en passionnant une question qui aurait dû rester strictement politique. Il aurait mieux fait de payer ses contraventions.
Je ne vois pas en quoi le fait d'être algérien vous donnerait le droit d'influencer la politique de mon pays, si votre patrie ne m'accorde pas en retour un droit identique. Il ne me semble pas qu'il prenne ce chemin.
Pour ce qui concerne la Chine, vous vous trompez aussi d'adresse. Je vous invite à lire les nombreux billets que j'ai consacrés à cette tyrannie. Ils sont d'une rare sévérité. Et il se trouve que c'est un pays qui m'intéresse énormément, que je possède sur lui des centaines de livres, que je vois un énorme fossé entre le peuple chinois et ses dirigeants, et que je travaille présentement sur ce sujet.
En quoi pourriez-vous penser que j'approuve le geste du gendarme qui a tiré sur un prisonnier menotté alors qu'il tentait de s'évader ? Procès d'intention très familier aux gens de gôôôche, qui estiment que toute implication d'un étranger, fût-il en situation irrégulière, est une insulte aux droits de l'homme. Je n'approuve pas, certes non, le geste de ce gendarme. Mais je me demande pourquoi cet homme était menotté et pourquoi il a cherché à fuir. Ce ne sont pas là des insinuations, ce sont des questions. Et puisque vous faites référence à la Loi, sachez qu'en droit français, un gendarme (et lui seul) a le droit de faire usage de son arme dans cette circonstance.
On vous pardonne, cher Nassim, des accusations qui relèvent d'une idéologie fantasmatique, déconnectée du réel, pleine de contradictions. On vous pardonne surtout parce que vous avez 20 ans. Enfin, vous dites que vous êtes croyant. Moi aussi. La poutre que j'ai dans mon oeil, je la vois. Je n'accable aucune personne étrangère en particulier, et je vois en elle un frère, je l'ai prouvé pendant ma vie professionnelle et encore aujourd'hui par mes engagements associatifs ; mais je ne sens pas obligé d'en faire un concitoyen. Je conteste les initiatives de mes compatriotes, et non votre désir légitime de participer d'une quelconque façon à la vie de la cité; je les conteste, car je les crois susceptibles d'ouvrir une boîte de Pandore explosive, dans un contexte très tendu. Peut-être aurez-vous la gentillesse de me répondre ?
Bien amicalement.

Signes des temps...

Voici, relevés aujourd'hui dans les journaux gratuits Métro et Direct Matin quelques informations édifiantes, et les remarques qu'elles m'inspirent.
Ségolène a gagné son procès contre Paris-Match. L'hebdomadaire devra lui verser 8.000 euros de dommages et intérêts. Pourquoi ? Parce qu'il a publié des photos de l'ex-candidate en train de prier dans une église en Italie. Deux remarques : (a) il est dit par Jésus que celui qui rougira de Lui devant les hommes, il rougira de lui devant Son Père ; je préfère donc penser qu'il n'y a aucune honte de la part de madame ROYAL à aller prier (elle a été baptisée ; elle est marquée du sceau de l'Esprit-Saint) et que sa démarche est inspirée par son désir de protéger sa vie privée dans ce qu'elle a de plus essentielle. Croyez-moi, je lui fais le crédit, sans arrière pensée, de ce souci ; (b) il lui faut alors être cohérente et critiquer ceux des médias qui épient les moindres faits et gestes du Président SARKOZY et n'hésitent pas à le peopoliser souvent contre son gré. J'aurais aimer entendre de sa part la condamnation la plus vigoureuse de monsieur Airy ROUTIER et du prétendu SMS envoyé à Cécilia ex-SARKOZY par ledit Président.
La Chine et l'enfant unique. Nous sommes très heureux d'apprendre que le gouvernement chinois autorise les parents qui ont perdu leur unique enfant dans le séisme meurtrier du SICHUAN à en avoir un autre pour combler l'affreux vide laissée par leur mort. C'est intéressant un état qui s'occupe d'autoriser ou d'interdire ce qui relève de la plus stricte intimité des couples. Un tel souci porte un nom : totalitarisme.
Un mariage annulé par la justice au motif que la mariée n'a pas dit à son époux qu'elle n'était plus vierge. La décision qui est prise en la matière s'appuie sur le droit le plus strict, l'article 140 du code civil qui stipule que "s'il y a erreur dans la personne, ou sur des qualités essentielles de la personne, l'autre époux peut demander la nullité du mariage". Il se trouve plein de commentateurs pour critiquer la décision des juges. Ils ont tort. C'est le mensonge qui motive le jugement, pas la question de la virginité. Par ailleurs, les époux étaient d'accord. Il ne me paraît pas honteux que des hommes accordent une grande importance à la virginité de leur future épouse. C'est le cas chez nombre de musulmans. On peut toutefois se demander si une épouse musulmane pourrait demander la nullité de son mariage au cas où son mari ne serait pas vierge ; la question ne se posera pas, puisque, chez les musulmans la polygamie est autorisée. Madame Sihem HABCHI, Présidente de ni Putes ni Soumises est mal venue de déclarer que cette décision est une "fatwa contre la liberté des femmes". Elle lance, elle, une fatwa contre la liberté des juges. Elle devrait plutôt condamner un civilisation qui fait si peu de cas de la pudeur et de l'intimité propre à toute activité sexuelle, et qui met ainsi en danger celles de ses compagnes qu'elle veut légitimement protéger contre la violence masculine.
Le magazine Tracks célèbre la décadence. Il propose à ses lecteurs de passer des soirées "décadence", en commençant par une escale à TOKYO, où, dit-il, les tendances les plus délirantes se sont unies au sein du mouvement "Tokyo décadence", et où les libertins sont des véritables esthètes de l'érotisme (sic). Il propose aussi une soirée "Antichrist" à LONDRES. Il faut s'inscrire à l'avance, car elles font fureur... Dans quelle boue ne descendrons-nous pas, nous les riches, les repus, qui devons prendre du bicarbonate pour digérer notre trop plein de nourriture. Bientôt, nous en arriverons à faire comme les Romains qui se faisait vomir pour continuer à manger, et nous nous roulerons dans notre vomissure.
De telles informations, pour une seule journée, donnent à réfléchir sur l'ampleur de la crise morale que traverse notre civilisation. Elle est en fin de course. Elle périra, sans aucun doute, si elle ne redresse pas la barre. Y-aura-t-il un chercheur suffisamment courageux pour faire des études comparatives sur le bonheur de vivre de ceux qui s'efforcent d'avoir une vie intérieure et morale forte et saine et de ceux qui ne s'en soucient pas, admettent, célèbrent le vice , ou se vautrent dedans ? Je vous suggère d'aller d'abord dans un monastère de contemplatifs, puis, l'ayant fait, de guetter les dîneurs qui sortent d'une boîte de nuit libertine. Très instructif.

jeudi 29 mai 2008

Précisions sur les conversions de musulmans au christianisme

Dans mon billet d'hier, je faisais allusion aux chrétiens d'Algérie persécutés par le pouvoir en raison de leur conversion. J'ai recueilli aujourd'hui quelques précisions là-dessus, dans un article publié par le journal gratuit 20 minutes, curieusement le seul du jour à développer ce sujet.
Habiba KOUIDER a été arrêtée le 29 mars dernier dans un bus. Son crime ? Avoir en sa possession une dizaines d'exemplaires de la Bible. Le Procureur de TIARET a requis contre elle trois ans de prison. Vous imaginez chez nous un Procureur requérant trois ans de prisons contre un musulman pris en flagrant délit de possession de plusieurs corans, ce musulman fût-il un français converti ?
En Algérie,on observe depuis quelques années des mouvements de conversion massifs de musulmans au christianisme, tout spécialement en Kabylie. J'ai moi-même rencontré récemment un Kabyle converti au catholicisme qui m'a dit qu'il n'avait fait que retrouver ses racines, celles de saint Augustin, l'évêque d'Hippone, un génie, il faut le dire et le crier. Monsieur Bouabdallah GHOLAMALLAH, ministre algérien des Affaires Religieuses, combat, lui, le "prosélytisme chrétien". Il estime à 11.500 le nombre d'Algériens devenus chrétiens (essentiellement des Évangélistes). En vertu des recommandations du ministre, le même Procureur de TIARET a requis deux ans de prison ferme et 5.000 euros d'amende à l'encontre de six (et non pas cinq comme je le disais hier) Algériens convertis, arrêtés pour avoir assisté à une messe "sans autorisation", car, voyez-vous, en vertu d'une loi votée en 2006, l'exercice des cultes non musulmans est sévèrement réglementé par la loi, et le texte vise surtout les chrétiens. Nous n'aurions pas chez nous assez de place dans nos prisons pour loger tous les musulmans, si nous avions adopté à leur égard de telles mesures. Nous ? On subventionne la construction des mosquées, et l'on étrangle tout ce qui de près ou de loin se réclame du Christ. Folie furieuse et totale inconséquence.
J'en reviens à ce que disais hier. Nos racines sont chrétiennes. Nous avons le droit et le devoir de les protéger. Elles font partie de notre bien commun. Elles caractérisent notre nation. Il est tout à fait possible, selon moi, de respecter les musulmans et de reconnaître ce que nous sommes. J'ai eu beaucoup d'élèves musulmans, des croyants profonds, des hommes et des femmes remarquables. Certes, ils étaient l'élite de leur patrie (Tunisie, Syrie, Maroc, Liban), mais ils comprenaient très bien le point de vue que je viens d'exposer, et manifestaient beaucoup d'étonnement devant le vide spirituel de la vie de tant de Français. En quelque sorte, ils nous donnaient une leçon de tolérance ET de foi.
J'attends toujours que le Réseau Éducation Sans Frontières, les socialistes, les communistes, les verts, les belles consciences de gôôôôche, les Collectifs de tous poils, Droit au Logement, les nouveaux socialistes, Ségolène, Bertrand, Arnaud, Laurent, Martine, etc. etc., si promptes à dénoncer le racisme qui flamberait chez nous, émettent une protestation indignée devant la violation de ce droit le plus élémentaire de tout être humain : celui de croire et de pratiquer sa religion sans être inquiété. En somme, ils défendent, ils revendiquent la différence avec la volonté de nous l'imposer, mais ils ne sont pas fichus de protéger ceux qui ailleurs, souffrent des maux qu'ils prétendent combattre chez nous.

mercredi 28 mai 2008

Non au droit de vote des étrangers non communautaires !

Le Conseil Municipal de Paris s'est prononcé pour le droit de vote aux étrangers non communautaires aux élections locales. Enfin, le Conseil, non, la majorité PS, PRG, PCF, Verts, et MRC. On voit bien où veulent en venir par pure démagogie ces apprentis sorciers : se concilier pour les élections municipales, voire régionales, une frange très particulière des étrangers ; il faut avoir le courage de dire qu'il s'agit surtout de capter les suffrages des communautés africaines, (maghrébines ou noires), puisque le vote est déjà autorisé pour les étrangers communautaires et que les résidents non communautaires viennent essentiellement de ce continent. Il y a une autre idée derrière tout ça, celle de ressusciter une extrême droite en perdition pour battre ce que ces imbéciles appellent la droite et se maintenir ainsi au pouvoir, au mépris des sentiments profonds de leurs compatriotes. Il y a eu 32.205 votants, ce qui est un pourcentage ridiculement faible de citoyens. Cela n'empêche pas le gratuit Métro de titrer "le droit de vote des étrangers plébiscité par LES parisiens", au motif que 94,95 % des votants ont donné leur approbation. C'est tout bonnement un titre mensonger ; il aurait été plus honnête de titrer "Une très large majorité des parisiens (peu nombreux à aller aux urnes) approuvent le vote des étrangers". Quand on sait, en outre, que c'est un COLLECTIF qui regroupent près de 80 membres (associations, syndicats, partis politiques) qui a organisé le vote, on voit la portée réelle de cette initiative : c'est une manipulation dont les socialistes (en particulier) sont tout à fait coutumiers et qui consiste à créer de faux problèmes dans le but unique de s'accrocher au pouvoir par tous les moyens. Je n'aurais pas la cruauté, aujourd'hui, de vous décrire la manière dont un actuel responsable socialiste (j'en ai beaucoup parlé) a mis la main sur l'Association Frères des Hommes, avec la complicité des amis de son courant de pensée, en 1991. Je réserve cela pour plus tard. Je vous jure que c'est édifiant.
Le jour où le Conseil Municipal de Paris émettra une protestation contre les violations des droits de l'homme dont se rendent coupables les juges algériens vis-à-vis de leurs concitoyens qui se convertissent au christianisme (exemple récent d'une jeune fille qui attend toujours son jugement, et cinq autres jeunes gens poursuivis pour exercice d'une religion non autorisée !), je croirai à leur volonté de justice et d'équité. Tant qu'ils s'amuseront à faire des bulles, je les prendrai pour ce qu'ils sont : des pantins sans jugeote, sans jugement, sans pensée, sans idées claires, sans culture (il y a des gens très cultivés au PS ; je parle là du parti dans ce qu'il a de sectaire et d'idéologique), des sous bling-bling qui se donnent des airs de généreux en brassant des slogans vides de sens, bref des songe-creux. Et je continuerai à dénoncer leurs misérables pantalonnades. Permettez-moi de vous rappeler ces quelques mots d'Henri HUDE, un philosophe que j'aime bien : Le peuple, déculturé par le progressisme, et faute de retrouver son identité perdue, se rabattra forcément sur une réidentification à base de simple opposition aux autres. Il n'y a pas d'autre manière d'éviter la haine raciale que de rendre au peuple sa culture profonde, qui est si belle, et si universelle, à la place de cette anti-culture dérisoire et misérable dont il est ridiculement affublé. Mais entre-temps, pour éviter le pire, on sera bien obligé de tarir le flot d'immigrants, puisque sa continuation nous ferait glisser du progressisme déjà cynique à un réaction fasciste. (Ethique et politique, chapitre VI. Immigration et identité, pages 89-102. Les Éditions Universitaires, Paris, 1992.)
Et encore ceci : Ceux qui se réclament volontiers des droits de l'homme, ne devraient pas oublier qu'il existe aussi un droit de chaque homme à sa propre nation et que l'immigration fait problème quand elle implique un viol de ce droit. L'immigration juste est celle qui respecte le droit des citoyens à leur nation. (Ibidem.)
Et bien, messieurs, je pense que quand la politique d'une ville ou d'une région est déterminée par la petite frange de votants qui ne sont pas des nationaux, elles ne respectent pas le droit à la nation. Et une telle disposition, si elle était approuvée par nos gouvernants, ce qu'à Dieu ne plaise, nous conduirait à une triple guerre, ethnique, civile et extérieure. (Ibidem.) On peut du reste se demander si elle n'est pas commencé. Non, non et non aux votes des étrangers. Oui à un accueil juste et généreux des immigrants. Non aux pique-assiettes. Oui à une aide substantielle aux pays pauvres.

mardi 27 mai 2008

Crise systémique mondiale

Un ami de Strasbourg me communique ce texte d'Olivier RIMME. En des termes économiques, politiques et psychologiques, l'auteur décrit, comme je l'ai fait de manière plus mystique ou spirituelle, la crise qui nous attend et dont nous ne sommes même pas conscients. Nous dansons sur un volcan, et nous ne sentons même pas que nos pieds brûlent. Merci à Francis NERI de m'avoir envoyé ce texte.
Crise économique et sociale : le scénario noir.

Personne ne peut l’affirmer, mais il est désormais plus que probable que le monde entier a entamé la fameuse phase de décroissance annoncée par les spécialistes depuis des années
Malheureusement, toute l’organisation humaine, à la fois économique et sociale, est aujourd’hui “indexée” sur les produits énergétiques primaires et dérivés, notamment le pétrole. L’augmentation du prix du baril (qui a pratiquement quadruplé en l’espace de quelques années) et la faible valeur du dollar américain face aux autres monnaies conduisent à une situation jamais vue dont les conséquences immédiates, différées et latentes amènent à une criticité extrême.
Depuis des années, des centaines de scientifiques, économistes, spécialistes et autres chercheurs alarment les gouvernements partout sur la planète en expliquant qu’il est urgent d’agir, que le pétrole n’est pas éternel et que les menaces qui pèsent sur l’humanité sont immenses à partir du “peak oil” (que certains analystes considèrent comme étant déjà atteint).
Hélas, aucun pouvoir politique, nulle part sur la planète, n’a jamais cru bon devoir prendre suffisamment au sérieux les études alarmistes, pire : les déclinologues sont même décriés et critiqués. C’est ainsi que nous nous retrouvons, en 2008, au début de la plus sérieuse “crise systémique globale” de l’histoire humaine récente, qui selon moi, conduira à un changement de civilisation dramatique et brutal dans les 5 à 20 ans à venir.
Au risque de paraître “catastrophiste”, et je le dis froidement en mesurant tout ce que ça implique : il n’existe aucun “plan B”, aucune énergie alternative, et aucun moyen de maintenir l’humanité et son système économique dans un état stationnaire viable à moyen terme. Par conséquent, puisque c’est déjà trop tard, quoi qu’on fasse aujourd’hui, d’immenses drames vont se produire inévitablement, les contrées les plus pauvres seront bien entendu les premières à en subir les conséquences, mais nul ne sait à partir de quel seuil les contrées les plus riches seront préservées, notamment dans le monde occidental, ou dans les pays dits “émergents” ou “riches”.
Je suis objectif et pragmatique. Nous connaîtrons, y compris en Europe, une période sombre et très difficile à négocier où se dérouleront des drames qui vont plonger des millions de nos concitoyens les plus fragiles dans un état de grande pauvreté matérielle, physique et psychologique, entraînant avec eux toute la société moderne et développée dans une sorte de lente décroissance chaotique. Depuis des années j’évalue et j’analyse des risques et leurs conséquences et je modélise et vulgarise des scénarios pour les expliquer, je concentre l’expérience et l’information tirés d’études diverses faites par tant d’autres spécialistes. La synthèse de cet ensemble permet de produire un scénario noir qui me semble le plus réaliste, et qui aujourd’hui est connu de tous les chefs de gouvernements occidentaux.
J’évoque ci-dessous, de manière succincte et non exhaustive ce qui pourrait se produire dans les mois et années à venir :
-Recrudescence de troubles sociaux violents, qui par ailleurs s’installeront dans la durée (manifestations violentes prolongées, grèves récurrentes, mouvements sociaux inattendus pouvant éclater à tout moment n’importe où pour des motifs plus ou moins sérieux nécessitant toujours plus de moyens humains et matériels coûteux pour assurer la sécurité publique).
-Populations de moins en moins hostiles aux actions de protestation et de blocage économique et politique au niveau du pays.
-Criminalité en hausse globalement, confrontations intercommunautaires et intra-communautaires, irritations et jalousies exacerbées entre les individus conduisant à une multiplication de situations conflictuelles, de plus en plus violentes.
-Augmentation du nombre d’initiatives criminelles personnelles et isolées (ou menées par des petits groupes) de type “actions terroristes” (non religieuses et indépendantes) ou de “sabotages” d’infrastructures, revendiqués ou non, visant à déstabiliser ou à critiquer les actions politiques sociales ou économiques qui nuisent aux intérêts des individus.
-Défaillance des gouvernements et débâcle politique (impossibilité de faire face aux problèmes par des mesures politiques), accentuation de la perte de confiance dans le pouvoir politique, décrédibilisation des gouvernements qui perdent en représentativité.
-Apparition du pouvoir centralisé et concentré, conduisant “mécaniquement” à des dérives vers la “dictature démocratique” puis vers le “totalitarisme démocratique” portant l’habit d’un gouvernement républicain.
-Contrôle accru des médias (l’internet en particulier), avec le risque qu’un fossé se creuse entre le pouvoir politique et le “cinquième pouvoir”. Apparition de la “censure informelle”, dite de “convenance politique”, défavorable aux journalistes indépendants et libres, qui créeront leurs propres canaux d’informations parallèles et indépendants.
-Accentuation du risque d’atteinte à l’intégrité physique des personnalités politiques ou publiques exposées, de quelque tendance que ce soit.
-Fragilisation du système bancaire par la recrudescence des faillites et des créances irrécouvrables, défaillances des remboursements des crédits à la consommation et défaillances des remboursements des crédits immobiliers.
-Amplification de la crise financière internationale, perte de lisibilité sur les principales places de marché, mouvements spéculatifs incontrôlés et trop dynamiques pour être maîtrisés, installation dans une tendance baissière lourde.
-Émergence du phénomène de “stagflation” mélange de stagnation (économie molle, faible croissance, ou croissance nulle) et d’inflation, conduisant au pire scénario économique limitant toutes les marges de manœuvres, aux conséquences incalculables.
-Création de “bulles urbaines sécurisées” (zones commerciales, autour de grandes entreprises et d’institutions, infrastructures stratégiques, agglomérations privilégiées, quartiers résidentiels protégés, villes sous contrôles d’accès) et émergence de “zones de non droit” délaissées et hors de contrôle, ruinées, notamment les petites zones urbaines ou rurales, faute de moyens financiers et humain pour en assurer la sécurité et le développement.
-Impossibilité d’assurer la sécurité de manifestations publiques massives (événements sportifs, culturels, etc.), qui deviennent progressivement proscrites.
-Risque important de vandalisme dans les grandes surfaces et les grands commerces mal sécurisés et fortement fréquentés, où les gens excédés viendront se servir sans payer, lors de mouvements sociaux hostiles et localisés, qu’il sera par ailleurs très difficile de combattre ou d’empêcher.
-Stations services et dépôts de carburants dévalisés, puis vandalisés et saccagés, vols de matériaux énergétiques (recrudescence des vols de carburants depuis les réservoirs des véhicules privés et professionnels).
-Transports routiers et même trains complets de marchandises ciblés, piratés et vandalisés (vols en bandes organisées par des actions violentes de type paramilitaires).
-Apparition du marché noir et du troc, puis rapidement de la désobéissance civile, conduisant à l’impossibilité d’encaisser les taxes gouvernementales et d’assumer les budgets des États, et pour ceux qui le peuvent, fuite des capitaux vers les zones sécurisées (pays défiscalisés ou à fiscalité avantageuse).
-Difficultés pour les pays et les institutions publiques à payer les salaires des fonctionnaires, les indemnités de chômage ainsi que les retraites.
-Montée progressive du contrôle militaire dans la gestion quotidienne des crises, d’abord par l’utilisation de la gendarmerie, puis par les forces militaires conventionnelles, qui seront de plus en plus présentes et sollicitées.
-Émergence de nouveaux leaders et groupuscules “autonomes” difficiles à contrôler.
Le tableau est noir. J’en suis conscient. La liste des conséquences dans nos vies de tous les jours est encore longue. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux être préparé au pire, en espérant que le pire n’arrive jamais.
Apprêtons-nous donc à traverser une période douloureuse en se disant qu’il y a toujours pire ailleurs, et profitons de chaque jour qui passe. Pensons également à prendre les bonnes décisions et à faire les bons choix. Voyons loin.
Après tout, le catastrophisme, c’est aussi un principe de précaution.

Olivier RIMME
Analyses & Stratégies
Si ce tableau n'est pas celui d'un temps apocalyptique, je veux bien être pendu. Nous voilà prévenus, nous voilà impuissants, nous voilà aveuglés. Puissent les prévisions d'Olivier RIMME se révéler exagérées ! Pourtant, on voit bien comment l'exacerbation de désirs qui ne peuvent être immédiatement satisfaits, et l'accroissement de l'indifférenciation entre les êtres humains par l'uniformation des cultures, on voit bien comment l'expulsion du Dieu de Jésus-Christ par les marchands du Temple, vont nous conduire à une crise mimétique d'une violence inouïe, parfaitement analysée, décrite et prévue par un René GIRARD.
Ils ont des yeux et ils ne voient pas ! Ils ont des oreilles et ils n'entendent pas !


dimanche 25 mai 2008

Démocratiques, les Français ?

Je croyais avec naïveté que le propre de la démocratie était d'avoir définitivement vaincu l'arbitraire des gouvernants, en limitant leurs pouvoirs par le moyen de la Loi, applicable sans distinction d'origine ou de statut social à tous les citoyens. Il me semblait, par conséquent, que les citoyens ne méritent ce beau nom que s'ils obéissent aux lois et les reconnaissent comme souveraines quand elles ont été démocratiquement votées. Lourde erreur ! Naïveté d'enfant ! Aujourd'hui, ce qui compte, ce n'est pas la Loi, ce sont les sentiments du moment, le mouvement des tripes, le politiquement correct, la mode, les intérêts des clans, des coteries, des féodalités de tous ordres. Voici un merveilleux exemple de la folie qui nous habite :
Monsieur KOUA est un "étudiant" (je mets des guillemets car ce statut n'est pas clair) d'origine ivoirienne, qui vient d'être expulsé de France vers son pays d'origine, pour être rentré illégalement en France, en 2003, avec un passeport qui n'était pas le sien. Monsieur Landry KOUA a une compagne, Sarah, qui a indiqué aux journalistes la position à la fois très humaine et juridiquement fondée du Préfet du Rhône dans cette affaire d'expulsion. Monsieur KOUA est prié d'obtenir un visa de long séjour des autorités consulaires françaises en Côte d'Ivoire, après quoi il lui sera délivré sans aucune espèce de difficulté un titre de séjour étudiant pour qu'il puisse valider sa première année de BTS en informatique par le moyen d'un stage en entreprise. En d'autres termes, il lui est demandé de régulariser la situation, ce qu'il obtiendra avec la bénédiction des autorités françaises. La décision et l'exécution de l'expulsion ont été prises après que tous les recours administratifs, nombreux ont été épuisés. Il n'y a là rien de scandaleux. Une situation de non-droit ne peut créer des droits.
On peut s'étonner que Landry KOUA n'ait pas demandé le statut de réfugié politique puisque son père, opposant politique, a été assassiné. Or jamais il n'a fait valoir cette situation que l'on découvre aujourd'hui. Il est également tout à fait symptomatique de souligner que monsieur KOUA a été arrêté le 8 mai dans le métro lyonnais à la suite d'un contrôle de police. Il serait intéressant de savoir si ce contrôle était ou non consécutif à une fraude.
Situation complexe, donc, on le voit, et qui mérite beaucoup de doigté de traitement. Et bien malgré toutes ces précautions, ces recours juridiques, ces promesses, il se trouve encore des Professeurs, des lycéens par eux manipulés, et des grandes conscience de Réseau d'Education sans Frontières pour protester contre l'application de la Loi. On marche sur la tête. Les Français n'aiment pas la Loi dont ils pensent qu'elle est faite d'abord pour être tournée, en tout cas contestée.
Et voilà pourquoi, depuis janvier, les urgentistes, les cheminots, les lycéens, les étudiants en kinésithérapie, les enseignants, les marins pécheurs, les mareyeurs, les routiers, les lycéens, les agriculteurs, les fonctionnaires des administrations, les juges, les avocats, les chauffeurs de taxi, et j'en passe, ont manifesté, protesté, défilé, crié, chacun réclamant pour sa chapelle des avantages souvent léonins, refusant qu'on change quoi que ce soit à des situations ubuesques ou indéfendables. Moi ! moi ! moi d'abord ! Mon système est le seul qui vaille ! Mon système n'a pas été approuvé par les urnes ? Jetons sur leurs résultats la suspicion la plus ignoble, la plus injuste, abreuvons les gouvernants de procès d'intention, déployons notre mauvaise foi ! Il restera toujours quelque chose de nos critiques, de nos calomnies, de nos railleries.
Pauvre pays, pauvre peuple, qui ne se reconnaît pas dans la seule nouveauté acceptable qu'ait apporté à nos institutions la Révolution Française : la régulation des rapports sociaux par le moyen d'une Loi acceptée par tous, appliquée également à tous, et que seul le peuple (déclaré souverain !!!) peut changer par délégation de ses pouvoirs à un corps législatif élu.
Où allons nous ?

samedi 24 mai 2008

Esprit droit et esprit faux : Anquetil et Voltaire

ANQUETIL-DUPERRON est un savant français à qui l'Europe doit d'avoir découvert l'Avesta, le livre sacré des zoroastriens, et les deux langues, l'avestique et le pehlvi, dans lesquelles ce texte nous est parvenu. Fasciné par un document qu'il avait vu chez un orientaliste parisien, un calque des feuillets encore indéchiffrés du Vendidad d'Oxford, ANQUETIL, alors élève à l'École des Langues Orientales, décide de donner à sa patrie les livres de ZOROASTRE et leurs traductions. Encouragé par le savant abbé BARTHELEMY, et par le Comte de CAYLUS, ANQUETIL s'impatiente d'attendre la mission promise et les subsides afférents. Âgé de 21 ans, il embarque le 24 février 1755 à LORIENT, armé d'une Bible et d'un Montaigne. Il arrive aux Indes, à SURATE exactement, le 28 avril 1758 après des péripéties de toutes sortes. SURATE est une des patries des Parsis de l'Inde. Les Parsis, on s'en souvient sont les descendants des zoroastriens de Perse qui ont fui leur pays en raison des persécutions musulmanes, quelques siècles auparavant. Après avoir appris les langues sacrées de la bouche même de quelques Parsis fervents, collectionné de précieux manuscrits de l'Avesta, ANQUETIL embarque à SURATE le 15 mars 1761. Il va directement à OXFORD pour comparer ses manuscrits à celui du Vendidad de la Bibliothèque Bodléienne. De là il rentre à Paris le 15 mai 1762 ET LE LENDEMAIN DE SON ARRIVEE, IL DEPOSE A LA BIBLIOTHEQUE ROYALE 180 manuscrits en avestique, en pehlvi, en persan et en sanscrit. Vous entendez bien, le lendemain de son arrivée. En 1771, paraît sa traduction de l'Avesta. Elle a une énorme répercussion dans le monde savant.
Brocardé (dans un pamphlet écrit en français) avec esprit mais sans aucun recul critique par un obscur anglais du nom de JONES (alors qu'ANQUETIL avait dédié son travail aux François et aux Anglois), notre savant doit subir les coups les plus durs de la part de VOLTAIRE, vous savez, cet esprit qui se déclarait positif, ennemi de tous les systèmes (sic !) et faisait grande profession d'objectivité (resic !) : On ne peut lire deux pages de l'abominable fatras attribué à ce Zoroastre sans avoir pitié de la nature humaine. Nostradamus et le médecin des urines sont des gens raisonnables en comparaison de cet énergumène (Dictionnaire philosophique ; article Zoroastre). JONES, quant à lui, se couvrit de ridicule en acceptant l'authenticité du livre saint d'une secte théosophique, (rédigée dans une langue de pure convention), alors qu'il avait nié celle de l'Avesta, VOLTAIRE eut droit à un Boulevard, à un Lycée (j'y ai passé l'oral de la deuxième partie de bac en, allez, il y a assez longtemps...), et à une foule d'admirateurs empressés. Pensez-donc, VOLTAIRE ! Jusqu'au jour où des savants étrangers, allemands en l'occurrence, KLEUKER et TYCHSEN, prouvent de manière définitive et sur des fondements scientifiques, essentiellement philologiques, la bêtise de ces pauvres esprits forts. On célèbre toujours VOLTAIRE, on a oublié ANQUETIL.
Cette anecdote résume à elle toute seule l'esprit faux des Lumières. ANQUETIL est un homme droit, courageux, désintéressé, un homme de l'Ancien Régime ; VOLTAIRE est un écrivain de talent, instrumentalisé par la mode, sans réelle profondeur, qui annonce par son système toutes les horreurs engendrées au XIXe S. par les philosophies idéalistes. Il part de ses idées, et non point des faits. En un mot, c'est un esprit faux. Du reste, je vous invite à lire le dictionnaire philosophique ; vous y découvrirez par exemple l'antisémitisme forcené de celui qui chez nous passe pour un parangon de tolérance.
Je ne peux pas m'empêcher de rappeler ici ce logion évangélique : La lampe de ton corps c'est ton oeil. Lorsque ton oeil est sain, ton corps tout entier est aussi dans la lumière ; mais dès qu'il est malade, ton corps aussi est dans les ténèbres.
VOLTAIRE appartient bien à ce siècle qui porte si mal son nom : on devrait l'appeler le siècle de l'Enténèbrement. Et l'obscurité se fit sur la terre...

vendredi 23 mai 2008

Evasion fiscale

Plus de 850 contribuables français soumis à l'Impôt de Solidarité sur la Fortune ont choisi, en 2007, d'exporter leur richesse qui en Belgique, qui en Suisse, qui en Grande-Bretagne ou aux États-Unis. Au total, c'est plus de 2,5 milliards d'euros de capitaux qui sont placés ailleurs et vont enrichir les pays où ils ont été placés. Bien entendu, les socialistes, concepteurs de cette imbécillité qu'est l'ISF, poussent des cris d'orfraie en considérant l'ampleur du désastre. Mais ils pouvaient aisément le prévoir. A l'instigation du Président MITTERRAND, ils on voulu, soutenu, ou voté, selon les cas, et le Traité de Maastricht et les mesures qui accompagnaient la création de l'Union Européenne, incluant la libre circulation des capitaux, des personnes, et des marchandises. Ils sont donc mal venus de clamer leur indignation. Dans la civilisation marchande qu'est devenu la civilisation européenne, dans une Europe qui n'a pas voulu inscrire dans la constitution européenne, (à cause des Français, monsieur CHIRAC en tête, appuyé par monsieur JOSPIN), les origines chrétiennes de notre continent, il n'est pas possible de faire appel à la conscience, à la vraie fraternité, au partage, ni même au civisme. Il restait à nos apprentis-sorciers la possibilité de recourir à la loi : il m'apparaît impossible de se réclamer de sa patrie quand, par son comportement, on va contre les intérêts de cette dernière. J'aurais été législateur, j'aurais pris note de la liberté de déplacer sa fortune, et j'aurais inscrit dans la loi que le fait de la placer à l'étranger implique la perte automatique de la nationalité française. Nos socialistes ne l'ont pas fait. Un ressortissant américain vivant à l'étranger DOIT continuer de payer des impôts à son pays s'il veut rester américain. Je ne vois pas pourquoi nous ferions différemment en cette matière. Et l'homme étant ce qu'il est (il est toujours préférable, en politique, de ne point opposer frontalement la vertu à l'intérêt), j'aurais attaché des avantages substantiels au fait d'investir sa fortune dans la création de richesses sur le territoire national. Pourquoi les socialistes n'ont-ils pas pris ces mesures ? Pour une raison simple, me semble-t-il et qui tient à leur référence philosophique, qui est celle de la dialectique hégélienne de la thèse, antithèse, synthèse, propre à résoudre toutes les contradictions qui surgissent dans l'histoire. Ils pensaient sincèrement que leurs propres contradictions seraient résolues dans une (impossible) synthèse.
Toutefois, et c'est là le point faible de leur philosophie, pour se convaincre du bien fondé de leurs initiatives politique, ils se réclament - sans le savoir - de la bonne vieille logique aristotélicienne (principe d'identité, principe de non contradiction, par exemple) en l'appliquant non pas au tout de leurs perspectives politiques, mais à chacun de leurs projets. Ce sont des schizophrènes qui d'une part, pensent (et c'est là un bonne chose) et de l'autre font rentrer les faits et les initiatives politiques dans un cadre d'idées préconçues (et c'est là une mauvaise chose ; c'est le propre de l'idéologie).
Car voyez-vous, il y a une grande différence entre l'activité de penser, et celle de faire rentrer les faits dans un système d'idées.

jeudi 22 mai 2008

Lamentations sur les riches

Aucune considération politique, aucune considération psychologique ne peuvent déterminer l'homme charnel à pratiquer la vertu. Il faut des considérations spirituelles et mystiques pour que la chair de l'homme soit visitée. Comment, en effet, ne pas être bouleversé par ce que dit saint Jacques dans son épître (5, vv 1-6) : Ecoutez-moi, vous, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille vous accusera, elle dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé de l'argent, ALORS QUE NOUS SOMMES DANS LES DERNIERS TEMPS (c'est moi qui met des majuscules). Des travailleurs ont moissonné vos terres et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l'Univers.
Le contexte l'indique : ce n'est pas richesse en soi qui est condamnée, c'est la richesse obtenue par l'injustice. Ainsi, tout riche doit s'interroger sur l'origine de sa richesse, et ne pas hésiter à pratiquer le partage.
Il est intéressant de noter le commentaire de Jacques : alors que nous sommes dans les derniers temps. Dans un livre tout à fait passionnant, Arnaud-Aaron UPINSKY, mathématicien, philosophe et linguiste, analyse les caractéristiques des temps apocalyptiques, tels qu'elles ont été énoncées par Jésus (Marc, 13, 19 ; Matthieu, 24, 3). Aucun d'entre eux, à lui tout seul, ne suffit à en signer l'avènement. C'est leur survenue simultanée qui en signe l'inauguration. UPINSKY en distingue sept : (a) des signes annonciateurs comme les guerres, soulèvements, tremblements de terre, et par endroits, des pestes et des famines ; (b) l'annonce de l'Evangile à toutes les nations, qui est accomplie, notamment par les voyages des évêques de Rome dans tous les continents ; (c) la multiplication des faux prophètes que sont les scientifiques et leur orgueil démesurée, les idéologues et maîtres du soupçon, comme NIETZSCHE, FREUD et MARX, les gourous de sectes ésotériques ; (d) l'apostasie générale, marquée selon UPINSKY par la progression de l'ABSTRACTION, les statistiques de la fréquentation des églises, la contradiction épistémologique des clercs qui ont abandonné la philosophie réaliste au profit de la philosophie idéaliste ; (e) l'abomination dans les lieux saints, qui se manifeste, par exemple, par le scandale des prêtres pédophiles, ou se trouve dénoncée dans les messages de Fatima et de la Salette ; (f) la diaspora et le retour à Jérusalem, avec la proclamation de Jérusalem comme capitale éternelle de l'état d'Israël, et la fin des nations, manifestée entre autre par la mondialisation, la globalisation de l'économie, et l'émigration massive et clandestine ; (g) le culte du veau d'or, qui s'exprime dans le capitalisme financier, l'appétit de l'argent que tous, du plus petit au plus grand, nous manifestons, le plus scandaleux, étant l'appétit des riches, déjà repus d'argent, ne sachant même plus qu'en faire. Du reste, l'Apocalypse le dit (13, 17) : Personne ne peut plus acheter ou vendre, s'il n'est pas marqué de la marque de la bête, ou de son nom, ou du chiffre de son nom. UPINSKY remarque que la définition d'acheter et de vendre renvoie vraisemblablement à une monnaie. Je suis, personnellement, tenté d'y voir le dollar, monnaie de réserve dont la crise prévisible et certaine - personne n'en parle, mais tous les économistes la craignent - va entraîner une catastrophe économique épouvantable.
En vérité, notre civilisation marchande, matérialiste, est déjà condamnée. Pour développer cette conclusion, je reviendrai sur ce qu'a dit René GIRARD dans un de ses livres : "Quand ces choses apparaîtront".
(UPINSKY n'est pas un fou ou un illuminé. Il a été l'inspirateur, l'organisateur et le directeur du Symposium de ROME consacré au Linceul de Turin en 1993, et il a définitivement cloué le bec au Pr TITE, coordinateur du projet de datation du Linceul au Carbone 14. TITE sera contraint, du reste, à reconnaître qu'il n'a jamais prétendu que le Linceul était un faux. UPINSKY démontre que l'article publié dans la revue Nature, à l'instigation de TITE, aurait dû être refusé en raison du faible seuil de significativité des résultats de datation du Linceul, [5 %, contre 30 à 90 % pour les échantillons témoins, datés de manière certaine].)
Référence.
Arnaud-Aaron UPINSKY.
L'énigme du Linceul. La prophétie de l'an 2000.
Fayard, Paris, 1998.

mercredi 21 mai 2008

Droits de l'homme

Un très proche m'a prêté un petit opuscule dont je vous donnerai tout à l'heure la référence. Ouvrage collectif, il est fait d'articles scientifiques, philosophiques et bibliques. Je tire de l'un d'entre eux les réflexions que voici : Nous voulons les droits, mais nous rechignons devant les devoirs, en nous aidant de la psychanalyse interprétée à contresens. D'autre part, chacun, médias aidant, se persuade que ses droits sont aussi illimités que ses désirs. L'individualisme a lancé la formule : "j'ai droit à ". [Par exemple], j'ai droit à l'enfant parfait, selon la représentation que je m'en fais. Ainsi, nous nous assimilons à notre désir quel qu'il soit et à notre imaginaire même s'il est chimérique, et tout ce qui ne les satisfait pas est mauvais, donc rejeté. Nous ne prenons plus le temps de chercher plus loin que ces leurres, toujours changeants, toujours insatiables et inapaisés. Le moi disparaît dans ce mouvement incontrôlé, parce que le désir et l'imaginaire, qui sont en nous des forces précieuses, s'égarent quand ils courent dans n'importe quelle direction. Nous ne nous voyons plus, nous ne vivons plus avec nous et en nous-mêmes, parce que nous ne voyons plus l'autre, nous ne vivons plus réellement avec lui. Chacun, devenu un atome social, force le jeu du désir et de l'imaginaire parce que sa solitude lui fait peur le plus souvent.
In
L'animal et l'homme. A propos des xénogreffes. Colloque 18 et 19 octobre 2002. Centre Sèvres-Facultés Jésuites de Paris. Série Philosophie/Éthique, n°126.
Janine CHANTEUR. Peut-on parler d'un propre de l'homme ? (pp 73-80).
Médiasèvres, sans mention de lieu, 2003.
A mon avis, la crise que traverse l'humanité - crise qui annonce l'entrée dans des temps apocalyptiques qui peuvent durer très longtemps - résulte d'une mésinterprétation de la déclaration des Droits de l'homme, proclamée par l'Assemblée Constituante, le 26 août 1789. Cette mésinterprétation était inscrite dans la formulation même de ces droits, qui sont ceux de l'individu (atome social) plus que ceux de la personne (sujet social), sans aucune contrepartie dans l'ordre des devoirs. Contrairement à une idée très enfantine, ma liberté ne s'arrête pas où commence celle des autres. Prendre ainsi les choses, c'est reconnaître à l'individu une totale liberté de moeurs et de comportement dans la sphère privée, tant qu'ils ne lèsent pas VISIBLEMENT les intérêts d'autrui. Mais ce que les chrétiens appellent la Communion des Saints implique aussi une Communion de Pécheurs. Quand un homme chute, toute l'humanité chute avec lui; quand il grandit, toute l'humanité grandit avec lui. La Déclaration des Droits de l'homme ne prend pas en compte explicitement cette fraternité-solidarité ontologique des êtres humains.
A mon avis toujours, la crise que traverse notre pays est une exacerbation de la crise qui frappe l'humanité entière. Berceau de la Déclaration des Droits de l'homme, il semble en être aujourd'hui le tombeau. Chaque catégorie socio-professionnelle exige, réclame, manifeste, est en lutte avec les autres. Les cheminots, avec leur grève d'aujourd'hui semble nous dire : "périssent les comptes-sociaux, disparaissent les retraites des moins bien lotis que nous, s'affaiblisse la France, augmente le chomage, pourvu que nous gardions les avantages acquis". Curieux pour des syndiqués dont les chefs n'ont à la bouche que les mots de solidarité, de social, voire de socialisme. Nous voici, en France, proche de la réalisation de la lutte de tous contre tous, prédite par HOBBES, proche de la mère de toutes les violences.

mardi 20 mai 2008

Croissance en hausse

Un Maréchal de France, JOFFRE, disait : "Je ne sais pas qui a gagné la bataille de la Marne, mais je sais bien qui l'aurait perdue".
Ainsi en va-t-il de la croissance. Un sondage publié avec délectation par France-Info nous apprend que les Français ne portent pas au crédit du gouvernement la hausse imprévue du taux de croissance. Les mêmes médias n'eûssent pas hésité à titrer sur l'échec du gouvernement, au cas où la croissance n'eût point été au rendez-vous. Ils sont tellement aveuglés par la haine et l'idéologie qu'ils ne sont même pas capables de prendre du recul face à cette information. Cette opinion sceptique, c'est eux qui l'ont distillée dans le public, à coups de critiques infondées, d'approximations douteuses, d'insinuations, de calomnies, de railleries. Ils pouvaient, et cela était conforme à la vérité et à une saine interprétation des faits, expliquer que ce sondage exprimait un doute sur l'efficacité des mesures gouvernementales. Pas du tout. Leur titre est le suivant :

Croissance revue en hausse: le gouvernement n'y est pour rien (sondage).
C'est tout simplement honteux. Je suis étonné de voir qu'aucune voix de la majorité n'est là pour critiquer cette présentation et rappeler la boutade de JOFFRE. Quand ça va bien, la majorité n'y est pour rien. Quand ça va mal, c'est de sa faute. Reportons nous au temps du Président MITTERRAND. Rétrospectivement, on ne peut pas dire que, sous son principat, l'économie ait été florissante (bourse mise à part, qui - comme toujours sous la gauche - a fait un bond spectaculaire). On a vu alors le chômage exploser, le nombre de pauvres grimper comme jamais. Lequel de ces médias a jamais mis en cause la calamiteuse politique de ces apprentis sorciers ? Le jour de l'élection de monsieur MITTERRAND, je me trouvais dans le bureau de vote d'un village alsacien. La foule exultait. Enfin, on allait voir ce que l'on allait voir. J'ai alors dit qu'avant un an le dollar serait au-dessus des 8,00 francs, et que le nombre des chômeurs augmenterait considérablement. Un an après, c'était bien le cas et l'un des assesseurs du bureau, que je revoyais alors me dit tristement "vous aviez raison". Il ne fallait pas sortir de polytechnique pour faire cette fausse prophétie.
Monsieur Jean-François KAHN n'a pas la hauteur de vue et l'intelligence de son frère Axel, que j'ai l'honneur d'un peu connaître. Il titre dans son journal Marianne : "Putain ! Encore quatre ans !". Rare élégance de style, élévation de la pensée, pertinence de l'analyse ! Il faut vraiment que Jean-François KAHN se fasse psychanalyser. Que lui a-ton refusé, du côté du pouvoir, pour qu'il épanche hebdomadairement sa bile dans les colonnes de sa revue ? Quelle explication donner à cette haine recuite qui ne produit aucune analyse, ne fait aucune proposition, et donne raison à ce fou de NIETZSCHE lequel mettait au coeur de sa philosophie le ressentiment des médiocres et des incapables, et la volonté de puissance des êtres supérieurs ?

lundi 19 mai 2008

Oui, la grenouille est cuite

Deux collégiens des Yvelines, âgés respectivement de 11 et 12 ans, ont été mis en examen pour avoir violé la soeur de l'un d'eux, âgée, elle, de 10 ans. Ils ont en outre filmé la scène sur leur portable et ont fait circuler la vidéo dans leur collège. Il convient aussi de préciser qu'ils sont de familles relativement aisées, qu'ils comptaient regarder un film pornographique en profitant de l'absence des parents. Ils ont du reste reproduit des scènes qu'ils venaient de voir dans ce film ou un film de ce type.
Une source judiciaire estime "qu'il est évident que nous ne faisons pas face à des pervers : il s’agit d’un dérapage de gamins, d’un problème d’éducation dans un milieu pourtant aisé".
Ces informations en disent long sur l'état de notre civilisation. Que des parents achètent, regardent et laissent traîner des films pornographiques est l'indice d'un effroyable aveuglement de leur part. Mal être dans leur sexualité, certes, inconscience de l'esclavage dans lequel ils sont réduits en soutenant cette si belle fonction humaine par ces monstrueuses béquilles virtuelles, encore bien davantage. Que des préadolescents, qui ont largement dépassé l'âge de raison, en viennent à commettre ces actes de barbarie (les communiqués ne donnent pas de détails sur ce point ; ils ont raison. Ils parlent des "bourreaux" et de leur petite victime) indique qu'ils n'ont reçu aucune formation morale, pas la moindre idée de ce qui la fonde et qui peut se résumer, indépendamment de toute connotation religieuse, à l'obligation de ne point faire à autrui ce que l'on ne voudrait pas qu'il nous fasse. Bien plus horrible encore, le frère de la fillette a participé à ce forfait. Et enfin, qu'un juge classe dans "les dérapages de gamins" de tels crimes, montre à l'évidence la démission de ceux qui sont chargés de faire appliquer la loi dans une perspective de prévention et de pédagogie. Une telle opinion est un jugement a priori : on ne punit pas des "dérapages de gamins", n'est-ce pas ? On peut prévoir qu'il y aura de l'indulgence dans l'air. Pourquoi se gêneraient-ils ces "gamins". Ils ont dérapé. Bien entendu, il ne faut jamais enfermer un être humain dans un acte ou dans une parole. Mais il n'est quand même pas question de lui ôter sa dignité en le dépouillant de la responsabilité de ses actes.
Comment porter remède à une telle décadence ? Il n'y a pas beaucoup de solutions politiques. Il faudrait déjà reconsidérer tout le système économique fou dans lequel nous vivons, qui fait argent de tout, et exploite sans pudeur, sans vergogne, sans regrets, sans honte, ce qu'il y a d'animal en l'homme, condamner fermement les producteurs de films pornographiques, exercer dans ce domaine un strict contrôle d'internet. Car la liberté invoquée par les belles âmes pour ne point là sévir n'est qu'un prétexte pour faire de l'argent, étendre sa puissance, et se déculpabiliser de ses propres turpitudes. Ce n'est pas les turpitudes qui sont honteuses ; ce qui est honteux c'est de ne les point reconnaître, et même de les canoniser.
Ce que nous n'aurions pas accepté il y a quarante ans, nous n'y réagissons même plus. La grenouille, décidément, est cuite. Ceux qui scandalisent les petits, il vaudrait mieux pour eux qu'ils ne fussent jamais nés ! Voilà pourquoi je pense que nous sommes rentrés dans des temps apocalyptiques. Nul ne peut prévoir combien dureront ces temps. Ce qui est certain, c'est que nous y sommes. J'y reviendrai.

jeudi 15 mai 2008

La grenouille cuite

Juste avant de partir, ce petit apologue que m'a transmis hier un ami :

SOMMES NOUS DÉJA A MOITIE "CUITS" ? d'Olivier Clerc

Olivier Clerc, écrivain et philosophe, a envoyé un petit conte d'une grande richesse d'enseignement.

Il s'agit du principe de la grenouille chauffée.

"Imaginez une marmite remplie d'eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l'eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue à nager.
La température continue à grimper. L'eau est maintenant chaude. C'est un peu plus que n'apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s'affole pas pour autant.
L'eau est cette fois vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle s'est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien.
La température continue à monter jusqu'au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir.
Si la même grenouille avait été plongée directement dans l'eau à 50°, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l'aurait éjectée aussitôt de la marmite.

Cette expérience montre que, lorsqu'un changement s'effectue d'une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte."Si nous regardons ce qui se passe dans notre société depuis quelques décennies, nous subissons une lente dérive à laquelle nous nous habituons. Des tas de choses qui nous auraient horrifiés il y a 20, 30 ou 40 ans, ont été peu à peu banalisées, édulcorées, et nous dérangent mollement à ce jour, ou laissent carrément indifférents la plupart des gens.
AU NOM DU PROGRÈS et de la science, les pires atteintes aux libertés individuelles, à la dignité du vivant, à l'intégrité de la nature, à la beauté et au bonheur de vivre, s'effectuent lentement et inexorablement avec la complicité constante des victimes, ignorantes ou démunies. Les noirs tableaux annoncés pour l'avenir, au lieu de susciter des réactions et des mesures préventives, ne font que préparer psychologiquement le peuple à accepter des conditions de vie décadentes, voire DRAMATIQUES. Le GAVAGE PERMANENT d'informations de la part des médias sature les cerveaux qui n'arrivent plus à faire la part des choses...
Lorsque j'ai annoncé ces choses pour la première fois, c'était pour demain.

Là, C'EST POUR AUJOURD'HUI.

Alors si vous n'êtes pas, comme la grenouille, déjà à moitié cuits, donnez le coup de patte salutaire avant qu'il ne soit trop tard."

Je n'ai plus le temps de commenter aujourd'hui. Je le ferai en rentrant.

mercredi 14 mai 2008

OGM

Le gouvernement vient de subir un revers important au parlement. La motion de procédure déposée par un député communiste pour décider de ne pas examiner le texte réglementant l'usage des organismes génétiquement modifiés (OGM) a été adoptée par 136 voix contre 135. Plusieurs remarques. Les lobbies qui avaient tenté d'influencer la représentation parlementaire pour adoucir le texte sont les grands vainqueurs de ce combat parlementaire. Les choses pourront continuer d'aller comme par devant, dans l'opacité la plus totale. Bien sûr, la constitution donne au gouvernement la possibilité de réunir une commission mixte paritaire, et le texte finira par passer. Mais on dira qu'il est passé en force. Les parlementaires qui ont voté la motion de procédure sont des irresponsables ; leur seul objectif, et ils l'ont atteint, était d'affaiblir le gouvernement, nullement de réglementer l'usage des OGM. Le texte présenté n'est pas parfait, loin s'en faut, mais il marque un réel progrès, et l'opposition ne peut pas dire que l'on a négligé son avis puisque que des amendements par elle présentés ont été votés à une large majorité.
Il y a ensuite l'aspect scientifique. Je m'apprête avec des chercheurs de la BioValley Area, à publier une BioValley Monographs (la N°3 ; série publiée par KARGER à Bâle) consacrée aux OGM. Je me sens le droit de dire que, sans être spécialiste de la question, j'ai un avis plus éclairé que la moyenne des parlementaires. Je constate tout d'abord que la nature a pris grand soin à élever des barrières génétiques entre les espèces vivantes. Il doit y avoir des raisons. Je constate aussi que lorsque des croisements entre espèces apparentées sont fertiles, leurs produits sont stériles ; ainsi en va-t-il du mulet (croisement d'âne et de cheval) ou du tigron (croisement le lion et de tigre) ; ces exemples valent aussi pour le monde végétal, le seul, à vrai dire, qui semble intéresser les adversaires des OGM. Il me semble donc que, si l'on accepte la théorie de l'évolution, la stérilité des hybrides est "voulue" par la nature, pour des raisons d'équilibre écologique (?), pour maintenir la biodiversité (?), ou plus vraisemblablement pour ne pas introduire dans le génome des hybrides une instabilité génétique propice à la survenue de très fréquentes mutations dont nul ne peut prévoir le devenir. Sur ce dernier point, il faut s'expliquer ; contrairement à ce que l'opinion ordinaire croit, la séquence des nucléotides d'un génome n'est pas aléatoire. Si à la position 10, il y a tel nucléotide, à la position 20, la chance d'avoir l'un des quatre nucléotides constitutifs de l'ADN n'est pas de 25% ; elle est dissymétrique et laisse apparaître une plus grande chance d'y voir placé un nucléotide non quelconque. Là encore, il doit y avoir des raisons. Ainsi, les chimères que sont les OGM introduisent incontestablement un désordre génétique aux conséquences imprévisibles. C'est donc avec une grande prudence qu'il faut avancer dans ce domaine.
L'aspect économique est sans doute un facteur déterminant dans la prise de décision des responsables. De tout temps, l'homme a procédé à la sélection des meilleures variétés de plantes, ou d'animaux domestiques. Il est donc légitime d'imaginer la création d'espèces animales ou végétales adaptées à la sécheresse, ou au sel, résistantes aux parasites, etc. On constate que les semenciers ont cherché à créer des espèces de type OGM stériles et génétiquement chimériques. Il y a là une double immoralité. La première consiste à rendre captifs des leurs produits sophistiqués les agriculteurs qui ne peuvent stocker une partie de leur récolte pour de futures semailles. C'est une nouvelle forme d'esclavage. La seconde consiste à bouleverser, comme des apprentis sorciers, le patrimoine génétique des êtres vivants par la création de chimères. Il faut aller doucement en ce domaine.
L'aspect moral enfin n'est pas négligeable : on parle des semences OGM. On accepte fort bien la production d'insuline par des bactéries génétiquement modifiées (Escherichia coli), et l'on se trouvera un jour très heureux de pouvoir dépolluer les sols de leurs métaux lourds par la dispersion de bactéries porteuses de gênes de détoxification (du mercure par exemple). Il n'y a pas d'objections majeures. Mais savez-vous que des chercheurs anglais et australiens ont reçu l'autorisation de procéder à des fécondations d'oocytes animaux par des spermatozoïdes humains ? Je n'ai point entendu monsieur BOVE élever de grandes protestations à la perspective de cette folie venue d'esprits humains qui veulent se faire Dieu. Mais il s'agit bien là de fabriquer des chimères, des monstres mêmes. Docteur FOLAMOUR pas mort !
Je résume : la prudence est de mise. La loi, très stricte, encadrait l'usage des OGM. Elle laissait ouverte la possibilité de faire des recherches sur les OGM, dans des conditions strictement réglementées, elle interdisait l'usage du seul OGM (une semence créée par MONSANTO) encore autorisé. Tout cela est foutu par terre par la volonté de furieux qui se moquent comme de leur première chemise du retard que notre pays pendrait en laissant à d'autres le soin de développer des OGM dont l'innocuité serait scientifiquement prouvée. L'esclavage serait au bout de ce renoncement. On peut du reste se demander ce qu'aurait dit l'actuelle opposition de la radioactivité si elle avait été au pouvoir quand ce phénomène fut découvert. Or l'opposition de gauche a annexé les principaux découvreurs de la radioactivité et de ses applications : Pierre et Marie CURIE. C'était une bonne radioactivité, une radioactivité de gauche. Allez, la messe est dite. Reprise du Blog, lundi prochain.

mardi 13 mai 2008

L'inoubliable testament de Marie-Antoinette

La foule se presse au Grand Palais pour visiter l'exposition consacrée à Marie-Antoinette. Que n'a-t-on pas dit dans les livres d'histoire concoctés par la République sur cette pauvre femme dont les derniers instants, par une grandeur que la vile populace est incapable de saisir, ont racheté les moments passés de frivolité et d'insouciance ? On ne dit dans ces livres que des choses fausses ou controuvées, quand elles accablent la reine, et l'on tait tout ce qui en elle fut grand, admirable, supérieur, aristocratique au bon sens du terme. L'un des meilleurs livres à elle consacrée, sans doute le plus complet et le plus objectif, est celui de Stephan ZWEIG ; l'ouvrage ne porte comme titre que le prénom de cette statue de la souffrance : Marie-Antoinette.
Stephan ZWEIG, en dépit des doutes qu'un journaliste du Figaro, monsieur de WARESQUIEL, jette, dans la livraison de samedi dernier, sur l'authenticité du testament de Marie-Antoinette, montre que le document est bien de la main de la reine et qu'il a été inexplicablement soustrait aux archives. Le geôlier BAULT a eu assez de courage pour fournir à la condamnée du papier et une plume, il en a manqué quand il a fallu transmettre le testament à qui il devait revenir, madame Elisabeth, la belle-soeur de Marie-Antoinette. Il se borne donc à remettre le document au sinistre FOUQUIER-TINVILLE, qui y apposera sa signature ; le monstre froid, l'accusateur public, ira à la guillotine deux ans plus tard. Le testament semble avoir disparu, mais pas pour tout le monde. COURTOIS, un obscur député, un nul parmi les nuls, a reçu l'ordre de la Convention de trier les papiers de ROBESPIERRE qui vient d'être arrêté et condamné. Sabotier de son état, COURTOIS, une âme vile, voit tout l'intérêt qu'il y a à connaître de ces papiers, et à les conserver. Il le fait et tient ainsi en lisière des dizaines de collègues compromis pendant la Terreur. Il a puisé sans vergogne dans les papiers du Tribunal Révolutionnaire, et est tombé sur le testament. Vingt ans plus tard, lors de la Restauration, pour faire oublier qu'il fut un complice des régicides, il offre à Louis XVIII le message de Marie-Antoinette qu'il prétend avoir sauvé du désastre. L'ignoble sera quand même exilé. C'est bien là tout ce qu'il mérite.
Que dit-elle dans ce testament ? Ceci, qui mérite bien notre respect :
Que mon fils n'oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : qu'il ne cherche jamais à venger notre mort.
Le pauvre enfant, l'eût-il voulu, n'en aurait pas eu l'occasion. On l'a laissé mourir de maladie dans sa prison. Il n'avait que huit ans quand sa mère a été exécutée. La reine poursuit :
J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon coeur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine. Pardonnez-lui, ma chère soeur ; pensez à l'âge qu'il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas. Un jour viendra, j'espère, où il sentira tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. [...] Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma soeur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu leur causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis adieu à mes tantes et à tous mes frères et soeurs. J'avais des amis ; l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant ; qu'ils sachent du moins que jusqu'à mon dernier moment j'ai pensé à eux.
Sont-ce là des sentiments de vengeance, de résignation, de révolte ? Aucunement. La grandeur d'âme de cette femme a terrassé l'infâme HEBERT qui avait fait témoigner le petit Louis XVII contre sa mère, dans une invraisemblable accusation. ROBESPIERRE, furieux, traitera HEBERT d'imbécile, quand il apprendra ce que cette ordure a osé faire.
Peut-être ai-je tort. Je me répète, sans doute. Je ne peux pas adhérer à un régime qui se légitime dans cette violence, dans cette vomissure populaire, dans cette lie, cette boue. Je crois tout à fait que la démocratie est la meilleure forme de gouvernement. Mais je conteste radicalement que nous vivions en démocratie : celle-ci, pour être vivante et vraie, suppose la vérité, le recul, le regret des iniquités qu'elle aurait pu commettre dans le passé. Le peuple allemand a su le faire et a purgé sa mémoire collective des atrocités nazies. Les atrocités révolutionnaires, ou nous les taisons, ou nous les exaltons, ou nous les justifions. Nous ne les regrettons pas. Hélas ! Non possum ! Non possum ! Je ne peux pas ! Je ne peux pas !

lundi 12 mai 2008

Aux "élites"

Un week-end ensoleillé, marqué, pour ce qui me concerne par des randonnées pédestres dans les coteaux du Sancerrois, en compagnie d'amis très chers. Tous les marcheurs savent que la marche est un exercice propice à l'échange. Nous discutions donc, B... et moi, de l'état de notre patrie. B... est polytechnicien. Il a occupé de très importantes fonctions dans un groupe français installé dans le monde entier. Homme d'une rare droiture, il a quitté son emploi pour ne pas avoir à couvrir des pratiques qu'il réprouvait en raison de leur immoralité. Et nous parlions de ce que la presse appelle "les élites", pour constater que celles-ci sont devenues folles. Stock-options, indemnités de licenciement pharaoniques, avantages en nature, étalage du luxe dans les toilettes, ou dans les vacances, puissance et domination sans limites ni freins... Bref, une concentration de corruption morale. Tandis qu'à côté, je devrais dire ailleurs, des hommes et des femmes ont aujourd'hui du mal à boucler leur fin de mois, bien qu'ils travaillent dur et assument totalement leurs responsabilités de pères et mères de famille.
Si la France va mal, c'est, selon nous, parce que les "élites", loin de donner l'exemple du dévouement et de la vertu dans la mauvaise passe où elle se trouve, étalent sans vergogne une richesse qui n'a aucune contrepartie dans le service qu'elles rendent au pays. Il est normal que des génies littéraires, artistiques, commerciaux, managériaux, ou des hommes de talents de toutes sortes, vivent mieux que des hommes de moindres envergures, les plus nombreux, en raison des services qu'ils rendent au pays. Mais à ces privilèges liés à des inégalités (quelquefois naturelles, quelquefois non) sont normalement attachées des missions et des responsabilités sociales.
Mon cher Gustave le dit merveilleusement bien : L'inégalité des rangs et des privilèges devient factice et injuste dans la mesure où elles ne répond plus à l'inégalité des missions, des charges et des responsabilités. Un roi qui 'laisse tomber' son peuple en songeant qu'il reste à l'étranger des palaces et des casinos où la vie est douce est un mauvais roi ; un riche qui ne rachète pas sa fortune soit par ses entreprises et ses bienfaits, soit par cette distinction et ce luxe des sentiments que favorise parfois l'oisiveté matérielle, est un mauvais riche.
Les 'élites' ne peuvent justifier leur existence que par l'assomption des risques et les responsabilités inhérentes à leur état, et par une conscience aiguë de leurs responsabilités sociales.
Je rêve d'un mouvement des 'élites' retraitées qui accepteraient volontairement d'amputer leur retraite de 5 % (infime réduction) pour assainir la situation des caisses de retraites, ou d'un mouvement des 'élites' en activité qui déclareraient refuser catégoriquement d'autres rémunération que leur salaire ou leur traitement, justement évalués en fonction des risques et des responsabilités qu'ils prennent dans l'entreprise ou dans la société, d'un mouvement des 'élites' qui refuseraient de jouer le jeu des apparences si bien rapportées dans les journaux people (ah ! les marches de Cannes !), et qui afficheraient publiquement sa solidarité (là, le mot prend tout son sens) avec les hommes et les femmes dont l'avenir dépend d'eux. Je rêve...
Pour ce qui est de la diminution des retraites, je suis déjà, à titre personnel, volontaire. (J'ai fait partie de ces 'élites' de par ma fonction universitaire. Ne voyez donc là aucune espèce d'orgueil, mais un constat de fait. Les professeurs des Universités ont des traitements et des retraites tout à fait convenables.)
Nous serons jugé, n'en doutons pas ; au Jour du Jugement, il nous sera demandé si nous avons aimé. Je voudrais pouvoir dire "Oui, j'ai aimé tous mes frères en humanité".

mercredi 7 mai 2008

Avant de partir en vacances

Un dernier billet avant de partir pour quelques jours en vacances. Ce sera pour livrer à votre réflexion quelques aphorismes de Gustave THIBON. J'ai dit dans mon profil que c'est un auteur qui m'est bien cher. Pourquoi ne vous ferais-je point partager mes trouvailles, je vous le demande ?
C'est un symptôme très grave de décadence que d'entendre parler du 'conflit de la morale et de la vie'. De telles contradiction ne sont pas naturelles : elles n'existent pas sur le plan de la santé, ou du moins, elles n'y présentent pas ce caractère réfléchi et doctrinal qu'elles revêtent aujourd'hui. Le conflit n'est pas entre la vraie morale et la vraie vie : nos révolutionnaires attaquent une caricature de la morale au nom d'une caricature de la vie (les instincts d'un homme sain ne s'amusent pas à médire de la morale : ou bien ils lui obéissent ou bien ils la violent sans plus d'embarras. L'instinct qui discute avec la morale est un instinct impuissant et corrompu).
La fièvre égalitaire est un des maux les plus profonds et les plus graves de notre époque. Avouée ou déguisée, elle perturbe, dans tous les domaines, l'équilibre de l'humanité. Elle fait se heurter entre eux, dans une compétition sans issue, les individus, les classes sociales et les nations. A la limite, chacun en arrive à trouver insupportable de n'être pas l'égal de n'importe qui, en n'importe quoi. Un aventurier aspire au pouvoir suprême, le 'prolétariat' veut balayer les classes dominantes, les peuples 'pauvres et dynamiques' se sentent tous les droits à l'égard de leurs voisins riches. Evidemment, on a inventé, pour justifier cette maladie honteuses, des vocables pleins de grandeur : le pauvre attaque le riche au nom du 'droit à l'existence', le taré physiologique qui veut se marier au mépris de tout devoir social excipe de 'droit à l'amour', et les nations conquérantes agitent la doctrine de 'l'espace vital'. Mais tous ces grands mots ne servent qu'à rendre plus répugnante l'égoïste réalité qu'ils recouvrent. (Gustave THIBON précisera dans ce chapitre la différence qu'il y a entre égalitarisme, inégalité naturelle, inégalité artificielle, et il fera la très juste observation que voici. Le peuple français possède en effet à un degré unique, le double sens de l'égalité et de l'inégalité. Aucun autre n'est aussi individualiste, aussi rebelle à l'esprit grégaire : c'est en France qu'on observe dans l'ordre des fonctions et des préséances sociales, les inégalités les plus nombreuses et les plus subtiles. Nous sommes le peuple qui présente le maximum de 'distinction', (au double sens du mot) et, par conséquent, le minimum d'égalité. Mais nous sommes le peuple où la conscience de l'égalité profonde entre les hommes s'est affirmée, saine, avec le plus de justice, et a causé, corrompue, les plus grands ravages.
Et enfin ceci, La guérison de l'humanité exige une science totale et un amour total de l'humanité.
A l'aide de quelques exemples pris dans notre histoire nationale, je vous illustrerai dans mon prochain billet la vérité profonde de ces paroles prophétiques, prononcées à la fin des années 1930 !

Service minimum

Monsieur Xavier DARCOS a raison de poursuivre l'expérience du service minimum d'accueil (SMA) des enfants scolarisés, lorsque les enseignants font grève. Il est tout à fait instructif d'entendre les raisons pour lesquelles l'opposition et les syndicats d'enseignants fustigent avec une rare véhémence cette mesure incitative et non point coercitive, laquelle consiste à faire accueillir les écoliers par des fonctionnaires municipaux, rétribués pour l'occasion avec les retenues sur salaire des grévistes.
Les raisons ? Elles sont lumineuses. Accueillir les enfants, c'est jouer les briseurs de grèves. Ainsi monsieur MOINDROT déclare d'abord que ce service minimum est un mode de garderie. Il invoque des problèmes de sécurité et déclare : Les agents territoriaux n'ont pas forcément les qualifications requises. Il faut aussi des équipements adaptés. A ce point du raisonnement, on constate que l'opposition de monsieur Gilles MOINDROT est une opposition de forme et non de fond. On peut en effet envisager que des municipalités forment quelques uns de leurs agents à cette fonction d'accueil et fassent aménager adéquatement des locaux. Monsieur MOINDROT lèverait-il alors cette objection ?
Continuons l'examen des critiques de cet éminent syndicaliste du SNUipp, et voyons comment fonctionne un esprit formé à la dialectique. Dans le deuxième volet de son argumentation, il affirme que C'est à l'Education Nationale de résoudre ses problèmes. Mais le même, en tout cas je le suppose, n'hésiterait pas à faire appel à la solidarité des fonctionnaires et des salariés pour faire triompher ses idées. Quand il y a des grandes manifestations unitaires de fonctionnaires (et nous en avons connu cette année), ira-t-il dire que c'est à la SNCF de résoudre ses problèmes et que lui s'occupe des problèmes de so n ressort ? Que non, il ira Place de la République, chaussé idoinement pour arpenter de longues heures le trajet qui conduit à la Place de la Nation et proclamer bien haut l'identité des difficultés que rencontrent ses frères de misère.
Enfin, et c'est en réalité la pointe de son argumentation, le SMA dit-il, s'en prend au droit de grève des enseignants. Monsieur MOINDROT suppose donc que, correctement mis en place, le SMA annulerait ou diminuerait fortement la gène engendrée par la grève auprès des familles, et par conséquent, ou bien il lie l'efficacité de cette dernière à l'ampleur des difficultés qu'elle suscite pour les parents des enfants scolarisés, ou bien, faisant peser sur eux des contraintes souvent insupportables, il espère que leur exaspération les amènera à les soutenir pour s'en libérer.
De son côté, monsieur DELANOE, par la bouche de son adjoint aux affaires sociales, monsieur Pascal CHERKI, a réagi : "Il n'y a pas de raison que des fonctionnaires municipaux brisent un mouvement de grève de fonctionnaires nationaux". Il s'agit là d'une formule vide de sens, qui ne donne aucune des raisons pour lesquelles des fonctionnaires municipaux, payés avec les deniers des contribuables locaux, ne devraient pas en alléger les peines et les travaux. Monsieur DURON, le nouveau maire de CAEN, interrogé par des journalistes de télévision, déclare qu'il ne renouvellera pas l'expérience du SMA qu'avait tentée son prédécesseur à la mairie. Aucune autre raison que politique ne vient éclairer sa très pauvre intervention.
Nous voilà donc au terme du parcours, celui qu'avait prévu HOBBES, la lutte de tous contre tous.
Fort heureusement, il y a des esprits un peu moins idéologues, qui, comme le Bonhomme Chrysale vivent de bonne soupe et non de beau langage. Madame Cathy SOULES, secrétaire générale de la PEEP dit avec bon sens qu'il ne faut pas pénaliser les familles qui n'ont pas les moyens de payer une nounou. Elle ajoute : on amalgame le fait de proposer une solution aux familles avec celui d'être contre la grève ! Or ça n'a rien à voir. C'est dommage de politiser ce qui pourrait être une vraie aide aux familles. Elles s'en fichent, elles, que le ministre soit UMP ou PS ! Avec un bon sens malicieux, elle indique que beaucoup de communes ont des centres de loisirs et des animateurs qualifiés. Elles peuvent les ouvrir les jours de grève. C'est vrai, ça représente un surcoût. Mais c'est aux communes de gérer leurs budgets selon leurs priorités. Les fédérations de parents d'élèves, toutefois, ne sont pas toutes sur la même longueur d'onde. Monsieur Jean-Jacques HAZAN, secrétaire général de FCPE, connue pour soutenir la gauche, proclame avec une rare élégance de vocabulaire que Monsieur DARCOS [...] essaye de faire passer la pilule avec une simple garderie. Quelle différence d'avec le ton de madame SOULES. Pour celle-ci, un esprit concret et pratique, pour celui-là un esprit de système déconnecté des réalités.
La vérité, me semble-t-il, est que les français ont perdu le sens de l'utilité sociale de leur travail. Ils ne voient plus dans celui-ci qu'un moyen de gagner leur vie pour profiter au maximum des plaisirs et des facilités de notre civilisation technique. Mais cette poursuite du bonheur matériel que promeut avec acharnement l'esprit de gauche finit par vider de sens leur existence, accroît leur frustration, et suscite la violence. Nous n'avons pas fini de payer notre mépris de la vertu et des qualités supérieures.

mardi 6 mai 2008

Enfin lucide ?

Dans une interview accordée à Direct matin, Manuel VALLS, député-maire d'EVRY, secoue courageusement le cocotier : Le mot 'socialiste' ne veut plus dire grand-chose ose-t-il dire. Passons sur les quelques erreurs historiques dans ses réponses à la première question. Il prétend que les conquêtes sociales réalisées par le mouvement ouvrier l'ont été quand la gauche a gouverné. J'ai déjà eu l'occasion de dire (a) que c'est la loi LE CHAPELIER, votée à la Révolution, qui en supprimant les corporations a jeté les salariés dans l'esclavage des grands bourgeois enrichis par l'accaparement des biens nationaux (regardez mes billets) - il a fallu attendre la fin du XIXe siècle pour voir le droit de grève rétabli et les syndicats autorisés ; (b) que les principales conquêtes sociales (abolies à la Révolution, alors qu'elles avaient été établies ici et là par les évêques dans leurs diocèses) (voir mes billets) ont été rétablis en partie à l'initiative de quelques aristocrates catholiques (voir mes billets). Je mets monsieur VALLS au défi de me prouver le contraire. Les gouvernements de gauche ont rajouté à ces conquêtes, c'est indéniable, et personne ne conteste que ce fut des conquêtes. Mais avec le secours de Gustave THIBON, nous verrons qu'elles ne peuvent pas atténuer l'abaissement du travail imputable à la mécanisation et à la massification des centres de production. Le problème est ailleurs, et il est spirituel.
Mais les réponses de monsieur VALLS aux deuxième et troisième questions me semblent marquées au coin du bon sens, et témoignent d'une belle capacité d'analyse politique : Une partie de la gauche cultive une nostalgie pour des utopies qui sont en partie défuntes. Mais je crois à une réconciliation de la gauche avec le libéralisme politique, qui conjugue à la fois solidarité et responsabilité individuelle. Nous devons accepter le fait que nous vivons dans une économie de marché. Le véritable enjeu, c'est les règles qu'il faut imposer pour réguler ce marché et un capitalisme financier devenu fou. Mais le socialisme comme alternative au capitalisme, c'est dépassé.
Et encore ceci :
En 2015, 2 millions de Français auront plus de 85 ans. Dès 2020, il manquera 25 milliards d'euros pour assurer le financement des retraites. Il faudra mobiliser les ressources financières collectives pour la dépendance. Je crois donc inéluctable un allongement de la durée de cotisation. Mais pour rendre cela juste, il faut régler la question de l'emploi des seniors, s'attaquer à la pénibilité du travail et aux écarts d'espérance de vie entre catégories sociales et mettre le produit du capitalisme - comme les stock-options - à contribution.
Et bien je vais vous étonner. Non seulement monsieur VALLS a une bonne tête, mais il a une tête bien faite. Il part des faits et non pas des idées (il utilise du reste le mot "fait" et parle "d'utopies"). Il a donc le profil d'un homme d'état. Et sur tout ce qu'il a dit, je suis entièrement d'accord. Si les socialistes ont la sagesse de partager ses analyses, et s'ils ne combattent pas aveuglément les aspirations religieuses légitimes de l'être humain, ils ont de l'avenir dans notre pays.

lundi 5 mai 2008

A la mémoire de Pierre Bérégovoy

Ce n'est pas un mystère pour mes lecteurs, je ne suis pas socialiste. Mon refus d'adhérer à cette idéologie est fondé sur une réflexion personnelle que je mène depuis des années. Je n'en suis que plus à l'aise pour évoquer aujourd'hui la mémoire d'un honnête homme, assassiné par les médias. La chaîne parlementaire a consacré hier soir une émission à ce militant intègre, autodidacte, proche des humbles et sympathique. Autour de la table : monsieur François LONCLE qui fut ministre du gouvernement BEREGOVOY, Gérard CARREYROU - dont je découvre avec stupeur et admiration qu'il fut militant du PSU, et ami de Pierre BEREGOVOY et qui n'a jamais laissé paraître, quand il officiait comme journaliste, ses appartenances partisanes - et Marc BLONDEL, lui aussi un ami de longue date du premier ministre défunt.
Un documentaire fort bien fait raconte les derniers mois de la vie politique de Pierre BEREGOVOY. On y entend un journaliste du Canard Enchaîné (journal qui a lancé toute l'affaire du prêt), dire avec un culot sans égal que le Premier Ministre n'avait aucune raison de s'en faire puisque le prêt était contracté de manière tout à fait régulière, et le sinistre Edwy PLESNEL (orthographe non garantie) ne rien regretter de ses écrits, lui qui pendant sa carrière n'a cessé de tremper sa plume dans le fiel pour démolir tous ceux qui ne lui revenaient pas, et de jouer la "vérité" journalistique" contre les intérêts de son pays (cf. l'affaire du Rainbow Warrior) au mépris de la prudence et de la vérité factuelle. Au journaliste du Canard, que dire ? Sinon qu'on ne voit pas d'autre intérêt à la dénonciation d'un prêt régulier que celui de nuire à un puissant pour compenser la propre médiocrité du dénonciateur. Quant à monsieur PLESNEL, dont il semble me souvenir qu'il a été remercié du journal Le Monde, le mieux est de l'ignorer. Qu'il continue de baigner dans son amertume et de ruminer la perte de sa capacité de nuisance !
Plusieurs faits : le prêt de monsieur BEREGOVOY était parfaitement légal, contracté devant notaire et enregistré. Monsieur PELAT, un homme autrement moins transparent, avait le droit de consentir à prêter sans intérêt à un homme qui était son ami. Monsieur BEREGOVOY, non seulement n'a jamais aidé monsieur PELAT à investir en Corée du Nord avec le soutien de l'Etat - il n'était pas en état de le faire au moment où ce soutien a été accordé, et on a laissé dire que ce prêt était la contrepartie de son soutien ! - mais il avait manifesté son opposition quelques mois auparavant à cette opération alors qu'il était ministre. Toute cette affaire est montée par des spécialistes de la manipulation médiatique, sans aucun respect des faits et des personnes. Pierre BEREGOVOY s'était fort justement inquiété pour la démocratie d'une telle dérive.
Quelques remarques. Gérard CARREYROU a souligné combien, après la débâcle électorale de mars 1993, le silence du Président MITTERRAND envers son premier ministre, et l'évitement que les anciens courtisans manifestaient à l'égard de ce dernier dans la salle des Pas Perdus de l'Assemblée, avaient été douloureux, insupportables à un homme qui avait lutté de toute ses forces contre la corruption et qu'on avait accusé d'y avoir succombé. Monsieur LONCLE a contesté le silence présidentiel et prétendu qu'un rendez-vous avait été convenu le lundi suivant la disparition du Premier Ministre. Monsieur CARREYROU a maintenu sa dénégation. Monsieur LONCLE, ensuite, a fort justement souligné qu'on ne pouvait en un an redresser une situation politique et économique compromise. Quant à monsieur BLONDEL, il a révélé, ce qu'il avait tu jusqu'ici, que Pierre BEREGOVOY savait que la situation était politiquement désespérée pour le PS, et qu'on l'avait appelé pour cette raison au poste de Premier Ministre.
Voilà comment des médias peuvent disposer de l'honneur et de la vie d'un homme intègre. Il faut s'en méfier, accueillir leurs nouvelles et leurs analyses avec du recul, confronter les opinions diverses, et toujours partir des faits, et non des idées.
La ressemblance avec la présente situation du Président de la République est frappante. Monsieur LONCLE devrait rappeler à ses amis qu'on ne juge pas des résultats d'une politique sur un an. Monsieur BLONDEL devrait leur dire que la mise en cause injuste d'un homme politique peut être mortelle, et monsieur CARREYROU, qui avait proposé à monsieur BEREGOVOY de venir s'expliquer à la télévision le soir même de la révélation du Canard, après qu'il avait rencontré son ami à Matignon le matin même, devrait dire aux socialistes de ne pas trop insister sur la collusion des actuels journalistes de télévision avec les actuels hommes politiques.