mercredi 30 juillet 2008

Habiter sa vie (ter)

Au cours d'un échange très serré mais très amical, dont vous pourrez lire le contenu dans les cinq commentaires du billet intitulé "Habiter sa vie (bis)", un très attentif lecteur fait des objections et remarques qui me semblent très importantes et qu'il convient de prendre en compte. Pour résumer, il conteste absolument que la mort de Jésus soit non sacrificielle, et que l'Eucharistie, chez les catholiques, soit un mémorial de la mort et de la résurrection de Jésus. Il conteste aussi que Jésus soit venu détruire toutes les religions et n'en instaurer aucune, autre que celle du Royaume.
Je ne prétends pas faire ici de la théologie, mais simplement de l'analyse textuelle, telle que René GIRARD l'a faite, mais évidemment avec moins de brio et de compétences que lui.
J'appelle sacrifice, avec d'autres, les rites d'offrandes, sanglants ou non, que les hommes adressent périodiquement aux dieux pour apaiser leur colère, se concilier leurs faveurs, ou en demander une de particulière. J'observe que dans le cas des sacrifices sanglants (humains ou animaux), la ou les victimes ne sont pas libres de leur choix, mais désignées arbitrairement. Les sacrifices humains se rencontrent chez les peuples antiques (mésopotamiens, peuples des steppes, dynasties royales chinoises, etc.).
Bien entendu, il est impossible de contester le caractère sanglant de la mort de Jésus. Sur ce point les textes sont d'une clarté et d'une précision qui ne laisse au doute aucune place. Mais il s'agit de savoir si Jésus a donné sa vie librement ou non (Toujours d'après les textes ; je n'entends pas faire de l'apologétique). Il faut aller plus loin et considérer ce que Jésus dit de sa propre mort. Les textes évangéliques à trois reprises montrent Jésus annonçant sa Passion à ses disciples (Mt, 16, 21 ; Mc, 8, 31-33 ; Lc, 9, 22 pour le première annonce ; Mt, 17, 22 ; Mc, 9, 30-32 ; Lc, 9, 44-45 pour la deuxième annonce ; Mt, 20, 17-19 ; Mc, 10, 32-34 ; Lc, 18, 31-33). Il est un récit de cette annonce où Pierre déclare à Jésus, avec force, qu'une telle chose ne peut arriver ; Pierre s'attire cette réplique du Maître bien aimé : "Passe en arrière Satan, CAR TES PENSEES NE SONT PAS CELLES DE DIEU MAIS CELLES DES HOMMES". Dans Lc, 9, 22, il est dit "Le fils de l'homme DOIT SOUFFRIR BEAUCOUP, etc." Dans Lc, 19, 31, il est dit "Voici que NOUS MONTONS A JERUSALEM ET QUE S'ACCOMPLIRA TOUT CE QUI A ÉTÉ ÉCRIT PAR LES PROPHÈTES. [Le Fils de l'homme] sera en effet livré aux païens, etc." Ces textes ne laissent aucun doute sur ce que Jésus pressent de ce qui va lui arriver. Il n'hésite pas cependant à monter à Jérusalem, sachant ce qui l'y attend. Les QUATRE évangélistes (Mt, 21, 1-11 ; Mc, 11, 1-11 ; Lc, 19, 28 ; Jn, 12, 16) décrivent l'entrée messianique de Jésus à Jérusalem. Luc indique, et ceci est très précieux, que Jésus "partait en TÊTE, montant à Jérusalem". Nous pouvons conclure que Jésus savait ce qui l'attendait, n'a pas cherché à éluder cette affreuse épreuve, et s'est montré résolu devant elle. Aucun de ces éléments n'indique que Jésus a été une victime arbitraire. Le complot que montent les chefs du peuple contre Jésus est lié aux succès que ce dernier rencontre auprès des foules. Il est ourdi après l'entrée à Jérusalem. Jésus marche librement vers sa mort. Elle est inéluctable en raison du message dérangeant qu'il délivre.
Et en Jn, 13, 1, il y a ce verset saisissant : "Avant la fête de la Pâque, Jésus, SACHANT QUE SON HEURE ÉTAIT VENUE DE PASSER DE SON MONDE AU PÈRE, AYANT AIME LES SIENS QUI ÉTAIENT DANS LE MONDE LES AIMA JUSQU'AU BOUT". Il y a là majesté de l'attitude, détachement absolu, et lien fortement exprimé entre la mort qui arrive et le témoignage d'amour des siens que donne Jésus. Aucun doute là-dessus ; Jésus est rentré librement dans la mort et non pas d'une manière sacrificielle ; il pouvait y échapper, mais alors il aurait été un fils désobéissant (cf. la réponse à Pierre). C'est donc bien à cause de la mission qu'il dit avoir reçu de son père que Jésus en accepte les conséquences inéluctables ; cette mort est cependant circonstantielle, située dans le contexte de l'entrée messianique, de l'enthousiasme de la foule, du sabbat, de la fête de la Pâque. Jésus n'est pas une victime arbitraire. Il est une victime offerte et libre. Ce qui change complètement le sens du "sang versé pour vous et pour la multitude".
Toujours en conséquence de ces textes, puisque cette mort n'est pas un sacrifice au sens que j'ai dit plus haut, que Jésus affirme qu'il sera glorifié par le père qui le ressuscitera au troisième jour, il nous faut comprendre que Jésus associe sa mort ET sa résurrection au salut qu'il apporte aux hommes. L'Eucharistie n'est pas la réitération d'un sacrifice sanglant ; ce serait abominable de penser qu'il faut recommencer indéfiniment ces tortures pour connaître le salut. Celui-ci est donné, accompli (je parle toujours d'après les textes) une fois pour toute. L'Eucharistie est un mémorial ("Faites ceci en mémoire de moi") de la Cène. Mais c'est plus qu'une narration ; la Parole de Jésus est présentée comme performative (elle fait ce qu'elle dit) et son pouvoir performatif est transmis aux disciples et à leurs successeurs (ce dernier point est moins net dans les textes ; encore que le mot "mémoire" donne à penser que le geste de la Cène doit perdurer, passer de générations en générations).
Il y a, enfin, en Jn, 4, 21, cette parole de Jésus à la Samaritaine : "L'heure vient, et nous y sommes, où les VRAIS ADORATEURS ADORERONT LE PÈRE EN ESPRIT ET EN VÉRITÉ". Il est évident que Jésus fait allusion non seulement au Temple des Samaritains sur le mont GARIZIM, mais aussi au Temple de Jérusalem où l'on ne cesse d'offrir des sacrifices animaux. Jésus ne veut pas de religion, de ces vieilles religions rituelles, sacrificielles ; il les a définitivement disqualifiées. Mais il ne renie pas, bien au contraire, la Promesse de Dieu faite à Abraham ("Je suis venu pour sauver les brebis perdues de la maison d'Israël").
Demain, je répondrai à une autre objection, celle de la sollicitation de notre liberté par Jésus. Attention, j'insiste, il ne s'agit pas de faire de la théologie, du prosélytisme, ou de l'évangélisation sauvage : il s'agit de voir ce que les textes VEULENT DIRE. A demain.

mardi 29 juillet 2008

Quand le poisson pourrit par la tête...

Le Conseil Supérieur de la Magistrature [CSM] ne recommande aucune sanction contre monsieur LESIGNE, le procureur de BOULOGNE-SUR-MER sous la responsabilité duquel des réquisitions ont été prises contre plus de trente innocents dans l'affaire d'OUTREAU. Ils ont été condamnés à de lourdes peine de prison en première instance, avant d'être reconnus innocents au terme d'une procédure qui a révélé les dysfonctionnements, partis-pris et préjugés de tout un corps de magistrats forts de leur immutabilité. Monsieur Gérald LESIGNE, aux dires du CSM, n'a commis aucune faute. Il est pourtant bien responsable de l'action publique qui a condamné des innocents et conduit l'un des accusés à la mort, mais il a opéré selon les normes et procédures ; il n'a donc rien à se reprocher. C'est du moins l'analyse que fait cette respectable institution qu'est le CSM. Ayant recours au procédé très banal de l'ouverture du parapluie, monsieur LESIGNE a déclaré que sa hiérarchie (laquelle ?) était plus préoccupée du problème des immigrés de SANGATE que de l'affaire d'OUTREAU, qu'au demeurant, il n'y avait pas assez de personnel dans son tribunal. Monsieur LESIGNE - qui reconnaissait cependant des erreurs d'appréciation, c'est bien le moins qu'il puisse concéder - n'a jamais admis, à aucun moment, sa responsabilité dans cet abominable scandale judiciaire. Bref, il a eu la réaction d'un homme qui refusait d'endosser ses erreurs, fussent-elles seulement d'appréciation. La seule attitude digne, selon moi, eût consisté à démissionner, une fois connue l'issue du procès en appel. Le CSM, composés de magistrats dont on connaît l'esprit de corps, n'a finement retenu contre monsieur LESIGNE qu'une seule faute qui aurait pu être sanctionnée : la présentation de l'affaire sous un jour que le contenu de la procédure ne venait pas corroborer. Fort opportunément, cette faute tombe sous le coup de la loi d'amnistie votée après la réélection de Jacques CHIRAC à la Présidence de la République. Ainsi, monsieur LESIGNE échappe à toute sanction. Tout cela est pitoyable. On aura du mal à faire admettre au Peuple, dans ce qu'il a de sain et de vivant, qu'un haut magistrat puisse ne pas assumer les responsabilités sociales qui lui valent d'être considéré comme membre de l'élite, et lui assurent quelques privilèges (légitimes sous réserve de la reconnaissance de responsabilité).
Allez donc raconter cela au patron d'une petite entreprise en bâtiment, sanctionné par l'inspection du travail au motif que les barrières de sécurité qui protègent ses ouvriers d'une mauvaise chute ne sont pas aux normes ! Allez dire cela à un chef d'entreprise qui prend une majoration de 10 % de ses cotisations sociales s'il a seulement 24 heures de retard dans leur paiement !
Pour qu'un pouvoir soit respecté, il doit être respectable et responsable. Monsieur LESIGNE n'a pas eu le civisme et la noblesse du Général CUCHE qui a présenté sa démission après le drame de la fusillade de CARCASSONNE. L'armée me semble être aujourd'hui le dernier refuge de l'honneur et du sens des responsabilités. Monsieur LESIGNE aura tout de même le droit de choisir la juridiction d'appel à laquelle il désire être affecté, le Garde des Sceaux lui ayant fait savoir que ce serait une bonne chose qu'il change de juridiction en raison du traumatisme social créé par ce scandale.
Les élites ne méritent ce statut que si elles en assument la responsabilité. Ce ne fut pas le cas. Le poisson pourrit toujours par la tête.

Nature et culture

Ainsi, la nature n'aurait rien à nous apprendre que nous ne lui fassions dire par une simple opération de notre pensée ? C'est ce que prétend l'un de mes fils adoptifs, brillant professeur de philosophie, agrégé dans cette discipline à 22 ans et demi. Tout est culture, selon lui, y compris la morale.

Si cette proposition est vraie, l'écologie n'a aucune place dans l'histoire de l'humanité et les défenseurs de cette vision des choses sont des pessimistes qui ne croient pas aux progrès, à la science et à la technique.
Chaque jour, pourtant, nous apprend que l'exploitation sans scrupule de la terre a des répercussions incalculables sur la biodiversité, sur le climat très probablement, sur les équilibres entre les espèces, et sur la vie des hommes (nourriture, eau, chauffage, notamment). Michel TARRIER me fait parvenir ces données tout à fait scientifiques qui font réfléchir. Au rythme actuel de la consommation, me fait-il savoir, les dates prévisibles d'épuisement des ressources naturelles sont les suivantes pour les produits dont voici la liste :
2021 :fin de l'argent
2025 : fin de l'or et du zinc
2028 : fin de l'étain
2030 : fin du plomb
2039 : fin du cuivre
2040 : fin de l'uranium
2048 : fin du nickel
2050 : fin du pétrole
2064 : fin du platine
2072 : fin du gaz naturel
2087 : fin du fer
2120 : fin du cobalt
2139 : fin de l'aluminium
2158 : fin du charbon
Voilà un combat qui doit être mené. Celui du respect des ressources naturelles. Si nous continuons sur ce rythme, qu'allons-nous laisser à nos enfants ? Plutôt que de se moquer la Loi en la bafouant, monsieur MAMERE ferait mieux de prendre la tête d'une vraie croisade de la décroissance, en proposant des solutions à ces problèmes considérables et gros de violence.
Il est clair, en effet, que la seule solution possible est la rentrée dans la décroissance pour les pays hyperdéveloppés (Etat-Unis, Union Européenne) et un meilleur partage des richesses matérielles. Il se peut que ces propos déplaisent à certains de mes lecteurs. Mais je les supplie de bien réfléchir aux conséquences qu'aurait pour l'humanité une consommation exponentielle de biens matériels dont la croissante rareté irriterait les envies et multiplierait les conflits. Il me semble plus utile de porter nos efforts de développement sur les biens intellectuels, artistiques et spirituels, dans nos pays riches. On vendrait sans doute moins de bicarbonate pour favoriser les digestions ; il y aurait moins d'obèses ; mais on serait tellement plus légers de l'âme.
Bref, je crois que la nature nous apprend qu'on ne viole pas impunément ses Lois. Je vais plus loin ; ce qui est vrai des ressources matérielles, l'est aussi des règles de la vie. Je trouve que le silence fait autour des expériences conduites en Australie et en Grande Bretagne sur la production d'oeufs hybrides d'homme et d'animal est d'une extraordinaire gravité. C'est un silence assourdissant qui illustre la folie des hommes, leur mégalomanie, ce que les grecs appelaient l'Hubris. Il me semble que SOPHOCLE a bien montré à quoi elle conduisait, en dépeignant les plaintes de XERXES qui fit battre la mer avec des chaînes après sa défaite contre les Grecs rassemblés (pour une fois), parce qu'elle n'avait pas respecté le pont de bateaux qu'il avait faire construire pour joindre les rives de l'Europe et de l'Asie. Toute proportion gardée, nous sommes dans la même situation que cet infortuné monarque ! Fasse le ciel que nous n'ayons pas à nous venger de l'Atlantique et de la mer immense en raison du réchauffement climatique dont les hommes sont, partiellement peut-être mais substantiellement, responsables.

dimanche 27 juillet 2008

Habiter sa vie (bis)

Un lecteur commente le précédent billet intitulé "Habiter sa vie". Il fait des remarques suffisamment importantes pour que je réponde plus officiellement à ses objections. Je résume ses critiques. La mort de Jésus est sanglante et sacrificielle ; les martyrs viennent confirmer le caractère sanglant et morbide du christianisme et surtout, contrairement à ce que je prétends, Jésus a dit qu'il n'est pas venu abolir la Loi (mosaïque) mais l'accomplir, et n'avait donc pas l'intention de détruire les religions et surtout pas le judaïsme.

Je vais être obligé d'être un peu long. Ayez la patience, si le sujet vous intéresse, de me lire jusqu'au bout. Je reprends les analyses lumineuses de René GIRARD.

Dans les sociétés primitives, aux dimensions nécessairement réduites, apparaissaient de temps à autres des troubles suffisamment graves pour mettre la communauté concernée en péril de mort. Ces troubles, René GIRARD les attribue à ce qu'il appelle la rivalité mimétique, phénomène qui fait que les hommes désirent les objets convoités par/ et jusqu'au désir même de/ ceux qui leur ressemblent le plus. On peut comprendre que dans ces sociétés - ceci est une remarque personnelle - les fonctions sociales sont indifférenciées, l'égalité entre ses membres presque parfaite, et les conditions sociales, idéales pour qu'apparaissent cette rivalité et les violences qui l'accompagnent. Les littératures anciennes, les mythes, les rites, les traditions dont certaines restent encore vivaces, témoignent de cette rivalité. René GIRARD évoque le mythe de CAÏN et ABEL et le meurtre du cadet par l'aîné (pour souligner la manière radicalement nouvelle dont la Bible traite ce meurtre, contrairement à tous les autres textes mythiques) ; mais on peut citer bien d'autres exemples : la guerre féroce entre ETEOCLE et POLYNICE (deux frères là encore) par exemple, ou encore les nombreux meurtres que des souverains antiques, installés sur un trône vacillant, commettent vis-à-vis de leurs fils, de leurs proches ou de leurs frères. Je voudrais ajouter ici un exemple que René GIRARD n'a pas repris. Dans les mythes mésopotamiens, il en est un qui raconte comment l'assemblée des dieux, pour contenir les ambitions de l'un des leurs, lui suscitent un jumeau, un double, afin de créer les conditions d'une rivalité mimétique qui mobilisera toutes leurs énergies et ainsi apaisera la crainte qu'ils ont de voir rompre l'équilibre des pouvoirs au sein du panthéon (cf. J. BOTTERO et S.N. KRAMER. Lorsque les dieux faisaient l'homme. Mythes mésopotamiens. Gallimard, Paris, 2000). Tout le monde peut comprendre ici que pour qu'il y ait rivalité mimétique, il faut qu'il y ait un modèle ou un double qui soit le support et l'aliment de cette rivalité.

Pour ramener la paix, et juste à son entrée dans la phase des sociétés religieuses, la communauté choisit, arbitrairement, une victime innocente qu'elle charge de la responsabilité de tous les désordres, et qu'elle tue en le lynchant. Ce meurtre est fondateur. Les hommes voyant qu'ils retrouvent la paix ont tendance à attribuer à la victime émissaire la cause de cet apaisement, et, par un curieux renversement des choses, ils la déifient. Mais pour cacher ce meurtre fondateur, ils créent des mythes qui le dissimulent définitivement à notre connaissance. (Ce sont ces choses cachées depuis la fondation du monde que Jésus vient dévoiler.) Chaque fois que des troubles sociaux apparaissent, ce meurtre initial qui a si bien réussi, est réitéré (hélas, le phénomène a perduré au Moyen-Âge avec, par exemple, le massacre des Juifs accusés d'avoir déclenché la peste) ; des sacrifices, d'abord humains, puis animaux, des rites par conséquent, miment ce meurtre initial qui avait si bien réussi. Une autre façon de perpétuer en le masquant ce crime originel consiste à désigner un roi ou un bouc émissaire qui doit répondre sur sa vie de ces désordres. René GIRARD donne quelques exemples de rois africains, ou celui des pharmakoi grec. Dans son livre passionnant, Voyage d'une parisienne à LHASSA (nombreuses éditions), Alexandra DAVID-NEEL décrit ainsi une cérémonie rituelle, celle Roi de quelques jours, véritable bouc émissaire, qui après avoir eu le droit de satisfaire tous ses désirs pendant une semaine, doit quitter la ville, s'enfuir, est poursuivi, et est en général tué, chargé qu'il est de tous les péchés des habitants. Je le signale à l'intention de René GIRARD tant l'exemple est démonstratif.

Arrive Jésus. Que dit-il aux pharisiens ? : "Satan, homicide dès l'origine" ; "Vous êtes nés tout entier dans le sang" ; "Vos pères ont tué les prophètes". Et surtout, et là, René GIRARD est d'une finesse d'analyse sans égal, Jésus dit "Tout royaume divisé contre lui-même est destiné à périr", signifiant ainsi que les religions, nées dans le sang d'un innocent, n'ont aucun espoir de survie.

Revenons à la rivalité mimétique et au modèle : dans l'épisode de la femme adultère, il est dit que Jésus écrivait par terre et se taisait, alors que les accusateurs lui demandaient hypocritement ce qu'il fallait faire de la pécheresse. René GIRARD analyse là encore magistralement l'épisode. Si Jésus avait regardé la foule, il aurait déclenché la violence collective. Mais comme il lui faut répondre, il a cette parole absolument bouleversante : que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre. Cela est évidemment difficile à trouver. Ainsi, personne ne pourra le faire ET IL N'Y AURA PAS DE MODELE. On peut voir a contrario comment une situation à la structure analogue a été traitée en IRAN, en plein XXe S. (Elle est racontée par Claude ANET. Les feuilles persanes. Les Cahiers Verts. Trente-deuxième cahier. Bernard Grasset, Paris, 1934) Une femme mariée est abandonnée par son mari. Un an, deux ans, dix ans se passent. Elle le croit mort et refait sa vie. Quelques vingt ans plus tard, le mari revient. La femme est déclarée adultère. On la condamne à la lapidation. Résignée, elle creuse sa propre tombe, et c'est le mollah de son village qui jette la première pierre. Le thème du modèle est récurrent chez les grands écrivains. Il me vient par exemple à l'esprit cette fable de FLORIAN où l'on voir un vizir pressé par ses courtisans de cueillir des cédrats dans un jardin qui ne lui appartient pas. Et le vizir de déclarer : A Dieu ne plaise que je cueille un de ses cédrats etc. Il a compris que s'il cédait, le jardin serait dévasté, car il aurait servi de modèle.

Pour terminer, je voudrais montrer à mon lecteur combien il mésinterprête la parole de Jésus : Je suis venu non pour abolir la Loi mais pour l'accomplir. Le cardinal RATZINGER devenu BENOIT XVI distingue (cf. Jésus de Nazareth. I. Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration. Flammarion, Paris, 2007) ce qui dans la loi mosaïque relève de la casuistique, et donc du contingent, du périssable, du passager et ce qui relève de l'apodictique, c'est-à-dire de ce qui s'impose à la conscience comme une exigence imprescriptible. Ce que Jésus est venu accomplir c'est justement les aspects apodictiques de la loi mosaïque. Voilà pourquoi, en en transgressant sans états d'âme les exigences purement casuistiques, les disciples froissent des épis de blé le jour du sabbat, mangent à l'instigation de Jésus avec des publicains et des pécheurs (ce qui normalement entraînait une impureté rituelle), se voient reprocher par les pharisiens de ne pas pratiquer les ablutions rituelles avant les repas, etc. Si ces pratiques ne signifient pas que Jésus ne veut point de religion extérieure, purement rituelle, mais de coeurs retournés et pleins d'amour, je veux bien me faire vice-camerlingue au Vatican. Jésus condamnent les pharisiens qui déclaraient korban (consacrée) leur fortune pour ne pas avoir à aider leurs parents dans le dénuement. Encore un détail : aujourd'hui encore un juif séropositif n'a pas le droit de célébrer le kipour ou le seder ni aucune fête juive. Il est en état de péché, d'impureté rituelle. On voit le chemin parcouru par les disciples de Jésus !

En résumé, les Évangiles racontent le meurtre d'une victime innocente, du point de vue de la victime et non des bourreaux. C'est une nouveauté absolue dans l'histoire de l'humanité. Plus aucune religion ne peut naître et s'installer durablement aujourd'hui, car elle est dénoncée immédiatement par la mort de Jésus LIBREMENT CONSENTIE (Ma vie nulle ne la prend, c'est moi qui la donne). Nous sommes donc amenés à comprendre de par Jésus que, pour échapper à la violence qui trouve sa source dans la rivalité mimétique, nous n'avons pas d'autres solutions : renoncer à la vengeance, saisir d'où viennent nos désirs, et vivre dans l'amour.


samedi 26 juillet 2008

Ils ne manquent pas d'air

Il y en a des qui ne manquent pas d'air. Et je vais peut être le leur raréfier. Monsieur AYRAULT, au sourire si doux, s'offusque du jugement arbitral rendu dans le conflit qui oppose le Crédit Lyonnais à Bernard TAPIE. Je dirai d'abord que je n'ai pour ce dernier aucune admiration particulière. Mais tout de même, à plusieurs reprises, les juridictions chargés de rendre un jugement dans cette affaire, ont bien indiqué que monsieur TAPIE avait été grugé. Le Crédit Lyonnais, au moment de la vente d'ADIDAS était une banque nationalisée, sous le contrôle de l'Etat. Mais monsieur AYRAULT, donc, écrit à madame LAGARDE pour lui demander de ne pas valider l'arbitrage rendu en faveur de monsieur TAPIE. Embouchant la même trompette que monsieur BAYROU, d'ordinaire mieux inspiré, il trouve en effet inadmissible que le contribuable ait a payer l'indélicatesse commise à l'encontre du Ministre de la Ville de Monsieur MITTERRAND. J'aurais aimé qu'il ait la même belle attitude, quand il eut vent du trou faramineux creusé par la calamiteuse gestion de cette Banque Nationalisée. Nul ne peut aujourd'hui évaluer avec certitude l'ampleur de ce trou qui atteint sans doute près de 180 milliards de francs lourds, payés par le contribuable. Rappelons aussi que le Consortium de Réalisation chargé de liquider les actifs du Crédit Lyonnais a été créé en vue d'apurer cette situation financière catastrophique (liquidation des actifs douteux). Et monsieur AUBERT, qui en fut le Président, est bien mal venu de trouver inadmissible, ou plutôt inexplicable, le jugement rendu, en conformité avec la Loi, par un tribunal arbitral saisi par le CDR lui-même. On devrait donc faire des économies là ou on peut, y compris en trichant avec les victimes des malversations ? Tout cela est minable, et accuser de collusion messieurs TAPIE et SARKOZY, et les membres du Tribunal arbitral (déclaré par monsieur AUBERT justice privée non transparente) relève encore une fois des insinuations les plus basses. A moins que monsieur AUBERT ait des informations précises. Dans ce cas, il lui revient de saisir les tribunaux. Quand on accuse sur ce mode, il faut avoir des preuves. Quand à monsieur AYRAULT ou monsieur Le ROUX, et toutes les belles consciences de gôôôôche, elles devraient se souvenir que par le jeu des nationalisations, le PS a ruiné la France pour au moins une décennie. S'ils revenaient au pouvoir, je ne suis pas sûr qu'ils recommenceraient.
PS : un lecteur commente mon billet "Habiter sa vie". Je lui demande bien vouloir lire ma réponse. Et je consacrerai un billet à cette question qui clarifiera ce que j'ai voulu dire d'un Jésus destructeur de toutes les religions.

Habiter sa vie

Il me semble que l'homme contemporain n'habite plus sa vie. Je vois à cela deux raisons : (a) une sécularisation totale de la société ; (b) une évolution irrépressible de la démocratie qui lui est corrélative.
La société est totalement sécularisée. Le mouvement est amorcé depuis la Renaissance ; il s'est précipité sous les Lumières, et il a atteint aujourd'hui un point de non retour. Le laïcisme à la française, et tous les laïcismes du reste, est tout aussi englobant que les systèmes religieux dont il entend contenir l'empire et empêcher la tyrannie. En prétendant confiner la religion à la sphère privée, oubliant que l'homme est un sujet social, il a réussi à en détruire d'influence dans cette sphère même. Ainsi, l'espace public est non seulement laïcisé, mais aussi les esprits et les communautés, qu'elles soient familiales, associatives, ou territoriales. Le laïcisme a simplement négligé un fait qu'aucun philosophe ne remet en cause : tout agent agit en vue d'un bien. En refusant de réfléchir sur la nature de ce bien, en réduisant par conséquent les questions posées à l'intelligence au comment des choses, et jamais à leur pourquoi, il a fait du progrès et de la science (en réalité, aujourd'hui, la technique) des idoles qui ont pour nom Progressisme et Scientisme. Mais l'homme est têtu. Et s'il ne sait pas quelle est la nature du bien qu'il poursuit, il a la vague intuition qu'il en existe un. Il y a donc une sorte de schizophrénie de la pensée ; on agit en vue d'un bien dont on ne connaît pas vraiment la nature, sauf à imaginer qu'il n'est que matériel. Mais en satisfaisant, légitimement, ses exigences matérielles, l'homme en comprend vite les limites. De là l'impression de dégoût et de tristesse qui envahit celui que la Fortune a comblé. Rien qu'en une matière si importante, la sexualité, l'adage le dit bien : Post coïtum omnia animalia trista.
L'évolution de la démocratie, sous les coups conjugués du Progressisme et du Scientisme, et de la sortie de la religion, a porté un coup fatal à la délibération intérieure. En contraignant par l'impôt et la réglementation les comportements individuels, elle arrache l'homme à la liberté du don ; voudriez-vous être charitable ? Vous ne le pourriez pas ! Vous créez, par exemple, une association d'entr'aide. Quinze jours après la réception du récépissé d'enregistrement, vous recevez une liasse de papiers de l'administration fiscale, qui à l'aide d'un questionnaire absolument incompréhensible à qui n'a pas fait une école de commerce, vous demande si vous êtes assujetti à la TVA, si vous faites des bénéfices commerciaux ou pas, si vous avez ou non du personnel rétribué, etc. L'Etat pense pour vous ; il vous impose des mesures de sécurité pour vos piscines privées (si vous avez la chance d'en posséder une) mais ne vous demande pas de surveiller vos enfants quand ils se baignent ; il réglemente les ascenseurs mais n'exige pas que les habitants des immeubles fassent attention aux travaux qui améliorent leurs logements ; il exige du conducteur ceintures de sécurité, éthylomètre, limitation de vitesse, mais ne demande pas à l'éducation nationale de former à la prudence. Première tendance désastreuse.
Il en est une deuxième tout aussi grave. En concentrant les initiatives politiques sur les droits des individus, la démocratie les habitue à recevoir, et non pas à donner. Pouvoir d'achat ? Bien sûr qu'en l'état actuel de la civilisation, il faut un minimum pour vivre. Mais qui osera affirmer, dans le monde politique, que les revenus sont le fruit d'un travail, si petit soit-il ? Certes, il y a des situations terribles, où la personne assistée n'est pas ou plus en mesure de travailler. Elles exigent d'être prises en compte par la société. Mais il est trop facile de dire que la société est responsable de cet état de fait. On peut y trouver des explications, bien sûr. Mais de là à en faire des excuses totalement absolutoires, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir. Tout ne peut être imposé de l'extérieur à la conscience humaine. Elle reste capable de choisir, de délibérer, de juger. Là est la dignité de l'homme.
Habiter sa vie, selon moi, consisterait à prendre la totale responsabilité de ses actes, à la mesure de ses capacités de discernement. Elle ne va pas sans risques, et, de ceux-ci, il en est que la société doit couvrir, sans aucun doute. Doit-elle tous les couvrir, en fermant les yeux quand ils sont excessifs ou aboutissent inéluctablement à des effets nocifs (tabac, alcool, drogue, vagabondage sexuel, etc.) ? Il est bien difficile de répondre à cela. Du moins peut-on par une éducation sans concessions ouvrir les yeux du plus grand nombre, être moins répressif pour des délits mineurs, et intraitable pour ceux qui engagent la société tout entière.
Dernière et ultime remarque. Dans l'histoire de l'humanité, on peut distinguer trois phases. Une phase antérieure à l'instauration des religions ; une phase plurimillénaire de sociétés humaines totalement dépendantes des religions. Elle a duré jusqu'à l'avénement de Jésus. Une phase de sortie des religions, paradoxalement inaugurée par Jésus qui est venue les détruire toutes, en dénonçant leur origine sanglante et est venu remplacer le règne de la Loi, par celui de l'Amour. Le christianisme portait en germe la sortie des religions. Le laïcisme a tué l'élan que portait ce grand mouvement ; il nous émancipait pourtant de la tyrannie de la Loi. Il a remplacé le règne de la Loi, par celui du juridisme et de la réglementation. Sur le plan de la structure, il nous fait rentrer de nouveau dans le joug des religions qu'il prétend briser. Nous pourrons revivre qu'en retournant à la source.

jeudi 24 juillet 2008

De l'eau au moulin de Sylvain Gougenheim

Il y a des coïncidences qui ressemblent à des interventions inspirées de la Providence. Je rangeais ma bibliothèque ; j'ai déjà eu l'occasion de dire à mes lecteurs que je suis un amoureux de l'Orient, de la Méditerranée à la Mer de Chine. Et, ouvrant par hasard un beau volume relié, je tombe sur un mémoire du Père Henri CHARLES, publié en 1936, à la Bibliothèque des Hautes Études, Section des sciences Religieuses, en son LIIe volume. Il a pour titre Le Christianisme des arabes nomades sur le Limes et dans le désert syro-mésopotamien aux alentours de l'Hégire, et il a été édité chez Ernest Leroux, à Paris.
Je feuillette et j'y apprends deux choses : la première c'est qu'il y avait un nombre incroyable d'évêchés jacobites et nestoriens sur le pourtour du désert, et que l'on connaît parfaitement le nom et la succession de leurs évêques. Le dernier évêque dit "évêque des Arabes" s'appelle Athanasius, un nom d'origine grecque, et qui signifie immortel. D'autres évêques ont des noms latinisés ou gréco-latinisés (Domitius, Sergius, Severus, Paulus, Lazartus, Georgius, etc.), d'autres, des noms sémitiques (Habib, Sabra, Gauri, Arabi, Maqim, etc.) Ces évêques ont siégé entre, grosso-modo, 600 et 923, date à laquelle on perd la trace du très important évêché des Arabes nomades du SINJÂR du Sud. La seconde information, c'est qu'au XIe S., nombre de chrétiens arabes ont été martyrisés par leurs compatriotes musulmans. Ainsi, Mohammed général musulman dans la tribu des TAYÂYE s'est mis en tête de faire apostasier de force ceux des TAYÂYE restés chrétiens. Il fait venir le chef du clan des TAGLIBITES qui en est un et veut le contraindre à renier sa foi. MOAD, tel est son nom, refuse ; il est torturé, puis tué et l'on interdit de l'ensevelir. Son corps gît sur le fumier. Il ne se décompose pas et n'est pas dévoré par les animaux. C'est EUSTHATIUS, évêque jacobite de DARA qui demande son corps et bâtit un monastère au-dessus du tombeau du saint martyr. Un autre de ces excellents chefs musulmans qui incarne l'arabité telle que l'imaginent les contempteurs et censeurs de Sylvain GOUGENHEIM, un chef répondant au nom de WALID, fait venir SAMALAT, un notable du clan des TAGLIBITES ; mêmes menaces ; même refus ; même punition. Le saint confesseur est traîné visage contre terre, puis on lui coupe un morceau de cuisse, on le fait cuire sur le feu et on oblige SAMALAT à manger sa propre chair. SAMALAT survit, on se demande comment, à ce traitement. Voilà un autre bel exemple de l'arabité. (En vérité, cette notion est dépourvue de toute signification ; il aurait été plus juste de parler de musulmanité.) Nous devons ces données à Michel le SYRIEN et à un philosophe arabe chrétien, BAR HEBRAEUS. (Ces auteurs sont des sources précieuses pour la connaissance de l'histoire culturelle et religieuse du Proche et du Moyen-Orient.)
Je tire de ce livre deux conclusions tout à fait fondées scientifiquement. (a) Les arabes étaient majoritairement chrétiens avant l'apparition de l'Islam. Le plus grand nombre d'entre eux l'est resté pendant au moins quatre siècles. Il a fallu les persécutions et les massacres pour convertir de force les récalcitrants. Il en est resté suffisamment pour former des communautés chrétiennes confessantes, qui subistent encore aujourd'hui en IRAK, en SYRIE et au LIBAN. (b) Les noms des évêques indiquent qu'ils étaient pour la plupart en relation avec le monde hellénophone ou latinophone. Par ailleurs, les chrétientés arabes, florissantes il faut bien le souligner, étaient fortes de très nombreux moines qui passaient une partie de leur temps à l'étude. Et, bien que mon livre soit sur ce point muet, on peut imaginer qu'outre les livres saints, ces moines s'intéressaient à la philosophie spéculative grecque, dont ARISTOTE. D'où il appert que Sylvain GOUGENHEIM n'a dit que la vérité, et que ses détracteurs sont des ignares et des idéologues, qui confondent arabes et musulmans. Ne tombons pas dans cette sinistre erreur. Elle est grosse de violence et de racisme. Et puis, pendant que j'y suis, je renvois le Père DELORME à ces travaux-là. Lui aussi verra l'erreur de perspective énorme qu'introduit cette confusion : tous les arabes ne sont pas musulmans, et tous les musulmans ne sont pas arabes. Je reviendrai sur ce point fondamental. Et je dirais encore que (quoiqu'en pense NASSIM) j'ai un très grand respect, que dis-je un grand amour, pour tous ces savants arabes, chrétiens ou musulmans, qui ont, avec d'autres (des grecs, et des irlandais sans doute) contribué à nous transmettre le patrimoine d'ATHENES.
Je prends les paris. Nous verrons l'Arabie revenir à ses premières amours, et sans doute plus tôt que nous ne le pensons.

Carte militaire

Les communes, disent les médias, attendent dans l'anxiété la publication de la carte militaire. Elles craignent le départ des régiments, et la fermeture des casernes qui les hébergent, le départ corrélatif des familles de militaires, et le dépérissement économique. Bien évidemment, on peut comprendre l'anxiété des maires de ces villes et bourgs, souvent mal pourvus en emplois industriels, commerciaux ou de services, et qui vivent de la manne militaire depuis des décennies.
Il est donc nécessaire, sans aucun doute, d'associer à des décisions de fermeture, des mesures d'accompagnement et de reconversion. Mais il nous faut aussi nous poser les bonnes questions : le rôle de l'armée est-il d'abord économique ? Est-il normal que l'activité d'une région soit subordonnée à la présence, financièrement rassurante, de structures qui assurent bon an mal an, au pire, la reconduction des crédits à elles alloués par la puissance publique, au mieux leur augmentation ? Il y avait là, il y a là une incitation à se laisser aller, à ne pas libérer les forces vives des citoyens, la créativité, et la production de nouveaux biens et services.
Je serais maire de l'une de ces villes "sinistrées" par la fermeture des casernes, j'organiserais des réunions par quartier pour recueillir les suggestions de mes concitoyens, et non point leurs plaintes et leurs pleurs, j'organiserais des concours de créativité, je promettrais de substantiels avantages fiscaux à des entreprises fabricant des biens à haute valeur ajoutée et qui voudraient s'implanter dans la commune, (en m'assurant de pouvoir leur fournir des personnels bien formés), je regarderais dans le patrimoine traditionnel de ma ville ou de ma région s'il est possible de faire revivre des productions artisanales de qualité dont on aurait abandonné la fabrication pour des raisons de modernité ; je mobiliserais les énergies, au lieu de gémir sur les malheurs du temps. Bref, je me battrais ; j'essaierais d'obtenir de justes compensations. Et je mettrais en exergue, sur des panneaux ad hoc, écrite en grosses lettres, la fable du Charetier embourbé dont nous connaissons tous la morale : Aide-toi, le ciel t'aidera.
Il n'est simplement plus possible de tout demander à l'Etat. Son rôle n'est pas de tout soutenir, mais d'inspirer, de faciliter, d'orienter et de réguler. Et il nous faut reconnaître que continuer à engloutir des sommes considérables dans des institutions qui n'ont plus leur raison d'être est une folie en ces temps difficiles.
Le rôle de l'Etat est de lutter contre les féodalités. L'armée n'est pas un corps intermédiaire. C'est une structure étatique qui remplit une fonction régalienne. On ne peut pas admettre que par son intermédiaire se créent des Etats dans l'Etat, définition même d'une féodalité. En ce sens, la décision des maires de Moselle de démissionner en bloc au cas où un Régiment, prestigieux il est vrai, serait déplacé, est une décision féodale, bien compréhensible pour l'affectivité, mais qui ne résiste pas à une analyse rationnelle. Qu'ils se concertent, élaborent des projets d'envergure, et demande à la nation des subsides pour les réaliser : voilà la seule et vraie voie digne et efficace de faire face à une situation douloureuse.

mardi 22 juillet 2008

Le vrai visage des socialistes français

J'ai suffisamment critiqué monsieur LANG, il y a plus d'un an, pour saluer ici son courage. Il reste un opposant déterminé à la politique du gouvernement, et il le dit - ce qui est tout à fait son droit - mais il estime que la réforme de la constitution va dans le bon sens et il le dit. Je partage tout à fait l'avis de Frédéric LEFEBVRE, le porte-parole de l'UMP ; il estime que celui qui a trahi la gauche, ce n'est pas Lang, c'est Hollande. Encore attaché au forme de courtoisie, j'aurais préféré que Frédéric LEFEBVRE fît précéder les patronymes soit d'un prénom soit d'un monsieur. Mais on ne peut pas tout avoir. Du reste, le porte-parole se rattrape ; il ajoute en effet que la chasse à l'homme lancée contre Jack Lang par une direction finissante au PS, qui n'a même pas le courage de tirer les conséquences de son échec sur toute la ligne, est inquiétante. Il est bon de rappeler que 17 députés socialistes partageaient l'avis de monsieur LANG ; ils ont été contraints de voter contre leur conscience. En somme, les soucis politiciens ont prévalu contre l'intérêt général et la démocratie. Frédéric LEFEBVRE continue : Cela s'appelle du terrorisme intellectuel. Pour y avoir résisté, M. Lang serait conduit vers la sortie.
Monsieur DRAY, lui, n'y va pas par quatre chemins : Il n'a plus sa place dans notre famille. Monsieur DRAY a une curieuse manière de concevoir la famille. Souffrez que je vous narre un petit incident qui commence à dater mais qui illustre assez bien le fonctionnement intellectuel de ce terrible censeur. Nous sommes en automne 1991. L'Association Frères des Hommes est mal en point et perd 2 millions de francs par an. Cette ONG n'a ni attache politique ni attache confessionnelle ; son but est de participer à des opérations d'urgence (catastrophes naturelles), à des opérations de promotion de la recherche médicale, à des actions de solidarité internationale. Recruté comme directeur de la Communication, monsieur Claude DENREY, proche de monsieur Jean-Luc MELANCHON et animateur de la Nouvelle (!) École Socialiste [NSE], fait entrer au Conseil d'Administration quatre de ses amis politiques. Créées comme par hasard dans l'année qui est celle du renouvellement du Conseil d'Administration de l'Association, 5 équipes locales de Frères des Hommes, Massy, Lons-le-saunier, la Roche-sur-Yon (3 départements où les fédérations socialistes sont dirigées par des membres de la NSE), Créteil-Thiais, et Verneuil arrivent à l'Assemblée Générale avec une centaine de mandats, dont 36 viennent d'adhérents de la NSE des messieurs DRAY et MELANCHON. Ces messieurs débarquent l'ancien bureau et prennent le pouvoir. Désormais l'Association est dirigée par une équipe de 7 personnes, dont 5 de la NSE, laquelle fusionne avec le courant de Marie-Noëlle LIENEMANN et devient la Gauche Socialiste. Bien entendu, le nouveau bureau nie toute accusation de putsch. Et, utilisant les manoeuvres bien connues de diversion, prétendent que l'Association n'utilisait pas ses 20 millions de budget annuel pour des actions de solidarité vis-à-vis du tiers-monde, mais 3 millions seulement, oubliant qu'une partie des fonds était versé à une Association européenne. Cette présentation est bien entendu biaisée, puisque l'objet de ladite Association n'est pas exclusivement le tiers-monde. Mais quand on se dit socialiste, il faut faire du social et le montrer. Messieurs DRAY et MELANCHON se sont fait une belle virginité d'hommes charitables en évinçant madame DIGEON, la Présidente. En outre deux employés, dits en fin de mission ont été renvoyées, un autre a démissionné.
Nous n'avons pas de leçons de morale à recevoir de ces gens prêts à tout pour arriver à leurs fins et assouvir leur goût du pouvoir. Monsieur LANG doit rester au PS, et monsieur HOLLANDE le quitter au plus vite.

lundi 21 juillet 2008

La démocratie selon Arnaud Montebourg

Monsieur MONTEBOURG est un grand démocrate. Il estime que les amoureux de la démocratie ont été dédaignés pour une réforme des institutions qui entérine et constitutionnalise une forme de monocratie.
Si monsieur MONTEBOURG avait été chargé de la réforme, il eût sans aucun doute procédé autrement. En effet, pourquoi donner au peuple un droit d'initiative au Référendum ? Et pourquoi faudrait-il limiter l'usage de l'article 49.3 de la Constitution ? Et pourquoi faudrait-il encore que le parlement puisse maintenant établir AVEC le gouvernement l'ordre du jour des travaux de l'Assemblée ? Et pourquoi donner au Parlement le droit d'entériner ou de retoquer les propositions de nomination des hauts fonctionnaires de l'Etat ? Tout cela pue la monocratie, en effet, et marque bien le dédain que l'on a porté à ses amoureux. Il était bien plus intéressant de garder pour les Députés le droit de faire les lois qui intéressent le plus la vie des citoyens, bien mieux de faire passer en force des lois impopulaires, bien plus reposant de laisser au seul gouvernement le soin de fixer l'ordre du jour des travaux, et encore mieux, de laisser au seul Président le soin de nommer les hauts fonctionnaires.
Si monsieur MONTEBOURG avait été chargé de réformer la Constitution, il l'eût réduite à deux articles essentiels.
Article 1. Le parti socialiste est le seul qui soit apte à gouverner le pays. C'est la raison pour laquelle le pouvoir lui revient de droit.
Article 2. Si le parti socialiste est battu aux élections présidentielles et législatives, on est prié d'appliquer l'article un.
L'argumentation de monsieur HOLLANDE ne vaut guère mieux : Trop peu et trop tard. C'est effectivement le discours d'un amoureux rebuté. Le pauvre ! On ne lui a pas accordé ce qu'il demandait en matière de représentation des collectivités territoriales au Sénat. On voit bien pourquoi il demandait cette inepte modification ; c'est tout simplement pour rendre possible l'avènement d'une majorité de gôôôôche au Sénat. Ainsi, il eût été possible d'appliquer la réforme de monsieur MONTEBOURG. Mais le propre d'une Chambre Haute qui représente ces collectivités est précisément de tempérer les excès auxquels une Chambre Basse, entraînée par ses succès, pourrait être poussée. Des excès ? On a vu ce qu'il en était avec le fameux monsieur LAIGNEL et son grand service laïc unifié de l'éducation. Le Nain Sectaire (ainsi l'appelait-on) n'a réussi qu'à faire démissioner monsieur SAVARY, un fort honnête homme, et mettre sur le pavé plus de 2 millions de Français scandalisés par cette violence froide. De même avec monsieur Paul QUILES (Robespaul pour les intimes) qui voulaient que des têtes tombent. Tout cela est minable, loin des préoccupations des Français, politicien. Et les bigorneaux ne sont pas près de disparaître. Heureusement, la réforme est votée. Exit les diatribes de monsieur MONTEBOURG (Montebourde pour les proches).

dimanche 20 juillet 2008

Le crime de Sylvain Gouguenheim

Sylvain GOUGENHEIM est un criminel. Et ceux qui le condamnent sans avoir lu son livre ont mille fois raison. Le crime ? Jugez plutôt : il a osé dire qu'ARISTOTE n'avait pas été transmis à l'Occident par le seul et très grand AVERROES, et traduit exclusivement par des auteurs arabo-musulmans. AVERROES en fut, certes, un très habile et talentueux commentateur. Mais il a existé une autre filière dans cette transmission du philosophe grec. Elle passait par BYZANCE et la SICILE, et trouva son épanouissement au MONT SAINT-MICHEL qui hébergeait un atelier de copistes. Il ose rappeler qu'il y eut une renaissance carolingienne antérieure à l'Islam des Lumières (qui fleurit entre le IXe et le XIe S.), et que les traducteurs arabes d'ARISTOTE étaient des chrétiens syriaques.
Levée de boucliers de nos terroristes intellectuels. Le 28 avril, une pétition signée par 200 personnes (anciens élèves de l'École Normale Supérieure de Lyon, enseignants de ladite École, personnel universitaire divers, et l'inénarrable et incontournable FSU, [mais oui, même si on se demande ce qu'un syndicat fait ici]), accuse Sylvain GOUGENHEIM d'avoir commis au minimum une faute qui procède d'un grave manquement aux principes fondamentaux de la déontologie universitaire pour n'avoir à aucun moment, dans aucun lieu collectif, fait état de sa recherche en cours.
Quelques temps après, c'est au tour de Libération d'héberger les aigreurs de quelques chercheurs en quête de public. On les y voit faire étalage de leur stupeur. Le 5 mai, Télérama attaque l'hérésiarque ; il est accusé de couver un répugnant dessein, celui de réduire à néant la notion même d'arabité.
Sylvain GOUGENHEIM, accusé par des incapables de n'être ni helléniste ni arabisant, vilipendé par des ignorants qui n'ont même pas lu son livre (ainsi de monsieur Claude ZANCARINI qui a fait circuler la petition à l'ENS de LYON) se voit encore reprocher d'être sorti de son domaine pour des raisons idéologiques évidentes. Il interrompt ses cours, profondément affecté par ces attaques. Il a eu beau s'entourer des conseil de Rémi BRAGUE, un helléniste de haute volée, de Dominique URVOY, un fin connaisseur de la pensée arabe et islamique, ou encore de René MARCHAND, un arabisant connu pour ses essais, rien n'y fait. Rémi BRAGUE est chrétien, René MARCHAND est gaulliste et s'inquiète de la progression de l'Islam en Europe, cela suffit à les disqualifier. Jacques LE GOFF, (qui fut marxiste), outré par ces attaques honteuses, soutient l'accusé, même s'il reconnaît quelques imperfections à son ouvrage. Et, le plus beau cadeau que l'on puisse faire à un enseignant, Sylvain GOUGEHNHEIM l'a reçu de ses élèves scandalisés par ces attaques. Eux, ils savent mieux que ces ignobles les mérites de leur professeur.
J'ai eu l'occasion de faire connaissance sur place d'une promotion d'élèves de l'ENS de LYON. Le Comité National d'Evaluation m'avait demandé de procéder à une étude approfondie du Magistère de Biologie dispensé dans cette école. Cadre splendide, professeurs de premier niveau, élèves pétillants d'intelligence, de bienveillance, d'humour et d'esprit. Je suis navré de voir que dans cette école prestigieuse, il y ait eu quelques esprits assez bas pour attaquer ainsi un de leurs collègues. Rassurons-nous, ce ne sont ni les meilleurs ni les plus connus.
Il s'agit maintenant de faire quelques remarques sur le fond de ces ineptes critiques.
Depuis quand un chercheur doit-il faire état de sa recherche devant ses pairs ? Depuis quand est-ce une faute ou un manquement à la déontologie universitaire que de ne le point faire ? Qui sont ces masques et ces mesquins qui n'ont sans doute jamais présenté quoi que ce soit dans ces lieux collectifs ? J'ai trente cinq ans de recherches scientifiques derrière moi. La seule obligation qui m'ait été faite, et c'est bien normal, était de présenter tous les ans un rapport d'activité. Il ne m'a jamais été demandé de justifier mes choix de recherche devant qui que ce soit, et surtout pas une de ces instances collectives, dont on sait ce qu'elles valent !
Que signifie vraiment arabité pour ces gens qui passent leur temps à fustiger le racisme quand il s'agit de défendre notre propre identité culturelle, mais s'offusquent que l'on puisse poser une vraie question : quelle est la part exacte des arabo-musulmans dans la transmission des auteurs grecs à l'Occident ? Ces vigilants gardiens de la doxa de gôôôôche, trouvent-ils indécents que l'on pose la question que voici : Les arabes ont eu accès aux auteurs grecs ; c'est indéniable. Pourquoi n'en n'ont-ils pas fait le même usage que les Européens ?
Et je vais risquer une interprétation personnelle. Il se pourrait que toute cette cabale ait été montée sur la présomption suivante : Sylvain GOUGENHEIM est peut-être d'origine juive. Dans ce livre, en tout cas, on veut le présenter comme un ennemi des Arabes parce qu'il interroge les idées reçues sur leur réelle implication dans la diffusion de la philosophie grecque en Occident. Donc il est sioniste. Eh bien, les vrais racistes, chers lecteurs, ce sont ces ignobles qui n'osent pas expliquer ce qu'ils entendent par raisons idéologiques évidentes.
Alors, et pour terminer, quelques éléments factuels. Il existe un très grand philosophe musulman, MISKAWAYH (dont je possède les oeuvres dans ma bibliothèque). Il a repris à son compte, et fort bien, une partie de la philosophie spéculative d'ARISTOTE. Et il a été le disciple d'un non moins grand philosophe arabe, YAHIA IBN'ADI, qui était aussi un théologien monophysite jacobite, un chrétien par conséquent. YAHIA est né à TAKRIT en 893 et il est mort fort âgé, à BAGDAD, en 974. C'est lui qui a transmis à MISKAWAYH tout ce qu'il savait de la métaphysique d'ARISTOTE. Et il a transmis ce trésor à un autre disciple, chrétien celui-là, IBN ZUR'A.
Voyez-vous, je n'ai pas lu le livre de Sylvain GOUGENHEIM, mais à la différence de ces messieurs les talons rouges aux petits pieds, je me suis intéressé à cette question depuis fort longtemps, et je vous donne ici un renseignement qu'ils n'étaient probablement pas en mesure de vous faire connaître. Je ne suis ni helléniste ni arabisant. Simplement un honnête homme qui cherche la vérité et pour ce faire en prend les moyens.

La trahison des clercs...

Ce n'est pas ainsi qu'on redonnera à l'Université française une place qu'elle n'aurait dû quitter : celle de l'excellence. Voici une historiette qui illustre la corruption des esprits qu'a introduit dans l'Alma mater l'idéologie égalitariste.
Une bonne Université parisienne doit pourvoir un poste d'Attaché Temporaire d'Enseignement et de Recherche, en philosophie. A ce poste, deux candidates. L'une a 28 ans, est agrégée de philosophie, normalienne, lauréate de la Société des Amis de Gaston Bachelard pour les remarquables travaux qu'elle a conduit sur ce penseur ; elle a organisé des colloques, y a publié, a été membre de l'équipe éditoriale d'une excellente revue de philosophie politique ; l'autre candidate a 32 ans ; elle n'est ni agrégé, ni normalienne, et n'a strictement rien publié, mais elle est une maman célibataire.
La Commission de spécialité a élu la deuxième, et non la première de ces deux candidates. Je ne doute pas un seul instant que ses membres aient pris cette décision en leur âme et conscience. Je dis simplement qu'ils n'ont pas rempli la mission que leur a confié la nation, et qui est de porter au plus haut niveau les connaissances et leur transmission en choisissant pour ce faire les meilleurs enseignants et chercheurs. L'Université, en effet, n'est pas chargée de faire de l'assistanat social. Et je trouve désolant que Marie, ma filleule, en soit réduite pour achever une thèse très prometteuse, à faire le secrétariat à mi-temps du laboratoire auquel elle est rattachée.
Cette décision témoigne encore une fois de la corruption des esprits, amenés à mélanger les genres, et incapables de voir l'intérêt général, aveuglés qu'ils sont par le sort de ceux qu'ils appellent "les plus démunis", par opposition, je suppose, aux "moins démunis", au nom d'un socialisme qu'aurait certainement renié JAURES. Encore dix ans de ce régime, et nous n'aurons plus d'Université digne de ce nom.
Dans un billet que je prépare pour ce soir, je vous parlerai d'un autre scandale intellectuel, une cabale montée par des médiocres et, pour certains des incapables, contre un historien qui dit la vérité.

mercredi 16 juillet 2008

Je vous laisse en compagnie de mon cher Gustave

Je m'absente quelques jours et reprendrai mes billets le 20 juillet. Mais avant de me taire, je vous livre une pensée de Gustave THIBON en compagnie duquel je vous laisse donc pour quelques jours.
Mieux vaut faire la cuisine avec une âme de saint que des actes de saint avec l'âme d'un cuisinier.
Il ne faut pas voir là un quelconque mépris de ce beau métier de cuisinier, mais seulement l'idée qu'il n'y a pas de bonne cuisine sans dosage équilibré des ingrédients. Or la sainteté n'a pas de mesure. C'est une folie qui échappe au calcul.
A dimanche.

lundi 14 juillet 2008

Quand une baudruche se dégonfle...

Quand une baudruche se dégonfle, elle s'empresse d'en faire enfler une autre. A ce jeu là, je crains que les poumons de Ségolène ne prennent un vilain coup. Déjà, pour ce qui concerne les cambriolages de son appartement, elle a dû en rabattre. On a de sérieuses raisons de penser que le premier a été commis par une jeune yougoslave âgée de 23 ans, fichée bien après ce délit, pour de multiples vols. Quant au second, on s'achemine vers un dénouement qui remplira l'ex-candidate de confusion, et la poussera à présenter ses excuses pour calomnies, diffamation et insinuations sans preuves. On a retrouvé les empreintes exploitables de deux individus qui sont en cours d'identification et qu'on retrouvera bientôt.
La baudruche des cambriolages ayant rendu l'âme, il faut en gonfler une autre, attiser la haine d'une partie des Français contre l'autre, par tous les moyens ; elle enfile des mots creux comme on enfile des perles. Souffrez que je vous cite quelques propos de Ségolène, tenus après le défilé du 14 juillet.
Je dénonce l’intolérable épreuve infligée à tous les Français et à nos forces armées républicaines contraintes de défiler devant la présence inadmissible de Bachar al-Assad, présent à la tribune officielle du 14 juillet, jour de fête pour les libertés républicaines.
Quelle envolée ! Quel style ! Ainsi, il est possible en France de défiler devant une présence ? Voilà un curieux emploi de ce verbe d'action. Poursuivons
Après la visite de Kadhafi, un autre dictateur retrouve ainsi une crédibilité internationale sans aucune contrepartie : ni regret pour les soldats français massacrés au Drakkar, ni Tribunal international pour l’assassinat de Rafic Hariri, ni reconnaissance de la souveraineté du Liban.
Napoléon, qui s'y connaissait en la matière, disait qu'on peut tout faire avec des baïonnettes (ce dont nous avons eu ce matin une éblouissante démonstration avec le quadrille qui portaient ce nom) sauf s'asseoir dessus. Il s'agit là d'une conclusion qui accorde les données de la physique du solide à celle de l'histoire diplomatique.
Madame ROYAL doit avoir des trous de mémoire. Monsieur MITTERRAND qui fut son idole (ce qui agaçait prodigieusement Claude ALLEGRE) avait quand même bien dit, au début de la guerre d'Algérie que la seule négociation c'est la guerre - il était alors Ministre de l'Intérieur -avant de se raviser et de ne point s'opposer aux accords d'Evian signés par le Général de GAULLE, en dépit des atrocités commises par le FLN chez les pieds-noirs. Voilà donc réglé les cas de monsieur MITTERRAND et du Général. Sans parler de l'interdiction de survol aux avions américains qui allaient bombarder la LYBIE du colonel KHADAFI, décidée par le premier, qui montrait par là une fâcheuse indulgence pour le dictateur par elle vilipendé.
Et pourtant madame ROYAL persiste :
Je suis convaincue que ni le Général de Gaulle, ni François Mitterrand, ni Jacques Chirac n’auraient laissé la France payer ce prix d’une mise en scène humiliante.
J'ignorais que le défilé du 14 juillet fût une mise en scène. Ce que je sais c'est que la décision du LIBAN et de la SYRIE d'échanger des ambassadeurs est une reconnaissance de la souveraineté du LIBAN par la SYRIE. Madame ROYAL, ou bien feint de ne pas comprendre, ou bien ment, ou bien ne comprend rien à la psychologie collective qui reconnaît l'importance symbolique d'un tel échange, car on ne peut entretenir des relations diplomatiques avec soi-même. Dans tous les cas, madame ROYAL est nulle. Et elle affaiblit encore son pays en déniant à son Président un succès qui grandit la France tout entière. Monsieur DELANOE lui, n'a pas eu ces mouvements stupides du menton. Il est venu, car invité ; il a considéré que c'était normal d'être présent. Le Ministre des Affaires Étrangères, du reste, lui a donné l'accolade. Et monsieur DELANOE n'a pas été obligé d'aller serrer la main à monsieur BACHAR EL ASSAD.
Il est tout à fait vraisemblable que la Syrie a été impliquée dans l'attentat du DRAKKAR, mais on n'a jamais pu le prouver. Les services syriens ont été plus habiles que les nôtres dont deux agents se sont fait prendre la main dans le sac après avoir coulé le Rainbow Warrior et provoqué la mort d'un homme. Ce qui, à une moindre échelle certes, n'est guère plus recommandable. Mais le commanditaire s'appelait François MITTERRAND ; et Dieu est saint. Et il a même eu le droit de pratiquer 3.000 écoutes téléphoniques illégales pour protéger sa vie privée, sans que Ségolène s'en émeuve. C'est une forme subtile de cambriolage, un cambriolage prouvé, et qui a été (mollement) poursuivi ; il fut conduit à des fins personnelles ET politiques.
Nous déplorons la mort de nos soldats dans l'attentat du DRAKKAR. Nous condamnons les dirigeants de la SYRIE d'alors pour ce crime odieux dont ils furent les très probables instigateurs. Nous n'oublions pas, surtout pas, et nous n'avons sans doute pas épuisé toutes nos ressources pour venger ces disparus. Peut-être même est-ce fait. Nous pouvons espérer maintenant que le timide dégel entre le LIBAN et la SYRIE se poursuive par des négociations et des accords plus substantiels entre toutes les parties du conflit qui ensanglante le Proche-Orient. Ainsi, la mort de nos soldats n'aura pas été inutile.
Madame ROYAL aurait mieux fait de se taire. L'enflure ridicule de ses propos n'a d'égale que l'enflure de son ego. Pourvu qu'elle ne soit pas désignée comme premier secrétaire du PS. Pourvu ! Mais quand une de ses baudruches se dégonfle, elle se dépêche d'en faire enfler une autre, et l'on aura du mal à débarrasser la scène politique de cette encombrante virago.

dimanche 13 juillet 2008

Crépuscule

Le soir tombe, et le soleil sombre à l'occident. Je viens de retrouver un livre que j'ai relié : le tome deuxième des oeuvres de LAMARTINE. J'avais acheté au poids ces livres sur un marché de SALINS LES BAINS dans le JURA. Une association charitable essayait de trouver des fonds pour ses oeuvres. Ces livres étaient des originaux. Au poids !
Je l'ai ouvert. Oh merveille ! Voici, tiré des Nouvelles Méditations Poétiques, les premières strophes, superbes, de la Première Méditation, dédiée à M. A. de V.*** et intitulé LE PASSE.
Arrêtons-nous sur la colline,
A l'heure où, partageant les jours,
L'astre du matin qui décline,
Semble précipiter son cours.
En avançant dans sa carrière,
Plus faible il rejette en arrière
L'ombre terrestre qui le suit ;
Et de l'horizon qu'il colore
Une moitié le voit encore,
L'autre se plonge dans la nuit.
C'est l'heure où, sous l'ombre inclinée,
Le laboureur dans le vallon,
Suspend un moment sa journée,
Et s'assied au bord du sillon :
C'est l'heure où, près de la fontaine,
Le voyageur reprend haleine,
Après sa course du matin ;
Et c'est l'heure où l'âme qui pense
Se retourne, et voit l'espérance
Qui l'abandonne en son chemin.
[...]
Levons les yeux vers la colline
Où luit l'étoile du matin.
Saluons la splendeur divine
Qui se lève dans le lointain.
Cette clarté pure et féconde
Aux yeux de l'âme éclaire un monde
Où la foi monte sans effort.
D'un saint espoir ton coeur palpite ;
Ami, pour y voler plus vite,
Prenons les ailes de la mort.
Etc.
Il s'agit là d'un poème magnifique. J'en admire la musique et le rythme, et, même si je ne suis pas sûr que les ailes de la mort soient le meilleur moyen d'arriver à la félicité que suggère la vue de l'Etoile du Matin (la planète Vénus), j'en apprécie la douce mélancolie, et la musique sublime, si caractéristique de la langue française. Alfred de VIGNY, à qui ce poème fut vraisemblablement dédié, a dû en savourer la mélodieuse nostalgie.
Que la nuit vous soit douce et bonne. Et que les anges vous bercent de leurs célestes cantiques.

Préjugé et jugement en politique

L'actualité n'offre guère de prise à un commentaire vigoureux. Il semble qu'à l'image de nombre de Français, les hommes politiques, les élus de tous bords, aient suspendu brutalement leur lyre ou leur poignard au râtelier des vacances. Raison de plus pour prendre avec eux un peu de recul.
D'Hannah ARENDT, ce petit texte que j'aime énormément :
Plus un homme est libre de tout préjugé, moins il sera adapté à la vie sociale. Mais c'est qu'à l'intérieur de la société nous ne prétendons pas non plus juger, et ce renoncement au jugement, cette substitution des préjugés aux jugements ne devient véritablement dangereuse que lorsqu'elle s'étend au domaine politique dans lequel, d'une manière générale, nous ne pouvons nous mouvoir sans jugement.
Le texte, j'en conviens est difficile. On pourrait le résumer ainsi. Dans les démocratie occidentales, tout imprégnées de l'idéal de tolérance, on prétend tout accepter sans porter de jugement. Mais comme il est impossible de se mouvoir dans l'espace public, domaine par excellence du politique, sans JUGEMENT, on remplace celui-ci par des PRÉJUGÉS, qui ne sont autres que ceux des idéologies dont on se réclame. Au lieu d'examiner les faits, de les confronter à des valeurs de référence auxquels tout être de bonne foi pourrait adhérer, on fait rentrer ceux-ci dans une grille d'analyse préalable, on les tord, ils sont jugés avant que d'être examinés (c'est là-même le sens de "préjugé"), pesés, confrontés à la totalité.
Hannah ARENDT souligne que le mot jugement a deux sens différents. (a) Subsumer en l'ordonnant, l'individuel et le particulier sous quelque chose de général et d'universel. (b) Mais juger peut signifier tout autre chose, et c'est toujours le cas lorsque nous sommes confrontés à quelque chose que nous n'avons encore jamais vu et pour lequel nous ne disposons d'aucun critère. Ce jugement [...] ne peut s'appuyer sur rien d'autre que sur l'évidence de l'objet même du jugement.
Là encore, texte difficile, mais qui peut se simplifier comme il suit. Le premier mode de jugement a pour but de hiérarchiser les données du réel, données que nous fournissent les faits : ainsi, mettre au même niveau la mort accidentelle de deux jeunes des banlieues et le massacre systématisé des bonzes de Birmanie, ou les persécutions des chrétiens en Algérie, témoignerait d'une absence de jugement si, en exposant simultanément ces faits, on ne voyait pas qu'ils se rangent dans des catégories de niveaux différents qui les rendent irréductibles les uns aux autres. Le second type de jugement se rapporte essentiellement (selon moi) à toutes les nouveautés que nous proposent la science et les technologies : comment juger le fait qu'une personne, génétiquement de sexe féminin, mais transsexuelle et devenue homme, ait cependant donné le jour à un enfant conçu par insémination artificielle ? La chose a eu lieu aux Etats-Unis. Le jugement, là, ne peut s'abstraire de l'évidence du fait, et rien que du fait ; il ne peut pas s'appuyer sur un quelconque système de pensées préétablies, sous peine de devenir un préjugé. Si l'on s'en tient à l'évidence des faits, on voit bien l'aberration d'un tel comportement.
Je regrette de devoir philosopher aujourd'hui. Mais l'accumulation des mensonges, des horreurs, des crimes, et symétriquement la sainteté grandissante d'un nombre restreint de personnes prophétiques (j'en vois tous les jours ; il suffit d'ouvrir les yeux ; je pense notamment à Thierry, un homme simple et pauvre, converti et baptisé il y a peu ; tous les dimanches que Dieu fait, Thierry porte à Kamel, un ouvrier marocain qui quête à la porte de l'église, une bouteille thermos de café, lui donne une petite pièce - tirée de son nécessaire - et discute avec lui une bonne dizaine de minutes) me contraignent à ces réflexions.
D'où l'on voit par là que tous les êtres libres de préjugés sont potentiellement inadaptés à la vie sociale. Celui qui a des yeux et ne voit pas, ne peut accepter ni comprendre Thierry, pas plus que Kamel. Et Thierry, à mes yeux un exemple de sainteté, est incompris et rejeté par le plus grand nombre. Il est un signe de contradiction, et il est de ceux qui, sans beauté ni prestige, sont persécutés pour la justice. Mais l'ONU refuse de condamner monsieur MUGABE et les généraux de BIRMANIE peuvent continuer de trafiquer le pavot et de tuer leurs concitoyens, sans que cela nous émeuve.

samedi 12 juillet 2008

Les jeunes délinquants ont du bon sens

La presse a très peu rendu compte de l'étude qu'a réalisée la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ce service de la Chancellerie a pour mission de suivre les mineurs délinquants. A l'issue de cette enquête réalisée auprès d'un groupe représentatif de jeunes délinquants, une conclusion ressort. Pour la majorité de ces mineurs (331 d'entre eux ont été interrogés entre février et mars 2008), la mission de la justice est avant tout de sanctionner et de punir. Avant de commenter cette enquête, il convient de signaler que 45 % de ces jeunes avaient fait l'objet de trois procédures pénales. Nous verrons tout à l'heure ce que cela signifie.


Ces jeunes ont du bon sens, et je dirais même une certaine conscience morale, qui mériterait toutefois d'être éduquée. Contrairement à l'idéologie rousseauiste héritée des Lumières, qui fait de la société la responsable principale des déviations et incivilités qui traversent maintes populations de jeunes, ceux-ci acceptent, et trouvent normal d'être punis et sanctionnés pour leurs actes. La justice n'a pas à justifier ces sanctions et ces punitions. Et les juges n'ont pas à faire de la psychopédagogie mystico-gélatineuse et de la psychanalyse sauvage. Cette conclusion est étayée par une autre réponse significative de ces jeunes. Une majorité d'entre eux estiment que la fonction de la justice n'est ni éducative ni préventive. Le rôle préventif de le justice n'est reconnu, tenez-vous bien, que par 19 % des interrogés. L'opinion sur le rôle éducatif de la justice est moins tranchée, puisque 49 % la lui attribue. A la quasi unanimité, les sondés indiquent que la justice doit donner une réponse appropriée à la gravité des faits délictueux. Le sursis est considéré comme normal pour la première condamnation, mais il doit tomber dès la seconde, indique l'un des jeunes.


Les mesures de placement judiciaire sont les plus critiquées. Les uns estiment qu'elles auraient dû leur être appliquées plus tôt au cours de leur vie ; les autres qu'elles l'ont été trop rapidement.


Enfin, plus inquiétant, seulement 70 des 331 jeunes disent avoir pensé à la victime et regretté leurs actes. Un peu plus de 20 %. C'est peu, c'est trop peu.
Ces données sont à rapprocher des réflexions publiées par Jean-Marie PETITCLERC dans un petit livre remarquable où transparaissent la profondeur du polytechnicien qu'il était et la bienveillance du prêtre éducateur qu'il est devenu (Enfermer ou éduquer. Les jeunes et la violence. Dunod, Paris, 2004). L'auteur y indique, chiffre à l'appui, qu'il faut sanctionner dès le premier délit pour prévenir la récidive. Il pense donc que le simple rappel à la loi est insuffisant, et il ne me paraît pas être un partisan du sursis. Il fait la très juste distinction entre punition, et sanction. Cette dernière appartient, dit-il, au registre de la responsabilité. Elle doit être positive et réparatrice. Il montre combien le premier droit de l'enfant est celui de la cohérence des adultes qui l'accompagnent sur le chemin de l'éducation. Enfin, et ce point rejoint ma propre et ancienne expérience de chef scout dans une banlieue difficile, une politique de la jeunesse doit reposer sur la confiance en l'éducabilité des jeunes, sur la mise en projet de leur vie, et sur la socialisation. On voit que ces fondements reposent sur une anthropologie saine.
Voilà pourquoi il est très certainement nécessaire de conduire des actions de préventions de la délinquance, pourquoi cette action ne peut être conduite par la justice, et pourquoi aussi, il faut savoir sanctionner sans faiblesse ni larmoiement misérabiliste dès la première incartade. Le choix n'est pas prévention ou répression ; il est prévention et sanction.




vendredi 11 juillet 2008

Qu'avons nous gagné ?

Je reviens à mon très cher BERNANOS et à son ouvrage remarquable et si drôle dont j'ai déjà donné de larges extraits dans des billets anciens : La France contre les Robots.
L'homme d'autrefois ne ressemblait pas à celui d'aujourd'hui. Il n'eût jamais fait partie de ce bétail que les démocrates ploutocratiques, marxistes ou racistes nourrissent pour l'usine et le charnier. Il n'eût jamais appartenu aux troupeaux que nous voyons s'avancer tristement les uns contre les autres, en masses immenses derrière leurs machines, chacun avec ses consignes, son idéologie, ses slogans, décidés à tuer, résignés à mourir, avec la même résignation imbécile, la même conviction mécanique : "C'est pour mon bien... C'est pour mon bien". Loin de penser comme nous à faire de l'Etat son nourricier, son tuteur, son assureur, l'homme d'autrefois n'était pas loin de le considérer comme un adversaire contre lequel n'importe quel moyen de défense est bon, parce qu'il triche toujours.
Vision réactionnaire ? Nostalgie de l'Ancien Régime ? Louange à la monarchie ? Certes non. Et le Roi de France, ce monarque prétendu absolu que nous caricaturent avec complaisance nos livres d'histoire falsifiés, pouvait s'entendre dire par le Président au Parlement de Toulouse, monsieur de la ROCHE FLAVIN : Telle est la Loi du Royaume que nul édit ou ordonnance royale n'est tenu pour édit ou ordonnance s'ils ne sont d'abord vérifiés aux Cours souveraines par délibération d'icelles ! (Citation par BERNANOS dans l'ouvrage évoqué plus haut).
Plusieurs mémoires (dont ceux de l'abbé DUCLOS, au XVIIIe siècle) mentionnent le rôle de corps intermédiaire des Parlements. Imagine-t-on, aujourd'hui, un Conseil Régional vérifier la conformité des lois, décrets, et arrêts, à sa propre constitution ? Et l'on appelle le pouvoir de nos rois, pouvoir absolu ? Il y avait bien, sous l'Ancien Régime, des contre-pouvoirs d'une puissance que nous ne pouvons imaginer. Et même après un Lit de Justice, qui obligeait, il est vrai, un Parlement à se soumettre, les édits ou ordonnance n'avaient aucune chance d'être suivis si le Parlement en question n'en contrôlait ou n'en voulait point l'application.
En vérité, le citoyen, aujourd'hui, est nu devant l'Etat qui contrôle toute la vie sociale par le moyen de son administration, laquelle, loin d'obéir aux Lois, les appliquent de manière curieuse, en les interprétant TOUJOURS dans un sens qui favorise le développement de son pouvoir. Oui aux Lois ! Non à l'arbitraire ! Nous en avons vu hier un bon exemple avec le cas de madame PETRELLA, convaincue de crime par un tribunal italien, et hébergée chez nous, au mépris de toute justice et de tout bon sens, sur la seule décision d'un Président de la République, soutenu de manière occulte par un cortège de syndicats de magistrats, de syndicats de policiers, relayés par toutes sortes de "collectifs" et d'associations de gôôôôche, plus enclins à soutenir les leurs qu'à dénoncer leur violence aveugle et les crimes qu'ils auraient pu commettre.
Voilà pourquoi l'idée d'accueillir des combattants des FARC, soi-disants repentis, est fausse, et contribue plus à désorienter les cervelles qu'à leur permettre de penser.

jeudi 10 juillet 2008

La victimisation des bourreaux, un mal bien français

Il se trouve en ce moment toute une brassée de belles figures de la presse, du monde judiciaire, du show-bizz, des cercles culturels pour attaquer la décision que vient de prendre monsieur FILLON d'extrader Marina PETRELLA, 54 ans, en ITALIE.
Dans les années 80, madame PETRELLA est condamnée, en compagnie de 170 coïnculpés, à la prison à vie pour sa participation aux meurtres et crimes commis par les Brigades Rouges, dont l'enlèvement et l'exécution d'Aldo MORO. Elle a commis elle-même un meurtre, ainsi qu'une agression violente (contre un magistrat, si j'ai bonne mémoire). La condamnation a été prononcée après un procès contradictoire, conduit dans un pays démocratique. Madame PETRELLA fait appel en cours de cassation. Elle est alors laissée en liberté sous contrôle judiciaire. La peine est confirmée. Madame PETRELLA, en 1993, se réfugie en FRANCE où le Président MITTERAND a décidé (depuis 1985) de donner une deuxième chance aux terroristes italiens qui diraient "avoir rompu avec la machine infernale" et se seraient réinsérés, en les mettant à l'abri définitif de toute extradition. En juin 2007, accédant à la demande réitérée des autorités italiennes, monsieur FILLON signe le décret d'extradition. Les avocats français de madame PETRELLA font appel de cette décision. Bien qu'en France l'appel ne soit pas suspensif dans ce cas précis, il est d'usage que la décision attende, pour être exécutée, les conclusions de l'instance juridique consultée. Madame PETRELLA est donc incarcérée dans la section psychiatrique de la maison d'arrêt de FLEURY-MEROGIS. Elle est fortement dépressive. Voilà pour les faits.
Je vous invite à lire sur ce sujet l'éditorial larmoyant de Madame Marie-Françoise COLOMBANI dans le magasine féminin ELLE, qui s'étrangle, s'indigne, proteste, accumule les adjectifs psychodramatiques et surtout le penser-faux, si caractéristique de ce petit monde parisien, ivre de l'influence qu'il exerce sur nos concitoyens.
Ainsi, madame COLOMBANI déclare que madame PETRELLA est rentrée officiellement et légalement en FRANCE. Ce qui est inexact. Il a bien fallu qu'elle passe à travers les mailles de la police italienne pour franchir la frontière, et elle a sans doute eu recours à des complicités bien françaises qui lui ont facilité ce passage. Certes, l'accueil est officiel du côté français ; le déclarer légal est un abus de langage. Il est déclaré légal en vertu d'une décision régalienne d'un Président qui n'a consulté ni ses partenaires italiens, ni la représentation nationale, et n'a pas respecté les accords juridiques conclus avec notre soeur latine. Madame COLOMBANI, dans un style d'une beauté glycérinée, déclare, désignant son coeur de la main gauche : Il ne s'agit pas ici de refaire l'histoire et de se poser des questions sur la culpabilité de cette ancienne dirigeante des Brigades Rouges. Elle a été jugée. Point. Pas question non plus de se demander si cette mesure envers les ex-terroristes est bonne ou mauvaise. Elle a été prise. Point. (D'ailleurs, la France ne vient-elle pas de proposer l'asile au membres des FARC ?). Le noeud du désespoir de Marina PETRELLA vient de là : de l'attitude schizophrènique d'un État qui reprend brusquement ce qu'il a donné. [...]. Et madame COLOMBANI de conclure qu'il est nécessaire que la clause humanitaire soit appliquée qui prévoit de rendre impossible une extradition pour des raisons d'âge ou de santé.
Tout est faux dans ce plaidoyer larmoyant. (a) Ce n'est pas l'Etat qui reprend ce qu'il a donné. C'est l'Etat qui applique une loi, jusqu'ici superbement ignorée par deux Présidents et neuf premiers ministres. (b) Le prétendu principe, déclaré établi, et qui permet à un homme ou une femme, convaincu de crime, d'échapper à l'exécution de la sentence qui sanctionne ses actes, n'est pas un principe juridique, c'est une opinion politique. (c) Madame PETRELLA a été condamnée, mais elle n'a pas purgé sa peine. Que veut dire une condamnation sans la sanction qui va avec ? (d) Madame PETRELLA est italienne, a commis les actes qui ont motivé sa condamnation en ITALIE. Il est tout à fait légitime que l'état italien réclame l'exécution de la sentence. Du reste, la France a mis vingt ans pour localiser, trouver et exfiltrer sur son territoire le terroriste CARLOS RAMIREZ-SANCHEZ. Nul n'a semblé se soucier de ce long délai. Nul ne versera un pleur sur cet homme aux mains tachées de sang. (e) Madame COLOMBANI fait bon marché de la douleur des proches de ceux dont la vie a été fauchée par ces furieux ; madame PETRELLA en fit partie. Au nom du principe humanitaire, il eût été bon qu'elle n'appuyât point froidement sur la gâchette de l'arme qui ôta la vie à un "ennemi de classe". (f) Nous aurions aimé, au moins, que madame PETRELLA manifestât un puissant regret de ses actes. Il semble que ces regrets se soient limités à un renoncement officiel à la violence, prononcé dans le silence poussiéreux du cabinet d'un juge. (e) L'âge de madame PETRELLA n'est pas si élevé que cela ; quant à la santé, elle était fort bonne avant que l'extradition ne fût décidée.
Qu'aurions-nous dit si l'ITALIE avait accepté d'héberger les assassins de l'ingénieur général de l'armement AUDRAN ou de Georges BESSE, au motif qu'ils auraient déclaré renoncer à la violence ? Je ne suis pas sûr que nous n'aurions pas insisté pendant des années et des années pour obtenir satisfaction. J'ai déjà dit et je redis qu'on ne peut enfermer un homme dans ses actes ou ses paroles. Il ne s'agit pas de le faire davantage pour madame PETRELLA. Mais il me semble que la dignité de l'homme consiste à assumer la responsabilité de ses actes. Ah ! c'est sûr, il est plus facile de sombrer dans la dépression et le retrait du monde que de reconnaître ses erreurs. On attend toujours de cette passionaria qu'elle ait UNE PAROLE, UN MOT, pour ses victimes.

Madame COLOMBANI a tout faux. Mais elle va certainement recevoir un abondant courrier qui lui permettra de mesurer son influence dans le lectorat d'ELLE. En FRANCE, pour une raison lié au caractère national, nous aimons le paradoxe. Nous victimisons les bourreaux, et bourreautisons les victimes. Cette étrange déformation de perspective explique bien des dérives.

mercredi 9 juillet 2008

Ségolène et la paranoïa

Madame ROYAL fait un lien entre les visites de son appartement et ses attaques contre monsieur SARKOZY. Je n'irais pas jusqu'à dire, comme monsieur ESTROSI (je crois) que madame ROYAL a le cerveau d'un bigorneau. C'est désobligeant pour ce coquillage succulent et sympathique. Mais de deux choses l'une : ou bien madame ROYAL a des indices, des éléments de preuve, et elle porte plainte ; nous la soutiendrions fortement, si cette hypothèse était avérée ; ou bien tout se passe dans son cerveau (voir plus haut), et elle est à la fois ridicule, paranoïaque, et sotte. On pourrait tout aussi bien imaginer que des rivaux, au sein de son parti, cherchent à connaître ses soutiens, et ses réseaux, pour mieux évaluer leurs chances au Congrès de Reims. Je n'ai pas entendu le moindre bruit de ce genre, ni dans la majorité, ni dans l'opposition. Madame ROYAL est une mauvaise perdante.
Quant à la supposée mainmise de "monsieur SARKOZY et de son clan" sur la France, il faut avoir de sacrés trous de mémoire : c'est bien, me semble-t-il, un député de l'opposition qui préside la très importante commission des finances à l'assemblée nationale, sur la recommandation du Président ; c'est bien dans la réforme constitutionnelle, rejetée en bloc et à l'unanimité par le PS, que figure une très importante mesure celle qui consiste à faire adopter ou refuser par les députés les nominations aux plus hautes instances de la République à l'exception du Directeur de France Télévision (je suis de ceux qui n'approuvent pas cette proposition).
Mais tous ces politiciens, qui n'ont aucune idée, aucune proposition, sont soudés par la hantise du pouvoir et la haine recuite et infondée qu'ils éprouvent envers monsieur SARKOZY, haine qu'ils propagent, répandent, et diffusent avec succès, à l'aide de mots, de formules basses, d'incitation à la jalousie, d'insinuation. NIETZSCHE jubilerait de les voir argumenter si pauvement. On a critiqué la montre du Président, bon ! Mais qui songerait à demander dans quelle friperie de bon chic madame ROYAL trouve ses tailleurs qui ne sont pas tous de mauvaise qualité ?
Reprenons le discours de madame ROYAL, et le cours de sa démonstration.
J'observe que la semaine dernière, le lendemain où j'ai dit qu'il fallait mettre fin à la mainmise du clan Sarkozy sur la France, mon domicile a été mis à sac (...) Je fais un rapport entre les deux. Je considère qu'aujourd'hui il y a une mainmise du pouvoir sur les médias (...).
A la question : S'agit-il d'une accusation contre le pouvoir en place ? la présidente de la région Poitou-Charentes répond : C'est une drôle de coïncidence. Et c'est la seconde fois (que cet appartement est fouillé, ndlr), la première a eu lieu pendant la campagne présidentielle (...)".
Comme disait je-ne-sais-plus-qui à propos des Egyptiens : ils avaient la possibilité d'aller en Chine ; s'ils le pouvaient, c'est qu'ils y sont allés, la démonstration de madame ROYAL est d'une imbécilité absolument lumineuse. D'une coïncidence, elle fait une preuve, ou plus exactement une insinuation qui sert de preuve. Mais la suite est encore plus belle.

Je suis la seule responsable politique à dénoncer très clairement ce qui se passe contre le service public de l'audiovisuel. (Ce n'est pas très gentil pour ses amis du PS). Mais suivez-mon regard, et votez pour moi au Congrès de Reims. Moi seule suis crédible, moi seule m'oppose au Président.
Et puis la hargne se déchaîne.
Il y a un rapt, il y a un vol sur la publicité de France 2 et de France 3 pour enrichir les amis de M. Sarkozy, MM. Bouygues, Lagardère, Bolloré, qui s'apprêtent en plus à se positionner pour la privatisation d'EDF et d'Areva (...) à un moment où il y a une crise énergétique.
Et enfin, la martyre parle : je ne subirais aucune intimidation pour empêcher ce mauvais coup contre la France.
Quand la publicité a été introduite à la télévision publique, ce fut un tollé de la gôôôôche : on livrait ce bijou aux mains du grand capital. On supprime la publicité, et c'est une honte ; comment la télévision publique va-t-elle vivre ?
Assimiler la France à PPDA, c'est certainement un très grand hommage rendu à un journaliste de talent que nous regretterons, mais qui trouvera à s'employer sans nul doute sur d'autres chaînes. On se demande ce que viennent faire les Bouygues, Lagardère, Bolloré (lesquels, en raison de leur fortune NE DEVRAIENT PAS AVOIR D'AMIS ! Na !) dans la question de la crise énergétique, dans celle de la télévision publique ou encore dans le cambriolage ou la "visite et le saccage" de l'appartement de l'ex-candidate : elle perd ses nerfs, et avec eux perdra les élections au Congrès de Reims en dépit de ses pauvres interventions pour attirer sur elle l'attention des médias et de ses troupes.
Non, décidément non ! Nous ne voulons pas d'une institutrice en escarpin à la tête de ce qui aurait pu être un grand parti moderne, si ses dirigeants avaient eu l'intelligence de faire taire leurs rivalités et de contrôler leurs egos. Il faut en démocratie une véritable opposition.
Sortant de mon tonneau comme DIOGENE, je la cherche en vain avec ma lanterne. Quelqu'un pourrait-il l'éclairer ?

L'égalité selon le parti communiste chinois

Notre Président, d'autres présidents, pleins de présidents, vont aller à l'ouverture des Jeux Olympiques de PÉKIN. Il serait bon de leur rafraîchir un peu les méninges pour qu'ils n'oublient pas les chinois dans leur voyage.
En Chine, aujourd'hui, 20 % des plus riches chinois possèdent 55 % des revenus ; 20 % des plus pauvres n'en touchent que 4,7 % ; 6 % des familles riches possèdent 40 % des biens financiers ; 5 % trustent la moitié de l'épargne privée. Cent-quatre-vingt-dix millions de Chinois seulement ont des revenus supérieurs à 2000 dollars annuels. Le restant de la population vit dans la pauvreté ou dans la misère. Une grande partie de ces privilégiés, les plus riches, sont des cadres du Parti.
Le gouvernement chinois déclare que le seuil de pauvreté est atteint avec un revenu annuel de 800 yuans, soit 95 dollars ! et que la pauvreté absolue est atteinte avec un revenu annuel de 70 dollars. Les Nations Unies, plus généreuses, ou plus lucides, évaluent le seuil de pauvreté à un dollar journalier (350 dollars de revenu annuel). Centre trente millions de chinois vivent avec ces 350 dollars annuels. Il y a dix millions de mendiants, onze millions de sous-alimentés, entre 150 et 200 millions de SDF (deux fois la population de la France !), un chômage allant de 12 à 30 % selon les régions, 28 % de la population laissée sur le bas côté de la route de la "croissance", laquelle doit atteindre au moins 7 % annuels si la Chine veut simplement se maintenir à flot, en raison de sa démographie.
Imaginons un paysan qui désire quitter sa région pour aller travailler en usine, dans la zone spéciale de SHENZHEN, très attractive (paraît-il).
Première étape : il doit obtenir un permis pour quitter sa région, une carte d'identité, un certificat de célibat (sic !), un certificat prouvant qu'il n'est pas né hors quota familial (1 enfant par couple). Il part. Il arrive à SHENZHEN.
Deuxième étape : on demande à notre jeune paysan un dépôt de 300 yuans, et un permis de résidence temporaire qui coûte 640 yuans. Avant même de travailler, notre jeune homme a déjà dépensé trois mois de son futur salaire. Il lui faudra de toute façon dépenser encore 600 yuans pour obtenir des certificats l'autorisant à rester dans cette zone. Il les lui faudra porter sur lui en permanence sous peine de prison. Il lui faudra payer pour obtenir un emploi. (Et nous qui nous plaignons de notre pouvoir d'achat !).
On en finirait pas de citer les épouvantables pratiques sociales de la Chine communiste. Et c'est ce régime que les présidents vont honorer de leur présence. Le livre de Thierry WOLTON, duquel j'ai tiré ces données chiffrées (La Grand Bluff chinois. Comment Pékin nous vend sa révolution socialiste. Robert Laffont, Paris, 2007) égrène au long de ses pages admirablement documentées une série de faits qui font froid dans le dos. De quoi avons-nous peur ? Savez-vous que le géant américain de la distribution, Wal Mart importe de Chine 80 % des produits vendus à bas prix dans ses magasins ? A lui seul, il y achète plus de produits que le Canada ou l'Australie. Il suffirait qu'il cesse d'acheter pour le l'économie chinoise traversât une terrible crise. On peut en conclure que les Etats-Unis soutiennent le régime chinois, qui pourtant est leur ennemi le plus juré, et qu'ils contribuent à maintenir un système oppressif épouvantable.
La Chine communiste détient une masse considérable de bons du Trésor américains. Que craint-on ? Ces bons du Trésor ne sont que du papier. Il suffirait à un gouvernement souverain de les déclarer in-remboursables (après tout l'URSS en a bien fait autant avec les emprunts russes) pour ruiner la Chine. Que craint-on ? En vérité ces géants démographiques, financiers et économiques se tiennent par la barbichette. Aucun d'eux n'est dupe. Et le système durera tant que les pauvres, en Chine (et aux USA peut-être, car il y a aussi des pauvres aux USA), courberont la tête devant ces financiers corrompus, ces puissants avides, ces monstres froids.
N'ayons pas peur ! N'ayons pas peur de la vérité ! Soutenons les admirables penseurs chinois dissidents. Leur pays est digne de leur lutte. Et la culture, l'histoire, l'art de l'Empire du milieu méritent qu'on les aime et que l'on se batte pour eux.

mardi 8 juillet 2008

Au père Christian Delorme

Dans le numéro du Monde daté du 4 juin, le père Christian DELORME, prêtre de l'archidiocèse de LYON publiait un article sur les relations islamo-chrétiennes. Ce prêtre est un spécialiste de ces relations, c'est tout à fait indéniable. Mais il est aussi prêtre, et son article soulève bien des questions et suscite le scandale. Que dit-il, le père Christian DELORME ?

Ceci :

Ce qui fait fondamentalement l'unité de l'Algérie, c'est son islamité.

Le débarquement des Français en Algérie, en 1830 ? Le père DELORME évoque les atteintes à la culture et aux institutions musulmanes qu'ont perpétrées (rien que ça) les coloniaux.

L'existence d'une minorité chrétienne en Algérie pourrait devenir prétexte à des interventions militaires. Le père DELORME proclame l'urgence d'une réflexion sereine sur la légitimité ou non du prosélytisme chrétien en terre d'Islam.

Et encore : L'Évangile, certes, demande aux chrétiens d'annoncer le Christ, mais pas au prix du déchirement d'un peuple, pas au prix de l'engendrement de situation de violence.


Il me semble que le père DELORME marche sur la tête. Est-il violent d'assister à une messe dans une maison privée ? Est-il possible d'empêcher des hommes et des femmes d'accéder à une Lumière qui est tout le contraire de la violence ? Devons-nous accepter l'islamisation de notre patrie et la persécution de nos frères chrétiens algériens ? Qui déchire le pays ? Le juge de TIARET qui condamne ses compatriotes à l'amende et à la prison pour des délits d'opinion ou ces chrétiens héroïques qui ne font que retrouver leurs racines, affirment très haut l'amour qu'ils portent à leur patrie, mais réclament la liberté de conscience et de culte.


Nous n'avons pas fini de payer notre apostasie. Madame ROYAL peut bien proclamer dans ses déclarations que le métissage est une bonne chose pour la France, mais pour qu'elle fasse accepter par nos compatriotes cette idée, qui est philosophiquement et religieusement juste, il faudrait encore qu'elle et son parti comprennent une chose : il est impossible à un être humain coupé de son Dieu d'accepter totalement la différence et la fraternité fondée en Christ. Cette schizophrénie d'un régime laïc qui ne s'inspire que d'exigences chrétiennes coupées de leurs racines, dépourvues de la sève qui leur donne vie, nous conduit à la catastrophe. Oui à l'évangélisation de tous les peuples. Il n'y a pas de salut hors de l'accueil du Message. On ne peut imposer par la loi l'amour et la charité.