mercredi 21 janvier 2009

Enfin des propositions

J'ai trop longtemps critiqué l'absence de propositions de la part de l'opposition pour ne pas me réjouir de celles que Martine AUBRY met sur la table au nom du PS.
Les remèdes proposés engagent une dépense de 40 milliards d'euros, selon Michel SAPIN, contre les 26 milliards du Gouvernement. Fidèle à ses méthodes, le PS propose une relance de l'économie par une relance de la consommation : augmentation du SMIC, augmentation de la prime pour l'emploi, augmentation de l'indemnisation du chômage partiel de 50 à 80 %, modulation de l'impôt sur les sociétés en fonctions des bénéfices réinvestis, annulation du paquet fiscal de 15 milliards d'euros (bouclier fiscal, déduction des intérêts d'emprunt, suppression quasi totale des droits de succession), modulation de la TVA (diminution sur certains produits de première nécessité).
Tout n'est pas inintéressant dans ces propositions. Il convient donc de les examiner avec un oeil critique mais bienveillant.
Les mesures qui me paraissent néfastes sont celles qui concernent la relance directe ou quasi directe de la consommation. En effet, de telles recettes ont été appliquées aussi bien par la droite (Jacques CHIRAC, Premier Ministre), que par la gauche. Les mesures prises sous le Gouvernement MAUROY avaient débouché sur le Plan de Rigueur en 1983 et son emprunt obligatoire à l'intérêt dérisoire. Et il n'avait eu aucun effet sur la croissance. Pas plus que celui de Jacques CHIRAC du reste, qui avait fondé son espoir sur l'augmentation des investissements publics et le maintien de l'emploi et des salaires. Mais supposons que les Pouvoirs Publics cèdent par démagogie au démon de la relance par la consommation : l'effet inéluctable - et tout le monde le sait - en serait d'augmenter les importations et d'aggraver le déséquilibre du commerce extérieur. On verrait exploser, notamment, les importations de produits chinois (textiles, chaussures, informatiques de bas de gamme, téléphones portables, petit électroménager). Le confort des individus et des familles s'en trouverait amélioré sur le court terme, mais les répercussions sur le long terme et le moyen terme seraient terribles. Il me semble donc qu'il faut renforcer l'appareil productif français par des investissements massifs dans des produits à haute valeur ajoutée, destinés à la consommation intérieure, certes, mais aussi à l'exportation. En d'autres termes, il nous faut augmenter la quantité de richesses produites avant de les redistribuer. Sinon, on ne fait que distribuer des dettes que devront payer nos enfants. En outre, l'augmentation du SMIC, souhaitable certainement sur le plan théorique, ne ferait qu'aggraver la perte de compétitivité de nos produits, déjà considérable, en raison des charges diverses qui grèvent le travail salarié, si elle était appliquée immédiatement et sans amélioration de la productivité et la diminution des coûts de production par le moyen de l'investissement.
Diminuer la TVA de manière modulée est une bonne idée, et une idée juste. Mais elle repose sur deux postulats le premier est que la Commission Européenne donnera certainement son accord sur cette modulation - on peut en douter quand on voit la difficulté à obtenir une TVA à 5,5 % dans le cas de la restauration ; le second est que les producteurs et commerçants n'augmenteront pas leurs prix en les alignant sur les prix anciens, de façon à augmenter par ce subterfuge leurs marges bénéficiaires.
Je doute aussi que la suppression du paquet fiscal plaise aux citoyens de la classe moyenne ou moyenne supérieure qui bénéficient de la déduction de leurs revenus, des intérêts dus au titre d'un emprunt immobilier, ou de la quasi suppression des droits de succession. On peut, bien entendu, ne s'attaquer qu'au bouclier fiscal : mais on peut prévoir que dans un contexte de libération des échanges et des capitaux, la fuite des grandes fortunes françaises dans les paradis fiscaux ne fera que s'amplifier. Faisons le pari que le civisme l'emportera sur la cupidité. Personnellement, je ne serais pas contre cette dernière mesure.
Mais enfin réjouissons-nous de voir enfin des propositions concrètes qu'il est possible d'argumenter, de critiquer au sens étymologique du terme (critiquer, c'est cribler, tamiser), et de prendre sérieusement en considération.
En revanche, les motifs invoqués dans la motion de censure que le PS s'apprête à déposer sont d'une désolante mauvaise foi. Feindre de croire que le chômage, la question du pouvoir d'achat, les effets de la crise économique sont imputables au seul Gouvernement est d'une rare malhonnêté intellectuelle. Pourquoi faut-il que les socialistes gâtent par ce manque de probité ce que leurs propositions peuvent avoir de juste ?
Elections, élections, mon beau souci ! Telle me semble être la réponse.

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