vendredi 6 mars 2009

Non, messieurs les élus !

Messieurs les élus qui freinez des quatre fers pour empêcher le Gouvernement et le Président de la République de procéder à une réforme administrative de fond, vous avez tort ! Comment un pays soucieux des deniers publics peut-il compter, je les cite : des communes (36.000 !), des communautés de communes, des "pays", des cantons, des arrondissements, des départements et des régions, sans crouler sous le poids de dépenses administratives inutiles ? Ah, pour une seconde fois (la première étant le vote unanime de la proposition faite par l'ancien Président de l'Assemblée Nationale sur les retraites des députés), pour une seconde fois, disais-je, gauche et droite sont d'accord. Touche pas à mon siège, touche pas à ma cocarde, touche pas à mon titre, touche pas à ma voiture de fonction. Et, pauvres imbéciles, nous continuons à défendre l'existence de structures administratives vermoulues, inadaptées aux besoins actuels, et qui nous coûtent les yeux de la tête.
J'ai entendu, par exemple, les récriminations de quelques Picards qui ne veulent pas voir leur région disparaître. Leur région ? Elle est composée de trois départements : Oise, Somme, Aisne. En puissance démographique et économique, elle représente une minuscule fraction d'un land allemand ou d'une province italienne. Je ne pleurerais pas la disparition d'une région dont pourtant ma famille est originaire et qui abrite les tombes de mes ancêtres (à MONTIGNY-SUR-CRECY, dans l'Aisne, très exactement). Je la connais bien pour y avoir passé de nombreuses vacances ; tout gamin, je devinais que les attractions naturelles de l'Aisne sont la Champagne-Ardennes et le Nord-Pas de Calais, que celles de la Somme sont situées en Normandie, et celles de l'Oise en Île-de-France. Mais les élus de Picardie, qui ne peuvent pas ignorer ces réalités géopolitiques, mobilisent les habitants de leur région pour sauver leurs sièges et leurs privilèges, au mépris de l'intérêt réel du pays. La disparition de la Picardie comme entité administrative n'empêcherait pas les Picards de vivre selon leurs traditions (comme je l'ai entendu prétendre par un habitant de BEAUVAIS). Un raisonnement analogue s'applique à la région Poitou-Charentes, que je connais aussi pour y être né par les hasards de l'exode et de la guerre. Et il en va de même pour l'Alsace où j'ai vécu plus de trente ans.
La vérité est que la France est irréformable, conservatrice, râleuse, et que les Français (fort heureusement du reste) ne peuvent s'unir et se relever qu'après avoir atteint le fond de la détresse nationale.
Je ne méconnais pas l'importance symbolique que peut revêtir, aux yeux des uns et des autres Français, une identité régionale. Mais celle-ci ne tient pas à l'existence d'une structure. S'il en avait été ainsi, les départements qui (généralement) ne recouvrent aucune réalité historique ou politique auraient remplacé dans l'esprit du peuple français la mémoire des provinces. Il n'en a rien été, bien au contraire. On se dit breton, basque, alsacien, auvergnat, rouergat, lyonnais, provençal. Et il y a d'autres manière de préserver l'identité provinciale que la Révolution s'est efforcée d'assassiner. Il suffit que les citoyens le veuillent et, de leur propre initiative, préservent leurs langues, leurs traditions, leurs fêtes. Cela ne relève pas de l'Etat, mais du Peuple.
Non, messieurs les élus ! Ne vous opposez pas à une mesure de bon sens, et voyez comment vous pouvez contribuer à préserver la spécificité de vos régions en promouvant les initiatives de vos concitoyens, sans chercher d'abord à les contrôler et à les utiliser au profit de votre réélection.

1 commentaire:

Eugénie a dit…

<< Si je savais quelque chose qui me fût utile, et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe, ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. >>
peu osent le dire aujourd'hui mais cessons de ne penser qu'à nos interets particuliers et tournons vers l'interet commun !! bravo et merci mr poindron