mercredi 8 avril 2009

Précisions supplémentaires

Je ne critique pas madame ROYAL parce qu'elle est socialiste. Je la critique par ce qu'elle dit n'importe quoi, et qu'elle pense qu'il suffit d'être dans le registre de l'émotionnel, fût-il faux, pour emporter la conviction de ses auditeurs, alors qu'elle n'en entraîne que l'adhésion irraisonnée.

Madame ROYAL est le représentant le plus achevé des adeptes de l'esprit de système. Il faut bien qu'elle comprenne que son antidiscours de DAKAR instille dans l'esprit de ses auditeurs les manières de penser des Occidentaux, et que c'est elle qui fait preuve de colonialisme culturel. L'un de mes lecteurs me le fait remarquer très justement ; mon billet "Exercices d'observation" fait état de l'article d'un journaliste camerounais qui pointe merveilleusement bien l'arrogance intellectuelle et culturelle des Français.
Je ne connais pas l'Afrique directement. Ce que j'en pressens me vient des récits d'un ami qui a vécu au BENIN pendant plus de trente ans, et d'un médecin togolais qui vit à LOME. Le premier a écrit un livre absolument extraordinaire, un ensemble de récits, de faits, d'expériences vécues quand il était missionnaire dans la région d'ALLADA. Le second a fait ses études à STRASBOURG. J'ai très longuement écouté l'un et l'autre, et je n'en tire aucune conclusion générale. Mon impression est que le sens très réel que les Africains ont du passé n'est pas le sens que nous attribuons à l'histoire. Et le même lecteur qui remarquait l'intérêt de mon billet "Exercices d'observation", ajoute cette citation que je fais mienne : il s'agit d'un mot d'Olavo de Carvalho : "La déesse Histoire, cette vieille prostituée qui change de clients à chaque nouvelle génération, et qui se vend au plus offrant".
Nous avons vu comment la République traite l'histoire de la Révolution. Madame ROYAL poursuit, en moins brillant, la tradition des MICHELET, AULARD, SOBOUL, MATTHIEZ et consorts : la considération non point des faits, mais de l'interprétation que les uns et les autres en donnent en fonction de leur affinité intellectuelle, politique, philosophique ou religieuse. Or l'établissement des faits, dans la mesure où ceux-ci nous sont accessibles par des textes écrits, ou des monuments, demande beaucoup d'esprit critique, de probité intellectuelle, de détachement de sa propre personne, de recoupements. Rien de tout cela n'apparaît chez madame ROYAL, qui ne lui en déplaise, parle en son nom personnel tout en prétendant qu'elle représente l'opinion de la France et des Français ("je vous le dis en confidence - [devant 500 personnes et de nombreux journalistes...] - ce n'est pas l'avis de la France et des Français").
Les militants ont eu la sagesse de porter madame AUBRY à la tête du Parti Socialiste. Heureusement pour lui. (Je dois dire qu'à l'émission de "Vivement dimanche" où elle était conviée il y a un peu plus d'une semaine, Martine AUBRY m'a paru humaine, sympathique, et sans doute plus nuancée que ne l'exige le nécessaire durcissement de propos destinés à son public.) Madame ROYAL est un fléau public, non pas par sa personne, mais par les idées qu'elle incarne et qu'elle véhicule. Elle est d'une suffisance et d'une arrogance qui devraient effrayer même ses amis (j'aime en tout cas à le supposer).

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