samedi 30 mai 2009

Le devoir de dire

Diverses réactions envoyées par courriel ou par téléphone, quelques commentaires aussi, m'incitent aujourd'hui à vous livrer ces réflexions. J'espère simplement qu'elles ne susciteront ni ennui ni bâillements chez mes lecteurs.
Pour moi, tenir un Blog est un moyen non seulement de communiquer, (car beaucoup communiquent, c'est-à-dire envoient des messages sans se soucier de leur réception) ; c'est un moyen d'être relié à des lecteurs inconnus dont je ne connais pas la vie, mais dont je peux partager l'existence et qui peuvent partager la mienne, grâce à la parole.
Une parole a de l'effet. Je m'explique : elle provoque une réaction au plus profond de celui qui la reçoit, et elle l'invite en retour à répondre. Pour qu'une parole soit authentique, celui qui la profère doit accepter de ne point cacher sa vulnérabilité, et de dire d'où il parle - sinon c'est un manipulateur. Je ne vous ai point caché que je m'efforçais d'être un disciple de Jésus, pas un croyant idéologique ; je ne vous ai point caché davantage que j'étais, de par ma formation et mon métier, ce qu'il est convenu d'appeler un "intellectuel" ; enfin, et quoi qu'on puisse en penser, mes opinions politiques ne sont ni conservatrices, ni réactionnaires : elles peuvent ne pas être partagées, et je conviens que quelquefois, je manque totalement d'objectivité vis-à-vis de l'opposition de gauche, les socialistes surtout, mais c'est plus parce qu'ils ont laïcisé l'amour, banalisé le don, humilié la fraternité qui est due à tout homme, même au riche, que je m'en prends à eux : ils sont obstrué leur source par la boue immonde de la jalousie et du ressentiment.
Marcel LEGAUT, dont décidément je ne me lasse pas de lire les oeuvres, de décrypter la vie, de comprendre les intuitions profondes et géniales du disciple qu'il a été, dit ceci à propos de ceux qui écrivent pour témoigner, et qu'aujourd'hui (je veux dire : ici et maintenant, à cet instant précis), je fais mien :
Quel que soit l'accueil que l'on fera à leur témoignage, qui n'a pas la prétention d'être un enseignement comme leur genre de vie ne peut pas être un modèle, ils seront appels plus encore que jalons, maillons de la tradition vivante et inspirée qui depuis les origines travaille l'humanité pour qu'elle s'accomplisse en Dieu (Dans : Introduction à l'intelligence du passé et de l'avenir du christianisme, page 398).
Ainsi, malgré la conscience claire de mes limites, et après - pour des raisons qui me sont personnelles - avoir réfléchi longuement tout au long de la soirée, je peux dire vraiment : j'ai le devoir de dire, non pour me faire remarquer, mais pour être fidèle à moi-même.

4 commentaires:

olibrius a dit…

Ben, qui vous demande de ne plus publier? Qui vous reproche d'être disciple de Jésus? Moi, j'essaye aussi, mais je ne le crie pas, et je passe aux actes au service des autres, mais je ne peux compter que SUR SON AMOUR pour me SAUVER, sinon je suis fichu. Ce n'est pas à vos actes que vous....
Je trouve en effet que vous "assassinez" trop fortement ceux qui ne vous "plaisent" pas. Ce sont souvent les mêmes que je n'aime pas non plus, mais souveznez-vous que "la pluie tombe pour le bon et le méchant", que quelqu'un a dit "qui t'as condamnée, personne? moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pêche plus". Alors peut-être qu'un peu plus d'arrondi...

Question qui peut demeurer sans réponse: êtes-vous heureux?

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius,

Encore une fois, vous avez mille fois raisons. Mais je crois avoir expliqué plusieurs fois pourquoi je déteste les gens qui sont généreux avec l'argent des autres. Et qui utilisent la jalousie et le ressentiment comme arme politique. C'est justement parce que la pluie tombe sur le pauvre comme sur le riche, que je pourfends et continuerai de le faire ceux qui vouent les riches à l'enfer en ne rêvant que d'être à leur place.
j'ai déjà dit aussi qu'il m'arrivait de ne pas être très objectif. Je m'en veux,car parler est toujours exprimer une certaine vérité ; j'admets cette limite, mais c'est ainsi.
Ensuite, personne ne m'a dit de ne pas publier. Mais, je le répète, une parole n'a de sens que si elle éveille l'autre et en retour éveille celui qui l'a prononcée. C'est cela la relation. Toute autre chose que la communication. Ce'est pourquoi j'apprécie vos remarques.

Me reprocheriez-vous de dire et de ne pas faire ? Peut-être avez-vous raison. Je fais du mieux que je peux. Et là encore, je compte sr la miséricorde du Père pour me relever.
Ce qui sauve, ce n'est pas mon amour, ni mes actes, c'est l'accueil de l'amour du Père, révélé par le Fils dans le don de l'Esprit. Je dois dire que, sur ce point, peu m'importe d'être compris. C'est ce à quoi j'adhère. Point barre. Là, je reconnais que je ne suis très arrondi.
Vous ne me répondez pas sur un point essentiel : êtes-vous Philippe, oui ou non ?
Enfin, je vous réponds : j'assume ma condition d'homme, avec ses joies et ses peines ; je cherche ; j'ai reçu beaucoup de la vie ; je suis dans une certaine forme de bonheur. Et aussi dans une certaine douleur qui tient à mon histoire personnelle. Vous voyez, je mets en accord mes actes avec mes dires, en n'hésitant pas à dire ma vulnérabilité.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius,

Désolé, je n'avaias pas vu que vous aviez répondu à la question du prénom. Vous n'êtes pas Philippe. Vous lui ressemblez étrangement. Alors, me connaissez-vous ? Je ne peux pas croire que nous ne soyons jamais croisé.
Amicalement.

olibrius a dit…

olibrius n'a jamais rencontré philippe poindron et ne se souvient pas connaître d'autre philipe.
Mais n'est pas olibrius qui veut!