vendredi 14 août 2009

Les mots sont des pièges

Le slogan "travailler plus pour gagner plus", cher au Président de la République, a suscité railleries et critiques. Jamais elles n'ont été justifiées ; on s'est borné à le moquer.
Or, je n'aime pas ce slogan, moi non plus, et je vais expliquer pourquoi : il fait de l'argent un but pour la vie. Il s'appuie sur l'avidité ou la cupidité humaines. Pour montrer combien sont les mots sont des pièges - car je me plais douter que ce n'était pas l'intention du concepteur du mot d'ordre - on peut trouver une autre formule plus appropriée, et qui fait tout simplement appel à la justice : "Gagner plus en travaillant plus". Il est normal que le travail soit rétribué, et qui travaille plus voit son travail honoré par un salaire plus important. Le but n'est plus l'argent ; l'expression met en corrélation deux notions intimement mêlées : le travail et la rétribution du travail. Aucun des critiques, à ma connaissance, n'a insisté sur la signification implicite du slogan présidentiel. De sorte qu'ils sont passés à côté de l'essentiel, qui est une vision matérialiste des aspirations humaines. Or l'homme ne vit pas que de pain. Nous ne le savons que trop et les chanteurs qui célèbrent l'amour humain ou déplorent sa dégradation, ne font qu'illustrer cette aspiration à un autre chose.
De même est piégé le slogan "protégeons la planète". Notre civilisation se plaît à considérer que l'homme est le maître de toute chose, que la nature n'a rien à nous apprendre ou à nous dire, que tout est le produit de la culture, au point même qu'il y a des chercheurs en sciences humaines qui prétendent nier la réalité de la sexuation, pour parler de celle du genre ! Il est impossible de comprendre en profondeur ce que signifie protéger la planète, si l'on considère que l'homme peut tout, s'auto-construit, et ne reçoit rien que l'homme n'ait lui-même fabriqué ou élaboré. Car on peut toujours rester dans l'illusion que la science remédiera aux effets destructeurs de l'activité humaine. C'est dans l'intime relation avec la nature, considérée comme le bon fruit à nous donné par le Créateur, que l'on peut s'engager dans une démarche personnelle de respect de l'environnement.
On n'en finirait pas de donner des exemples où les mots trahissent ou travestissent ce qu'ils prétendent vouloir dire, et révèlent la pensée profonde de qui les a proférés.

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