jeudi 13 août 2009

Non au dieu Mammon

C'est proprement effarant ! Nos banquiers et nos financiers ne semblent pas avoir compris que les temps ont changé. Comme si de rien n'était, ils continuent de provisionner des sommes considérables pour les redistribuer sous forme de bonus à leurs traders, alors même que des milliers de nos concitoyens sont plongés dans le désespoir et la pauvreté par les licenciements ne sont souvent (pas toujours, certes) justifiables que par le goût du lucre des actionnaires.
J'ai toujours dit, et je redis encore, que l'économie administrée a fait les preuves de son incapacité à créer autant de richesses qu'une économie de libre entreprise. Encore faut-il qu'il y ait entreprise. Que font donc ces gens qui, l'oreillette à l'oreille et les yeux fixés sur un chronomètre, lancent, hagards, des ordres de ventes et d'achat dans le but unique de faire de l'argent pour le compte de leur employeur (prétexte) mais surtout pour le leur (bonus !) ? Quels services rendent-ils à la société ? Que produisent-ils ? Quelle richesse, autre que de l'argent qui est nécessairement volé ?
Ces banquiers-là doivent prendre conscience que leurs pratiques est moralement inacceptable. Il est tout de même curieux qu'un économiste (monsieur de SCITIVAUX), un philosophe (Simone WEIL) et deux penseurs (Gustave THIBON, Marcel LEGAUT) disent tous, à des années d'intervalle, que le seul principe de changement social est le changement des comportements individuels. Puisque messieurs les banquiers disposent de la puissance énorme que représente l'argent, qu'ils l'utilisent au mieux de l'intérêt général, et non de leurs intérêts particuliers. Je crains fort, sinon, que l'on en vienne à la solution préconisée par monsieur Michel SAPIN (homme qui manifestement est honnête et pense, et pense surtout à autre chose que sa propre carrière), et que la loi vienne mettre fin à des abus qu'un peu de sagesse, d'intelligence et de largeurs de vue suffiraient à éviter. Pour la rentrée, un seul mot d'ordre : non au dieu Mammon. Non cette puante idole, que l'on repaît du sang des pauvres.

4 commentaires:

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur,

quelques réactions à chaud sur votre dernier billet :

1) Je crois que Mammon prend deux 'm'

2) Si je me souviens bien, c'est vous-même qui aviez dit dans un autre
billet quelque chose comme "À bas les Y'A QU'À FAUT QUE" ? Je suis
tout-à-fait d'accord avec ça. À bas les yaquafautque, donc, y compris
Philippe POINDRON.

3) Votre phrase "Nos banquiers et nos financiers ne semblent pas avoir compris que les temps ont changé" me laisse perplexe. Vous semblez dire qu'il était normal pour les
banquiers&financiers de se "repaître du sang des pauvres" jusqu'à une certaine date, mais
que maintenant ça ne l'est plus ?

Amicalement,

E. D.

olibrius a dit…

mais oui c'est bien vrai tout cela,mais tout cela est légal. Je pense qu'il faudrait taxer tous les bonus, avantages,etc... à 80% au moins ca ferait du bien à l'état.
Mais ne nous arrangeons nous pas nous-mêmes de certaines situations financières personnelles? Et vous -même?

Philippe POINDRON a dit…

Cher lecteur,

1-Oui, Mammon prend deux M. Je vais corriger.

2-Non, je ne dis pas y'a-qu'à faut que ; je dis exactement le contraire, puisque que je prétends que seule la prise de conscience individuelle, de nature morale (art de vivre) peut changer quoi que ce soit à la société. Je dis que je crains seulement qu'en absence de cette prise de conscience, on en soit réduit à faire appel à la loi.

3-Non, je ne prétends pas que c'était normal. Je dis et suggère que tout le monde semblait s'accomoder de la chose tant qu'il n'y avait pas trop de sang sur les autels de MAMMON. Je suggère simplement, mais sans doute de manière très elliptique, que faute d'une prise de conscience, il risque d'y avoir soit une révolte profonde et violente des laissés pour compte, soit un retour de bâton vers un régime autoritaire, et réglementateur à l'excès. je vais donc faire un billet complémentaire.
Bien amicalement.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius,

Oui, je participe hélas à ce système. Du moins puis-je dire que j'ai toujours refusé de spéculer, et que j'ai gardé depuis des années les actions reçues de mes parents par héritage ; j'en ai du reste donné une très grande partie à mes enfants. Je me sens plus léger. Mais ce n'est pas le capitalisme d'entreprise qui est condamnable, c'est le capitalisme financier, qui ne tient aucun compte de l'activité de production, de création des entreprises et qui a transformé l'argent en marchandise, alors qu'il n'est qu'un symbole, un équivalent du travail de l'homme.
Oui, les bonus sont légaux. Mais pour être légaux, ils n'en sont pas moins scandaleux. Le contribuable a aidé les banques à ne pas couler. Il a le droit de contrôler ce que l'on fait de ses impôts. On peut taxer les bonus, mais on peut surtout les interdire. Certes, les traders prennent des risques. Qu'on les paye largement pour cela. Rien de plus.
Bien amicalement.