dimanche 30 août 2009

Vous l'avais-je point dit ?

Il y a fracture idéologique à La Rochelle. Madame Cécile DUFLOT vient de critiquer vertement madame Ségolène ROYAL qui a déclaré "démagogique, historiquement décalée, etc." la taxe carbone, qu'elle, Cécile, trouve parfaitement justifiée. Ne vous avais-je point dit, il y a quelques billets, qu'il serait très difficile d'organiser des primaires ouvertes "à gauche", comme "à droite", le problème de "la gauche" étant encore plus délicat que celui de la droite ? D'un côté l'écologie (madame DUFLOT), résolument anti-productiviste, de l'autre, un socialisme résolument pour le progrès, et opposé à toute forme de limitation de ce progrès, soit par souci d'en voir partager les fruits par tous, soit par idéologie de "la libération des forces de production". Pour être tout à juste, il faut ajouter ceci : madame ROYAL aurait préféré que l'on promeuve les recherches sur la voiture propre (grande consommatrice prévisible de métaux rares, comme le lithium, et donc de ressources naturelles limitées, il faut le souligner), ce qui atténue quelque peu l'aspect de sa critique, puisqu'elle déporte la solution au problème du gaz carbonique vers l'utilisation d'un autre type de véhicule, non polluant.
En vérité, le débat n'est pas vulgaire. Et il faut reconnaître au gouvernement une rare habileté politique. En s'emparant d'un sujet qui divise l'opposition, il oblige celle-ci à choisir d'accepter ou de refuser une mesure, proposée du reste par un de ses membres, monsieur ROCARD. Mais au-delà de l'aspect un peu politicien de cette initiative, il y a une vraie question. A-t-on le droit de dire : "après nous, le déluge", ou faut-il penser à l'avenir de nos enfants, en modérant nos appétits ?
Il me semble que l'idéologie de la croissance a poussé depuis longtemps les pouvoirs publics à aider les industries consommatrices d'emploi, les industries à s'engager dans une course effrénée à la publicité, les citoyens à vouloir satisfaire tout de suite tous leurs désirs. Il en résulte une intolérance croissante à la frustration. Or, d'autres ont dit, ailleurs et bien mieux, que la frustration est à l'origine de la culture. On risque donc de voir la culture s'étioler dans nos pays européens, et c'est du reste ce risque qui a conduit à créer un Ministère du même nom, chose qui eût été impensable il y a 60 ans.

4 commentaires:

NORMAN a dit…

Il me semble que Royal a de meilleurs conseillers depuis quelques mois, ça ne va pas éclaircir le débat pour les militants. Entre 2 voies idiotes nous serons les cocus de toute façon. D'ailleurs je vais voir rapidement la réaction, sooss de goooche, sooss catho, admirateurs provisoires de Bayrou. L'idée de la taxe carbone est aussi stupide que de revendre nos autoroutes, de financer des mosquées, d'avoir créé le collège unique. La pollution parlons-en! Les déchets de Marseille, ville qui ne pratique pas le tri sélectif, sont une abomination en 2009, 2 trains par jour sur une décharge à ciel ouvert, et contre les conventions de l'E.U. Dans cette affaire nous sommes encore une exception, comme pour la taxe carbone. Il y a des sujets que l'on évite. On reste dans le politiquement correct: c'est plus simple et surtout on a plus d'amis. Il est plus facile de critiquer Monseigneur VINGT TROIS que "les chiennes de garde". "Warum?" wie die Ameise sagen würde.
mfg

Geneviève CRIDLIG a dit…

Ce ne sera pas vraiment un commentaire du fond du problème - un peu cependant.

Je comprendrai qu’ il soit trouvé un peu décousu .
Autres époques, autres analyses du motif possible de la déperdition annoncée de la culture en Occident :
Pour ce faire - et en plus histoire de détendre l’atmosphère et en plus un dimanche qui reste encore un jour de repos - jusqu’à quand ?( donc il faut en profiter ) , je vous invite à un voyage dans le temps auprès de quelques grands sages connus ou qui sont restés anonymes et qui ‘’ voyaient ‘’ une autre cause – la même presque durant 3000 ans.
Et je crois encore bien plus longtemps – faudra que je recherche.

‘ A-t-on le droit de dire : après nous le déluge ! Ou faut-il penser à l’avenir de nos enfants ?
.. ‘ on risque de voir la culture s’étioler dans nos pays européens’ pour cause ‘d’intolérance croissante à la frustration’?

°→ " Cette jeunesse est pourrie jusqu’au fond du cœur. Les jeunes sont méchants et paresseux. Ils ne seront jamais comme autrefois (NDLR sic !) et ne pourront jamais maintenir notre culture. "
(sur une amphore babylonienne vieille de 3000 ans avant J.C.)

°→ " Notre époque se trouve dans une phase critique, les enfants n’écoutent plus leurs parents." (prêtre égyptien, 2000 ans avant J.C.)

°→ "Je n’ai plus aucun espoir en l’avenir de notre pays, si les jeunes d’aujourd’hui doivent être les dirigeants de demain, car ils sont insupportables, inconscients, voire effrayants."
(Hésiode, 740 avant J.C.)

°→ "Nos jeunes aiment le luxe ( NDLR tiens donc, déjà le goût tyrannique de la croissance…), ils ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité, et n’ont aucun respect pour l’âge. A notre époque, ils sont des tyrans, (dire qu’on croit avoir inventé le concept de l’enfant roi au XXè …) ils répondent à leurs parents, ils sont impossibles. "
(Socrate, 400 avant J.C.)

°→ La jeunesse a pour caractère distinctif d’être remplie de désirs… Mobiles dans leurs désirs et prompts à se dégoûter, les jeunes désirent avec une extrême ardeur et se lassent non moins vite." (NDLR déjà ‘une intolérance croissante à la frustration ’ ???)
(Aristote, 320 avant J.C.)

* Certes, ces citations de l’Antiquité pourraient illustrer le thème du travail : « Plus ça change, plus c’est pareil ! » Mais elles peuvent aussi contribuer à saisir un moment de notre évolution.
* En fait je crois que l’un des progrès de la pensée, et particulièrement l’avènement de la vie démocratique, a consisté à progressivement ne plus accuser uniquement la jeunesse mais tout un chacun quel que soit son âge ou son état et à quitter un peu les visions complètement noires, à s’éloigner d’un pronostic fermé.
Encore que ? J’entends beaucoup de « c’est fini » « plus d’espoir ».
Encore que ? Des réexpéditions plus ou moins musclées en renvoient aussi la faute sur le parti de l’autre.

Conclusion provisoire : Finalement on les aime bien ces jeunes … depuis le temps qu’ils font suer le monde… [= aucun rapport avec le sujet du billet < C'est dimanche... ]

Philippe POINDRON a dit…

Chère et délicieuse Fourmi,

Si vous n'existiez point, qui pourrait vous inventer ? Merci pour ces extraits antiques que je vais mettre de côté, de façon à les exploiter en temps utiles. Ceci étant, dans mon billet, je ne parle pas des jeunes. Je parle de mes contemporains, des adultes, qui ne sont que les modèles pour les jeunes. C'est bien le drame : le jeunisme des adultes. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet. Et je maintiens, j'ai le regret de vous le dire, que notre société n'enseigne pas à tolérer la frustration, que la satisfaction immédiate des désirs, confondus avec les besoins, ressort de l'animalité, et que l'animalité et la culture ne font pas bon ménage.
Bien amicalement.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Norman,

Merci pour ces commentaires. Ils touchent à nombre de sujets, et je ne puis mettre à tous mon grain de sel.

La décharge de Marseille est un scandale public, qui ressemble un peu, mutatis mutandis, à ce qui se passe à Naples où l'enlèvement des ordures est au main de la mafia. Il me paraît impossible qu'aucne solution technique ne puisse répondre à cette question. Pourquoi ne fait-on rien ? Il doit y avoir derrière de puissants intérêts que nous ignorons. J'ai dit mes réserves sur le financement des mosquées. Et j'ai par ailleurs bien indiqué le risque que cours notre patrie avec l'afflux de citoyens musulmans, et la démographie qui en résulte. Vox clamans in deserto.

Pour ma part, j'évite maintenant de me référer à une quelconque idéologie politique. Je m'en tiens à la séparation des pouvoirs exigée par Jésus. J'essaye de donner mon avis sur les sujets qui me paraissent d'importance. Mais je sais que si le Royaume est au-dedans de nous, il n'est pas de ce monde.

Bien amicalement.