vendredi 11 septembre 2009

Ah ! Vézelay !

Vézelay est un bourg charmant. Le temps s'y est arrêté depuis longtemps. Les maisons n'y ont plus d'âge. Le silence qui l'enveloppe est doux, comme sont doux les chants des moines de la Fraternité Monastique de Jérusalem quand va finir le jour et qu'ils célèbrent les Complies. Sainte-Madeleine devient alors un vaisseau mystique qui conduit les fidèles aux portes du Ciel.
On peut critiquer Viollet-le-Duc. Il a quand même sauvé la Basilique d'une ruine certaine. A 23 ans, il a obtenu le droit de restaurer l'ouvrage et il l'a fait avec un acharnement, une opiniâtreté incroyables. En montant vers le sanctuaire, on passe devant la maison qu'il habita pendant les travaux. Les habitants ont manifesté leur gratitude au sauveur de leur patrimoine en apposant une plaque qui rappelle son séjour. On apprend avec étonnement que Théodore de Bèze, pasteur, écrivain et compositeur est né à Vézelay ; là encore une plaque signale la chose aux passants curieux.
Mais Vézelay reste pour moi le lieu d'une rencontre inoubliable qui vient juste de s'achever. Les universitaires ne sont pas tous des sauvages. L'une de nos collègues avait pris l'initiative d'organiser une rencontre des Professeurs de Microbiologie qui avaient cessé d'exercer leurs fonctions depuis quatre ou cinq ans. Certes, tous n'étaient pas là. Mais il y en avait suffisamment pour que les retrouvailles fussent joyeuses, pittoresques, gourmandes, savantes, en un mot délicieuses. L'un de mes collègues - je lui répondrai - m'a fait quelques remarques judicieuses sur ce Blog dont il est un lecteur passablement assidu. Vous voyez, nous restons en contact parfois sans le savoir.
Nous avons fort peu parlé du passé. C'était le présent qui nous occupait. Les uns disaient comment ils continuent de restaurer leur belle demeure médiévale, achetée comme une ruine, et aujourd'hui superbement refaite par leurs seuls efforts. Un autre racontait comment il s'adonne à la peinture (c'est un excellent peintre), un troisième détaillait l'attachement qu'il porte à ses petits-enfants dont il s'occupe merveilleusement, et nous disait aussi l'angoisse qui l'étreint quand son fils, médecin militaire, part en opération : récemment, c'était en Afghanistan. Tel autre bricole avec talent. Nous parlions voyage, cuisine, famille, et nous évoquions aussi le souvenir de ceux qui ne sont plus et dont entretenons la présence en remémorant les moments les plus marquants de nos rencontres. Ni nostalgie, ni sensiblerie dans ces rappels ; non ! un respect affectueux pour eux qui nous ont tant donné.
Et je me disais, je nous disais, et nous ne cessions de nous dire la chance que nous avons d'avoir gardé assez de santé, de jeunesse d'esprit, de curiosité, pour vivre aussi intensément ces moments-là. Oui, il faut le reconnaître, nous sommes des privilégiés, et cet état nous crée de grandes obligations d'ouverture, de partage et de transmission.
Ah ! Vézelay ! Comme j'aime ta lumière, tes maisons, ton sanctuaire qui a vu et voit passer tant de pèlerins en route pour Compostelle, et tant d'autres encore qui ne le peuvent pas ou plus ! Tu n'es ni antique, ni médiévale, ni actuelle, tu es définitivement un haut lieu inspiré. A très bientôt te revoir !

6 commentaires:

olibrius a dit…

C'est étonnant, je me suis pris à remplacer le nom de Vezelay par celui de PP: Ah, Philippe poindron, et ca ne détonnait pas.. enfin pas trop.
Amicalement

olibrius a dit…

oubli: je veux dire le remplacer dans le dernier paragraphe: Ah! Vezelay!Comme j'aime ta....
C'est vrai que notre PP est parfois jyrique. Certainement un grand amoureux qui s'ignore (?)

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius, je ne suis pas assuré de comprendre exactement ce que vous voulez dire dans votre deuxième commentaire. Mais la lecture de l'évangile du jour me pousse à vous dire que "la bouche parle de l'abondance du coeur." Je veux bien que l'on dise mon lyrisme quelque peu mystico-gélati neux. Mais que voulez-vous, je n'y peux rien. Amicalement.

olibrius a dit…

Mais trés cher Philippe
Rien d'autre que "tu es définitivement un haut lieu inspiré" c'est juste le définitivement qui me faisait hésiter. Qui a parlé de mystico-gélatineux, pas moi!
N'oubliez pas que vous pouvez tout et que, souvent, vous y êtes arrivé!!!!!

Michel Georges a dit…

Essai ça marche ou pas A+

Philippe POINDRON a dit…

Cher Georges, ça marche. Tu peux utiliser cette voie là pour tes commentaires.

Je réponds aussi à ce cher Olibrius. Je suis touché de ses précisions. Les ai-je mérité ? C'est une autre affaire.