mercredi 23 septembre 2009

Les limites d'un système

Les concepteurs et promoteurs de l'idéologie libérale - qui met "la main invisible du marché" au coeur de la régulation des échanges, de l'économie et de la société - ont bien vu les limites et les dangers de leur système ; ils ont imaginé des dispositifs destinés à briser les monopoles ou à empêcher leur formation. Aussi curieux que cela puisse paraître, le système libéral, si l'on prend conscience de sa cohérence interne, n'est pas compatible avec le développement d'une société où la technique joue les premiers rôles.
Le développement technique, en effet, entraîne nécessairement une concentration des moyens de production entre un nombre réduit d'entreprises. Pourquoi ? Simplement parce que la concentration entraîne d'énormes économies d'échelle, et permet de mettre sur le marché des produits qui ne soient point trop coûteux et puissent séduire une large clientèle. Mais elle a aussi pour effet de diminuer le nombre de sociétés aptes à faire les investissements considérables, nécessaires pour atteindre ce but, et elle aboutit inéluctablement à des accords de cartel et des ententes illicites entre grands groupes qui déterminent d'un commun accord le prix d'achat des matières premières, le prix de vente des produits finis, et même les parts de marché qui reviennent à chacun des rares membres de l'entente. La concurrence est placée au coeur du système libéral. Elle ne peut jouer librement que si le nombre des acteurs économiques, vendeurs comme acheteurs, est suffisamment élevé pour empêcher ces dérives. C'est tout le contraire qui se produit.
La ruine qui menace les producteurs de lait n'a pas d'autre origine que la concentration des moyens de conditionnement du lait entre les mains d'un nombre restreint d'entreprises acheteuses en regard de la dispersion géographique et de la fragmentation politique des agriculteurs vendeurs. Ils l'ont fort bien compris : il ne leur reste plus comme arme de défense que la grève de la production et de la vente de leur récolte.
Nul n'est en mesure de dire, dans ce système, comment se forment les prix. Mais le simple bon sens l'indique : des éleveurs qui travaillent durement entre 10 et 12 heures par jour doivent avoir des revenus qui leur permettent de vivre décemment, d'élever leurs enfants, et de jouir de quelques loisirs et repos. Il est parfaitement possible de déterminer le revenu moyen souhaitable et normal des éleveurs, et c'est le revenu ainsi défini qui devrait fixer le prix du lait à la vente aux grands collecteurs. Sans doute est-ce trop simple. Mais on le sait, et je l'ai déjà dit, le propre de l'idéologie est d'être insensible au sort des hommes concrets. Et c'est pourquoi, sans que les médias s'en émeuvent, quelques six éleveurs de Basse-Normandie se sont suicidés ces derniers mois. Ils n'étaient pas salariés de France Télécom.
Pendant ce temps, les dockers de Fort-de-France en Martinique travaillent sept heures par semaine et gagnent 7000 euros par mois. Ils sont indéboulonnables. Le trafic du port a diminué de 28 % depuis le début de l'année 2009, en raison des grèves. Ils continuent imperturbablement à toucher un salaire qu'ils ne méritent pas. Que voulez-vous, nous vivons au pays de l'égalité virtuelle !

4 commentaires:

NORMAN a dit…

Ceci peut surprendre beaucoup d’entre nous mais toutes les histoires que vous écrivez sont reliées la plus part du temps à la politique, et en particulier la très forte présence de la gauche dans tous les domaines de la société française. Transports publics et éducation, la gauche fait la pluie et le beau temps, Culture : le Ministre n’est acceptable que s’il a une sensibilité de gauche. L’art sur toutes ses formes, c’est avant tout ce que la gauche produit, avec ses créateurs aux cheveux gras, qui émargent tous dans un parti de goooche, Ses intermittents du spectacle, uniques dans le monde. France Télécom : c’est le problème d’une entreprise trop longtemps protégée du monde réel de la concurrence mondiale, la téléphonie la plus chère du monde; la gauche et ses satellites en sont responsables par leurs entêtements à ne rien faire. Aucun domaine, économique, social, n’a échappé a la main irresponsable et sanguinaire de la gauche française, les sans papiers, les constructions de mosquées, l’immigration incontrôlée, avec l’argent du contribuable, c’est la gauche qui bataille chaque jour pour nous imposer ce que la majorité ne veut pas : la Turquie est un exemple parmi des dizaines d’autres. La gauche a l’argent facile. Le Président Mercier me disait 80% de mon budget va au « social ». La France est généreuse; mais pas pour ces enfants !

NORMAN a dit…

SUITE. Et dans cette situation nous voyons des éleveurs qui se suicides, des milliers de litres de lait jetés par désespoir, demain les pécheurs bretons ou les maraîchers, les arboriculteurs, les petits commerçants, les PME. L’Etat UMPS travaille contre ce peuple d’honnêtes travailleurs : taxes après taxes, le coût du travail double, triple, la concurrence fait maintenant très mal. Fini la phrase: les travailleurs asiatiques « ils travaillent pour une poignée de riz » juste a côté de nous le lait allemand coûte moins cher que le lait français, ainsi que tous les légumes, fruits, exotiques ou non. Les salaires de ce pays ne sont pas inférieur a ceux de la France. L’état en faillite plombe l’économie et précipite ces travailleurs dans la détresse. Il invente un nouvel impôt, la taxe carbone. Qu’elle catégorie sociale va payer ? Les mêmes. Le dernier président de gauche, je veux parler de Chirac, avait dit « l’impôt tue l’impôt » Belle phrase mais c’était avant son élection! Arrêterons nous les suicides de ces honnêtes travailleurs et arrêterons nous l’immoralité des salaires des 130 dockers de Fort de France et de leurs gros 4x4, difficile ! La gauche veille. Le 2ème pouvoir : Hier soir dans le journal de France 3, le journaliste en poste à New York relatant brièvement la visite du président Sarkozy, disait que ses interventions avaient aussi pour but de faire « oublier ses affaires de justice avec Villepin » (sic) payer un journaliste au USA pour qu’il parle d’un procès qui ne concerne qu’une poigné d’individus sans intérêt. Si cela n’est pas de la propagande pour la gauche ! Et comme toute société socialo- communiste la parole est confisquée, récemment la loi portant création d’une haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, la fameuse « HALDE » est venue modifier l’exercice de notre liberté d’expression en incriminant les opinions qui ne vont pas dans le bons sens. Hier c’était Le Pen, aujourd’hui c’est moi , demain c’est vous ! Question a 2 sous: pourquoi la gauche qui se bat,paraît il, pour la vérité ne fait pas campagne avec ses journaux, le Monde, Libé, l’Express, le Canard, Marianne et tous les autres pour demander que Chirac vienne au moins comme témoin dans le procès Villepin. Il doit en savoir des choses Chichi. Mais voilà Chichi était un bon camarade finalement !!! Et que de tête au parti il a sauvé ! Et même l’huma , vous avez dit pluralisme ?????? Ou gauche pluriel.

olibrius a dit…

les dockers!!! ah quel milieu. Ce sont quand même des spécialistes de "foutre en l'air" leur propre boulot. Où sont les ports français actuellement dans le classement mondial, ou même seulement européen?
Seul La Havre est en train d'investir à fonc pour un nouveau port mais avec des manutentionnaires qui seront privés. C'est un bon début.
On retrouve d'ailleurs d'autres exemples dans le fonctionnariat français. Un exemple: une personne enseignante qui travaille toute une année ( y compris pour les 3 jours de juillet)se trouve emputée de son salaire pour les deux mois de congés d'été pour le seul motif que la personne qu'elle remplaçait ets revenu "au travail" le 30 juin pour 2 jours (travbail non éxécuté d'ailleurs), a été payée à plein temps pour les deux mois et est à nouveau en congés parental à partyir de septembre puis à mi-temps dans 6 mois avec la bénédiction du rectorat d'ailleurs.
Le parcours de cette personne depuis 5/6 ans n'est qu'une succession d'allers et retrours en congés de naissance, de congés parentaux ou de maladies fictives qui A CHAQUE FOIS coutent des salaires aux personnes la remplacant.
Cela n'est rien??? mais quand on sait que cette personne écrit dans un journal des commentaires sur l'évangile certains dimanches, on se demande quel est son témoignage réel?
Alors vous savez les problèmes de dockers cégétistes!!!

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius, comparaison n'est pas raison. Et cette personne qui abuse de ses droits devra rendre des comptes au jour du jugement. Il ne faut pas en douter. Mon propos, dans ce billet, était de montrer, dans la ligne de Simone WEIL et de ses réflexions sur les causes de l'oppression sociale et la liberté, que la réelle aliénation des salariés n'est pas due au capitalisme industriel (je mets à part le capitalisme financier) mais à la distance toujours plus grande qui sépare celui qui conçoit de celui qui exécute (Marx avait vu cela). Et cela nous n'y pouvons rien si nous continuons à vouloir toujours plus à moindre coût, du lait aux fruits et légumes en passant par les habits, les appareils électroménagers ou les voitures. Il y a là un véritable problème social, que ni l'éducation, ni l'instruction ne peuvent résoudre. Seule une prise de conscience personnelle, intériorisée, peut modifier nos comportements, nos modes de vie et de consommation, notre relation à l'autre. A mon avis, ça passe beaucoup par le développement de la pensée (et non des idées) et de la vie intérieure.