mercredi 7 octobre 2009

Déception

J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pense de monsieur Didier MIGAUD, Président socialiste de la Commission des Finances de l'Assemblée. Il est pondéré, probe, manifestement ouvert à la discussion, pour autant que j'aie pu en juger. C'est pourquoi je suis un peu déçu de sa réaction. Comme toujours, Le Monde donne à l'entrefilet qui la reproduit, un titre qui ne convient pas du tout : BNP-Paribas, le PS dénonce la "générosité de l'Etat". Que dit monsieur MIGAUD ? "En entrant au capital de BNP-Paribas au moment où l'action valait 27,24 euros et en en sortant au moment où elle vaut 58,20 euros, le gouvernement s'est privé d'une plus-value de 113E % et d'un montant de 5,8 milliards d'euros." Le Monde (N°20120, du 2 octobre, page 19) se croit obliger de ponctuer cette phrase par un ! mais je n'y ai mis qu'un . Mais monsieur MIGAUD ne parle pas de "générosité de l'Etat", et ce n'est pas le PS qui parle, mais le Président de la Commission des Finances. Voilà comment il est possible d'influencer un lecteur pressé et peu soucieux d'aller aux fonds des choses.
Il y a dans les propos de monsieur MIGAUD une grave inexactitude et une contradiction idéologique incompréhensible.
(a) L'Etat n'est pas rentré au capital de BNP-Paribas. Il lui a consenti un prêt avec intérêts et le remboursement de ce prêt par la banque a tenu compte de cette condition. Où est-il écrit que les intérêts d'un prêt sont indexés sur la valeur capitalisée d'une entreprise ? Supposons, du reste, que l'Etat soit devenu actionnaire, et que la banque ait fait faillite, que n'aurait-on pas dit sur l'imprévoyance et le laisser-aller des pouvoirs publics ? La solution du prêt était de loin la plus sage, d'autant qu'en cas de faillitte la dette de BNP-Paribas était pour l'Etat une "créance super- privilégiée", et que celui-ci n'aurait pas manqué de se rembourser sur les dépouilles opimes du failli. Ce qui n'eût pas été le cas s'il avait été actionnaire. Mauvaise querelle donc.
(b) Le plus incompréhensible est que monsieur MIGAUD appelle au secours de son raisonnement celui que les responsables de la crise ont utilisé : la spéculation. Ainsi, un citoyen ordinaire est voué aux gémonies s'il spécule, mais l'Etat, parce qu'il est l'Etat a tous les droits ? Là vraiment je ne comprends pas. Du reste, madame LAGARDE a fort bien répondu : "L'Etat ne spécule pas" (enfin, pas trop !).
Il semble donc que monsieur MIGAUD se soit laisser aller à un commentaire inadapté et faux. J'espère bien que la majorité saura expliquer. Mais j'en doute, car le pendant de droite de XYLOGLOSSE, savoir monsieur Frédéric LEFEBVRE, manie mieux l'invective et le sophisme que le raisonnement.
Notre patrie va-t-elle donc si bien que cela que les responsables politiques se déchirent à coups d'idées toutes faites, de préjugés et d'aveuglement ? Quand donc un véritable dialogue s'instaurera-t-il entre majorité et opposition, de façon que, sans ce à quoi chacun croit, des solutions acceptables par tous puissent être trouvées aux maux qui nous accablent et QUE CHACUN CONNAÎT ET SAIT NOMMER ?

7 commentaires:

NORMAN a dit…

Je demande - une fois n'est pas coutume - pardon à Olibrius, je confesse, je trouve encore ce billet bien instructif. Que dire devant cette démonstration combien éclairante qu'ils (les gochos) nous prennent tous pour des demeurés. Le pendant de droite de XYLOGLOSSE, savoir monsieur Frédéric Lefebvre, manie mieux l'invective et le sophisme que le raisonnement, c'est très vrai et vous avez raison de le déplorer, mais devant la crétinerie, la mauvaise foi et le mensonge il faut des personnages aux propos colorés, il me semble que le "citoyen français et républicain" comprends mieux les Cohen-Bendit et autres Mamere. XYLOGLOSSE et ses coéquipiers n'auraient pas d'audience en Allemagne.

Roparzh Hemon a dit…

Suite au commentaire de Norman : << ils (les gochos) nous prennent tous pour des deumeurés. >> Ils n'ont pas tout-à-fait tort, n'est-ce pas? Leur succès n'est pas dû au hasard ...

E. D.

olibrius a dit…

Là, je ne suis pas certain que PP ait raison. J'eus préféré que l'Etat prenaaaaaaaaaaaaasse un pourcentage majoritaire dans le capital des banques... ce qui aurait permis d'éviter de recommencer les magouilles actuelles. A savoir que les banques ont quasiment toutes remboursées leurs prêts à l'état et sont donc libres de refaire des milliards d'euros (eh oui)de bénéfices avec de l'argent virtuel car ces bénéfs ne sont absolument pas basés sur les richesses réelles d'aujourd'hui.
Les banques nous prennent aussi pour des c..s!

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius, la question en débat n'est de savoir si fallait participer au capital ou faire un prêt. Elle est de savoir si la critique de monsieur MIGAUD est fondée ou non. Elle ne l'est pas selon moi.
Amicalement.

NORMAN a dit…

Prendre le pouvoir par la démagogie, et le garder par le mensonge c'est possible! Oui mais on le tient qu'un certain temps. Voir les démocraties dites populaires qui ont implosées. Que de mensonges furent avalés par une partie non négligeable de la population sur les "paradis de ces démocraties". Un jour le rideau tombe, mais hélas pour ceux qui le vivent de l'intérieur cela peut durer comme pour l'URSS 70 ans. Comment un pays aux mains de démagogues peut tenir debout pendant de très nombreuses années: par sa police politique qui fait régner la "pensée unique" le flicage, et bien sur par la main mise sur les moyens d'informatio. C'est le cas de pays, avec des variantes, dont la France, le Zimbabwe, Cuba, la Corée du Nord,la Chine, et malheureusement aussi l'Afrique du Sud, et bien d'autres. Voilà, mais ai-je bien compris le texte de ROPARZH.

olibrius a dit…

si un jour on se rencontre tous, je ferai le service, là je suis à mon aise.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius, je le ferai avec vous, car c'est très exactement ce à quoi je m'adonne quand je vais à STRASBOURG au Puits de Jacob. J'y trouve une joie que vous ne pouvez concevoir, tant elle est grande.
Amitiés.