mardi 6 octobre 2009

Mon oncle a eu un précurseur !

Il vous souvient sans doute qu'à deux reprises j'ai fait allusion dans mes billets à la forte parole que mon oncle, homme d'esprit, avait dit, au moment où monsieur MITTERRAND et ses amis clouaient au pilori démocratique des Grands Principes (lesquels, en France, veulent que le pouvoir appartienne à ceux qui crient le plus fort) le Général de GAULLE ; il était le fauteur d'un "Coup d'Etat permanent". Le constat avunculaire était simple et roboratif : "je préfère un grand con à cent petits". Je croyait que mon cher oncle Pierre était l'unique auteur de cette si belle maxime. Il n'en est rien. Figurez-vous que j'ai trouvé - par hasard ? - le compte-rendu de l'interrogatoire d'une citoyenne qui s'était mise en tête d'assassiner ROBESPIERRE, ce qui n'est pas bien. On trouvera, si l'on désire, la totalité de l'interrogatoire aux Archives Nationales sous la cote : Arch. nat., W38g, dossier 904.

"Demande. Quel motif vous avait amenée chez le représentant du peuple ROBESPIERRE ?

Réponse. Pour lui parler.

D. Aviez-vous quelque mémoire à lui présenter?

R. Cela ne vous regarde pas.

D. Connaissiez-vous le citoyen ROBESPIERRE ?

R. Non, puisque je demandais à le connaître.

D. Quels motifs vous ont déterminée à désirer un tyran ?
R. Je désire un roi parce que j'en aime mieux un que cinquante mille tyrans, et je n'ai été chez ROBESPIERRE que pour voir comment est un tyran. (Vous avouerez que cette réflexion ressemble, en plus civil, à celle de mon oncle.)

Comme elle avait déposé chez le limonadier PAYEN, avant d'aller chez ROBESPIERRE, un paquet contenant un habillement complet, on lui en demanda la raison :

« A répondu que, s'attendant bien à aller dans le lieu où elle va être sûrement conduite, elle était bien aise d'avoir du linge pour son usage. — De quel lieu entendez-vous parler? — De la prison, pour aller de là à la guillotine. »
Cette jeune personne, qui bravait ainsi le terrible Comité et sacrifiait sa tête, s'appelait Aimée-Cécile RENAULT. Elle avait vingt ans, beaucoup de vivacité, un gracieux visage, une mise élégante.
Ah, j'oubliais ! Depuis qu'il est recommandé de féminiser les titres manifestement épicènes, j'aurais dû intituler ce billet : "Mon oncle a eu une précurseure". Je ne puis me résoudre à violenter ainsi ma langue maternelle pour faire plaisir à quelques passionnaria du féminisme. Je ne change rien.

6 commentaires:

NORMAN a dit…

Ah que c'est bon ! et jusque au bout, merci cher Philippe Poindron

olibrius a dit…

Avec un nom comme elle portait elle aurait pu se payer une voiture pour échapper à la guillotine!

Philippe POINDRON a dit…

On ne connaissait que la machine de CUGNOT et la draisienne. C'est peu !
Amicalement.

olibrius a dit…

ah cher PP, enfin un peu d'humour.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius, si vous me connaissiez VRAIMENT BIEN, vous sauriez que je suis un assez joyeux drille, et du reste mes amis vendangeurs me l'ont dit : Merci pour votre joie de vivre. Me croyez-vous ?
Amitiés.

olibrius a dit…

mais cher PP je vous connais vraiment bien!