jeudi 8 octobre 2009

Sur la Révolution, toujours, des pensées nuancées

Il n'a pas échappé à mes lecteurs que je porte un regard plus que critique sur la Révolution, ou plus exactement, et très exactement sur le mensonge dont on entoure son enseignement. Je voudrais donner ici deux opinions, émises par des historiens tout-à-fait opposés.
La première est celle de Gustave GAUTHEROT. Dans l'avant-propos de son ouvrage intitulé Septembre 1792. Histoire politique ds massacres, publié chez Gabriel Beauchesne, Paris, 1923 (toujours cette manie de donner mes sources !), ceci :

"La Révolution Française n'est pas tout entière dans le jacobinisme. Si elle fut jamais un « bloc », l'action du temps a épuré ce bloc ensanglanté ; elle en a dissocié certains éléments durables, tandis que le passé détruit achevait de mourir. Mais le jacobinisme est, en quelque sorte, tout entier dans les Massacres de Septembre ; et l'on s'étonnera de l'indulgence, voire de la béate admiration trop souvent encore accordées aux plus coupables fauteurs de si grands crimes."
GAUTHEROT était un historien catholique.
Passons maintenant à un autre historien. Il écrit admirablement. C'est un homme scrupuleux et honnête, un serviteur de l'idéal républicain qui a payé son amour d'une impossible démocratie par un très long exil. Je veux parler d'Edgar QUINET dont l'ouvrage majeur, La Révolution (excellente édition parue en 1987, chez Belin, Paris) est une analyse critique et sans complaisance des méfaits de la Terreur. Du reste QUINET écrit à un ami, SAINT-RENE TAILLANDIER, ceci : "La clé de la nouveauté de ce livre, c'est la critique de la Révolution au nom de la Révolution". L'entreprise est hasardeuse et se rattache à la philosophie de HEGEL qui veut que le sens réel des événements de l'histoire n'apparaisse que dans leur négation, puis dans une synthèse qui les dégage des impures scories de l'immoralité, de l'imperfection et de la contingence.
Dans le chapitre intitulé Théorie de la Terreur, QUINET note ceci qui mérite d'être relevé (les majuscules sont de votre serviteur) :
"La différence est grande [...] entre les terroristes du moyen âge et ceux de 93. Les premiers n'agissaient que par l'impulsion du tempérament barbare ; la théorie n'existait pas pour eux. Au contraire, en 93, l'idée était cruelle, le tempérament ne l'était pas. Il avait été dompté et amolli par le dix-huitième siècle ; l'emportement naturel était pour peu de chose dans les résolutions les plus sanguinaires. LE SYSTÈME était tout. Aussi, le système tombé, vous n'eussiez pu reconnaître les hommes de 93, philanthropes jusqu'à la sensiblerie, doux jusqu'à n'être plus que douceâtres."
QUINET voit bien là l'esprit de système et l'indifférence au sort des hommes concrets, qui font le socle des idéologies totalitaires.
"Le despotisme de la Terreur eut pour premier résultat d'étouffer au-dedans les passions nobles et de déchaîner les petites. L'ENVIE PARUT LA PREMIÈRE ; ELLE JOUA UN GRAND RÔLE ; car l'égalité à laquelle on avait tout réduit, n'était qu'apparente. En dépit des mots, il reste toujours une grande inégalité entre les bourreaux et les victimes, entre les proscripteurs et les proscrits."
René GIRARD se retrouvera sans aucun doute dans ce constat. L'échec de la Révolution tient à ce que, depuis la crucifixion de Jésus, on ne peut plus créer de nouvelle religion (échec de ROBESPIERRE et de son culte de la déesse raison) et que les cris des victimes innocentes ne cessent de retentir au fond des coeurs droits.
Et encore ceci (pour aujourd'hui) :
"Le seul argument des historiens qui approuvent la violation de la Convention et l'établissement de la Terreur est qu'il s'agissait de sauver la société française. Qu'ils veuillent bien prendre garde à ceci ; cet argument invariable est l'épée de chevet de tous ceux qui se sont senti le BESOIN DE S'IMPOSER A LA FRANCE. Tels sont les mots que l'on a entendu à la Saint-Barthélémy, aux dragonnades, au 18 brumaire, en d'autres occasions, toutes les fois qu'il s'est agi d'établir une usurpation quelconque."
Comme il a dû est douloureux au coeur de QUINET de constater que l'IDEE qu'il avait de la République avait été souillée par ces monstres ; comme les communistes sincères qui prétendent que le communisme pur n'a jamais été instauré dans aucun régime, et que, par conséquent, on ne saurait le déclarer utopique, puisqu'aucun régime ne l'a jamais incarné, il pouvait toujours prétendre que la République selon son coeur n'avait jamais été établie. C'est en cela qu'il se révèle quelque peu prisonnier de son système. Mais QUINET a une autre envergure que ce crétin d'AULARD, une autre probité, un autre sens moral. Je vous livrerai quelques unes des âneries de cet historien de rencontre qui évinça TAINE par ses manigances et ses bassesses.

7 commentaires:

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur,

dans votre dernier billet vous revenez une fois de plus à
la théorie de René Girard. Je ne sais pas si vous avez déja
pensé à comparer ou à faire une synthèse avec ce que dit Joseph
de Maistre sur les sacrifices (dans son appendice aux soirées
de Saint-Petersbourg, texte disponible en ligne).

Girardien convaincu, vous vous ferez sans doute une joie de
résoudre mon objection naïve : si, suivant René Girard, il est impossible
d'établir une nouvelle religion depuis Jésus, que fait-on de
l'Islam ?

Amicalement,

E. D.

Philippe POINDRON a dit…

Cher lecteur,

Votre objection est fondamentale. J'ai eu la même dès que j'ai pris connaissance de la thèse de René GIRARD. Elle est tellement fondamentale que je reviendrai dessus par un billet. Je n'ai malheureusement pas les Soirées de Saint Petersbourg dans ma bibliothèque. Et c'est la seule oeuvre de Joseph de MAISTRE qui me manque. Je vais aller sur Internet consulter ce texte. Merci en tout cas de cette contribution ESSENTIELLE.
Amicalement.

NORMAN a dit…

Excusez moi chère FOURMI, cher OLIBRIUS, mais les bonnes nouvelles se succèdent Jean le fils prodigue de notre président continu avec succès son ascension vers les plus hautes fonctions âgé seulement de... 23 ans et en deuxième année de droit. BRAVO! Le neveu de TONTON accusé par des jaloux de la droite extrême, blanchi en derniere minutes par le grand parti UMPS, le président confirme sa confiance à celui qui représente si bien la France du bas. MERCI aux courageux défenseurs, et à ceux qui avaient une extinction de voix. Et puis une autre bonne nouvelle, les gauchos et notre Président sont aux anges, leur obamamania est récompensée, le grand président Obama vient de réussir son bac comme 90% des élèves, non cela est une plaisanterie, c'est le Prix Nobel de la PAIX ! OUI de la paix! elle n'est pas belle la vie extérieure quand on est touché de l'intérieur.

Philippe POINDRON a dit…

Ils ont des yeux et ils ne voient pas, des oreilles et ils n'entendent pas ! Nous paierons chers notre aveuglement et notre surdité volontaire. Ceci pour répondre à Norman.
A tous très amicalement.

olibrius a dit…

cher norman
j'ai une expérience de 18 ans en afrique noire et ai pu voir les magouilles familliales, ethniques, etc... des dirigeants en place.Comment ne se révolte-t-on )pas contre cette boulimie du jeannot Sarkozy? Est-il encouragé? Pär qui? Pourquoi? J'attends toujours pour voter de faire un bilan des prétendants, mais je commence à me poser des questions sur certaines méthodes de la présidence en place. Va-t-on trouver des bananiers à l'Elysée?

Philippe POINDRON a dit…

Je vais être très clair. Il est parfaitemengt scandaleux que Jean SARKOZY ait eu l'idée, l'ambition, de briguer ce poste. Pour moi, c'est "la goutte d'eau qui met le feu aux poudres (!)" concernant ce jeune intrigant.

olibrius a dit…

Vlan! (bis repetitat...) mais je suis d'accord.