mardi 13 octobre 2009

Un bilan des victimes par un journaliste du temps

Un certain PRUDHOMME s'est intéressé au bilan des morts de la Révolution. Il était le contemporain des événements dramatiques qui ont accompagné cette folie. J'ai du mal à interpréter ses statistiques, et il se pourrait donc qu'il y eût des erreurs dans mes transcriptions. Mais enfin, il note qu'à PARIS (en tout cas le contexte de sa contribution semble l'indiquer), on compte comme victimes :
1.278 aristocrates de sexe masculin ;
750 aristocrates de sexe féminin ;
1.467 femmes de laboureurs et d'artisans ;
350 religieuses ;
1.135 prêtres ;
13.633 hommes non nobles, "de divers états" ;
3.400 femmes mortes dans diverses circonstances, mais indirectement ;
348 femmes mortes enceintes ou en couches ;
32.000 personnes tuées à NANTES par le sinistre CARRIER ;
31.000 personnes tuées à LYON par le sinistre COLLOT d'HERBOIS.
PRUDHOMME donne le chiffre de 2.200 enfants et 1.500 femmes tués en Vendée. Mais bizarrement, il dit que le nombre des morts y est de 900.000. C'est un chiffre excessif et faux. Il est compris entre 120.000 et 180.000 personnes.
On pourrait citer les victimes du défroqué Jean-Georges SCHNEIDER qui a sévi en Alsace, avant d'être condamné à mort le 1er avril 1794, celles d'ARRAS torturées par LEBON, condamné à mort et exécuté le 6 octobre 1795 (LEBON, bien avant les nazis, faisait venir des musiciens près de l'échafaud pendant les exécutions !) ; celles d'AVIGNON envoyées au supplice par l'infect JOURDAN, condamné à mort et exécuté le 17 mai 1794, etc., etc. Ces années ont vu couler des fleuves de sang, s'ériger d'immenses fortunes sur les malheurs des suppliciés, fleurir le blasphème et les obscénités dans les églises, les temples et les synagogues (en Alsace notamment) ; elles ont couronné le triomphe d'une minorité populacière, ivre d'envie, dépourvue de tous scrupules. Et tout ça pour les grands principes dont, avec une inconscience rare, nous nous gargarisons. Les enfants, les collégiens, les lycéens ne gardent de la révolution que la Déclaration des Droits de l'Homme (qui n'est que la déclaration des droits des individus), proclamée le 26 août 1789, comme si tout s'était arrêté sur ce progrès indéniable, mais encore assez court dans son anthropologie, et tout imprégné de Jean-Jacques.
Nous vivons depuis deux siècles sur un mensonge dont rien ne semble pouvoir nous guérir, et ceci explique cela. Il ne s'agit pas de refaire l'histoire ; il s'agit de la regarder en face, comme les allemands ont sur regarder avec courage le nazisme et ses effroyables crimes. Il ne s'agit pas davantage de renier la démocratie. Mais de grâce, que ce soit une vraie démocratie, et que les citoyens puissent décider vraiment de ce qui engage leur vie quotidienne et leur avenir, et non point un quarteron d'énarque et d'hommes politiques absolument coupé du réel.

4 commentaires:

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur,

vous dites que les droits de l'homme ne sont que "les droits de l'individu". C'est
bien pis, en fait : il ne s'agit que des droits de l'individu de nationalité
française (et "pas trop" chrétien ...). Ces droits de certains individus
ne peuvent d'ailleurs continuer à exister qu'au dépens des droits d'autres individus.
Il n'y a eu changement merveilleux que pour la "minorité populacière, ivre d'envie, dépourvue de tous scrupules" que vous mentionnez.

Pourtant, la jouissance et l'exultation de cette minorité ont rempli l'univers, et remplissent encore aujourd'hui les média. Au point que même des gens
comme vous, M. POINDRON, s'y trompent. Les effigies de la
liberté et des "droits" de cette minorité sont tellement omniprésentes (du moins dans
votre quotidien à vous) que vous croyez qu'il s'agit de la liberté et des
droits de tous.

Amicalement,

E. D.

Philippe POINDRON a dit…

Oh que non ! Je ne suis pas obnubilé, en tout cas j'espère que non ! Je suis absolument d'accord avec vous sur la nature foncièrement franco-française de la déclaration des droits de l'homme (celle du Français franchouillard de Paris), laquelle n'a cessé d'être foulée aux pieds du reste par ceux-là même qui se gargarisaient de l'avoir proclamée, puisqu'ils se sont entretués avec une rage effroyable.
En fait, pour des raisons de prudence bien compréhensibles, et aussi par souci de nuancer mon propos, je ne livre pas totalement le fond de ma pensée. Je vais lever un coin du voile : je crois que la rage de ces furieux vis-à-vis des aristocrates et des prêtres exprimait le ressentiment des médiocres, au sens nietzschéen du terme. Le fond de l'idéologie républicaine, drapée dans l'impudique cache-sexe de la liberté et l'égalité, c'est d'empêcher les meilleurs, au vrai sens du terme, d'être les responsables de la marche de notre patrie. La République française est très exacement une cacocratie. Malgré tous mes efforts, et en raison de l'amour que je porte à ma patrie, cause de la solidarité que je suis bien forcé d'avoir avec son histoire, je me sens exilé dans mon pays, dont je pressens pourtant la richesse humaine, le désir de vie, la soif du meilleur, l'histoire frémissante des premiers temps. Ah ! Au secours Léon Bloy, Péguy, Bernanos, Simone Weil, au secours âmes toujours vivantes des hommes libres de toute idéologie, qui préférait la vérité aux honneurs.

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur,

pour une fois, je suis complètement d'accord avec ce que vous
dites dans votre billet de réponse. Mais quand je dis que vous
êtes "obnubilé", je pourrais citer une phrase très pécise : c'est
quand vous dites que la Déclaration des droits de l'homme sont "un progrès
indéniable". Or, vous parlez dans votre dernière réponse
de "nature foncièrement franco-française de la déclaration des droits de l'homme (celle du Français franchouillard de Paris)". Ne voyez-vous pas la contradiction
dans vos propos ?

Amicalement,

E. D.

Philippe POINDRON a dit…

Vous avez raison, il y a une contradiction mais je ne la crois qu'apparente. L'indéniable progrès en effet, est l'affirmation, à l'article Ier, de l'égalité de dignité et de droit de tout être humain. Cela n'a pas empêché Napoléon de rétablir l'esclavage, me direz-vous. Mais il s'agit d'une notion très importante, qu'avait défendue, lors de la conférence de VALLADOLID, Bartholomé de LAS CASAS ; oui, les indiens ont une âme et ce ne sont pas des sous-hommes. La faiblesse franco-française de cette Déclaration des individus est d'avoir introduit ensuite des articles grandiloquents et creux qui ne reflètent que des idées, des systèmes, et qui n'ont pas empêché les Conventionnels, Bonaparte, ET la IIIe République de commettre les iniquités les plus invraisemblables, d'avoir surtout nié la nature fondamentalement spirituelle des aspirations humaines. Alors, il ne faut pas s'étonner de voir que le pouvoir d'achat, l'argent, la consommation soient au premier plan des préoccupations de nos contemporains. La beauté n'a de place dans les médias qu'au titre d'aliment de la culture ; sa dimension intemporelle, sa nature même, sont parfaitement ignorées par les foules d'imbéciles (au sens de BERNANOS) qui font les cent pas dans les couloirs du ministère de monsieur Frédéric MITTERRAND. On a les oeuvres d'art que l'on mérite.