dimanche 1 novembre 2009

Aux absents

Saint Augustin avait un fils qui répondait au prénom d'ADEODAT ("Donné par Dieu"). Baptisé en même temps que son père, l'adolescent mourut quelques temps après avoir reçu ce sacrement. Dans ses Confessions, Augustin parle de son fils avec une indicible émotion. Le saint évêque d'Hippone met dans la bouche du jeune défunt cette prière ; je n'ai aucun titre à la dédier à ceux de mes lecteurs qui pleurent un enfant ou un proche, aucun autre titre que celui de l'audace d'un pauvre disciple. Je le fais donc et la dis avec eux et pour eux.

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Ne pleure pas, si tu m'aimes !

Si tu savais le don de Dieu et ce que c'est que le ciel !

Si tu pouvais d'ici entendre le chant des Bienheureux, et me voir au milieu d'eux !

Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux les immenses horizons et les nouveaux sentiers où je marche !

Si, un instant, tu pouvais contempler comme moi la Beauté devant laquelle toutes les beautés pâlissent !

Quoi... ? tu m'as vu... tu m'as aimé dans le pays des ombres et tu ne pourrais ni me revoir ni m'aimer dans le pays des immuables réalités ?

Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens comme elle a brisé ceux qui m'enchaînaient, et quand, un jour que Dieu seul connaît et qu'il a fixé, ton âme viendra dans ce ciel ou l'a précédée la mienne...

ce jour-là, tu me reverras et tu retrouveras mon affection purifiée.

A Dieu ne plaise qu'entrant dans une vie plus heureuse, je sois infidèle aux souvenirs et aux vraies joies de mon autre vie et sois devenu moins aimant !

Tu me reverras donc, transfiguré dans l'extase et le bonheur, non plus attendant la mort, mais avançant, d'instant en instant, avec toi, dans les sentiers nouveaux de la lumière et de la Vie !
Alors... essuie tes larmes, et ne pleure plus si tu m'aimes... !


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En ce jour ou la tradition des Eglises d'Occident prient pour les baptisés endormis dans la Paix, je souhaite à tous mes lecteurs de rester dans la certitude de ce bonheur promis aux fidèles et humbles serviteurs, et je me joins à eux pour évoquer avec eux le souvenir des absents.

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