mardi 22 décembre 2009

Eloge de la fourmi

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J'ai trouvé dans le Livre des Proverbes, au chapitre 6, versets 6-9, ce petit texte que je dédie à Fourmi, lecteur fidèle et plein d'acribie de mes billets :
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"Va vers la fourmi, paresseux ! Considère sa conduite et deviens un sage ! Elle n'a pas de surveillant ni de contremaître ni de patron. En été elle assure sa provende, pendant la moisson, elle amasse sa nourriture. Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ? Quand surgiras-tu de ton sommeil ?".
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C'est un petit clin d'oeil matutinal qui sera suivi ce soir d'un billet plus fourni. Bonne journée.

2 commentaires:

Geneviève CRIDLIG a dit…

PARTIE 1

La fourmi, bien que toute noire, rougit de modestie devant l’éloge de sa nature auquel elle associe toutes ses parentes. Elle apprend aussi qu’elle est considérée comme étant ‘acribe’. Quel honneur ! Ce terme, un peu inconnu dans nos contrées, désigne celui qui parle avec précision. Aristote le définit par « être exact » et Platon par « discuter avec précision ». Mais fourmi le voit, plus qu’une caractéristique déjà établie, comme une mesure à garder en vue de la même manière que lorqu'on se prépare à sauter en hauteur.

Je vous transmets un commentaire du billet d’hier – que je n’ai pas envoyé dans la foulée – vu les intempéries diverses qui font que depuis trois jours nous n’arrêtons pas de pelleter la neige et autres joies sportives...

Ecrit hier soir :
Je vais vous parler d’une femme rayonnante que je viens de voir durant le journal sur France 3 Alsace. La dernière fois que je l’avais vue, c’était en août, sur la même chaîne à l’occasion de toutes les cérémonies qui faisaient suite aux obsèques de son époux : Adrien Zeller, Président de la Région Alsace – dont j’avais parlé plusieurs fois.

Quel rapport avec le sujet de celui-ci, pensez-vous sans doute ??? Cette pensée m’est venue en l’écoutant et surtout en la voyant : quel éclat ! quelle beauté ! quelle intelligence ! quelle force !

Mais quel rapport avec le billet sur le débat de l’identité nationale ?
Tout simplement ceci qui m’est venu à l’esprit au cours de l’émission :

TROIS choses qui ont été dites :
1. Durant le reportage, le journaliste, le présentant au travail à la Maison de la Région, donnait ce commentaire :
« c’était SA maison ! »

2. Madame Zeller, à la fin de l’interview, en accord avec le journaliste (qui entre parenthèses est d’une grâce rare) lit un texte adressé à Adrien qu’elle a composé en alsacien. J’en ai cueilli quelques mots au vol : « de là où tu es à présent ...du monde des étoiles... donne-moi ta force, ta volonté, ton énergie... pour que je puisse... seule ... pour l’Alsace... »
Il n’y a pas eu de traduction. Ce fut un moment d’une grande beauté humaine, d’une grande grâce qui émanait aussi bien de Madame Zeller que du journaliste , une harmonie qui m’a semblé à l’instant témoigner d’un grand moment de notre civilisation française. Formée de tant d’apports de civilisations étrangères fondues dans un creuset unique qu’ils se transforment en or.

3. Elle annonce officiellement qu’elle se présente aux régionales sur la liste de Philippe Richert. Elle poursuit l’action de son mari : un idée qui lui est venue pratiquement tout de suite après sa disparition. (N’hésitez pas à revoir la vidéo du journal).

Geneviève CRIDLIG a dit…

PARTIE 2

Bon ! C’est bien beau tout ça pensez-vous mais revenons au sujet.
Ce qui m’apparaît c’est que l’origine sociale, religieuse, nationale importe très secondairement pour participer à une identité commune dans un même pays.
L’homme est l’homme quelles que soient ses racines, ses composantes : j’ai connu plus d’un élève, d’un jeune ou d’un adulte parfaitement Français en principe dont le comportement, complètement envahi par la violence, le mépris de toute institution, la destruction aussi bien des objets que des personnes fait obstacle à une intégration réelle dans notre pays et il ne s’agit pas de placer cela sous le doux nom d’incivilités. Cela va bien au-delà. Des Français qui peuvent obtenir des diplômes conséquents ou être bien nantis dans des tas de domaines et être parfaitement étrangers à la France, non intégrés en fait .

NB. Entre autre, cela fait injure à tous ceux qui aussitôt après la guerre par exemple ont donné tout leur cœur, leur temps et leur énergie pour contribuer à reconstruire notre pays. Maintenant le bon ton, même pour nombre d’intellectuels ou de politiques est de le détruire.


Et j’ai connu plus d’un Salam, des garçons qui ne reniaient aucun centimètre carré de leur racines et qui, par leurs actions et leurs paroles, prouvaient qu’ils étaient bien dans leur pays, à l’aise dans leurs godasses. J’ai travaillé en association avec des personnes comme on dit issues de l’immigration qui auraient pu remonter les bretelles à plus d’un Français de souche.

Je crois donc qu’il faut toujours avoir présent au cœur de son agir justement ces trois convictions :

1 Vouloir que le pays dans lequel on vit depuis sa naissance ou dans lequel on entre, bon gré mal gré, devienne SA MAISON.

2. Pour cela, garder la possibilité de s’exprimer dans son dialecte, son patois ou sa langue natale sans crainte, sans peur, au cœur de l’espace public et à la télévision: non pas d’un ton revanchard ou agressif mais naturel. C’était ainsi avec Mme Zeller: c’était naturel, conforme à la nature.

3. Pour cela non pas attendre qu’elle se fasse toute seule, du tout cuit mais poser les gestes, les actions qui montrent que cette nation, qui n’a pas été forcément choisie, on la construit tous les jours : on « fait » son pays.
Et si on veut le défaire, effectivement on n’a rien à y faire, qu’on soit je le répète Français de souche ou non. : faut être logique avec soi-même en premier lieu.
NB. Ce qui ne signifie pas qu’on soit d’accord avec le gouvernement en place, avec le système de pensée ou de mode de vie etc.


Et dans cette acceptation, l’acte posé par Madame Zeller ne relève pas, comme d’aucun psychanalyste ne manquera pas de le faire, d’une résilience remarquable mais d’un engagement dont elle a eu l’impulsion pratiquement dès le décès de son mari. Ce n’est pas pour accomplir qqchose qui lui permettrait de survivre à ce qu’elle a nommé une détresse, ou de la lui ferait oublier mais exactement le contraire : surtout pas se lancer enfin dans un enjeu politique ou partisan qu’elle n’aurait pas pu assumer du vivant de son mari mais CONSTRUIRE.
Et ainsi apporter sa pierre à l'édification de sa maison – pas seulement l’Alsace mais toute la France.

J’ai rarement ressenti une telle impression de certitude paisible et souriante- idem que son mari.


Je pense vraiment que Madame Zeller, par son charisme qui crève l’écran, fait bouger les lignes - selon l’expression qui commence à courir les ondes ces temps-ci - et les fera bouger dans bien des domaines. Une puissance de persuasion identique à celle de son époux, car elle repose non pas sur un esprit de compétition et de lutte négatif pour faire avancer des idées à soi mais sur sa foi en l’homme et la femme de notre temps.
Vivre la Paix.