lundi 30 mars 2009

Rectificatif

Merci, cher Olibrius, de me signaler une erreur. Cest Gérard MILLER, lui aussi psychanalyste, qui apparaissait chez DRUCKER, pas Jacques-Alain. Avec beaucoup d'humour, mon correspondant me signale qu'il faut que j'évite de manipuler. Je lui promets de le faire, mais j'avoue bien volontiers que j'avais confondu l'un avec l'autre. Pour Jacques-Alain, je préfère qui ne se soit pas commis dans cette émission, souvent drôle, pas toujours très objective, et un tantinet racoleuse.

Et si nous essayions ?

Je reçois d'une amie l'appel qu'elle a elle-même reçu d'un proche. Je le transmets à mes lecteurs. Il me paraît intéressant d'appliquer la belle notion de liberté qu'a si bien définie Simone WEIL. Si notre objectif, en effet, est de pousser les grandes entreprises, notamment de distribution, à baisser leur prix, montrons-leur que nous refusons de rentrer dans leur jeu, en nous abstenant de consommer, tous ensemble et à un jour donné. C'est une action non violente qui ne gêne personne sauf les organisateurs de la vie chère. Voici l'appel lancé par Günter SCHUMACHER :
"SAMEDI 4 AVRIL 2009, journée SANS ACHATS !!! - D'autres pays l'ont déjà fait. Et ils ont réussi à faire baisser le prix des pâtes alimentaires pour l'Italie. Deux jours de grève d'achats a suffi pour faire reculer l'énorme augmentation du prix des pâtes. Même action au Liban pour le prix du pain, le lendemain de la grève d'achats, le prix du pain reprenait son ancien prix PARTICIPEZ AU MOUVEMENT NATIONAL SAMEDI 4 AVRIL 2009. LE GOUVERNEMENT ET LES GRANDS FINANCIERS DE CE PAYS SE SOUVIENDRONT : Vous êtes invités, tous et toutes, ce jour-là, à ne RIEN ACHETER surtout : - L'ESSENCE, GASOIL, TABAC -JEUX DE HASARD (tous jeux de la Française des jeux) -ALCOOL -BOYCOTT DE LA GRANDE DISTRIBUTION (sauf les petits commerces de proximité) -ESSAYER DE NE PAS ETRE VERBALISE (radars, feux rouges, stops,s tationnement...).
Avec un minimum d'organisation, nous pouvons tous y arriver. Imaginez l'impact que ce mouvement solidaire national pourrait engendrer. Cette action sera et c'est certain, plus efficace que n'importe quelle grève ou manifestation !!! CETTE ACTION FERA CHANGER LES CHOSES; DIFFUSER CE MAIL A .....TOUS VOS CONTACTS INTERNET...FAITES VITE, la date sera vite arrivée. PREVENEZ VOS AMIS, COLLEGUES,FAMILLES...qui , eux-mêmes, préviendront à leur tour, leurs amis, familles etc. L'EFFET BOULE DE NEIGE SE FERA NATURELLEMENT.> Servons-nous d'internet, cette merveilleuse invention.> AIDONS-NOUS et nous parviendrons à faire reculer la vie chère. Ne dites pas " cela ne servira à rien ". Observez le 5 Avril les réactions constatées grâce à vous, grâce à nous. Cessons de nous plaindre et AGISSONS."
Vous voyez que ce texte conjugue une action adaptée à un objectif précis, et résultants d'une pensée formulée avec pondération : il y a manifestement de l'abus dans l'envolée des prix. Il ne faudrait pas nous prendre pour des gogos.

dimanche 29 mars 2009

Une nouvelle maladie

Jacques-Alain MILLER, qui se présente comme écrivain et psychanalyste, est, autant que je puisse m'en souvenir, le gendre de Jacques LACAN, le neveu par alliance du Père LACAN, frère du précédent et qui est moine (j'ignore s'il vit toujours) ; monsieur MILLER est aussi l'éditeur des oeuvres du Maître, et, incidemment, il a participé à l'émission dominicale de Michel DRUCKER, Vivement dimanche, comme co-animateur. Il n'apparaît plus dans cette émission, et je ne sais pas pourquoi.
Jacques-Alain MILLER vient de découvrir une nouvelle maladie, que je propose d'appeler le syndrome de MILLER ; cette maladie, c'est la maladie de la vérité. Si, si ! Dans un article récemment publié (Le Point, n°1906, 26 mars 2009), intitulé "Le pape est malade de la vérité", Jacques-Alain MILLER s'efforce de décrypter les raisons des propos de Benoît XVI, et de décrire les principaux traits de sa personnalité. Il faut y prendre garde. L'article est intéressant. Il est celui d'un érudit, et d'un homme qui croit qu'il pense et qui pense parfois. Mais il est faux, illogique et contradictoire.
Je vais donc essayer de faire une analyse de texte, vous montrer comment il est possible de connoter un discours pour orienter l'opinion des lecteurs dans le sens que l'on désire.
Premier paragraphe : Le cardinal RATZINGER ne passait pas pour un progressiste ; il fut le lointain successeur de TORQUEMADA le Grand Inquisiteur (je frissonne !) ; c'est le Panzerkardinal (on voit les colonnes de chars allemands manoeuvrés par des évêques belliqueux qui entendent conquérir le monde). Il faut que les services du Vatican émondent les propos pontificaux, et ils le font en ajoutant gaffes sur gaffes. Benoît n'a pas pris la mesure de sa fonction (monsieur MILLER, lui, la voit bien ; que n'est-il pape !). Devenu pape, il n'a pas dépouillé le vieil homme (belle figure de style qui renvoie à un propos évangélique sur la nécessité de se dépouiller du vieil homme, et du péché, pour renaître dans le Royaume). Le décor est donc planté : nous avons devant nous un vieillard remarquablement intelligent certes (monsieur MILLER y consent), mais entêté, potentiellement violent, et irréductible.
Deuxième paragraphe : Monsieur MILLER compare Jean-Paul II et Benoît XVI. Ah ! Jean-Paul II, personnalité rayonnante, expérience du monde, et (c'est du moins ce qu'on a dit en confidence à monsieur MILLER) expérience des femmes. Grand rusé (Oh ! oh ! Le tableau s'assombrit), une bête de scène (il devient franchement show-bizzique), un homme du Verbe, sachant parler à la multitude et la SÉDUIRE (comme le Prince de ce monde, monsieur MILLER ? Légère erreur d'analyse). Benoît XVI ? Un homme des livres, un érudit, qui aime jouer du piano DANS LA SOLITUDE (voilà bien qui est impardonnable ; il devrait jouer au milieu de la Place Saint-Pierre, faire la quête, et l'envoyer aux pauvres Églises d'Afrique), HABILE (encore une propriété du diable) à faire parler les textes. Il est franc comme l'or, il dit tout haut ce qu'il pense. Là est son tort. (Monsieur MILLER devrait envoyer en Colissimo un exemplaire du Prince. MACCHIAVEL aurait des choses à apprendre au Pontife ! A moins, plus probablement que monsieur MILLER ne se moque ; j'aurais tendance à pencher pour cette deuxième hypothèse). Tel l'Alceste de MOLIÈRE, Benoit XVI est malade de la Vérité. Sous prétexte (je ne vois pas bien ou est le prétexte, défini comme fausse raison avancée pour justifier une opinion ou une décision ; le "croyant que" serait sans doute une expression intellectuellement plus honnête), sous prétexte, donc, que la Vérité serait une et éternelle (le conditionnel indique quel crédit monsieur MILLER donne au concept de vérité; on y reviendra), il la prend au pied de la lettre (j'avoue que prendre les propos de monsieur LACAN au pied de la lettre me pose gros soucis et problèmes énormes, j'ai besoin qu'on m'interprète ; monsieur MILLER est là, Deo gratias, pour le faire. Il semble que seul papa FREUD ait donné une parole à prendre ainsi). Benoît XVI méconnaît LOYOLA qui dit que toute vérité, y compris la Vérité (je n'arrive pas à comprendre si, à ce point, monsieur MILLER prend le Vérité avec un V majuscule comme elle doit être entendue ; le propos est ambigu). Il ne faut pas la claironner, mais l'insinuer, la rendre aimable (voyez-vous ça !). Il ne faut pas l'énoncer en tout lieu (mais saint Thomas d'AQUIN dit qu'il faut en tout lieu et en tout temps proclamer la Vérité Etiam in perilium, même dans le danger). Figurez-vous, qu'en définitive "c'est l'auditeur qui décide du sens du discours qu'on lui adresse". Voilà qui s'appelle expliquer ce qu'est le dialogue. Au secours HABERMAS !
Troisième paragraphe : C'est l'estocade. Prédication au Kärcher, vacarme, (à quoi s'ajoute le propre vacarme de monsieur MILLER, qui ressemble étrangement au bruit des cymbales - cf. Première Épître de Paul aux Corinthiens), débandade. Il inquiète, il indigne, le pape, il fait rire les siens, les autres, et particulièrement monsieur MILLER auquel l'éminente fonction de psychanalyste confère un discernement extra-lucide, et un sens médical aigu, puisque nous voilà devant la maladie de la vérité. Comme je souhaiterais que ce fût une maladie contagieuse et qu'elle vienne toucher monsieur MILLER.
Monsieur MILLER n'a pas lu Ignace de LOYOLA. Il nous dit (et je crois que c'est dans ses Exercices) que le diable nous attaque toujours au point faible de notre forteresse. Je me demande si le point faible de la forteresse millérienne n'est pas la certitude qu'il n'y a qu'un point de vue qui vaille : le sien. Pourtant, il y a des choses très justes dans cet article, notamment sur la manière, les circonstances et les lieux où l'on annonce la Parole. C'est l'absence totale de bienveillance qui en invalide la pertinence. En fait, il ne faut pas donner des perles aux cochons. Les médias africains (cf. l'article du Cameroon Tribune dans un de mes récents billets) ont reçu les perles. Les médias français ne méritaient pas qu'on les leur donne, pour la raison que je viens de dire.
C'est cela qu'il fallait argumenter, au lieu d'utiliser de vieilles ficelles rhétoriques.
Il ne m'en voudra pas, s'il lit ces propos (j'en doute). Mais trop, c'est trop !

Qu'est-ce que la liberté ?

Je vous affirme que j'ignorais que les circonstances me fourniraient l'occasion de parler aussi souvent du livre de Simone WEIL : Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale. J'ai transmis avant-hier à une amie le petit texte que je vous livre aujourd'hui. (Il me semblait en effet qu'elle était une personne libre au sens où l'entend Simone WEIL.) Je n'hésite pas à le faire pour mes rares lecteurs, car il est d'une force incroyable et peut en toucher plus d'un.
"On peut entendre par liberté autre chose que la possibilité d'obtenir sans efforts ce qui plaît. Il existe une conception bien différente de la liberté, une conception héroïque qui est celle de la sagesse commune. La liberté véritable ne se définit pas par un rapport entre le désir et la satisfaction, mais par UN RAPPORT ENTRE LA PENSÉE ET L'ACTION (les majuscules sont de votre serviteur) ; serait tout à fait libre l'homme dont toutes les actions procéderaient d'un jugement préalable concernant la fin qu'il se propose et l'enchaînement des moyens propres à amener à cette fin. Peu importe que les actions en elles-mêmes soient aisées ou douloureuses, et peu importe même qu'elles soient couronnées de succès ; la douleur et l'échec peuvent rendre l'homme malheureux, mais il ne peuvent pas l'humilier aussi longtemps que c'est lui-même qui dispose de sa propre faculté d'agir. Et disposer de ses propres actions ne signifient nullement agir arbitrairement ; les actions arbitraires ne procèdent d'aucun jugement, et ne peuvent à proprement parler être appelées libres. TOUT JUGEMENT PORTE SUR UNE SITUATION OBJECTIVE, ET PAR SUITE SUR UN TISSU DE NÉCESSITÉ. L'homme vivant ne peut en aucun cas cesser d'être enserré de toutes parts par une nécessité absolument inflexible ; mais comme il pense, il a le choix entre céder aveuglement à l'aiguillon par lequel elle (la nécessité) le pousse à l'extérieur, ou bien se conformer à la représentation intérieure qu'il s'en forge ; et c'est en quoi consiste l'opposition entre servitude et liberté."
Si messieurs BOUTON, OUDEA, et autres responsables de la Société Générale, de Natixis, de Total, et autres grandes compagnies du CAC 40 avaient appliqué ce qu'explique si lumineusement ma chère Simone, ils n'auraient point agi aussi automatiquement, pour satisfaire leur désir d'avoir toujours plus, bonus, stock-options, parachutes dorés. Ils auraient examiné la situation objective et les nécessités qu'elle impose : la difficulté qu'ont nombre de leurs salariés à joindre les deux bouts, l'exemplarité de leur comportement, l'engagement (pour certains) de l'Etat dans leurs établissement, les plans sociaux, et ils auraient tout naturellement renoncé à ces avantages indus, car ils auraient été confrontés dans leur conscience à ces insupportables différences de traitement en temps de crise. Ce ne sont pas forcément ces avantages qui sont honteux, encore que..., c'est simplement l'idée qu'ils peuvent être distribués dans la situation actuelle. Ces messieurs n'étaient pas libres. Ils étaient les esclaves de leurs désirs d'argent. La moindre des objectivités consisteraient à reconnaître que le Président SARKOZY, en faisant pression sur ces grands dirigeants, a eu MORALEMENT RAISON.
La condamnation des propos de Benoît XVI sur le préservatif par la presse (française essentiellement ; cf. l'un de mes précédents billets qui reproduit un article du Cameroon Tribune sur le voyage du pape) va exactement dans le même sens que les propos de Simone WEIL. Certes, il est désirable de satisfaire sa libido. Mais est-il convenable de le faire dans n'importe quelle condition et dans l'ignorance des risques - fûssent-ils minimisés par le port du préservatif - que cette satisfaction peut entraîner pour autrui ? La véritable liberté n'est-elle pas ici dans l'application exacte de réciprocité, fondement de la vie morale, "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse". Feriez-vous l'amour avec un homme séropositif, mesdames, même s'il porte un préservatif ? Feriez-vous l'amour avec une femme séropositive, messieurs, même si vous portez un préservatif ? Il se peut que oui, si le motif de cette union est autre que la simple satisfaction d'une pulsion sexuelle, et témoignage d'un authentique amour. Là est toute la différence entre servitude et liberté.

vendredi 27 mars 2009

Un témoignage

Le matraquage médiatique continue. Point de gloses, donc, ni de commentaires ici. Mais des faits. Voici le témoignage de Dominique MORIN, porteur du VIH.

"Avez-vous jugé scandaleux les propos récents de Benoît XVI ?

Ce que je trouve scandaleux, ce sont ces choeurs de vierges effarouchées. Qu’a dit Benoît XVI ? L’homme ne peut se résigner à vivre des comportements sexuels à risque (vagabondage sexuel ou homosexualité), ni la société fonder une prévention du sida sur l’échec. Il a rappelé que l’homme est doté d’une raison, d’une liberté, et qu’il est capable de poser des actes. La réponse à donner au sida est dans ses moyens de propagation. Le seul moyen sûr d’endiguer le risque est d’éviter les comportements à risque. C’est du simple bon sens, mais ce n’est pas le mieux partagé à l’heure actuelle ! Alors je dis merci au Pape d’avoir brisé un tabou.
Benoît VXI ne nous transmet pas une théorie qu’il vient d’inventer. Il ne fait que rappeler ce que prône l’Eglise, basée sur la Révélation. Dans l’Ancien Testament déjà est écrit "je te montrerai le chemin de la vie et de la mort. Tu choisiras la vie". Comme Dieu, l’Eglise croit en nous. Elle croit l’homme capable de poser des choix. Ces choix font sortir d’une logique fataliste qui fait de l’homme l’esclave de ses pulsions.

N’est-ce pas rendre service aux jeunes que de leur recommander le port d’un préservatif ?

Je témoigne dans les écoles depuis quinze ans. Aujourd’hui, les jeunes pensent qu’une sexualité pulsionnelle, instinctive, est leur seul horizon. Or, derrière leur demande "Dis-moi comment avoir une partie de jambes en l’air tranquille" se cache une aspiration profonde, le désir d’aimer sans savoir comment s’y prendre. Dire qu’un jeune est obligé d’avoir des relations sexuelles pour se découvrir et apprendre à aimer correspond à la logique freudienne, qui est fausse. Pour des catholiques, faire de Freud un docteur de l’Eglise en dit long sur leur vision de l’homme !
Il existe une autre voie que celle de la pornographie, la masturbation, les relations instables. Oublier de leur dire cette vérité revient à leur mentir. Celui qui leur dit d’utiliser un préservatif se lave les mains et s’offre une bonne conscience à peu de frais. Le jeune se retrouve face aux limites du moyen et de relations sans confiance. Le préservatif est un leurre et une escroquerie !

Vous êtes vous même porteur du HIV. Quel a été votre parcours ?

Dans les années 80, je vivais dans la délinquance, la drogue, le sexe, et la violence politique. En 1986, j’ai commencé à me convertir. Je n’en pouvais plus de toute cette violence. Par la pratique religieuse, j’ai découvert une joie que je ne connaissais pas. J’ai décidé de me confesser, persuadé de me faire jeter ! Or j’ai rencontré la miséricorde de Dieu, à travers le sourire bienveillant du prêtre et son absolution. Puis j’ai découvert en 1993 que j’étais infecté du sida, en phase 4. J’étais fichu.

Vous parlez de politique de prévention, comme le Saint-Père. Ce discours peut-il tenir face à un séropositif ?

Il existe bien sûr des cas d’exception, mais une morale ne se détermine pas en fonction d’un échec ni d’un mal. Jamais l’Eglise n’a dit d’aller s’infecter sans préservatif. Certaines pulsions sont parfois si fortes, notamment chez les homosexuels, que la personne n’est pas toujours capable, malgré ses efforts, d’y résister. Dans ce cas-là, bien sûr, le prêtre invite à ne pas en plus propager la mort.

Comment avez-vous tenu ce pari de la chasteté ?

Je n’ai pas eu de relations sexuelles depuis 29 ans et c’est pour moi le seul moyen complètement sûr de ne pas transmettre le virus. Je ne suis pas meilleur que les autres malades. Ma conversion m’a fait changer de perspective sur moi, mon corps, ma relation aux autres. La prière et les sacrements m’ont donné les grâces nécessaires pour déraciner en moi des habitudes et combattre ma faiblesse. J’ai appris à me "domestiquer". J’ai aussi découvert des relations chastes avec des filles. L’abstinence sexuelle est parfois difficile, mais le plaisir dont cela me prive ne me manque pas tellement, au regard de la vie apaisée que je connais aujourd’hui.

Vous êtes-vous senti condamné par l’Eglise ?

Jamais je ne me suis senti rejeté par l’Eglise, au contraire. Elle m’a ouvert ses portes, elle m’a accueilli comme j’étais, là où j’en étais. Je me suis senti aimé. Car l’Eglise distingue la personne de ses actes. Avant ma conversion, je me sentais condamné par les propos de l’Eglise, parce que je croyais faire corps avec mes actes. Je croyais que lorsque l’Eglise condamnait tel acte, elle condamnait l’homme. Or, "la vengeance de Dieu, c’est de pardonner", comme disait Pagnol. Dieu ne sait qu’aimer. Il couvre d’un amour de prédilection les malades du sida.

Beaucoup accusent l’Eglise aujourd’hui...

C’est oublier que l’Eglise fut la première à se soucier des sidéens. Dès les années 80, aux Etats-Unis, le Cardinal O’Connor a ouvert un service spécial pour les accueillir, alors qu’on ignorait encore les risques de contamination. Mère Teresa est venue créer le premier centre "The gift of love" à New-York, dédié aux malades du sida. Il en existe plusieurs aujourd’hui, à travers le monde.
L’Eglise veut le bonheur de l’homme. Le Pape tient son rôle de père, de pédagogue, lorsqu’il rappelle que l’homme est destiné à aimer en vérité, et non dans le mensonge, dans la peur et le risque de la mort. Il nous montre un chemin exigeant, sans chercher à plaire ni à séduire. Le sida se propage par le multi partenariat. Le seul moyen de l’endiguer est de revenir à la racine de l’amour. Chacun aspire à l’amour vrai, fondé sur la confiance. Voilà le véritable enfer : non pas être puni des conséquences de son péché, mais avoir peur d’aimer."
Quel beau témoignage. Merci à toi Dominique. Tu confirmes ce que me disent mes très chers accueillis séropositifs de l'Association Tibériade.

jeudi 26 mars 2009

Réponse à Olibrius

Un lecteur, qui se donne lui-même le pseudonyme d'Olibrius, un lecteur que je suppose très occasionnel, fait le commentaire qui suit sur mon billet intitulé "Une bonne fois pour toute". (Comme je doute qu'on aille lire les commentaires, je préfère en effet vous le livrer tout cru).
"N'êtes vous pas aussi un peu manipulateur quand vous affichez des certitudes qui ne laissent pas libres vos interlocuteurs ???"
Je ne peux pas laisser passer un tel commentaire sans réagir. Je l'ai déjà fait privément en répondant à mon lecteur. Mais il s'agit d'une affaire trop grave pour qu'on puisse laisser passer ces remarques sans réagir.
1-Je ne doute pas un seul instant de la bonne foi de mon lecteur. Il est persuadé (et non point convaincu) que je manipule. Est-ce vraiment manipuler que de s'opposer à l'opinion dominante ? Faut-il que je lui rappelle PASCAL ? "Plusieurs choses vraies sont contredites. Plusieurs choses fausses sont assenties. Ni la contradiction, ni l'incontradiction ne sont marque de vérité."
2- Il ne critique pas le fond. Il accuse, sous forme interrogative, j'en conviens, mais il accuse, et c'est ma personne qu'il vise et non le message. Il ne me donne aucun fait ou argument susceptibles d'aller à l'encontre de mes remarques.
3-Je rappelle que j'ai enseigné la virologie pendant 35 ans, et que je suis bénévole à l'Association Tibériade qui accueille des personnes séropositives. J'en recueille les confidences. Et j'ai le coeur serré quand je vois des jeunes de 25 ans qui viennent frapper à notre porte. Je ne peux donc pas encourager, pour ceux de nos frères en humanité qui ne peuvent résister à leurs pulsions, des pratiques sexuelles à risque. En d'autres termes, je ne puis condamner l'usage du préservatif dans des situations de compulsion sexuelle. Que ce soit bien clair. Mais je sais aussi qu'un tel usage ne supprime pas le risque.
4-Je n'expose pas des certitudes philosophiques ou idéologiques. Je vous rapporte l'analyse que fait WILKINSON des travaux sur la protection qu'est censé apporter le préservatif contre la transmission du SIDA. Cette protection n'est pas totale. Ce n'est pas une opinion, ni une idée, c'est un fait.
5-La moindre des honnêteté intellectuelle est de reconnaître la chose, et de faire savoir que le préservatif n'est pas la protection absolue qu'on veut bien dire.
6- En réalité, ce qu'Olibrius me reproche, c'est d'aller contre la représentation symbolique qu'il a de la liberté sexuelle. Je l'invite à lire le billet que je prépare et qui sera publié dans quelques jours, sur ce qu'est la liberté, telle que l'a analysé Simone WEIL (et d'autres).

Exercice d'observation

Un ami m'envoie copie de l'article paru lors de la visite de Benoît XVI au CAMEROUN. Il se passe de commentaires et il montre combien nous sommes loin du sentiment des Africains qui ont gardé cette bienveillance dont nous manquons tellement. Il me semble important de vous le livrer tel quel, cet article. Libre à chacun d'en penser ce qu'il veut. Mais je peux demander à mes lecteurs de lire avec attention cette opinion, et d'observer attentivement l'âme africaine qui transparaît dans cet article.

"Les médias africains déplorent l’attitude des médias occidentaux pendant la visite du pape en Afrique.

ROME, Mardi 24 mars 2009 (ZENIT.org) - « Le Cameroun vient de boucler avec une réussite insolente la troisième visite papale de son histoire », lit-on dans le Cameroon Tribune, après les quatre jours de visite de Benoît XVI sur le sol camerounais, qui déplore en même temps la polémique engagée par les médias occidentaux contre le pape durant cette visite.
« Le Cameroun et l'Afrique ont vécu quatre jours si intenses et si magiques, qu'ils peinent encore à en jauger l'insondable portée », souligne Marie-Claire Nnana dans son article, convaincue que cette visite du pape en Afrique est « une visite à succès, et un événement majeur qui marquera l'Eglise et tout le continent ».
« En posant l'acte d'amour que constitue sa visite, en nous assurant de l'amour de Dieu, nous les damnés de la terre, le pape nous comble d'espérance », souligne la journaliste.
Mais « on ne décrira jamais assez le rapt inélégant et la parfaite imposture des médias européens et en particulier français sur cette visite », souligne-t-elle. « C'était le temps de l'Afrique. L'Afrique n'aspirait qu'à la communion spirituelle et à la fête. Nos confrères se sont évertués à ne mettre en lumière que les aspects les plus anecdotiques de cette visite, les chiens écrasés, l'écume des jours », ajoute-t-elle.
« Pas un mot sur le synode des évêques africains à venir, ni sur le document préparé à cet égard par le pape », commente-t-elle. « Ils ont parasité les ondes avec une polémique qu'ils ont créée de toute pièce. Car en sortant de son contexte la déclaration du pape sur le préservatif, ils en ont dénaturé la substance ».
Autre exemple de sabotage stratégique reproché aux médias occidentaux : avoir cherché, en Angola, à « éclipser le message apostolique en montant en épingle une déclaration sur l'avortement thérapeutique ».
« En résumant huit jours de visite en deux petites phrases, de préférence celles susceptibles de remuer une opinion publique formatée, il y a un risque de caricaturer et de fausser le message », souligne-t-elle. Et le comble pour la journaliste c'est lorsque « ces médias déclarent parler au nom des Africains ».
« Non, merci, chers confrères, vous parlez pour vous-mêmes, et pour votre public. Les Africains sont assez grands pour déchiffrer et critiquer, au besoin, les messages du pape, afin d'en tirer la substantifique moelle. ».
De plus, estime-t-elle, « les débats autour du SIDA et de l'avortement sont trop importants pour les biaiser de cette manière, en les réduisant à une polémique médiatique ».
« Si nous décrions cet opportunisme chez nos confrères, ce n'est pas que ces questions indiffèrent les Africains que nous sommes, précise la journaliste du Cameroon Tribune, simplement, il nous semble peu fécond de vouloir infléchir les prises de positions papales, parce qu'elles découlent des principes moraux et de valeurs dictés par les évangiles dont il est le gardien ».
« Le pape, que les médias décrivent comme austère et peu charismatique, nous a paru au contraire sensible à nos démonstrations bruyantes et sincères », poursuit-elle. « Il les a reçues dans le tempérament qui est le sien : tout en retenue, le geste peu emphatique, le regard ardent ».
En conclusion la journaliste pense que « Benoît XVI en aura bien besoin » de l'affection des fidèles Africains pour continuer sereinement sa mission, dans une Europe, dit-elle, « dont il est le fils biologique, mais non pas spirituel puisque cette Europe nie désormais la dimension spirituelle du monde ».
Isabelle Cousturié

Ah, malicieuse Simone...

Ah, malicieuse Simone, je vous admire et je vous aime !
Clarté de l'exposé, puissance de la pensée, rigueur de l'analyse, telles sont les principales qualités du livre de Simone WEIL, Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale. Simone WEIL n'est ni de droite, ni de gauche, si l'on cherche à savoir où elle se situe sur le ridicule échiquier politique qu'on se plaît à nous exposer. Simone WEIL pense. Elle ne vocifère pas, ne tempête pas, ne criaille pas, ne conteste pas. Elle se contente, avec une rigueur presque implacable, de prendre au mot ses collègues philosophes et penseurs et de pousser leur pensée à leurs ultimes conséquences, puis l'ayant fait, elle expose sereinement la sienne. Jugez-en.
"Dans la fabrique", écrit [MARX] dans le Capital, "il existe un mécanisme indépendant des travailleurs, et qui se les incorpore comme des rouages vivants... La séparation entre les forces spirituelles qui interviennent dans la production et le travail manuel, et la transformation des premières en puissance du capital sur le travail, trouvent leur achèvement dans la grande industrie fondée sur le machinisme. Le détail de la destinée individuelle du manoeuvre sur machine disparaît comme un néant devant la science, les formidables forces naturelles et le travail collectif qui sont incorporés dans l'ensemble des machines et constituent avec elles la puissance du maître. Simone WEIL alors de commenter : "Ainsi la complète subordination de l'ouvrier à l'entreprise et à ceux qui la dirige REPOSE SUR LA STRUCTURE DE L'USINE ET NON SUR LE RÉGIME DE LA PROPRIÉTÉ. Vous noterez ici que Simone WEIL ne fait que développer les conséquences du constat de MARX. Dans toute la suite du livre, elle montrera que le marxisme, en se proposant de libérer les forces de production, ne fait que développer la "dégradante division du travail en travail manuel et travail intellectuel" selon la formule même de MARX.
"Car, dit-elle, si MARX a cru montrer comment le régime capitaliste finit par entraver la production, il n'a même pas essayé de prouver que, de nos jours, tout autre régime oppressif l'entraverait pareillement ; et de plus on ignore pourquoi l'oppression ne pourrait pas réussir à se maintenir, même une fois devenue un facteur de régression économique. Surtout MARX omet d'expliquer pourquoi l'oppression est invincible aussi longtemps qu'elle est utile, pourquoi les opprimés en révolte n'ont jamais réussi à fonder une société non oppressive, soit sur la base des forces productives, soit même au prix d'une régression économique qui pouvait difficilement accroître leur misère ; et enfin, il laisse tout à fait dans l'ombre les principes généraux du mécanisme par lequel une forme déterminée d'oppression est remplacée par une autre." Et pan !
Et elle constate ceci :
"La bonne volonté éclairée des hommes AGISSANT EN TANT QU'INDIVIDUS est l'unique principe possible du progrès social."
Depuis que j'ai ouvert ce Blog, je n'ai jamais cessé de clamer que l'homme est un sujet social, que la vie morale des personnes, responsables politiques comme citoyens, est le fondement même d'une société harmonieuse et pure - autant que faire se peut - de toute oppression. Je l'ai dit bien maladroitement. J'en conviens. J'ai appelé à mon secours Gustave THIBON qui fut justement l'ami de Simone WEIL, LANZA del VASTO qui prôna la désertion de la civilisation urbaine, le travail manuel, la prière, l'ascèse et le partage, Marcel LEGAUT, très grand penseur, agrégé de philosophie, qui se retira à la campagne lui aussi et vécut de son travail de paysan.
Ce qui est en cause, c'est le fol amour qu'ont les hommes, tous les hommes, et je m'inclus dans cette humanité-là -, pour le pouvoir et la domination, ce fol amour qui les pousse à rivaliser avec ceux qui leur ressemblent et leur sont de dangereux concurrents, des obstacles à la réalisation de leur désir, un désir qu'ils n'ont même pas conçu, comme l'a si bien montré René GIRARD. Tous ces penseurs nous offrent matière à réflexion, ouvrent des pistes à nos comportements.
Ah, chère Simone, comme je vous aime et vous admire. Votre trop courte vie a été pour ceux qui vous lisent chemin de lumière et de vie !

Fraises trompeuses

Une amie me fait parvenir cet article que je trouve très éclairant. Il illustre cruellement jusqu'où peut conduire le goût du lucre et la cupidité des hommes. Après les haricots du Kénya dont je vous ai déjà parlé, voici les fraises d'Andalousie.

"Très instructif !
D'ici à la mi‐juin, la France aura importé d'Espagne plus de 83 000 tonnes de fraises. Enfin, si on peut appeler «fraises» ces gros trucs rouges, encore verts près de la queue car cueillis avant d'être mûrs, et ressemblant à des tomates. Avec d'ailleurs à peu près le goût des tomates...
Si le seul problème posé par ces fruits était leur fadeur, après tout, seuls les consommateurs piégés pourraient se plaindre d'avoir acheté un produit qui se brade actuellement entre deux et trois euros le kilo sur les marchés et dans les grandes surfaces, après avoir parcouru 1 500 km en camion. À dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 16.000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz d'échappement. Car la quasi‐totalité de ces fruits poussent dans le sud de l'Andalousie, sur les limites du parc national de Doñana, près du delta du Guadalquivir, l'une des plus fabuleuses réserves d'oiseaux migrateurs et nicheurs d'Europe.
Il aura fallu qu'une équipe d'enquêteurs du WWF‐France s'intéresse à la marée montante de cette fraise hors saison pour que soit révélée l'aberration écologique de cette production qui étouffe la fraise française (dont une partie, d'ailleurs, ne pousse pas dans de meilleures conditions écologiques). Ce qu'ont découvert les envoyés spéciaux du WWF et que confirment les écologistes espagnols, illustre la mondialisation bon marché. Cette agriculture couvre près de six mille hectares, dont une bonne centaine empiète déjà en toute illégalité (tolérée) sur le parc national. Officiellement, 60% de ces cultures seulement sont autorisées; les autres sont des extensions «sauvages» sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes.
Les fraisiers destinés à cette production, bien qu'il s'agisse d'une plante vivace productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner des fraises hors saison, les plants produits in vitro sont placés en plein été dans des frigos qui simulent l'hiver, pour avancer leur production. À l'automne, la terre sableuse est nettoyée et stérilisée, et la microfaune détruite avec du bromure de méthyl et de la chloropicrine. Le premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la couche d'ozone, signé en 1987 (dernier délai en 2005); le second, composé de chlore et d'ammoniaque, est aussi un poison dangereux: il bloque les alvéoles pulmonaires.
Qui s'en soucie? La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient une main d'oeuvre marocaine, des saisonniers ou des sans‐papiers sous‐payés et logés dans des conditions précaires, qui se réchauffent le soir en brûlant les résidus des serres en plastique recouvrant les fraisiers au coeur de l'hiver. Un écologiste de la région raconte l'explosion de maladies pulmonaires et d'affections de la peau.
Les plants poussent sur un plastique noir et reçoivent une irrigation qui transporte des engrais, des pesticides et des fongicides. Les cultures sont alimentées en eau par des forages dont la moitié ont été installés de façon illégale. Ce qui transforme en savane sèche une partie de cette région d'Andalousie, entraîne l'exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu'une trentaine dans la région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de disparition. Comme la forêt, dont 2 000 hectares ont été rasés pour faire place aux fraisiers.
La saison est terminée au début du mois de juin. Les cinq mille tonnes de plastique sont soit emportées par le vent, soit enfouies n'importe où, soit brûlées sur place.... Et les ouvriers agricoles sont priés de retourner chez eux ou de s'exiler ailleurs en Espagne. Remarquez: ils ont le droit de se faire soigner à leurs frais au cas ou les produits nocifs qu'ils ont respiré ...
La production et l'exportation de la fraise espagnole, l'essentiel étant vendu dès avant la fin de l'hiver et jusqu'en avril, représente ce qu'il y a de moins durable comme agriculture, et bouleverse ce qui demeure dans l'esprit du public comme notion de saison. Quand la région sera ravagée et la production trop onéreuse, elle sera transférée au Maroc, où les industriels espagnols de la fraise commencent à s'installer. Avant de venir de Chine, d'où sont déjà importées des pommes encore plus traitées que les pommes françaises...
Claude‐Marie Vadrot
Politis jeudi 12 avril 2007."
Faut-il ajouter quelque chose à ce tableau effrayant ? Un conseil peut-être n'achetez plus de ces fraises là !

mercredi 25 mars 2009

Une bonne fois pour toute

Un de mes très proche se dit irrité par mes propos qui tendraient à défendre Benoît XVI. Après mûre réflexion, je publie ici la réponse que le lui ai faite ce matin.
Cher X...
Je ne défends personne. Je défends simplement la vérité, en apportant (a) des faits ; (b) un raisonnement. La seule chose qui scientifiquement peut être dite est la suivante : à nombre d'actes sexuels IDENTIQUES, les rapports avec préservatifs offrent moins de risques de transmission du VIH que les rapports sans préservatifs. Ce taux de protection ne peut être évalué avec précision ; on peut donner une approximation qui est (probablement) de l'ordre de 70 %-90 % de réduction des risques. Voilà ce qu'il était juste de dire, et non pas d'agonir d'injures un homme qui est intellectuellement très au-dessus de la moyenne. En donnant l'illusion que le préservatif est l'arme absolue, on incite les mâles à se lâcher ; il est probable, par conséquent, qu'ils se livrent à un plus grand nombre de rapports sexuels, avec un plus grand nombre de partenaires, et que par conséquent, le risque de transmission du VIH s'en trouve accru. Je sais bien que ce n'est pas politiquement correct, que monsieur FREUD est passé par là, et que chacun revendique d'avoir une sexualité libérée. L'humanité a acquis cette liberté. On voit le résultat.
On ne peut réduire l'homme à ses pulsions comme l'esprit du monde tend à le faire.
Il y a un deuxième aspect, qui est celui de la "communication", terme dont se gargarisent les médias. Communiquer pour caresser le monde dans le sens du poil, c'est tout simplement accepter de mentir et DE MANIPULER l'opinion. Critiquer un mode de communication, c'est critiquer l'écume de la réalité, c'est se couper de toute relation avec l'autre, car communiquer ce n'est pas être relié, c'est délivrer un message sans se soucier de sa réception. Benoît XVI ne PEUT PAS avoir ignoré que ses exhortations seraient mal reçues, bien qu'elles aient été délivrées dans un contexte que j'ai essayé de situer. Elles ont été ridiculisées, critiquées, déformées, par des hommes et des femmes qui se moquent comme d'une guigne de l'Église, et qui n'ont qu'une idée en tête, celle de VOLTAIRE : écraser l'infâme. Aucun intérêt. Chacun est libre de ses choix. Mais que chacun ne tende pas à faire retomber sur les autres les conséquences de ses comportements. Voilà ce qu'est la vraie liberté : assumer les conséquences de ses choix. Quant à ces journalistes qui vilipendent, jugent, ricanent, je les invite à passer - comme je le fais - une journée entière de la semaine avec des séropositifs, et de discuter - comme je le fais - avec eux. Je ne tire aucune gloire de ce service. Mais un certain nombre d'enseignements. Ils pourraient leur être profitables.
Voyez-vous, ô très improbables lecteurs, j'ai décidé, dans cette dernière partie de ma vie, de ne plus composer avec le mensonge et l'approximation. Je ne dis pas que je détiens la vérité (ça se saurait !). J'expose des faits avérés, et un raisonnement ; il me semble que c'est le propre de l'activité du penser que de procéder ainsi. Et je suis tout à fait ouvert à la discussion ; je suis même disposé à changer d'avis si l'on me prouve que je suis dans l'erreur.
Tout à l'heure, je vous reparlerai du livre de Simone WEIL. Et, à votre grand étonnement, vous verrez qu'à la suite de l'analyse qu'elle fait du marxisme, et dont elle approuve les conclusions, je vous dirai que je partage ce point de vue. Et avec elle, on verra que le grand tort de MARX, c'est de n'avoir pas été au bout de son raisonnement ; il aurait vu que si son analyse économique était juste, ses conclusions politiques étaient erronées. Affaire à suivre.

mardi 24 mars 2009

Au nom de la vérité

"L'affaire, avec toute sa dimension dramatique, est simple. C'est celle d'une enfant de seulement 9 ans - nous l'appellerons Carmen - que nous devons regarder droit dans les yeux, sans détourner même un instant le regard, pour lui faire comprendre combien nous l'aimons (...) Carmen représente une histoire de violence familiale et a fait la une des journaux uniquement parce que l'archevêque d'OLINDA s'est hâté (c'est moi qui souligne) de déclarer l'excommunication pour les médecins qui l'ont aidée à interrompre sa grossesse (je note que ce texte ne fait pas mention de la maman de la petite Carmen).
(...)
Ce dont on ressent le plus grand besoin en cet instant, c'est le signe d'un témoignage de proximité avec ceux qui souffrent (notons ici le pluriel qui sous-entend aussi la souffrance de la maman), un acte de miséricorde qui, tout en maintenant fermement le principe, est capable de regarder au-delà de la sphère juridique pour rejoindre ce que droit lui-même prévoit comme finalité de l'existence : le bien et le salut de ceux qui croient en l'amour du Père et de ceux qui accueillent l'Evangile du Christ comme les enfants que Jésus appelait auprès de lui et serrait dans ses bras en disant que le Royaume des Cieux appartient à ceux qui sont comme eux.
Carmen nous sommes avec toi. Nous partageons avec toi la souffrance que tu as éprouvée, nous voudrions tout faire pour te rendre la dignité dont tu as été privée et l'amour dont tu auras encore plus besoin. Ce sont d'autres personnes qui méritent l'excommunication et notre pardon, PAS CEUX QUI T'ONT PERMIS DE VIVRE (les majuscules sont de moi) et t'aideront à retrouver l'espoir et la confiance. Malgré la présence du mal et la méchanceté de beaucoup."
Quel est le journal, La Croix mis à part, qui a fait été de cette Tribune publiée dans l'Osservatore Romano, par Rino FISICHELLA qui est évêque, et Président de l'Académie Pontificale pour la Vie ? Croyez-vous vraiment qu'il ait pu écrire un tel article, si juste, si profond, si plein d'amour pour l'enfant blessée, sans l'aval de Benoît XVI ? La vérité est que, comme toujours avec ces médias qui nous manipulent, il est plus facile de faire du sensationnel, de critiquer sans tenir compte de la totalité du contexte. Je n'hésite pas à dire que ces médias sont très exactement les porte-parole des salauds.

dimanche 22 mars 2009

Rapport de l'OMS sur l'efficacité du préservatif dans la prévention du SIDA


Il est impossible tant du point de vue logistique qu'éthique de mener des essais comparatifs randomisés pour déterminer l'efficacité de l'utilisation du préservatif en termes de réduction du risque de transmission du VIH. Nous devons donc nous baser sur des études observationnelles qui, par nature, présentent un risque de biais. Des études de ce type ont montré que l'utilisation systématique de préservatifs permettait une réduction de 80 % de l'incidence du VIH.



Commentaire de la BSG par Wilkinson D
1. RÉSUMÉ DES PREUVES
Documents en rapport:: Analyse documentaire Cochrane :: Aspects pratiques de la BSG
À propos de l'auteur:: Wilkinson D
Cette analyse Cochrane est une excellente tentative pour estimer l'efficacité des préservatifs dans la réduction de la transmission hétérosexuelle du VIH. Alors que de nombreuses études se sont penchées sur cette question, bon nombre d’entre elles étaient de petite taille et les analyses documentaires réalisées à ce jour étaient associées à un certain nombre de problèmes d’ordre méthodologique.
Les auteurs de l'analyse Cochrane ont identifié et sélectionné 14 études portant sur des couples sérodiscordants (à savoir des couples au sein desquels l'un des partenaires est séropositif au VIH et l'autre non). Au total, 587 personnes ayant indiqué « toujours » utiliser des préservatifs lors des rapports sexuels et 276 personnes ayant indiqué ne « jamais » utiliser de préservatif ont été incluses dans ces études.
L'incidence de l'infection au VIH chez celles ayant indiqué toujours utiliser des préservatifs était de 1,14 pour 100 années-personnes [intervalle de confiance 95 : 0,56-2,04] alors qu'elle s'élevait à 5,75 pour 100 années-personnes [IC95 : 3,16-9,66] chez celles qui n'en utilisaient jamais. Cela correspondait à une réduction de l’ordre de 80 % de l’incidence de l’infection en cas d’utilisation du préservatif.
Il convient toutefois de souligner deux limitations importantes : (a) la méta-analyse a été réalisée en utilisant des données tirées d’études observationnelles ; et (b) les auteurs n’ont pas indiqué d’intervalle de confiance pour leur effet bénéfique estimé à 80 %.
Cette analyse a été bien menée. Comme les auteurs le soulignent à juste titre, il est impossible tant du point de vue logistique qu’éthique de mener des essais comparatifs randomisés pour déterminer l’efficacité de l’utilisation du préservatif en termes de réduction du risque de transmission du VIH. C’est pourquoi nous devons nous fier aux études observationnelles. Les études incluses dans cette analyse comparent habituellement les taux d’infection par le VIH dans les groupes de personnes indiquant toujours ou ne jamais utiliser de préservatifs. Les études observationnelles comportent par essence un risque de biais dans la mesure où les personnes font des choix pour une certaine raison, et si le choix porte sur l’utilisation de préservatifs et n’est pas lié à d’autres facteurs de risque pour le VIH, alors l’estimation de l’effet que nous obtenons sera inexacte.
Ainsi, dans cette étude, malgré les efforts soutenus des auteurs, nous ne pouvons pas être certains que les préservatifs réduisent réellement l'incidence du VIH de 80 %.
Par exemple, il se pourrait que les personnes utilisant toujours des préservatifs aient également des rapports sexuels sans risque et un nombre plus faible de partenaires, ce qui réduit leur risque d’infection par le VIH indépendamment de l’utilisation de préservatifs. Il se pourrait également que certaines personnes indiquant toujours utiliser des préservatifs ne le fassent en fait pas mais affirment aux chercheurs qu’ils le font pour « donner une bonne image ». Des remarques similaires pourraient être soulevées pour les personnes indiquant ne jamais utiliser de préservatif. Les données indiquées par les personnes étudiées elles-mêmes présentent toujours le risque de ne pas être fiables et, dans ce cas, il n’y a aucun autre moyen de confirmer les résultats.
Si l'on considère les valeurs extrêmes des intervalles de confiance à 95 % signalés dans deux cohortes en matière de taux d'incidence du VIH, on trouve que l'utilisation du préservatif pourrait être associée à une réduction de l'incidence du VIH comprise entre 94 % et 35 %. Cette grande variation en termes de valeurs s’explique par le faible nombre de personnes (863) et d’infections par le VIH (51) compris dans ces études. L’utilisation simultanée d’autres mesures pourrait également contribuer à cette variation. En conséquence, l’estimation de l’incidence du VIH dans les deux groupes est plutôt imprécise (entre 0,56 et 2,04 pour 100 années-personnes chez les utilisateurs et entre 3,16 et 9,66 pour 100 années-personnes chez les non utilisateurs).
Ce manque de précision n'est pas dû aux auteurs ni à leur analyse. Il s’agit d’une caractéristique inhérente aux études disponibles. En conséquence, il n’est pas vraiment approprié d’estimer l’efficacité du préservatif à 80 %. Même si 80 % est la meilleure estimation simple d'efficacité, il convient cependant de dire que la mesure réelle de l'effet pourrait aussi bien n'être que de 35 % ou s'élever à 94 %, comme l'indiquent les auteurs dans l'analyse.
2. PERTINENCE DANS LES MILIEUX DÉFAVORISÉS
2.1. Étendue du problème
Cette analyse est très pertinente pour les milieux défavorisés. Les taux très élevés d’infections à VIH et d’infections sexuellement transmissibles (IST) qui contribuent à la transmission du VIH ont été bien documentés dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne (où les taux de VIH avoisinent les 30 % dans certaines régions), d’Asie et des autres pays en voie de développement. L’utilisation faible et inconstante des préservatifs dans la majorité des zones touchées constitue un autre problème en relation avec cette situation.
2.2. Faisabilité de l'intervention
L'utilisation correcte, constante et à grande échelle de préservatifs masculins constitue probablement la stratégie de prévention du VIH la plus réalisable disponible à l'heure actuelle. Par rapport à d’autres stratégies en matière de santé, qui nécessitent médecins, infirmiers, professionnels de santé, cliniques, réfrigérateurs, aiguilles, etc., l'utilisation des préservatifs peut être encouragée et ceux-ci distribués et utilisés de façon efficace et sans danger. Il reste pourtant des barrières –y compris culturelles et sociales –mais on ne peut nier la disponibilité immédiate d'une intervention fournissant une protection appréciable.
2.3. Applicabilité des résultats de la Cochrane Review
Le coût des préservatifs est faible et différents projets et programmes sociaux de commercialisation ont montré que la distribution à grande échelle était réalisable. Il ne fait aucun doute que cette intervention sera confrontée à diverses difficultés dans des lieux différents, mais l’expérience et l’intérêt au niveau local parviendront à les surmonter.
2.4. Mise en œuvre de l'intervention
La distribution de préservatifs a déjà lieu de différentes manières dans la plupart des pays en voie de développement au moyen d'un grand éventail de réseaux allant des secteurs de santé officiels aux efforts de commercialisation sociale, en passant par le secteur privé. Il convient à présent de redoubler d’efforts.
2.5. RECHERCHE
Les futures recherches devraient peut-être être axées sur la meilleure façon d'améliorer la distribution et l'acceptation des préservatifs dans autant de lieux différents que possible, plutôt que sur les connaissances supplémentaires concernant l'efficacité réelle des préservatifs.


Mes commentaires :

L'enquête de l'OMS commentée par WILKINSON fait état des biais importants que comportent une méta-analyse observationnelle portant sur l'efficacité du préservatif dans la protection du SIDA, et indique qu'il est impossible de tirer des conclusions absolument fondées scientifiquement sur ce point. La seule chose dont on semble pouvoir être assuré est qu'il réduit les risques, le taux de protection allant de 35 à 90 % selon les analyses. Il est donc certes recommandable, pour les personnes qui n'ont pas les capacités personnelles de gérer leur sexualité dans des conditions jadis considérées comme socialement normales, d'utiliser ce dispositif, en les prévenant cependant du risque encouru en cas de rapports sexuels démultipliés avec des partenaires multiples. Voilà ce qu'il me semble intellectuellement honnête de conclure au vu de ces travaux. Et si la parole de Benoît XVI n'a pas été replacée dans ce contexte par les médias, il faut incriminer soit leur ignorance, soit leur volonté de nuire, soit encore leur incapacité à approfondir le sujet en raison du peu de temps et de place dont disposent les journalistes pour leur papier.

Scènes citoyennes de la vie parisienne

Hier, à Paris, près de la Fontaine des Innocents.
Un groupe de jeunes distribue des tracts. L'un de ces jeunes est derrière un petit pupitre adorné d'une banderole en forme de kakemono sur laquelle on peut lire "non aux banques bling bling". Le slogan est repris par les deux autres à voix haute et distincte. Je saisis le tract. Il est fort intéressant ce tract. Souffrez que je vous le résume.
Une enquête diligentée par une commission mixte de l'Assemblée Nationale et du Sénat, coprésidée par Messieurs MIGAUD et ARTHUIS - dit-il - a conduit a auditionner les principaux banquiers français. L'échange a été courtois, mais il ne semble pas que le fond du problème ait été effleuré, pas même évoqué, et c'est même certain. Les rédacteurs du tracts recommandent donc que l'on crée en France une commission analogue à la Commission PECORA, du nom de son Président, qui en 1933, après la crise de 1929, fit une enquête incisive sur les pratiques douteuses de la finance américaine. La Commission avait les pleins pouvoirs. Le tract ajoute : Les établissements financiers, dont le comportement a conduit à la situation actuelle, s'avèrent cependant incapables de transmettre à l'économie, sous forme de crédits, les avantages que leur procure l'Etat. Dans ces conditions, nous demandons de toute urgence : (a) la constitution d'une commission d'enquête parlementaires sur les agissements de ces établissements financiers et l'état de leurs comptes. Le moment est en effet venu de faire comparaître devant les représentants du peuple ceux qui ont abusé de leurs pouvoirs et de déterminer comment ils ont pu procéder et avec qui, en France ou ailleurs dans le monde. Cet examen a pour objet de déterminer ce qui est viable et nécessaire à un fonctionnement légitime du système bancaire, qui doit être maintenu et aidé, et ce qui relève de l'imprudence irresponsable ou d'opérations exotiques, qui doit être soumis à des procédures de banqueroute organisée. L'Etat ne doit pas faire payer les citoyens en absorbant les créances douteuses de ceux qui se sont égarés, mais faire constater leur absence de valeur et les éliminer dans l'intérêt général. (b) La réquisition temporaire des banques afin d'assurer qu'elles alimentent réellement l'économie en faisant leur métier légitime et qu'elles donnent accès en toute transparence à leurs comptes, parallèlement aux travaux de la commission d'enquête et dans la logique de son fonctionnement.
Je dois dire que suis assez sensible au ton relativement mesuré de ce tract. En effet, il reconnaît la nécessité d'un système bancaire pour le fonctionnement de l'économie, et en même temps il souligne l'immoralité de pratiques qui font de l'argent une marchandise et une fin, alors qu'il n'est qu'un moyen au service de l'homme. Par le moyen de la réquisition, elle évite la nationalisation des banques tout en soumettant leur fonctionnement à un contrôle rigoureux qui pourrait être assuré du reste par un groupe de personnalités indépendantes et venues de tous les bords politiques.
L'initiative de cette pétition est prise par Messieurs Jacques CHEMINADE et Lyndon LaROUCHE (Solidarité et Progrès, BP 27, 92114 CLICHY Cedex). Je me demande si monsieur CHEMINADE ne fut pas un jour candidat à la Présidence de la République. J'ignore si ses opinions sont "de gauche" ou "de droite" et je m'en moque. Après examen, elles me semblent pondérées et justes, et tout à fait de nature à améliorer le système financier de notre pays. Après tout, vous pouvez soutenir leur pétition.

samedi 21 mars 2009

L'esprit du monde

L'un de mes lecteurs et amis, à qui je faisais remarquer combien je détestais la manière dont les journaux et les journalistes ont rendu compte des propos de Benoît XVI sur le préservatif, m'envoie cette réponse que je désire commenter, tant elle me paraît traduire en effet l'esprit dans lequel vit le monde. Bien entendu, ce n'est pas mon ami qui est en cause, c'est simplement cette volonté que manifestent les "journalistes" et les médias de faire du sensationnel au détriment de la vérité factuelle.
Voici donc sa réponse, et après elle, mes propres remarques.
"Quant à la diffusion partielle des messages, nous savons bien que c'est une pratique courante. Ceci dit, c'est aux responsables de la communication de prévoir, dans leur formulation, la déformation des messages et d'avoir une stratégie en conséquence.
Comme ce ne sont pas des "idiots" je pense donc que ça fait aussi partie de la technique de communication de laisser la place à plusieurs utilisation du message (notamment par la troncature)."
Claude, tel est le prénom de mon ami, accepte donc l'idée que les medias puissent tronquer les messages de tiers POUR EN DEFORMER LE SENS. Et il fait le procès à ces tiers ne ne pas tenir compte de cette possibilité, première hypothèse, ou au contraire, deuxième hypothèse, de le faire exprès pour laisser la porte ouverte à toutes interprétations possibles. Dans le premier cas, ce serait des idiots, dans le second des manipulateurs. Claude est un adepte de Mac LUHAN pour qui le message c'est le medium (singulier de media), et il pense que toute communication est manipulation et relève de la stratégie, c'est-à-dire de la VOLONTÉ DE PUISSANCE ET DE DOMINATION, de la persuasion et non de la conviction.
Je ne crois pas que cette interprétation soit juste ; en revanche, je la crois tout à fait conforme à l'esprit du monde qui se nourrit de méfiance (et recherche la puissance et la domination), plutôt que de confiance, de vérité et de bienveillance.
Il serait vain et peu productif de négliger cette donnée. Mais on ne peut se demander si notre société ne serait pas plus agréable à vivre si nous faisions le crédit de la bonne foi à nos interlocuteurs, sans pour autant abonder toujours dans leur sens. Je crois à l'exercice de la pensée. Je ne crois pas aux systèmes d'idées. Mais il est plus facile de vivre dans un système que de marcher sur le fil d'une pensée structurée : on risque d'être pris de vertige en effet.

vendredi 20 mars 2009

Nécessité du travail

A de multiples reprises, j'ai dit ici mon admiration pour Simone WEIL, sans doute l'un des penseurs les plus puissants du XXe siècle. En ces temps ou les loisirs semblent être devenus le désir principal de nos contemporains, et le travail leur supplice, il est bon de rappeler ce quelle disait dans ses Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (Folio essais N°316, Gallimard, Paris, 1998). Madame AUBRY aurait grand profit à lire ce livre.
Un état de chose où l'homme aurait autant de jouissances et aussi peu de fatigues qu'il lui plairait ne peut pas trouver place, sinon par fiction, (c'est moi qui souligne) dans le monde où nous vivons. La nature est, il est vrai, plus clémente ou plus sévère aux besoins humains, selon les climats et peut-être selon les époques ; mais attendre l'invention miraculeuse qui la rendrait clémente partout et une fois pour toute, c'est à peu près aussi raisonnable que les espérances attachées autrefois à la date de l'an mille (sic pour "mil"). Au reste si l'on examine cette fiction de près, il n'apparaît pas qu'elle vaille un regret. Il suffit de tenir compte de la faiblesse humaine pour comprendre qu'une vie d'où la notion même de travail aurait à peu près disparu serait livré aux passions et peut-être à la folie ; il n'y a pas de maîtrise de soi sans discipline, et il n'y a pas d'autre source de discipline pour l'homme que l'effort demandé par les obstacles extérieurs.
La grande erreur anthropologique de madame AUBRY est d'avoir fait du travail un repoussoir et des loisirs un inaccessible paradis, qu'il serait possible d'atteindre en travaillant moins. Bien entendu, diminuer la peine des hommes par la machine et les moyens auxiliaires modernes est tout à fait utile et nécessaire. Mais imaginer que travailler moins c'est vraiment vivre mieux est tout simplement faux.
Et Simone WEIL poursuit un peu plus loin :
On peut entendre par liberté autre chose que d'obtenir sans effort ce qui plaît.
Tout ce texte est d'une densité, d'une justesse confondante. Et Simone WEIL sait de quoi elle parle, qui a écrit La condition ouvrière, après avoir été elle-même ouvrière, à s'y épuiser, pendant plus d'une année.
C'est pourquoi, entendant les slogans des manifestants qui défilaient en nombre hier dans la France entière, je faisais bien la différence entre les supplications des chômeurs et des salariés sur le point d'être licenciés - qui eux veulent travailler - et les criailleries des salariés inamovibles qui réclament toujours plus et veulent travailler moins.

jeudi 19 mars 2009

Sida, Benoît XVI et préservatif

Une de mes anciennes étudiantes me transmet le texte ci-dessous qui replace les remarques de Benoît XVI sur le préservatif dans leur contexte. Dans mon billet, je parlais d'exercices d'audition. En voilà encore un que je propose à mes lecteurs, mais il n'est de pire sourd que celui qui ne vaut pas entendre, et je doute que les belles consciences protestataires, condamnantes, tranchantes, ne fassent l'effort d'attention et d'analyse nécessaires. Voici donc le texte de l'agence ZENIT.org.
ROME, Mercredi 18 mars 2009 (ZENIT.org) - Le pape Benoît XVI a demandé les soins gratuits pour les malades du sida dès son arrivée à l'aéroport de Yaoundé au Cameroun, mardi après midi. Un appel qui a reçu très peu d'écho. Il appelle les Africains à la responsabilité dans la lutte contre le sida. Les médias ont passé sous silence ce passage de sa conférence de presse dans l'avion de Rome à Yaoundé.
Mais ce que la presse a retenu, ce sont des propos prêtés au pape. Nous publions ci-dessous le texte intégral de la déclaration.
Le pape fait également allusion à l'engagement de l'Eglise auprès des malades : quelque 25 % des structures qui les accueillent sont catholiques. Il cite l'engagement de la communauté de Sant'Egidio - une allusion au projet « DREAM », sigle anglais pour « « Amélioration des ressources en médicaments pour lutter contre le Sida et la malnutrition » par exemple au Malawi - et des religieux de Saint-Camille de Lellis, ou des religieuses (les Missionnaires de la Charité par exemple).
Voici la question du journaliste et la réponse de Benoît XVI, dans son contexte.
Question - Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l'Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l'Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n'étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ?
Benoît XVI - Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l'Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant'Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades... Je dirais qu'on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l'homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l'égard de son propre corps et de celui de l'autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d'épreuve. Il me semble que c'est la juste réponse, et c'est ce que fait l'Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font.

Exercices d'audition

Accorderez-vous quelque crédit à un universitaire qui a enseigné la Virologie pendant 35 ans et s'occupe activement de l'accueil de séropositifs ?
Benoît XVI a parlé du danger du préservatif comme moyen de se prémunir contre le SIDA et les maladies sexuellement transmissibles. Bien entendu, comme un seul homme, et sans prendre le temps de s'informer, tout le monde condamne cette parole et ce conseil comme homicide. Le politiquement correct a encore frappé.
Il faut donc essayer d'entendre ce que cela signifie.
Un rapport récent de l'OMS que tout le monde peut consulter sur Internet indique que le préservatif protège à 90 % des risques de contamination à quoi le document de l'OMS ajoute des "risques" de grossesse. La raison est très simple. La barrière mécanique offerte par le latex est parfaitement fiable. Il se trouve cependant que le préservatif peut se rompre ou présenter des micro fissures qui laissent passer les micro-organismes et les virus. Curieusement un rapport antérieur de l'OMS, que je n'arrive plus à me procurer, indiquait que le préservatif ne protégeait des maladies sexuellement transmissibles qu'à 70 %. Les raisons invoquées pour donner ce chiffre sont simples : les sécrétions prostatiques sont elles-mêmes riches en virus, et elles peuvent, en cas de pose maladroite ou inadéquate se déposer sur les parois extérieures du préservatif, dont la protection devient illusoire, non pour prévenir une grossesse - la barrière mécanique est là - mais pour empêcher une contamination par l'extérieur du dispositif.
Restons-en au chiffre officiel de 90 %. Il faut comprendre ce que cela veut dire concrètement : sur dix rapports sexuels, l'un d'eux peut être contaminant. Le risque par conséquent n'est pas négligeable. Or la pulsion sexuelle masculine est telle que la multiplication des rapports sexuels augmente le risque de contamination ; ce n'est certes qu'un risque, mais c'en est un et la moindre des honnêtetés consisteraient à le dire à ceux qui en font en usage régulier. Il est tout simplement criminel de prétendre le contraire, et d'inciter les "gros tempéraments" à user massivement du préservatif en leur promettant une protection absolue. Je pèse mes mots : c'est cela qui est criminel.
Bien entendu, et cela aussi doit être compris, il est non moins évident que la continence, et mieux encore, la chasteté, sont les meilleurs remparts contre la diffusion de la maladie. Cela n'est pas à la portée de tout le monde. C'est pourquoi j'ai apprécié ce qu'a dit hier soir le Père Guy GILBERT, l'aumônier des loubards : La seule joie qu'ont les pauvres et qui est gratuite, c'est la sexualité. Et il laissait entendre sa désapprobation de cette parole de Benoît XVI, si elle s'adresse A CES PERSONNES. Je suis d'accord avec lui, aux risques près que j'ai énoncés plus haut, et que quelques mesures simples permettraient de diminuer. Pour les autres, il en va autrement. Je note que nul n'est contraint par les paroles de Benoît XVI, et que ceux qui les condamnent sont en général ceux qui ne les suivent pas. Ils n'ont pas, me semble-t-il, à parler pour ceux qui s'efforcent de mettre en pratique l'enseignement du magistère. Quant aux croyants qui ne peuvent en conscience suivre ces recommandations, ils le font en conscience ; dans l'expérience que j'ai de l'accueil des séropositifs, je crois pouvoir dire que ces croyants sont plus près de leur Seigneur que les "journalistes", les "organisations", les "collectifs" et autres instances qui prétendent mieux savoir que l' Eglise - qu'ils critiquent, moquent ou persécutent - ce qui est bon pour ceux (rares, j'en conviens) qui se comportent en disciples. Qu'ils se taisent et laissent les croyants à leur conscience. Ou au moins qu'ils les écoutent. C'est tout ce qu'on leur demande.

mercredi 18 mars 2009

Une leçon d'économie

Petit apologue qui m'a été transmis ce matin même par l'un de mes enfants :
"Le principe des impôts semble pouvoir s'expliquer par une logique assez simple. Mais beaucoup pourtant ne le saisissent toujours pas. Comme c'est la saison des taxes, laissez-moi vous l'expliquer en des termes simples que tout le monde peut comprendre.
Imaginons que tous les jours, 10 amis se retrouvent pour boire une bière et que l'addition totale se monte à 100 euros. Normalement, cela ferait 10 euros par personne, mais nos dix amis décidèrent de payer cette facture selon une répartition qui s'inspire du calcul de l'impôt sur le revenu, ce qui donna à peu près ceci:
- les quatre premiers (les plus pauvres !?), ne paieraient rien,
- le cinquième paierait 1 euro,
- le sixième paierait 3 euros,
- le septième paierait 7 euros,
- le huitième paierait 12 euros,
- le neuvième paierait 18 euros,
- le dernier (le plus riche ?!) devrait payer 59 euros.
Les dix hommes se retrouvèrent chaque jour pour boire leur bière et semblaient assez contents de leur arrangement. Jusqu'au jour où le tenancier les plaça devant un dilemme : «Comme vous êtes de bons clients, dit-il, j'ai décidé de vous faire une remise de 20 euros sur la facture totale. Vous ne payerez donc désormais vos 10 bières que 80 euros au lieu des 100 euros». Le groupe décida de continuer à payer la nouvelle somme de la même façon qu'ils auraient payé leurs taxes. Les quatre premiers continuèrent à boire gratuitement. Mais comment les six autres (les clients payants) allaient-ils diviser les 20 euros de remise de façon équitable ? Ils réalisèrent notamment que 20 euros divisés par 6 faisaient 3.33 euros. Mais s'ils soustrayaient cette somme de leur partage alors le cinquième et le sixième homme devraient être payés pour boire leur bière. Le tenancier du bar suggéra qu'il serait plus équitable de réduire l'addition de chacun d'un pourcentage du même ordre. Il fit donc lui-même les calculs, ce qui donna à peu près ceci :
- le cinquième homme, comme les quatre premiers ne paya plus rien (un pauvre de plus? Ndt) ,
- le sixième paya 2 euros au lieu de 3 (soit une réduction de 33%),
- le septième paya 5 euros au lieu de 7 (soit une réduction de 28%),
- le huitième paya 9 euros au lieu de 12 (soit une réduction de 25%),
- le neuvième paya 14 euros au lieu de 18 (soit une réduction de 22%),
- le dixième et dernier paya 50 euros au lieu de 59 euros (soit une réduction de 16%) Chacun des six «payants» donc paya moins qu'avant et les 4 premiers continuèrent à boire gratuitement.
Mais une fois hors du bar, chacun compara son économie :
- «J'ai seulement eu 1 euro sur les 20 euros de remise», dit le sixième, il désigna le dixième «Lui, il a eu 9 euros !».
- «Ouais!! dit le cinquième, j'ai seulement eu 1 euro d'économie».
- «C'est vrai !» s'exclama le septième, «Pourquoi aurait-il 9 euros alors que je n'en ai eu que 2 ? Le plus riche a eu le plus gros de la réduction !»
- «Attendez une minute» cria le premier homme, «Nous quatre n'avons rien eu du tout. Le système exploite les pauvres !».
Les 9 hommes cernèrent le dixième et l'insultèrent. Le soir suivant le dixième homme (le plus riche?) ne vint pas. Les neuf autres s'assirent et burent leur bière sans lui. Mais quant vint le moment de payer leur note ils découvrirent quelque chose d'important : ils n'avaient pas assez d'argent pour payer ne serait-ce que la moitié de l'addition! Et cela, mes chers amis, est le strict reflet de notre système d'imposition. Les gens qui payent le plus de taxes tirent le plus de bénéfice d'une réduction de taxe. Taxez les plus fort, accusez-les d'être riches et ils risquent de ne plus se montrer. En fait ils pourraient commencer à aller boire à l'étranger...
Pour ceux qui ont compris, aucune explication n'est nécessaire. Pour ceux qui n'ont pas compris, aucune explication n'est possible.
David R. Kamerschen, Ph. D. Professeur d'économie."
Ô sancta simplicitas !

mardi 17 mars 2009

Exercices de lecture

Un journal gratuit, Métro, pour le nommer, nous apprend qu'Amad LY, figure de "grand frère" de Seine-Saint-Denis, lauréat de Prix de l'éthique 2008, est mis en examen pour enlèvement, séquestration, tentative d'assassinat et violences aggravées. Deux de ses frères ont été eux aussi mis en examen. L'entrefilet ne précise pas si c'est pour les mêmes motifs.
Il y a plusieurs manières de lire cette information.
Manière idéologique.
Première lecture idéologique :
Le politiquement correct a encore frappé, et l'on a récompensé monsieur Amad LY au motif que son nom avait une consonance étrangère, sans doute maghrébine, sans s'être renseigné d'abord sur ses activités. Pauvre France. On a récompensé tout simplement un forban.
Deuxième lecture idéologique :
Si Amad LY s'était appelé DUPONT, les journaux n'auraient pas parlé de cette affaire. On ghettoïse encore plus les jeunes issus de l'immigration. C'est un scandale, c'est la chasse au faciès.
Manière critique, factuelle et objective.
Le journal ne nous donne pas les attendus du jury qui a récompensé monsieur Amad LY. Il devait avoir de bonnes raisons de le faire. Par ailleurs, le même journal ne nous dit pas quelles charges réelles pèsent sur ce jeune homme. Il n'est pas encore mis en cause, seulement mis en examen. Attendons de voir la suite. Bornons-nous à nous étonner d'une telle distance entre un Prix de l'éthique et une mise en examen. Il y a là quelque chose qui dérange.
Appliquons la méthode à l'information suivante. Le pape Benoît XVI réhabilité un évêque négationiste.
Manière idéologique.
Première lecture idéologique.
Il était temps de remettre de l'ordre dans la maison et de réintégrer des hommes qui veulent le bien de l'Eglise. Vatican II nous a tout fichu par terre avec ses réformes modernistes, son oubli de la tradition immémoriale. Eux ont réussi à en garder quelque chose.
Deuxième lecture idéologique.
Voilà bien un pape réactionnaire. Non seulement il ne comprend rien à la société moderne, mais il approuve des positions intenables historiquement et moralement. Il a été dans les jeunesses hitlériennes. Il n'a rien oublié.
Manière critique, factuelle et objective.
Il ne s'agit pas d'une réhabilitation, mais d'une levée d'excommunication. Jamais Benoît XVI n'a exprimé la moindre complaisance pour le nazisme, et la communauté juive lui a d'ailleurs donné acte de son amitié pour le judaïsme, après la levée de l'excommunication. Devant l'émotion soulevée par sa décision, Benoît XVI a publié une lettre à ses "Collègues" dans l'épiscopat, dans laquelle il précise qu'à l'avenir il serait plus attentif aux informations diffusées par Internet, et qu'il ne connaissait pas les opinions de Mgr WILLIAMSON avant de lever les excommunications qui intéressent, outre Mgr WILLIAMSON, trois autres évêques.
On peut supposer que la Curie romaine, toutefois, possède des informations précises, que cette information lui était parvenue, mais qu'elle n'a pas cru bon d'en avertir le pape. On peut aussi supposer qu'un homme de l'envergure intellectuelle de Benoît XVI a de très bonnes raisons théologiques et pastorales d'avoir pris cette décision de levée d'excommunication, premier pas, mais premier seulement, d'un retour à la pleine communion.
Aucune des informations susceptibles d'atténuer les effets de cette décision, en lui donnant l'éclairage exact, n'a été reprise entièrement par la presse, (à l'exception de La Croix), et notamment la Lettre aux évêques. On peut aussi s'interroger sur les raisons qui ont poussé la presse à tronquer l'information. Ce sont là des questions, pas des insinuations, ni des accusations. Il est probable que le sensationnel intéresse plus les lecteurs que la mise en perspective.
Voilà comment, me semble-t-il, il eût été objectif, factuel et critique de lire les deux informations que je viens de commenter. Mais tout va tellement vite, qu'on ne prend pas le temps de réfléchir. Et voilà comment on manipule, et voilà comment on décérèbre.

lundi 16 mars 2009

Légisme ou moralisme en politique ? A l'attention de messieurs les Députés qui me feraient l'honneur de lire ce billet

QIN SHIHUANGDI, le Premier Empereur, avait imposé dans ses états, le système du Légisme. Il avait fait édifier par ses conseillers tout un système de Lois très rigides, très sévères, applicables à tous, et dont la transgression entraînait de terribles châtiments, y compris des châtiments collectifs. Il n'y avait pas le moindre souci moral dans cette conception, mais celui de l'efficacité politique. La dynastie des QIN fut rapidement chassée du pouvoir par une révolte populaire. Vinrent les HAN.

Tout à l'opposé, CONFUCIUS, lui, prétendait faire coïncider une morale privée - dont il énonçait soigneusement les composantes - à une morale sociale, l'une et l'autre étant le reflet de la parfaite humanité, de ce qu'il appelait le ren. Sa vision était tout à la fois philosophique et politique mais il n'imaginait pas qu'un gouvernement puisse agit d'une manière coupée de la morale. Il ne semble pas avoir eu beaucoup de succès dans sa tentative d'unifier les deux aspects, personnel et social, de la vie humaine, dans l'esprit des Gouvernants, et il semble, si l'on en croit SIMA QIAN, son biographe, qu'il ne parvint jamais à occuper une position importante dans l'Etat de LU, dont il était originaire, ni dans ceux de QI ou de WEI, où il tenta pourtant sa chance.

Il m'apparaît que la vérité se tient entre les deux. La Loi ne peut pas se couper de la morale ; mais les transgressions de la loi doivent être sanctionnées par la loi. Il est alors possible d'échapper à cette schizophrénie qui coupe l'individu de la collectivité, et de réintégrer la personne dans la société des hommes. Il suffit de la considérer comme ce qu'elle est : un sujet social.

Là encore, LANZA del VASTO, relayé un peu plus tard par Jean-Claude GUILLEBAUD, dit des choses on ne peut plus justes et qui permettent de prendre la mesure exacte du problème :

La socialisation est une action méanique et rationnelle pour forcer dans certaines limites ce qui naturellement déborderait. Les contraintes extérieures croissent à mesure que la discipline intérieure diminue, et si tu ne te gouvernes pas toi-même, on va te gouverner pour limiter les dégâts. (Entretiens avec LANZA del VASTO avec René DOUMERC.)

Dans ce texte, LANZA suggère, sans le dire explicitement, que l'éducation morale (ce qu'il appelle la discipline intérieure) est nécessaire à la liberté qui ne peut être que limitée par la loi et les contraintes quand elle est inexistante.

Jean-Claude GUILLEBAUD dit ceci que je crois vérifié par l'expérience et qui est identique à ce que dit LANZA :
Que n'a-t-on pas écrit, combien n'a-t-on pas gesticulé au sujet du retour de cet ordre moral qui menacerait nos sociétés de se recroqueviller dans je ne sais quelle ringardise archaïque, etc. [...] Tenir ce discours sur l'ordre moral, avec forces gesticulations avantageuses, c'est-à-dire résister à l'envie de rétablir la règle minimale, la limite, c'est encourager indirectement la pénalisation de notre société, puisque - c'est une constante - moins il y aura de règles morales, éthiques, partagées délibérément, démocratiquement, plus il y aura de règles pénales. Ainsi, quand on emploie tant d'énergie à dénoncer l'ordre moral, cela signifie en fait qu'on prend son parti d'un renforcement de l'ordre pénal. Et pourtant, tout devrait nous inciter à préférer, à tout prendre, un ordre moral bien compris à un ordre pénal face auquel les libertés ont le plus craindre.
Messieurs les Députés, si d'aventure vous prenez connaissance de ce billet - et j'ai quelques raisons de croire qu'en ce moment vous le faites - réfléchissez à deux fois avant de railler cet ordre moral et tenez-en compte dans vos délibérations et vos votes.

dimanche 15 mars 2009

Honneur à toi, Judicaël !

Tu as 19 ans, Judicaël, l'âge de tous les possibles, la vie qui s'ouvre devant toi, les projets, les amours. Il y a quelques mois, tu as été pris dans une bagarre entre bandes rivales d'un quartier de banlieue. On a tiré des coups de feu. Une balle perdue s'est logée dans ta moelle épinière. Tu es paraplégique ; tu te déplaces en fauteuil roulant.
Ah qu'il est beau ton visage apaisé et souriant ! Comme ta parole est sereine et juste ! Tu n'en veux pas à celui qui t'a si cruellement blessé. Tu n'as pas de haine pour lui qui t'a ravi le mouvement. Tu n'as pas de haine, et tu expliques tranquillement pourquoi au journaliste qui t'interroge. Si tu entretenais ta haine, elle serait contagieuse et ton petit frère, élevé dans ce climat de vengeance circulaire, à son tour deviendrait violent. Tu ne le veux pas, toi qui as été la victime innocente de la violence humaine. Tu pratiques cette vertu éminemment rare qu'est le savoir pardonner. Je t'imagine disciple. Et en effet tu l'es, car le cameraman qui t'a filmé n'a pu dissimuler que tu portais une croix autour du cou .
Honneur à toi Judicaël. Tu as déjà une place dans le Royaume. Puissent les jeunes qui t'ont entendu, t'imiter, et contribuer à la paix dans la cité, dans les cités.
Oui ! Honneur à toi, Judicaël.

samedi 14 mars 2009

Miséricorde et compassion

Quelle n'a pas été ma stupéfaction quand j'ai appris que l'archevêque de Recife et Olinda avait excommunié une mère qui avait fait avorter sa fille de 9 ans, enceinte de jumeaux, après qu'elle avait été violée (semble-t-il par son beau-père). Il est - heureusement - revenu sur cette décision qui est tout sauf évangélique.
Il convient de souligner que cette décision a entraîné en France même la réaction de plusieurs évêques, eux aussi scandalisés. Ainsi Mgr Gérard DAUCOURT, évêque de NANTERRE a-t-il publié une lettre ouverte à l'adresse de Mgr Jose CARDOSO-SOBRINHO qui avait pris cette mesure insensée : "Dans cette tragédie, vous avez ajouté de la douleur à la douleur". Mgr Norbert TURINI s'interroge "Pourquoi ajouter tant de sévérité à tant de souffrance ? L'amour et la miséricorde parlent toujours plus fort dans les Évangiles, que la condamnation et l'exclusion". Mgr Yves PATENÔTRE, a nom de la Mission de France juge "inacceptable cette décision brutale d'excommunication".
Jésus, oui Jésus, aurait dit à cette maman : "Personne ne t'a condamnée ? Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et ne pêche plus". Franchement, il est heureux pour le nom de Jésus, que des hommes d'Eglise ait pris si nettement position contre une décision purement juridique, dépourvue de toute humanité. Il existe, du reste, une théorie morale, dite du moins mal, qui justifie que cette maman ait agi ainsi. Elle n'a pas choisi un bien, mais un moindre mal. Nous ne pouvons que la comprendre, et - pour ceux qui croient -prier pour elle et pour son enfant soumise à tant de souffrances.

Pouvoir et contre-pouvoirs

Tout détenteur d'un pouvoir tend à imposer sa volonté à ceux qui dépendent de lui, et à étendre indéfiniment son champ d'action. Président de la république, PDG, chef d'équipe, policier, gendarme, contremaître... Personne n'échappe à ce qui semble bien être constitutif de la nature humaine.
Le prototype du tout-puissant satisfait, c'est PILATE. Il dit à Jésus : Tu ne réponds rien ? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher ou de te condamner? Et la réponse jaillit, fulgurante : Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en haut.
Cette tendance naturelle de l'homme à la toute puissance avait été très bien analysée par le jeune Etienne de LA BOETIE dans son Discours de la Servitude volontaire. Il s'étonnait de voir combien les hommes ont tendance à devenir esclaves de maîtres qui engagent pourtant leur vie et leurs biens, et il constatait qu'il suffisait de ne point obéir à ces tyrans pour que ce pouvoir sans limites cesse d'exister. LA BOETIE oubliait cependant que l'homme est un animal politique, et qu'à ce titre, il est nécessaire qu'il y ait dans toute société, une hiérarchie, le sommet ayant pour fonction de diriger la communauté pour son plus grand bien, et non pour le sien propre.
Dans toute société libre, il est donc nécessaire d'avoir des contre-pouvoirs. Sous l'ancien régime, ce rôle était rempli par les nombreux corps intermédiaires : les parlements, corporations, jurandes et confréries, par les édiles communales. Rien ne venait limiter l'autonomie de ces groupes humains très souvent naturels. J'ai déjà eu l'occasion de faire état de l'amertume de Louis XV qui ne parvenait pas à imposer sa volonté aux Parlements, et un auteur du XVIIe siècle, dont j'ai malheureusement oublié le nom, disait expressément (je cite de mémoire) : Aucune loi ne peut être tenue pour reçue dans le Royaume si elle n'est enregistrée d'abord par le Parlement.
L'illusion de la démocratie à la française vient de ce que la Révolution a détruit tous les corps intermédiaires (cf. Les Origines de la France contemporaine d'H. TAINE), qu'elle a inventé un concept dépourvu de tout ancrage concret, celui de la souveraineté du Peuple, laissant à celui-ci, dans la réalité, l'obligation de devoir se soumettre à des lois qui vont contre la volonté de la société. Il n'y a plus de corps intermédiaires, il n'y a plus de ces petites sociétés naturelles vivant de privilèges qu'aucun pouvoir, pas même royal, pas même ecclésiastique, n'avait possibilité de transgresser. Car ces privilèges n'étaient pas des avantages indus ; ils étaient l'expression d'une privata lex, d'une loi privée, étymologie du mot privilège, d'immémoriale existence (cf. BERNANOS. La France contre les robots).
Dans la démocratie à la française, on ne veut voir qu'une seule tête. Les conséquences de cette "caserne philosophique" (cf. TAINE) sont évidentes ; il n'y a pas de contre-pouvoirs et le seul moyen de manifester son existence devant le pouvoir reste la violence douce des grèves, des idéologies fumeuses, des systèmes, qu'ils aient nom libéralisme ou socialisme. L'idéalisme des Lumières est passé par là. Puis est venu HEGEL, puis est venu MARX, et cette idée furieuse qu'il faut nier l'existant, pour que du nouveau, du mieux survienne. Voilà qui justifie les Révolutions, la violence, les meurtres, l'horreur des guerres. Sur ces monceaux de cadavres, sur ces terres imbibées du sang des innocents, bondit le cheval blême de l'Esprit ou de la société sans classe, selon messieurs HEGEL ou MARX
Dans la réalité, et je crois que tout un chacun peut le vérifier sur lui-même, ce qui rend mieux compte de la réalité, c'est la notion de substance, de ce par quoi une chose existe par elle-même, et dure. Elle n'est pas obligée de se nier pour devenir meilleure, la substance ; il lui suffit de modifier les "accidents" qui viennent l'habiller, sans rupture ni conflit interne. Nous ne pouvons ainsi nier que nous nous sentons chaque matin et tout au long du jour identique à nous-même : c'est cela la substance ; mais nous savons que nous changeons progressivement non seulement physiquement, mais aussi psychiquement, avec l'âge : c'est cela l'accident. Et même le bouleversement qu'est une conversion (quelle qu'en soit la nature) n'est qu'un accident plus incisif, plus brutal, qui vient habiter une substance identique à elle-même dans le temps et l'espace.
Dans leur haine du passé, les manuels d'histoire, les programmes de philosophie, avec un total manque de probité intellectuelle, prétendent nous imposer une vérité officielle, en nous cachant l'histoire réelle de notre patrie, l'évolution des idées, et l'apport intellectuel inégalé des grands philosophes du moyen âge.
Le temps de d'honnêteté intellectuelle n'est pas encore venu dans notre enseignement. Viendra-t-il un jour ? Je ne sais. Essayons tout de même de réfléchir. Ensemble si possible.

vendredi 13 mars 2009

Qu'est-ce que la justice ?

Madame AUBRY, dans un livre noir consacré aux (prétendues) attaques aux libertés perpétrées par le Président de la République, déclare : Nous ne sommes pas laxistes, nous sommes pour une société d'ordre mais il n'y a pas d'ordre sans justice.
Qui ne souscrirait à cette affirmation ? Personne, je crois.
Il convient donc de demander à madame AUBRY ce qu'elle entend par justice. Quand j'étais en classe de Sciences Expérimentales, notre professeur de philosophie nous avait appris qu'il existe deux sortes de justice : la justice distributive, et la justice égalitaire. Une justice, dans l'ordre politique, doit donc comporter ces deux éléments. La justice égalitaire consiste déjà à ne pas désigner comme des moutons noirs ceux de nos concitoyens les plus riches, en leur faisant le procès d'être des profiteurs, des cupides, des salauds. Ils ont droit d'être traités, dans le jugement public que l'on porte sur eux, exactement de la même manière que "les plus démunis". La justice distributive consiste aussi à admettre que le travail, le talent, le risque doivent être récompensés par des revenus supérieurs. En d'autres termes, la justice distributive et la justice égalitaire ne s'appliquent pas qu'aux électeurs du Parti Socialiste. Si madame AUBRY est d'accord sur ce point, il est possible d'avancer.
La justice consiste aussi à ne pas nuire aux innocents et à ne pas leur porter atteinte dans leur vie quotidienne. En quoi les mères de famille obligées de garder leurs enfants le jour de grève des enseignants sont-elles responsables des problèmes que ces derniers rencontrent ? Et pourquoi faut-il que les jours où les conducteurs de train, de métro ou d'autobus font grève, les salariés soient contraints de faire des journées harassantes, ou de renoncer à leur traitement en renonçant à leur déplacement ?
La vérité est que madame AUBRY ne s'est pas débarrassée de la vision hégélienne et marxiste de l'histoire qui serait donc le lieu où se résolvent les conflits, tous les conflits, dans des rapports de force.
Laissez-moi vous raconter une histoire que j'ai vécue personnellement. Je rentrais de MARSEILLE par le train de nuit. Arrivé à BELFORT, on nous annonce que des ouvriers d'ALSTOM bloquent un aiguillage très important qui oblige notre train à faire un détour par NANCY. Bilan, au minimum deux à trois heures de retard. J'avise dans le couloir un jeune homme. Son visage est décomposé. Il a été se raser de près dans le petit cabinet de toilette, il est en costume. Je l'interroge : que se passe-t-il ? Il me répond : je suis au chômage depuis plus d'un an. J'avais un entretien d'embauche à STRASBOURG à 9 heures. Je ne pourrai y être et je suis dans l'incapacité de prévenir qui que ce soit. C'est fichu.
Bien entendu, c'est une histoire minuscule. Les ouvriers d'ALSTOM n'ont jamais été au courant de ce petit drame, car c'en est un. J'imagine que chaque grève apporte son lot de dysfonctionnements qui bouleversent la vie des particuliers. C'est ce que madame AUBRY appelle la justice.
J'ai personnellement une autre analyse
Voici ce que dit Anne-Marie ROVIELLO à propos de l'idéologie : L'idéologie totalitaire ne se définit pas par un corpus d'idées, par une vision du monde, comme on l'a dit, et comme cette idéologie elle-même le [prétend], elle ne convainc pas par ses idées, si tant est qu'on peut parler de "conviction" à son propos, mais elle se caractérise par une mentalité, par ce qu'on peut appeler une attitude fondamentale qui consiste en une indifférence foncière pour les idées qu'elle charrie, indissociable d'un mépris radical pour la réalité du monde dont elle prétend parler, en l'occurrence, pour l'existence concrète des hommes qui font ce monde. (In Colloque Hannah ARENDT, Politique et pensée. Article : Les intellectuels modernes, une pensée an-éthique et prétotalitaire. Petite Bibliothèque Payot, N°289, Paris, 2004).
C'est de ce laxisme-là que madame AUBRY entend se défendre. Les difficultés rencontrées par les victimes innocentes des grèves lui importent peu. Triomphe des idées et du rapport de force sur la réalité concrète. Insupportable. Inutile. Et intellectuellement insoutenable.
Bon appétit quand même madame AUBRY.

mercredi 11 mars 2009

L'arbre de la connaissance du bien et du mal

Sédimentation multiséculaire de la sagesse humaine, lumineuse transfiguration des douleurs qu'a traversées l'humanité depuis la nuit des temps, les mythes nous en apprennent sur nous-même plus que les Maîtres du soupçon et les Philosophes de la Déconstruction. René GIRARD, en les analysant, a pu démasquer l'incroyable part de vérité qu'ils cachent à des yeux superficiels.
Il en est deux qui, dans la Bible, méritent une attention particulière : celui de l'arbre de la connaissance dont le fruit imprudemment avalé par Eve d'abord, Adam ensuite, a conduit à l'expulsion de l'homme hors du Paradis terrestre, et celui de la Tour de Babel dont les constructeurs, désireux d'atteindre le Ciel, ont vu leurs langues se fragmenter et l'incommunicabilité s'installer entre eux.
Pourquoi, me direz-vous, aborder ainsi le problème des cellules souches embryonnaires ? Car c'est bien de cela que je vais vous parler encore aujourd'hui. Le Monde, dans une de ses récentes livraisons, ose dire que le Président OBAMA, en levant l'interdiction qui pesait sur les recherches en ce domaine, a fait sortir les chercheurs américains d'un cauchemar de 8 ans. Qui est-il le journaliste pour avoir un tel culot ? A-t-il fait une enquête auprès de tous les biologistes ? A-t-il enregistré des réactions et lesquelles ? Est-il chercheur lui-même ?
(a) Je conçois qu'il est possible - la preuve - que des chercheurs abordent la recherche sur les cellules souches sans état d'âme. Je me pose simplement une question : ont-ils réfléchi à ce que signifie ce genre de recherche ?
(b) Concevant que cela est possible, je recherche les raisons qui me font repousser, personnellement, avec horreur ce type de travail. Je les trouve dans ma conscience. Elle me dit : non, une telle chose n'est pas possible. Cette interdiction me vient du plus profond de moi-même. Mais je reconnais aussi qu'il s'agit d'une réaction qui est mue par une Parole qui n'est pas la mienne. Car, contrairement à ce que disent les Lumières, l'homme n'est pas la mesure de l'homme.
(c) J'en reviens au mythe de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. "Vous serez comme Dieu" dit le serpent à Eve. Si Dieu vous interdit de manger de ce fruit, c'est qu'il craint que vous ne deveniez ses rivaux, semble suggérer le tentateur. Et il me revient à l'esprit l'histoire de Prométhée qui a dérobé le feu aux dieux et a été puni de la façon que vous savez, condamné qu'il était, enchaîné à un rocher, à voir son foie dévoré par les oiseaux rapaces. En matière de morale, l'homme ne peut sans danger pour lui-même procéder par "essais et erreurs". Et une vraie question consisterait à dire : quel progrès réel l'humanité a-t-elle fait avec le développement de toutes ces techniques atomiques, biologiques, informatiques ? On en voit les profits, sans aucun doute. En voit-on les dangers ? C'est moins assuré, même si des réactions, hélas exagérées et mal fondées intellectuellement tentent d'alerter l'opinion, les médias et les pouvoirs publics ; je veux parler des écologistes radicaux et des altermondialistes.
(d) Si le discours des opposants est mal fondé intellectuellement, c'est que les détenteurs du feu du ciel se sont arrogés le privivilège du langage technique, et que nul, qui n'est pas un spécialiste, ne les comprend. Voilà la confusion des langues installées par l'orgueil des hommes.
Je résume, seul un retour sur soi-même peut nous faire renoncer à nous lancer dans des aventures orgueilleuses et dangereuses pour l'humanité. Celle-ci pourra bien maîtrises un jour les secrets de la fabrication de cellules souches à usage multiple, les vendre à grand prix comme des pièces détachées, ce commerce restera immoral et nous conduira aux pires dérives.
Je conclus avec une citation de LANZA del VASTO tiré du livre dont je vous parlais il y a quelques jours "Entretiens avec LANZA del VASTO" de René DOUMERC.
Adam avant le péché avait la connaissance du Dedans, de l'Un de soi, de Dieu, et de l'essence des choses. Après le péché, il tombe dans une connaissance du Deux, la connaissance du Bien et du Mal. L'Un, autrement dit, le Dedans, lui échappe. Il perd la connaissance de soi, de Dieu, de l'essence des choses. Il va chercher la vérité par une science de l'objet : il s'occupe du dehors exclusivement. Mais si la vérité est relation du Dehors avec le Dedans, cette science sans conscience peut être bien EXACTE, elle n'est pas VRAIE. De fait, ce que la science moderne recherche, c'est le profit et la domination : non la VÉRITÉ mais bien le FRUIT. C'est donc "le plus formidable renouvellement du péché originel" avec sa conséquence logique : la mort.
Impossible de dire mieux.