mercredi 30 septembre 2009

Allez leur dire...

Olibrius, dans un commentaire très court de mon dernier billet, se moque gentiment ; à dire vrai, c'est surtout la conclusion qu'il raille, car il ne met pas en doute les faits que je rapporte. Alors, je vais faire un petit exercice. Je vais donner aux professeurs d'histoire qui enseignent à nos adolescents la Révolution française quelques consignes :
Allez leur dire, demanderai-je, qu'en cette fatale journée du 10 aout 1792, on a cloué à la baïonnette un enfant de dix ans sur le cadavre de son père. Allez leur dire que ce même jour on a précipité des adolescents de 15 et 16 ans, des fenêtres des Tuileries sur une populace avinée et haineuse et que ces malheureux sont tombés sur des piques où ils se sont embrochés. Dites leur encore qu'en cette même journée, on a mutilé les cadavres des gardes suisses, on s'est disputé qui un bras, qui une jambe, qui un sexe, de ces maheureux gentilhommes, insuffisamment armés pour se défendre et défendre le Roi. Les consignes de Louis XVI était d'ailleurs, et hélas, très claires. Pas de sang français versé.
Expliquez leur que, pendant les guerres de Vendée, on a brûlé vif des femmes et des enfants dans des fours à pain chauffés à blanc, qu'en une seule journée, les armées de la république ont massacré plus de 500 personnes au Luc-sur-Boulogne, et parmi eux, plus de 100 enfants dont le plus jeunes avait 15 jours. Décrivez leur le supplice de cette jeune fille pendue par les pieds à un arbre et fendue à coup de sabre du sexe à la tête. Dites leur qu'à LYON, le sang putréfié des victimes exhalait une telle odeur qu'il a fallu déplacer la guillotine. Racontez-leur comment les ouvriers parisiens, en grève, ont été réprimés quelques jours avant le 9 thermidor, et comment 36 d'entre eux ont laissé la vie, guillotinés sans procès, pour avoir réclamé du pain.
Ce ne sont là que quelques exemples des hauts faits de ces monstres.
Dites leur aussi que Ronald SECHER, auteur d'un livre remarquable sur les Guerres de Vendée, n'a jamais pu obtenir de poste de professeur à NANTES, en dépit de ses éminentes et évidentes qualités d'historien, et qu'un jour, à Apostrophes, du temps de Bernard PIVOT, il s'est trouvé un Gilles MARTINET, un Jean DANIEL, et un je-ne-sais-qui de gauche, pour matraquer ce jeune chercheur, et nier, contre toutes évidences, y compris celles des textes et proclamations de la Convention, que ces guerres fussent un génocide. Racontez-leur que Jacques HEERS n'a pu trouver d'éditeur parisien pour son livre sur L'histoire assassinée, et qu'il lui a fallu aller le trouver à VERSAILLES. Allez, allez, montrez-leur comment on a refusé à TAINE une chaire d'Histoire de la Révolution, parce qu'il avait décrit en toute impartialité, dans son livre Les origines de la France contemporaine tous ces crimes affreux (références des archives à l'appui), et qu'on l'a donnée à un crétin prétentieux, tombé dans l'oubli, répondant au nom d'AULARD. Et bien entendu, cette attribution a été faite en toute sincérité !
Et puis dites-leur que toutes ces violences étaient nécessaires pour qu'advienne dans notre patrie le règne d'une Liberté toute relative, d'une Égalité problématique et d'une introuvable Fraternité. Concluez, messieurs, comme Georges MARCHAIS à propos du communisme et du stalinisme, en criant très fort, et sans rougir, que le bilan de la Révolution Française est globalement positif. Et puis rappelez à vos élèves que le propre de l'idéologie est d'être indifférent au sort de l'homme concret.
Mais tout de même, si vous avez un brin d'humanité, et un peu de finesse psychologique, regardez bien droit dans les yeux, ces adolescentes et ces adolescents, et y lisez bien l'effroi que leur inspirent ces abominations.
Ah ! dites-vous, ce n'est pas au programme ! Mais pourquoi ce n'est pas au programme ? Ça c'est tout de même bien passé, non ?

Tant que je respirerai...

Il ne vous a pas échappé que je trouvais quelques fondements rationnels à la mixité sociale. Mais quand les éléphants, éléphanteaux, éléphanticules, et éléphantilles nous abreuve de ce concept, ils réinventent tout simplement l'eau chaude. Je risque d'être aujourd'hui un peu long, mais ça vaut le coup. Je voudrais commencer par citer l'excellent Jacques HEERS qui nous dit ceci :
"L'application, et même l'acharnement, à découper les sociétés du passé en tranches horizontales, la plupart de pure invention, pour les opposer les unes aux autres, fit que l'on a volontairement ignoré les solidarités verticales, LES SEULES POURTANT QUE LE CHERCHEUR RENCONTRE DANS LES TEXTES (les majuscules sont de votre serviteur). Les maîtres de l'histoire encombrée du marxisme, leurs disciples et leurs continuateurs, ne pouvaient imaginer que des hommes et des femmes de conditions, de métiers et de fortune différents aient pu se rencontrer, se rassembler et s'unir." Et l'auteur de nous citer l'existence en Italie, en Espagne, dans l'ancien Empire germanique et même dans certaines régions de France, de clans familiaux "regroupant, dit-il, des personnes de toutes sortes sortes, des riches patriciens aux humbles artisans, parfois même jusqu'aux esclaves affranchis." Et d'énumérer les consorterie de Toscane, les alberghi de Gênes (les SPINOLA par exemple) qui pouvaient compter jusqu'à 300 mâles, les Geschlecht d'Allemagne. On sait que sous l'Ancien Régime, la plupart des solidarités sociales étaient des blocs d'immeubles, "rassemblant en un étroit voisinage, parfois en un seul palais, d'un étage à l'autre, des hommes et des familles de divers degrés dans l'échelle des fortunes et des notoriétés. Patrons et protégés cela nous choque, mais cela était ordinaire."
J'avais été frappé de voir que dans la cité des papes, en Avignon, les beaux immeubles de pierre blanche présentent des fenêtres très ornées et très grandes au premier étage, un peu moins ornées et un peu plus petites au second, et de moins en moins grandes et ornées au fur et à mesure que l'on monte dans les étages. J'en ai l'explication dans ce texte. Comme ces bâtiments n'ont qu'une grande porte, je suppose que leurs habitants ne pouvaient pas faire autrement que de se croiser dans l'entrée quand ils rentraient ou sortaient.
Poursuivons notre enquête et voyons comment, à Paris, par exemple, les quartiers se sont individualisés en quartiers dits "populaires" et en quartiers dits "bourgeois". Philippe ARIES, que j'ai eu l'honneur de rencontrer chez mes parents lorsque j'étais jeune homme, note que cette séparation date pour l'essentiel de la Révolution. Sous l'Ancien Régime, riches et pauvres vivaient dans les mêmes immeubles, les aristocrates au premier étage, dit étage noble, les bourgeois au second, et les ouvriers aux étages supérieurs. Jean DUMONT dans son remarquable ouvrage "La Révolution française ou les prodiges du sacrilège", commente ces travaux et note : "Les distances sociales que faisent apparaître les différences de vêtements, le port ou non de l'épée, les marques de respect, les titres, étaient d'autant plus nettes, qu'elles compensaient sans l'annuler, la familiarité de l'habitat commun". Et c'est "par honte implicite de l'argent trop vite ou trop mal gagné, [que le] nouveau riche républicain fuira le contact de l'ouvrier. Il fera ses nouveaux quartiers pour lui seul et ses pareils : à Paris, les quartiers de la rive droite de la Seine, s'avançant en direction de l'Ouest, de la Chaussée d'Antin au Roule".
En somme, avec ce "concept" fumeux de mixité sociale, qui présuppose la division de la société en classes, les éléphants, etc. réinventent une roue que leur idéologie s'est acharnée à détruire. Ont-ils l'intelligence assez fine pour comprendre la différence en un ordre et une classe sociale, initialement pure invention, aujourd'hui hélas, réalité - au moins dans les têtes ? Un ordre correspond à un état de vie (on dit du reste le Tiers Etat), c'est à dire à une fonction sociale. Dans les sociétés aryennes, il y en avait trois les prêtres, les guerriers, et tous les autres.
La conclusion va à mon cher Gustave THIBON. "Il est historiquement acquis, dit-il dans ses "Diagnostics", que les crises révolutionnaires (lesquelles devraient, en soi, provoquer dans la Cité une réaction salutaire, point de départ d'une nouvelle harmonie) finissent généralement très mal et cèdent la place en mourant à un régime plus impur que le régime qu'elles ont tué. Péguy parlaient déjà des 'révolutions plus mortes que des trônes' ".
Tant que je respirerai, je ne cesserai de lutter contre le mensonge d'état qu'est la dissimulation voulue, planifiée et honteuse de l'histoire sanglante de la Révolution Française. Ce n'est pas être conservateur ou réactionnaire. C'est être un amoureux des faits et de la vérité.

mardi 29 septembre 2009

Ca suffit !

Les parents ont le droit naturel et imprescriptible d'éduquer leurs enfants comme ils l'entendent, et surtout celui de leur transmettre les traditions, les valeurs, et la foi qui leur semblent pouvoir au mieux assurer leur bonheur. Il est intéressant de remarquer que les premières mesures concernant la jeunesse prises par les régimes totalitaires consistent à embrigader les enfants et les adolescents (surtout) dans des mouvements de jeunesse politisés : jeunesse hitlérienne ou pionniers staliniens sont d'excellents exemples de cette main mise des dictateurs de la pensée sur les jeunes. Cet encadrement vise à couper les enfants de leur famille, réduite au simple rôle de système nourricier, et surtout de leurs parents, simples géniteurs de futurs citoyens mis au service du régime.
C'est la raison pour laquelle les partis de gauche fulminent contre les mesures votées par le Sénat le 10 décembre 2008 et récemment entériné par les députés. Que prévoit ce texte ? Il précise un texte plus vague, voté 13 août 2004, relatives aux libertés et responsabilités locales. Il est intéressant de noter que la mesure adoptée est celle d'un amendement introduit par le sénateur socialiste Michel CHARASSE, amendement qui instaure l’obligation pour la commune de résidence de prendre en charge les frais de scolarité d’un enfant étudiant dans une école privée sous contrat d’une autre commune. Plusieurs conseils municipaux avaient refusé de s'acquitter de ce forfait en raison des imprécisions du premier texte, d'où les nombreux recours contentieux devant le Tribunal Administratif. Le texte adopté est assez restrictif ; jugez-en : il oblige les mairies à financer les écoles privées d’autres communes si leurs résidents ont choisi d’y scolariser leurs enfants... Mais seulement dans quatre cas : (a) lorsque les parents peuvent prouver que la capacité d’accueil de la commune de résidence est insuffisante, (b) pour des raisons médicales, (c) en cas "d’obligations professionnelles" des parents, et (d) si la commune "n’assure pas directement ou indirectement la restauration et la garde des enfants" lorsqu’un frère ou une soeur de l’enfant est déjà scolarisé hors de la commune.
Les députés des groupes UMP et du Nouveau Centre (NC) ont voté pour. Les groupes socialiste, radical et citoyen (SRC) et de la gauche démocrate et républicaine (GDR, PC et Verts) ont voté contre. La gauche a crié, vociféré, tempêté, rappelé les grands principes (vous connaissez la chanson "en vertu des grands principes"). On se serait cru revenu aux temps du nain sectaire, monsieur André LAIGNEL, dont les rodomontades et les provocations ont abouti à la démission du très honnête, quoique idéologue, Alain SAVARY. "Ce texte porte atteinte au principe républicain de la laïcité", disent entre autre les députés radicaux de gauche.
A cela plusieurs remarques.
(a) Le texte est très restrictif (quatre cas de financement autorisés), ce qui est déjà condamnable.
(b) "Toute propagande d'Etat commence par l'école. Elle doit former des citoyens et, pour bien remplir sa mission, prendre complètement les enfants en charge, les "formater" dirions-nous aujourd'hui, en faire des hommes mal à l'aise, honteux dès qu'ils auraient l'idée de PENSER par eux-mêmes, et de remettre en cause quoi que ce soit. Cette école s'est définie laïque on ne voit pas pourquoi puisque, dès les premiers temps, elle devait servir et imposer une idéologie." (Jacques HEERS, ouvrage souvent cité dans mes billets, dans le chapitre intitulé : Jules Ferry à l'oeuvre : tricher, intoxiquer). Il est du reste très intéressant de constater que depuis 1932, l'école ne dépend pas d'un "Ministère de l'Instruction Publique" mais d'un "Ministère de l'Education Nationale". Le système ne vise donc pas à instruire, mais à éduquer. On voit l'excellent résultats de cette éducation ! La raison exacte des cris effarouchés des éléphants, éléphanteaux et éléphanticules est très claire. En permettant à des parents de mettre leurs enfants dans des écoles libres (appelées "privées" par ces messieurs), on s'oppose à l'endoctrinement par des enseignants qui à 75 % sont affiliée à des syndicats de gauche : FEN, SGEN-CFDT, et tutti quanti.
L'Union des familles laïques a dénoncé, tenez-vous bien les côtes "la remise en question de la libre administration des communes". Pour ce motif, l’opposition a décidé de saisir le Conseil constitutionnel. Voilà qui est tout à fait plaisant de la part de partis qui ont contraint les communes de plus de 3000 (ou 3500 habitants, je ne sais plus) à construire 25 % de logements sociaux, et de payer de fortes amendes en cas de non respect du quota. Comme libre administration des Communes, vous avouerez qu'on fait mieux (ce qui ne veut pas dire que la mesure soit entièrement condamnable ; il faut analyser et repenser la manière dont elle doit s'appliquer et se souvenir que la mixité sociale donne la possibilité d'offrir aux humbles et aux couches sociales les moins aisées ou les moins éduquées, des modèles de vie que ne peuvent offrir les banlieues et les cités ; ce peut être un vrai facteur d'intégration).
Le SNUipp a critiqué pour sa part la "parité de financement entre les écoles publiques et privées" créée par le texte. Mais ses représentants syndicaux n'ont à la bouche que le mot de justice et d'égalité (mais surtout pas de parité pour l'école des curés). Il y a, messieurs, oui, figurez-vous, il y a des familles aux revenus modestes qui désirent, pour des raisons de convictions personnelles, inscrire leurs enfants dans des écoles libres, souvent catholiques. C'est leur droit élémentaire. Mais pour que ce droit ne reste pas formel, il faut bien qu'on donne à ces familles les moyens de compenser quelque peu les dépenses engagées pour l'écolage (souvent très modique pour elles, grâce à l'instauration d'une péréquation avec les familles aisées, comme par exemple au Collège Saint-Etienne de Strasbourg) et les transports, d'autant qu'elles payent quelquefois la taxe foncière (si elles sont propriétaires) et toujours la taxe d'habitation à leur commune. Il n'y a aucune raison qu'elles payent deux fois. En se drapant derrière le principe de laïcité, qui est une croyance parmi les autres, les tenants d'un système d'enseignement à visée totalitaire, cherchent en réalité à contraindre les familles les moins riches à faire contre mauvaise fortune bon coeur et à inscrire leurs enfants à l'école publique dont on connaît le naufrage absolu en matière d'éducation, mais le succès total en matière d'idéologie collective. Encore une fois, il ne s'agit pas de critiquer les enseignants pris dans leur individualité - ils souvent admirables de dévouement -, il s'agit mais de montrer combien le système - car c'en est un et des plus idiot - est injuste, inefficace, dévoreur de crédits, et malfaisant pour notre pays.
Il est temps de dire à ces braillards, au nom de la justice et au nom du droit des parents : ça suffit ! Proposez des solutions équitables, respectueuses des choix des pères et mères de famille. Ne nous cassez plus les pieds avec votre école laïque en péril ; elle n'est pas laïque, votre école, elle est anticléricale, antireligieuse, et surtout anticatholique. Punkt. Allez, la messe est dite.

Mondialisation et égalitarisme comme facteurs de violence

La mondialisation fait peur ; l'égalisation prévisible à moyen terme des conditions de vie des hommes rebute. Il serait intéressant de trouver les raisons de la résistance que développent les sociétés et les personnes à ces phénomènes bien réels, voulus (mondialisation) ou imaginés (égalisation) par un petit nombre de décideurs, au nombre desquels il faut mettre quelques puissants hommes politiques, quelques dirigeants de multinationales, et des idéologues égarés dans la politique.
Je vois à cela plusieurs raisons. La première est que ces quelques hommes puissants ne nous ont pas consultés avant de décider, et que si nous voyons quelques avantages à cette situation, nous sentons aussi que nos vies sont orientées dans une direction que nous n'avons pas forcément désirée. La seconde, plus subtile sans doute, tient à que le mélange de la mondialisation et de l'égalisation constitue un coktail détonnant propice au déchaînement de toutes les violences. Nos oppositions, conscientes ou non, ont pour objet d'éviter une dédifférenciation des cultures et des hommes, c'est à dire une crise mimétique.
On ne peut désirer en effet que ce que notre semblable désire. Plus les différences culturelles s'estompent, plus les peuples se ressemblent et plus les risques de violence augmentent. Un illustration saisissante du phénomène nous est donné par l'IRAN. Civilisation plurimillénaire, pays qui a vu naître et mourir de puissants empires, l'IRAN n'a pas échappé à l'uniformisation de la culture et du progrès techniques, nés de la mondialisation. Et ce très grand pays, dans tous les sens du terme, veut faire comme les autres : avoir sa bombe atomique, ses missiles, son armée, ses navires, ses avions, etc. Ce qui, j'ai l'audace de le dire, n'est pas tout à fait anormal pour un peuple qui a conscience de sa grandeur. En même temps, pour ne pas perdre tout à fait son âme, il dissimule ce puissant désir mimétique derrière la façade de l'islamisme chiite. C'est un moyen de faire croire qu'il n'entre pas en rivalité avec les plus grands (Etats-Unis, Russie, Europe). De façon analogue, la renaissance du confucianisme dans une Chine contemporaine qui à marche forcée et à capitalisme étatique féroce embrasse avec ferveur la modernité procède du même mouvement.
Ainsi à l'uniformisation desséchante, à la dédifférenciation des peuples et des personnes, viennent s'opposer de puissantes forces de différenciation. Elles naissent souvent à l'initiative de petits groupes. Voici un exemple qui m'a frappé. Les murs du métro parisien s'ornent en ce moment d'affiches qui font la promotion des trois Jonas Brothers. Il s'agit d'un nouveau groupe musical. Vous pourriez croire que ces trois jeunes gens s'habillent de jeans troués aux genoux, portent des gilets de cuir à même la peau, ont le visage ornés de piercings, arborent des dreadlocks longs comme ça, et portent de gros anneaux aux oreilles. Vous n'y êtes pas. Ces jeunes gens ont les cheveux bien peignés, portent avec élégance des chemises à col ouvert et des pantalons dont les plis ne sont point effacés tout à fait, et, sans être tout à fait BCBG, ont un air convenable, un air de fils de bonne famille. C'est que depuis longtemps, les groupes musicaux ont dû, pour se faire remarquer, se différencier par leur loock (!) de leurs prédécesseurs, mais pas trop tout de même pour se faire accepter des jeunes. On a atteint aujourd'hui les limites des fantaisies vestimentaires envisageables, et à moins de se produire tout nu sur une scène, il faut trouver autre chose que la provocation des formes et des couleurs, il faut se différencier des grands ancêtres. Alors on en revient à ce qui nous paraît à nous, les anciens, des vieilles formules, mais qui en réalité sont tout à fait nouvelle pour nos jeunes. C'est bien un effort de différenciation que nous voyons s'exprimer sur ces affiches.
Vous aurez reconnu, j'en suis certain, les quelques thèmes qui me sont si chers : la rivalité mimétique et René GIRARD, l'uniformisation insupportable voulue et programmée par les puissants enivrés de leur puissance, la consommation, les jeunes et le jeunisme. Je me borne à constater, même si j'ai mon idée sur les remèdes à de telles maladies. Mais ceci est une autre affaire.

lundi 28 septembre 2009

Courtoisie, politesse et rites

Il est de bon ton de moquer les gens courtois. Le jeunisme envahit tous les compartiments de notre vie sociale : la publicité, les loisirs, la mode, par exemple. On ne dit plus, dans un courriel, "Cher monsieur" ou "Chère madame", on dit "Bonjour !" ou "Bonsoir !", selon l'heure. On ne dit plus "Veuillez agréer etc." mais "Cordialement". Car en ces matières les "jeunes" donnent le ton. Ne parlons pas des modes verbales ; "ça me gonfle", ou "ça me prend le chou" ou que sais-je encore et par exemple.
De quoi cette manière de faire contemporaine est-elle l'indice ? Selon moi, d'un effacement de plus en plus important de la signification symbolique des gestes, des paroles, des couleurs ou des sons. Il faut, pour exister, choquer, faire du nouveau, s'opposer aux traditions, les railler, les détruire, les déformer, faire table rase du passé pour pouvoir vendre toujours, et toujours, et toujours plus de nouveaux produits d'utilité souvent très contestable. C'est la condition nécessaire à l'existence d'une société de consommation, tellement contestée en paroles, tellement aimée dans les faits.
Les Chinois, à l'instigation durable de CONFUCIUS, accordaient et accordent toujours une signification très importante aux rites. Marcel GRANET, dans son livre remarquable sur la religion de Chinois notait avec pertinence que les habitants actuels de l'Empire du Milieu ont su très bien adapter les rites traditionnels au monde contemporain. Ainsi, disait-il (en 1951), on verra une mariée porter une robe à la coupe occidentale, mais cette robe ne sera jamais blanche, car c'est la couleur du deuil, et elle ne sera pas davantage rouge, couleur traditionnelle des noces ; on la portera rose, fût-il très pâle. Admirable perpétuation adaptée de gestes polis par l'histoire, pleins de sens pour qui en connaît la clé et admirable adaptation aux conditions modernes.
Ainsi coupés de la compréhension du passé, inquiets d'un avenir qui ne se laisse pas clairement deviner, nous sommes tout à l'instant présent, sans l'habiter vraiment, car notre inquiétude existentielle fait que nous ne pouvons vraiment le goûter. Désemparés, sans repères, sans ancrage, nous ne savons plus exprimer, faute de langage approprié, nos sentiments profonds ; la politesse, la courtoisie, les rites nous y aidaient. Ils sont en train d'être sacrifiés sur l'autel de la modernité. "Or, disait Paul RICOEUR, il y a une profondeur de l'âme humaine à laquelle le rite seul peut atteindre." Constat bouleversant de justesse. Qu'il serait bon de le méditer.

dimanche 27 septembre 2009

Différence de ton

Madame Michèle COTTA a produit un excellent éditorial dans le numéro du journal 20 minutes daté du 25 septembre. Quelle différence de ton d'avec le poulet venimeux du Monde dont je vous avais parlé dans un récent billet.
Elle intitule son article "Gâchis", et elle passe en revue les ravages et les gâchis qu'a suscités l'affaire Clearstream : gâchis chez les journalistes "qui ont mis la main sur le document" (le fameux listing) qu'ils n'auraient jamais dû toucher (tiens ! apparaît ici la vertu de prudence, et la réflexion morale), gâchis pour les "seconds couteaux", et plus précisément Ihmad LAHOUD qui "a mis en circulation les listes sorties des fichiers informatiques" (là, madame COTTA est indulgente : monsieur LAHOUD avoue les avoir falsifiées !), gâchis pour monsieur GERGORIN, qui, en corbeau diligent, a transmis les listings au juge (il reste à savoir, selon moi, s'il avait connaissance de leur falsification), gâchis pour le jusque-là irréprochable Général RONDOT, "que son rôle dans l'enquête a fini par ridiculiser", gâchis pour le juge VAN RUYMBEKE, qui a été mené en bateau, gâchis "surtout évidemment pour Dominique de VILLEPIN, [...] accusé d'avoir voulu abattre, de cette façon, Nicolas SARKOZY", gâchis pour le Président de la République : "aujourd'hui Président dit-elle, ne gagnerait-il pas à pratiquer le pardon pour oublier l'éventuelle offense plutôt que de parler de coupables ? Ce serait une façon de sauver, avec panache, la seule vraie perdante de Clearstream, la politique".
Cette façon équilibrée d'envisager l'affaire me plaît. Elle apprécie les diverses circonstances, les personnes, les actes avérés des protagonistes de l'affaire. Et j'aime sa conclusion. En effet, il y aurait de la grandeur à pardonner. Peut-on le demander aujourd'hui en ce monde où ne comptent que l'efficacité, la prétendue transparence, l'exacte pesée des pensées et des responsabilités au regard de la loi, l'absolue négation des faiblesses humaines (puisque l'homme peut tout et est à lui-même sa mesure !) ?

Ah, tout le monde n'est pas Louis, duc d'Orléans, qui devenu Roi de France sous le nom de Louis XII après la mort de son frère aîné, disait au duc de la Trémouille : "Le roi de France ne venge pas les injures du duc d'Orléans" . Louis avait pourtant de sérieuses raisons d'en vouloir à ce grand seigneur qui l'avait fait prisonnier à la bataille de SAINT-AUBIN-DU-CORMIER, le 28 juillet 1488. Il avait pris la tête d'une révolte des grands féodaux contre la Régente Anne de BEAUJEU, et le duc l'avait battu.
Vu sous cet angle, alors j'approuve. Le Président de la République ne venge pas les injures de Nicolas SARKOZY. Cela pourrait être juste et exemplaire. Mais seulement sous cet angle, et non sous celui qui dénie à l'injurié le droit de se défendre.

samedi 26 septembre 2009

Je ne suis pas tout seul !

Toute affaire cessante, il faut que je vous fasse part des réflexions publiées dans le Journal Le Monde du 28 octobre 2005 sur un sociologue plus qu'octogénaire ; l'article, dont je ne connais pas l'auteur, avait pour titre Zymunt BAUMANN ou "l'instinct moral ". Certes, si je n'avais pas lu le petit livre de Régine PIETRA consacré à La Chine et le confucianisme aujourd'hui, jamais je n'aurais su l'existence de ce penseur, internationalement connu, sauf en France. Curieux n'est-ce pas, qu'il ne le soit pas ? Ou plutôt, pas curieux du tout, quand on voit bêtement les médias pourfendre "l'ordre moral", en faisant du reste, et volontairement, un contresens sur la signification réelle du terme ; on le doit à MacMAHON qui l'opposait à l'ordre matériel.
Dans son livre remarquable, Régine PIETRA montre combien le perfectionnement personnel et la vie morale était un élément important de "la vie bonne" pour les confucianistes. Et, dans une note infrapaginale (page 151), elle appelle à sa rescousse ce penseur. BAUMANN, dit-elle, porte sur la civilisation contemporaine un regard peu amène. Selon lui, la seule façon d'échapper au désastre d'un monde dominé par la rentabilité et l'efficacité serait de rapatrier au coeur de nos pratiques individuelles les émotions exilées ou rebelles, à commencer par les sentiments moraux, car l'instinct moral est la seule source possible d'un comportement autonome, dans la mesure même où il ne peut être ni contrôlé, ni codifié, ni exploité en vue d'un objectif étranger à ses fins.
J'ai cru m'évanouir de joie en lisant ces lignes, car elles viennent d'un SOCIOLOGUE et non pas d'un PHILOSOPHE, c'est à dire d'un homme qui réfléchit sur la manière dont la société s'organise, se structure, fonctionne, laisse naître en elle des conflits, et cherche à les résoudre. Je retrouve là, beaucoup mieux exprimé, des intuitions personnelles, et notamment celles-ci (a) que le seul principe de modification sociale est la modification de nos comportements individuels ; (b) que ces modifications ne peuvent venir que d'une délibération intérieure qui interroge la conscience, et non d'un quelconque Comité National Consultatif d'Ethique, qui définit des normes extérieures à la conscience ; (c) que la morale est un art de vivre et n'a rien à voir avec l'éthique.
Nous ne pouvons sortir de notre marasme social et sociétal si nous n'éduquons pas notre conscience. C'est un devoir impératif de l'enseignement. Il semble avoir échappé aux professeurs des écoles, des collèges, des lycées et des universités, tout aveuglés par l'idéologie laïcisme et qui confondent morale et religion, morale et éthique. A défaut d'être papistes, ils pourraient jeter un petit coup d'oeil sur les pensées de CONFUCIUS et de ses commentateurs (nombreux). Ils seraient très étonnés, et, je l'espère, convaincus, de la pertinence de l'idéal confucéen. Je ne partage pas tout de son propos. Mais il y a du bon à y prendre ! Affaire à suivre. Je me sens moins seul.

Un nouveau slogan : travailler moins pour gagner plus

Tempête au parti socialiste. Comment !? On fiscalise les indemnités versées en cas d'accident du travail ? C'est une insulte aux pauvres disent les Verts ! (Comme si les accidents du travail ne frappaient que les pauvres.) C'est scandaleux ! C'est honteux ! C'est ignoble ! hurlent-ils. Déjà, ils gagnent moins et on va encore leur en enlever ?
Il faut remettre les choses à leur place. (a) Grâce au système de redistribution français, si généreux avec l'argent des autres, nombre de foyers ne payent pas d'impôt sur le revenus. Cette mesure ne les concerne donc pas. Elle intéresse ceux des salariés qui sont assujettis à cet impôt. Il est donc assez malhonnête de prétendre que l'imposition de ces prestations frappe les pauvres. (b) La fiscalisation ne porte que sur les revenus des 28 premiers jours consécutifs à l'accident du travail, ces revenus étant équivalents à 80 % du salaire ordinaire. Ainsi, les contribuables payant l'impôt sur le revenu voient en réalité leur prélèvement fiscal diminuer puisqu'ils auront eu moins de revenus que s'ils avaient travaillé. (c) Au-delà des 28 jours, l'indemnité est de 100 % et elle n'est pas fiscalisée. (d) Le trou de la sécurité sociale est abyssal. Il faut bien essayer de le combler. On ne voit pas bien comment.
En vérité, avec la loi sur les 35 heures, les remarques acerbes sur le pouvoir d'achat, les critiques sur la réorganisation des retraites, et maintenant les cris d'orfraie sur la fiscalisation des indemnités d'accident du travail, l'opposition brandit un slogan silencieux, celui du "travailler moins pour gagner plus".
Je ne comprends pas que les responsables de la majorité ne se soient pas saisis de ce slogan pour brocarder des hommes politiques incapables de proposer quoique ce soit de positif comme contre-mesures, sauf à taxer les riches. Ces opposants n'ont strictement rien compris à l'importance du travail comme élément structurant de l'homme social. C'est une erreur anthropologique de première grandeur. Ils n'y font allusion que pour plaindre les chômeurs, et l'allusion est toujours relative à l'argent, jamais à l'importance du travail pour l'équilibre de la vie. Encore une fois, je trouve tout à fait normal de partager, je considère que les biens de la terre ont une destination universelle ; il y a des cupidités, des avarices, des fortunes insolentes chez des riches (je ne dis pas "les"), tout cela est bien vrai. Mais empêtrés dans leur marxisme et leur stratégie "de classe", les socialistes et apparentés, et maintenant les Verts excommunient une partie non négligeable de leurs concitoyens, et cette partie n'est pas la plus inutile à notre patrie. C'est tout simplement à désespérer de leur intelligence politique. Un tel entêtement, une telle stupidité ne fleurissent que chez nous.
Nous étions au bord du gouffre ; grâce au socialisme, nous avons fait un grand pas en avant ! Allons ! Travaillons moins pour gagner plus.

vendredi 25 septembre 2009

Véronèse a tout faux

Je suis allé voir la superbe exposition du Louvre intitulée "Titien, Tintoret, Véronèse... Rivalités à Venise". Bien évidemment, ce sont là trois génies de la peinture. Mais il y a à dire et à redire. sans aucun doute.
Titien est le maître du portrait. Ses patriciennes et ses aristocrates sont extraordinaires de vie ; leur yeux notamment, sont saisissants d'intensité. Véronèse a peint aussi quelques très beaux portraits : les portraits en pied de la Comtesse Livia de Porto Thiene et de sa fille, et celui du Comte de Porto et de son fils sont délicieux.
Les choses se gâtent avec les scènes religieuses. Là, Véronèse a tout faux. C'est particulièrement visible dans Les Pèlerins d'Emmaüs. Le tableau ne compte pas moins de 19 personnages principaux, sans compter, dans le lointain à gauche, deux autres personnages secondaires. Parmi ces personnages, sept enfants ou adolescents (au moins, car on pourrait rajouter un jeune homme dans cette catégorie), et un bébé, sans compter deux chiens. On est loin de l'Evangile. Emmaüs est très certainement un village de la campagne profonde de Judée. Que vient faire cette ville immense dans les lointains ? L'évangéliste nous décrit une scène intimiste : le soir tombe, les deux disciples - la tradition rapporte que c'était Marc et Cléophas - invitent l'inconnu à rester avec eux pour dîner. On allume sans doute une lampe à huile, et on sort un pain du bisac. Rien de tout cela dans le tableau de Véronèse. Il y a trois serviteurs. L'un des disciples est assis sur un siège somptueusement sculpté. Deux petites filles, certes délicieuses, assises devant la table, jouent avec un chien. Il n'y a pas le moindre atome de compréhension de ce qui s'est joué ce soir-là. Où est le coeur brûlant des disciples qui viennent de se faire expliquer les Ecritures ? Où est le pain que Jésus va rompre ? Tout est faux, maniéré, prétexte, et pour moi, absolument dépourvu de toute émotion. C'est très bien peint, les couleurs sont superbes, mais ce n'est pas une scène religieuse.
Tout change avec le Tintoret et Bassano. Leurs "Déposition du Christ" mettent en lumière l'atmosphère dramatique de ce moment, ou Marie, Marie-Madeleine, le tout jeune Jean, Joseph d'Arimathie et Nicodème vont porter Jésus dans le tombeau tout neuf que Joseph a fait creuser. Quelle douleur chez la Marie du Tintoret, quelle affliction chez le Jean de Bassano. Là, la lumière vient d'une bougie placée au centre, un peu au-dessus, qui illumine les visages quand ils sont placés sur le chemin de ses rayons (ce n'est pas le cas de Jean, dont le visage est placé dans l'ombre). Voilà des peintres qui méditaient et priaient.
Voilà. J'ai tout dit, ou presque, de cette première visite. Car j'y retournerait encore deux ou trois fois, tant ces peintres sont fascinants. On est loin des barbouillages des rapins ! Si vous avez le temps, ne ratez pas cette exceptionnelle exposition.

A propos de la vaccination contre la grippe

Fourmi nous envoie un très long texte relatif à la vaccination contre le virus de la grippe type A, sous-type H1N1. Si j'utilise ces termes techniques, c'est à dessein.

Pour commencer, je redirai, de mémoire, ce que Claude ALLEGRE disait si bien dans une émission matinale de radio : "La décadence de l'Occident c'est de mettre la croyance à la place des faits". Je cite de mémoire, et il est possible que ce ne soit pas exactement la manière dont l'ancien ministre a parlé ; ce dont je suis sûr, c'est que les mots décadence, Occident, croyance et faits étaient inclus dans son propos.
(a) Je rappelle à mes lecteurs que j'ai enseigné la virologie pendant 30 ans à l'Université Louis Pasteur de Strasbourg, tant à la Faculté de Pharmacie, qu'à celle de Médecine (au troisième cycle dans ce cas).
(b) Les virus grippaux, pour infecter une cellule doivent posséder à leur surface une molécule, l'hémagglutinine (abréviation H), qui reconnaît à la membrane cytoplasmique (côté extérieur) des cellules cibles (les cellules pulmonaires) des molécules particulières, appelées mucoprotéines. La partie stratégique de ces molécules, appelées aussi récepteurs, est un sucre lié d'une manière particulière au reste protéique ou glycoproteique du récepteur. Si une hémagglutinine de virus grippal est incapable de reconnaître ces récepteurs, le virus n'est pas infectieux.
(c) Si un virus grippal adapté à l'animal infecte l'homme (grippe dite "aviaire", par exemple, avec le virus grippal de type A, sous-type H5N1), c'est que son hémagglutinine reconnaît des récepteurs sur les cellules des poumons. Normalement, les trois sous-types qui infectent couramment l'homme, les virus H1N1, H2N2 et H3N2, reconnaissent ces récepteurs situés sur les cellules pulmonaires humaines. Le virus H5N1 reconnaît des récepteurs différents, très faiblement exprimés par les cellules pulmonaires humaines et en des parties localisées et basses des poumons. Ceci explique son faible pouvoir infectieux pour l'homme.
(d) Pour qu'un virus grippal - quelle que soit son origine - infectant l'homme, soit contagieux pour d'autres hommes, il faut que les cellules pulmonaires réalisent certaines transformations (appelées clivages protéolytiques) de l'hémagglutinine. Je m'explique. Dans une cellule infectée par le virus grippal, l'hémagglutinine est synthétisée sous une forme appelée H précurseur. Sous cette forme l'hémagglutinine ne peut pas reconnaître de récepteurs. Il faut que la cellule hôte du virus coupe cette hémagglutinine en deux morceaux, qui seront liés entre eux par des liaisons relativement labiles, appelées ponts disulfures. Si une cellule hôte ne peut faire cette transformation, elle relâche dans le milieu extérieur des virus qui ne sont pas infectieux.
(e) Le protocole de préparation des vaccins est au point depuis des dizaines d'années. Chaque vaccin (qui doit être renouvelé tous les ans, en raison des mutations subtiles qui surviennent dans l'hémagglutinine et qui rendent inopérantes les vaccinations antérieures) est préparé comme il suit. L'OMS distribue au laboratoire la souche supposée être la souche prévalente de l'année, celle qui va provoquer des épidémies, ou des grippes localisées (saisonnières), ou des grippes sporadiques (celles-ci sont dues surtout au virus grippal de type B qui ne présente pas de mutations aussi fréquentes et nombreuses et n'a pas cette palette de 12 hémagglutinines [H]et 9 neuraminidases [N], et ne possède qu'une H et qu'une N). Les laboratoires adaptent la souche à l'oeuf de poule embryonné. L'embryon de poule est entouré d'une poche ou cavité, dite allantoïdienne, rempli de liquide. On inocule le virus grippal dans cette cavité, et l'on recueille ensuite le liquide allantoïdien qui est bourré de virus. Celui-ci est purifié (différentes méthodes de purification éprouvées existent) et il est ensuite inactivé (tué) par une substance dépourvue de nocivité pour l'homme (en général de la bêta-propiolactone). Ensuite, et c'est là le point qui peut faire débat, on ajoute au vaccin pour renforcer la réponse immunitaire, un adjuvant de l'immunité. Il en existe plusieurs types, mais ils sont utilisés depuis longtemps sans que l'on ait pu démontrer une nocivité systématique. Or il semblerait, mais je ne suis pas plus renseigné que vous, que certains vaccins contre le sous-type H1N1 contiennent (je devrais "continssent", pour la beauté de la concordance des temps) des substances dites "accélérateurs", dont les effets ne sont pas bien connus. Je ne sais pas si c'est vrai ; je me contente de rapporter ce que j'ai lu dans les sites alarmistes.
(f) En résumé, un vaccin dirigé contre le virus H1N1 et préparé selon des méthodes éprouvées qui sont utilisées depuis des décennies ne présente pas plus de danger que les vaccins que vous vous êtes fait administrer jadis. Libre à chacun de se déterminer. Mais si j'étais un sujet à risque, je me ferai vacciner. Tout le reste relève de la grande peur irraisonnée, comme la peur de l'an mil !
J'espère avoir été clair.

jeudi 24 septembre 2009

Les grecs appelaient ça "Hubris"

Un de mes lecteurs fait un commentaire très important au billet que j'ai produit hier. J'en approuve quasiment le contenu dans son entier. Je voudrais rajouter ceci à ses propos.
Ce que je reproche fondamentalement à la pensée de gauche inspirée par le marxisme d'une part et l'hégélianisme de l'autre (la révélation de "l'esprit" ou du "sens de l'histoire", selon les opinions religieuses, par la résolution des contradictions "thèse" - "antithèse" au moyen d'une "synthèse", elle-même destinée à prendre le statut de "thèse" une fois établie), c'est son incapacité à voir que la société n'est pas faite que de salariés travaillant dans la fonction publique ou les grandes entreprises, mais aussi d'artisans, de professions libérales, d'agriculteurs, de commerçants, toutes professions habitées par des hommes qui n'ont d'autres sources de revenus que leur travail, ne bénéficient ni du régime normal des assurances sociales des salariés, ni des avantages des Comités d'Entreprise, ni de régimes de retraite aussi avantageux. Vous me direz que les salariés aussi n'ont d'autres sources de revenus que leur travail. Voilà une opinion qui n'est pas très juste. Quand un salarié est malade, il bénéficie de prestations sociales ; quand un agriculteur est malade, il continue de travailler parce qu'il cesse de le faire, il n'a plus aucun revenu. Bien plus, quand un artisan déclare ses revenus, s'il ne fait pas partie d'un centre de gestion agréé, il voit ces derniers majorés de 25 %, prétendument pour tenir compte d'une possible fraude. Voilà la grande différence d'avec les salariés qui bénéficient d'un abattement de 10 % puis de 20 %.
Nos politiciens de gauche ne comprennent rien à ces hommes-là, qui sont des hommes libres, maîtres de leur vie. Or ceux-ci constituent une fraction importante de la population. Nos éléphants, éléphanteaux et éléphanticules ont l'esprit encombré d'un système utopique, reposant sur un concept vague, celui d'égalité ; ils rêvent d'une société où il n'y aurait plus de conflits grâce à leur politique ; d'une société prétendument démocratique, où en réalité aucune contradiction publique ne saurait être tolérée, puisque, grâce à eux, le sens de l'histoire serait enfin révélé. C'est cela la démesure, c'est cela que les grecs appelait Ubris.
Leur idéologie repose aussi sur l'idée de progrès, confondue en réalité avec celle de la nouveauté. Or tout ce qui est nouveau n'est pas forcément un progrès. Le père de famille avisé est celui qui tire du bien "de l'ancien et du nouveau". Faut-il rejeter le progrès ? Non, bien sûr. Mais il faut bien discerner ce qui est un progrès de ce qui n'est qu'une avancée technique, parfois très contestable. Le véritable progrès est d'ordre moral ; j'entends d'ici les ricanements. Mais je redis, très clairement, que la morale est un art de vivre, et n'a rien à voir avec l'éthique, ensemble de normes de comportements acceptables en un temps et en un lieu donnés. Jusqu'aux lois de madame Simone WEILL, ministre de la Santé, l'avortement était considéré comme un crime ; la loi dit aujourd'hui autre chose. Alors soit, l'éthique est à géométrie variable, mais la morale, la science du bien et du moins bien, pour moi et pour les autres, me semble échapper à cette aimable anamorphose (représentation d'un phénomène dans un nouveau système de coordonnées ou de repères), à cet assoupissement de l'esprit, à cette adoration des dieux de l'argent, du plaisir et de la facilité.
Autre chose encore. Pourquoi JAURES est-il si respecté et si respectable ? Faut-il rappeler à ces messieurs-dames qui se gargarisent de son patronage, que JAURES a été professeur de morale, je dis bien morale, à la Faculté des Lettres de TOULOUSE ? La vraie raison, hommage que le vice rend à la vertu, c'est que JAURES pensait et qu'il était dépourvu de tout esprits de hargne ou de ressentiment ; il avait analysé objectivement les injustices effroyables dont les mineurs de CARMAUX étaient les victimes. Car ces pauvres esclaves du charbon ne gagnaient pas 7000 euros par mois, et ne travaillaient pas 7 heures par semaine, eux !
C'est tout pour aujourd'hui.

mercredi 23 septembre 2009

Les limites d'un système

Les concepteurs et promoteurs de l'idéologie libérale - qui met "la main invisible du marché" au coeur de la régulation des échanges, de l'économie et de la société - ont bien vu les limites et les dangers de leur système ; ils ont imaginé des dispositifs destinés à briser les monopoles ou à empêcher leur formation. Aussi curieux que cela puisse paraître, le système libéral, si l'on prend conscience de sa cohérence interne, n'est pas compatible avec le développement d'une société où la technique joue les premiers rôles.
Le développement technique, en effet, entraîne nécessairement une concentration des moyens de production entre un nombre réduit d'entreprises. Pourquoi ? Simplement parce que la concentration entraîne d'énormes économies d'échelle, et permet de mettre sur le marché des produits qui ne soient point trop coûteux et puissent séduire une large clientèle. Mais elle a aussi pour effet de diminuer le nombre de sociétés aptes à faire les investissements considérables, nécessaires pour atteindre ce but, et elle aboutit inéluctablement à des accords de cartel et des ententes illicites entre grands groupes qui déterminent d'un commun accord le prix d'achat des matières premières, le prix de vente des produits finis, et même les parts de marché qui reviennent à chacun des rares membres de l'entente. La concurrence est placée au coeur du système libéral. Elle ne peut jouer librement que si le nombre des acteurs économiques, vendeurs comme acheteurs, est suffisamment élevé pour empêcher ces dérives. C'est tout le contraire qui se produit.
La ruine qui menace les producteurs de lait n'a pas d'autre origine que la concentration des moyens de conditionnement du lait entre les mains d'un nombre restreint d'entreprises acheteuses en regard de la dispersion géographique et de la fragmentation politique des agriculteurs vendeurs. Ils l'ont fort bien compris : il ne leur reste plus comme arme de défense que la grève de la production et de la vente de leur récolte.
Nul n'est en mesure de dire, dans ce système, comment se forment les prix. Mais le simple bon sens l'indique : des éleveurs qui travaillent durement entre 10 et 12 heures par jour doivent avoir des revenus qui leur permettent de vivre décemment, d'élever leurs enfants, et de jouir de quelques loisirs et repos. Il est parfaitement possible de déterminer le revenu moyen souhaitable et normal des éleveurs, et c'est le revenu ainsi défini qui devrait fixer le prix du lait à la vente aux grands collecteurs. Sans doute est-ce trop simple. Mais on le sait, et je l'ai déjà dit, le propre de l'idéologie est d'être insensible au sort des hommes concrets. Et c'est pourquoi, sans que les médias s'en émeuvent, quelques six éleveurs de Basse-Normandie se sont suicidés ces derniers mois. Ils n'étaient pas salariés de France Télécom.
Pendant ce temps, les dockers de Fort-de-France en Martinique travaillent sept heures par semaine et gagnent 7000 euros par mois. Ils sont indéboulonnables. Le trafic du port a diminué de 28 % depuis le début de l'année 2009, en raison des grèves. Ils continuent imperturbablement à toucher un salaire qu'ils ne méritent pas. Que voulez-vous, nous vivons au pays de l'égalité virtuelle !

mardi 22 septembre 2009

Ma prière m'a sauvé la vie

Qui parle ainsi ? Qui dit : "Ma prière m'a sauvé la vie" ?
C'est Christian CHESNOT, otage des islamistes irakiens, pendant 124 jours, libéré en décembre 2004. Les médias ont été peu bavards sur cet aspect du témoignage de ces otages. Un reporter de RFI fait une discrète allusion au "soutien que leur apporté la religion". Qu'il me pardonne, il n'a rien compris. Il ne s'agit pas ici de religion, de rites ou de pratiques. Il s'agit de la prière de disciples qui crient leur détresse à leur Seigneur. Voici, en effet, ce que Christian CHESNOT a confié à Luc ADRIAN, Journaliste à Famille Chrétienne, en janvier 2005, quelques jours donc après qu'il avait été libéré.
"La prière a été notre étoile dans les ténèbres. Elle nous a sauvé la vie ! Dans ces circonstances exceptionnelles, il ne reste plus que l'essentiel. Et pour nous [Christian parle aussi au nom de son compagnon d'infortune avec qui il priait], c'était Jésus et Marie. quand vous êtes au fond du trou, dans la détresse et l'angoisse, face à la mort, vous vous retrouvez face à vous-même... et face à Dieu".
Au journaliste qui lui demande : "Peut-on encore prier quand la peur fait vomir ?", Christian répond :
"Non, mais on peut crier. Et ce cri est une prière ! Vous ne pouvez pas tenir à un niveau de stress maximal pendant des jours avec la tête qui explose, la peur qui tord les boyaux, le moindre bruit qui vous fait sursauter et suscite les pires images - celle de votre exécution - que vous ne contrôlez pas... Ce n'était donc pas une prière "normale", détachée, tranquille, qu'on peut dire la matin avant de partir au bureau, après avoir bu son café. C'était en même temps un cri de détresse presque physique, un appel spirituel intense, une soupape psychologique, un clapet de l'instinct de survie... Le dernier recours, le dernier refuge, la dernière humanité. Tout cela s'est mêlé, certainement. mais une chose est sûre : c'était la seule façon de goûter un peu de paix et de sérénité."
Voyez-vous, tout est dit ! Christian parle de son expérience de la présence de Dieu, d'un Dieu qui ne se désintéresse pas du sort des hommes ses enfants, d'un Dieu de VIE, d'un Dieu qui habite tout à la fois l'âme, le psychisme et le corps. Merveilleux et puissant témoignage d'un chrétien qui avoue avoir été croyant, mais assez peu pratiquant et que des circonstances dramatiques amènent à rencontrer autrement, en profondeur une personne. Vous l'avez noté ; il dit JESUS, et non pas CHRIST, et il dit MARIE, et non pas la Sainte Vierge. Personnes vivantes en son coeur.
Me direz-vous, pourquoi nous rappeler tout cela ? Ce n'est pas un anniversaire. Il n'y a aucun événement particulier qui justifierait une remémoration. Certes non ! Mais en ces heures sombres pour l'humanité (guerre, argent, trafic, épidémies, violences de toutes sortes, tyrannie, exécutions d'innocents, emprisonnement), il est bon de respirer un peu sur les cimes, avec des hommes qui ne se présentent pas comme des surhommes, mais comme des êtres de chair et de sang, comme des témoins d'un bouleversement intérieur, comme des pèlerins de l'invisible.
Merci à Christian CHESNOT et à Georges MALBRUNOT pour leur simplicité de coeur. Comme quoi quand un journaliste parle de faits et d'expériences personnelles, il peut nous toucher très profondément.

Quand on déclare que la victime est un bourreau

Il se développe dans les médias une curieuse campagne, tendant à faire accroire que la plainte contre X (et non contre monsieur de VILLEPIN) déposée par le Président de la République pour faire la lumière sur la ténébreuse affaire CLEARSTREAM est illégitime. Les deux dernières offensives viennent du journal Le Monde et du site MSN/hotmail.
Dans un éditorial, non signé, publié par le Monde samedi 19 septembre, le journaliste s'interroge, avec le ton onctueux et chattemitique propre à ce journal qui dit sans dire tout en disant, sur la légitimité de l'action de monsieur SARKOZY, au motif qu'il est Président de la République et qu'il peut faire pression sur les magistrats pour obtenir gain de cause. On voit comment ce journaliste juge les magistrats ; il pense que ,pour des motifs d'intérêt personnel, ils ne sont pas capables d'avoir en cette affaire une attitude libre, probe, indépendante. Le corps des magistrats réagit souvent de manière corporatiste, j'ai déjà eu l'occasion de le dire ; les magistrats, pris individuellement, sont en général très jaloux de leur indépendance, et il y en a qui sont prêts à sacrifier leur carrière pour défendre ce qu'ils pensent être la vérité. En terminant son article, le journaliste cite cette belle phrase : De minimis non curat praetor ; le chef n'a pas souci des petites choses. Est-ce donc une petite chose que de voir son honneur mis en cause par d'infâmes insinuations ? Est-ce une petite chose que d'avoir été dénoncé calomnieusement ? Comment le grand citateur des classiques latins aurait-il réagi si c'était lui qui avait été mis en cause ?
Si j'ai une suggestion à faire à notre Président, c'est de ne tenir aucun compte de cet éditorial, tout inspiré par la haine que distille son auteur pour monsieur SARKOZY, par ses présupposés idéologiques, et par le désir d'attaquer la personne et non la politique du Président, de façon à ternir son image dans l'opinion publique et d'obtenir ainsi des avantages pour le Parti de son coeur. Ne tenez pas compte de cet article, monsieur le Président : De minimis non curat praetor.
La deuxième attaque en règle, encore plus perfide, est celle que lance le site MSN à l'aide d'un sondage. Il pose à ses "connectés" une question (je cite de mémoire) : Trouvez-vous normal que le Président de la République puisse porter plainte ? Comme on peut s'y attendre, sur les 30 et quelques mille personnes qui ont répondu à la question, 55 % déclarent que non. Moi j'ai envie de poser une question à nos sondés : Trouvez-vous normal qu'un site pose une telle question ?
Si l'on prenait soin de s'informer, on verrait que la plainte n'a pas été déposée par le Président de la République, mais par monsieur Nicolas SARKOZY, alors ministre d'Etat, bien avant son élection à la magistrature suprême. On verrait aussi qu'il avait de bonnes raisons de le faire, en apprenant que le monsieur de VILLEPIN ne l'avait pas mis au courant de ces accusations, et que contrairement à ses dires, il a rencontré non pas une fois, mais au cinq fois le Général RONDOT, un fameux spécialiste du renseignement. His fecit cui prodest ! L'a fait celui à qui ça profite ! J'ignore bien entendu s'il y a eu complot ou non pour ruiner la carrière politique de monsieur SARKOZY. Je constate simplement que les faits tels qu'on les connaît donnent une certaine consistance à l'hypothèse. Le procès nous en dira plus.

lundi 21 septembre 2009

Parole toujours vivante

Dans la lettre que Paul de TARSE envoie à son disciple TIMOTHEE, ceci toujours actuel (au chapitre 6) :

"De même que nous n'avons rien apporté dans ce monde, nous ne pourrons rien emporter. Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter. Ceux qui veulent s'enrichir tombent dans le piège de la tentation ; ils se laissent prendre par une foule de désirs absurdes et dangereux, qui précipitent les gens dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent."
En regard de ce constat prophétique, lus dans les journaux, entendus à la radio, vus à la télévision ou sur les placards publicitaires du métro, ces propos :
La Société Générale diminue les provisions pour bonus de 1 milliard d'euros à 500 millions (seulement ?!). Argent.
Les syndicats réclament une hausse du pouvoir d'achat. Argent.
Si vous ne faites pas pour l'environnement, faites-le pour l'argent (publicité !). Argent.
Devenez radin, vendez sur... (suit le nom d'un site internet). Argent.
L'Etat met tant de milliards d'euros pour sauver les banques. Argent.
Bien sûr qu'il en faut de l'argent. Mais il est fondamentalement TROMPEUR. Il n'est donc pas neutre, comme de bonnes âmes, souvent ecclésiastiques mais pas seulement, essayent de nous faire accroire. Il est TROMPEUR, et c'est Jésus qui le dit. Peut-on abolir sa parole ?
Quand tout se ramène à des questions d'argent, la perte du sens de la vie n'est pas loin. Quand le bonheur se résume à l'épaisseur de son compte en banque, ou au nombre de zéros qui adornent le premier chiffre à gauche en bas de la colonne, la violence n'est pas loin. Nous allons payer très cher ce matérialisme de bas étage.
Oh, certes, il m'est facile de vilipender l'argent. Je ne suis pas dans le besoin. Cependant je peux me regarder sur ce point dans une glace sans avoir à rougir. J'épargne, comme il est nécessaire de le faire pour ne pas offenser l'avenir, mais sans excès et je n'ai jamais spéculé. Voilà bien une chose que je trouve basse, ordurière, animale, fondamentalement immorale. Je m'efforce de partager, sans doute insuffisamment, et je ne trouverais pas anormal d'avoir une retraite un peu moins confortable pour que d'autres compatriotes puissent en avoir une meilleure. Je l'ai déjà dit et je le redis. Et quand je vois la simplicité de vie des laïcs engagés dans des communautés de vie fraternelle, comme celle que je fréquente à STRASBOURG, je me dis qu'ils ont choisi la meilleure part et qu'elle ne la leur sera pas ôtée. Sans doute n'ai-je pas le courage, et surtout pas la latitude de partager leur choix. Et ça me fait peine.
La parole de Paul de TARSE est toujours vivante. Il n'est pas trop tard pour la mettre en pratique. En aurons-nous la sagesse ?

vendredi 18 septembre 2009

Qu'est-ce que le courage ?

Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire.

Chercher la vérité ! Dans le cas de l'élection de Martine AUBRY comme premier secrétaire, il est évident que le courage consisterait en effet à déterminer s'il y a eu des bourrages d'urnes dans les fédérations. Deux journalistes affirment qu'il en a été ainsi dans la fédération du Département du Nord, et disent avoir les preuves de ce qu'ils affirment. Il n'est pas impossible, réponse du berger à la bergère, que des fraudes analogues se soient produites au bénéfice de madame Ségolène ROYAL dans les fédérations du sud, notamment dans les Bouches-du-Rhône.
Madame ROYAL, fort habilement, déclare qu'elle s'associera à madame AUBRY si celle-ci engage des poursuites judiciaires contre ces journalistes. Madame AUBRY semble peu pressée de le faire, et propose de réunir un jury de journalistes avec les auteurs incriminés pour faire la lumière, comme si des journalistes, dont on connaît la propension à soutenir la gauche, allaient mettre en évidence des pratiques qui endommageraient gravement l'image du parti vers quoi leur coeur incline. Fort habile aussi, madame AUBRY fait procéder à un toilettage des fichiers du parti, et fait rayer comme électeurs potentiels, ceux des inscrits qui n'auraient pas payé leur cotisation depuis deux ans. Il semble que la mesure vise surtout les adhérents à 20 euros qui ont fait la fortune de madame ROYAL lors de la désignation du candidat socialiste aux élections présidentielles. On n'est jamais trop prudent.
La dire !
Dire la vérité n'est pas chose facile. C'est pourtant le seul moyen d'agir en profondeur sur les événements et de convaincre ses semblables de sa bonne foi. Et là encore, on ne semble pas pressé de la dire la vérité, et dans aucun domaine. On ne parle ni des avantages indus de certains enseignants (décharge syndicale), de hauts fonctionnaires (prime d'égout pour les Conseillers d'Etat, par exemple), de grands dirigeants d'entreprise (salaires exorbitants, stock-options, bonus), ni des abus, répertoriés, connus, récurrents commis à l'encontre de la sécurité sociale par certains concitoyens, ou certains étrangers accueillis sur notre sol, ni des fraudes commises dans les transports en commun par des bandes, pudiquement qualifiées de "bandes de jeunes", ni du trafic de drogue qui se déroule au su et au vu de tout le monde et que des déficiences législatives empêchent de sanctionner (gare de Saint-Denis et trafic de crack). Tout cela est tabou. Ou fait l'objet de jugements généraux, idéologiques. Tous les enseignants n'ont pas de décharge syndicale, tous les grands patrons ne se sucrent pas, tous les hauts fonctionnaires n'abusent pas de leur situation, nombre d'assurés sociaux sont intègres. Comme on ne sait ni nuancer ses jugements, ni conduire des analyses serrées et collecter des faits avérés, on reste dans les vagues folles des l'idéologie. On condamne en bloc, qui à droite, qui à gauche. Stupide. Vain. Inefficace.
Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire.
Savez-vous qui a dit cela ? JAURES.
Il serait tellement beau et bon que ceux qui s'en réclament, à gauche comme à droite, mettent en pratique cette belle maxime qui a valu à son auteur d'être assassiné le 31 juillet 1914. Ce crime était annonciateur d'un siècle de fer. JAURES voulait la paix et pensait entraîner ses amis socialistes allemands sur cette voix. Ils lui firent défaut. Il cherchait la vérité. Il la disait quand il lui semblait l'avoir trouvée. On connaît la suite.
PS. Je m'absente jusqu'à lundi 21

Justice pour l'histoire

On a relégué monsieur LE PEN au canton de l'infamie après qu'il eut déclaré que les chambres à gaz étaient "un détail de l'histoire". Et la France a eu raison de le faire. Que n'a-t-elle la même lucidité sur sa propre histoire ! Il semble bien en effet que soient détails les massacres de septembre, l'affreux traitement réservé aux Gardes suisses de Louis XVI, les 2.000 prêtres torturés, affamés, maltraités, déportés des pontons de Rochefort, les 70.000 guillotinés, les 182.000 morts des guerres de Vendée (souvenons-nous des femmes et des enfants brûlés vifs dans des fours à pain, car "c'est ainsi que l'on cuit le pain de la République" déclarait le monstre qui a commandé ces crimes ; souvenons-nous des quelques 500 morts du LUC-SUR-BOULOGNE dont plus de 100 enfants - le plus jeune avait 15 jours - massacrés par une troupe populacière et avinée), les centaines de milliers de morts des guerres révolutionnaires et napoléoniennes, la destruction totale ou partielle de plus de 90 % des édifices religieux, les injustices, les vols, l'installation d'une bourgeoisie avide aux commandes de notre pays, et l'inauguration d'un capitalisme exploiteur et sauvage (car figurez-vous, ce n'est pas l'aristocratie qui est responsable du phénomène ; un noble ne pouvait exercer de profession industrielle ou commerciale sans déroger), édifié de toute pièce sur des "biens nationaux" mis à l'encan. Détails que toutes ces horreurs.
La République Française est née dans jun flot de sang et elle s'est édifiée sur des millions de cadavres . Mais il n'est pas bon de le rappeler. L'histoire officielle passe pudiquement sur les violences faites à tout un peuple par les fous de Paris. Il fallait bien cet oubli pour faire briller aux frontons de nos édifices publics une belle devise toute abstraite : "Liberté, Égalité, Fraternité".
Et ça continue. Faire voter une loi pour condamner le négationisme et le révisionisme est d'une rare stupidité. Elle donne à ces théories fumeuses, contredites par les faits, les documents écrits et filmés, une importance inouïe. Il suffit de s'y reporter pour juger que les négationistes et les révisionistes sont des imbéciles.
Et ça continue. Matthieu KASSOWITZ s'est fait et continue de se faire allumer par les médias, alors qu'il a simplement déclaré que les explications officielles des attentats du 11 septembre ne le satisfaisaient pas. Il a parfaitement le droit de se poser ces questions. Il ne nie pas les faits. Il se contente d'en chercher une interprétation plus satisfaisante. Personnellement, je ne pense pas qu'il y ait eu une explication officielle. Il y a eu une version médiatique des événements qui n'a jamais été démentie par les autorités américaines. Il y a des points d'ombre. C'est absolument certain. Le plus intrigant est l'effondrement du bâtiment qui hébergeait les archives de la CIA. Coïncidence ? Relation de cause à effet entre les effondrements des Twin Towers et celui de cet édifice ? Acte terroriste ? Acte prémédité par les pouvoirs publics qui ont tiré parti de l'affolement général pour faire disparaître des témoignages accablants ? Nous ne le saurons jamais.
Mais il me semble que le propre d'un esprit scientifique et honnête est d'abord de s'assurer de la matérialité des faits, et d'en rechercher toutes les causes possibles, y compris les plus invraisemblables, avant de conclure à la plus plausible.
On s'est beaucoup moqué de l'Encyclopédie soviétique dont les colonnes consacrées aux biographies des hommes politiques grossissaient, diminuaient de volume, disparaissaient, réapparaissaient, au gré des fortunes publiques des célébrités en vogue, et qui mettaient en exergue des faits flatteurs pour le Prince ou ignoraient délibérément des événements et des faits gênants pour le pouvoir.
Je ne suis pas certain que nous agissions différemment. De nouveau, je vous conseille la lecture du livre de Jaques HEERS, L'histoire assassinée. Les pièges de la mémoire. Editions de Paris, Versailles, 2006. Vous serez absolument stupéfiés de voir comment l'histoire officielle nous ment. Merci à Jules FERRY et à tous ces grands esprits manipulateurs qui ont préféré leurs idées à la vérité. Ils nous invitent par leur malhonnêté intellectuelle à exercer notre esprit critique et à prendre un peu de recul.

jeudi 17 septembre 2009

A mes lecteurs

Mes lecteurs réguliers - il y en a - ont vu qu'une polémique avait éclaté entre Fourmi et Olibrius. Il ne sert à rien de dissimuler ce conflit. Je résume ici la façon dont je vois les choses.
Olibrius me connaît, c'est un fait. Il ne veut pas dire qui il est, c'est son droit. Il est évident que c'est un avantage pour lui. Mais en ouvrant ce Blog, j'ai pris le risque de m'exposer. Et j'assume tout à fait ce risque. Olibrius a deux types de remarques. Les unes - les plus fréquentes - sont des remarques de fond, toujours très pertinentes. Les autres, de petits titillements qui chatouillent comme du poil à gratter. Et comme il me connaît, et bien, il lui est plus facile de toucher mes points sensibles. Il n'est jamais malveillant, et - je dois le dire à Fourmi, de la manière la plus nette -, il ne cherche pas à régler des comptes. Il est vrai qu'à ces remarques malicieuses, je suis obligé de trouver des réponses "justificatives". Il y a droit même si ça me demande un effort.
Fourmi me connaît, c'est un fait. Je connais cet interlocuteur. J'ai pour lui une très grande estime, et de l'affection. Très grande estime, car sa probité intellectuelle est exceptionnelle, c'est un esprit profond et juste, un peu raide parfois dans ses réactions, mais toujours soucieux d'aller à la vérité et aux faits. Affection, car nous avons eu l'occasion de mener ensemble des actions pédagogiques audacieuses. Notre départ de Strasbourg n'a pas permis ce prolonger cette expérience pleine de promesses.
C'est pourquoi, au nom de l'amitié que j'ai pour ces deux lecteurs, je leur demande (a) de s'expliquer courtoisement sur ce Blog ; (b) de continuer à donner leur opinion et leurs commentaires. Il me semble que si nous ne sommes pas capables de régler ce type de conflit, alors je n'ai plus qu'à interrompre la publication de mes billets.
J'aimerais avoir votre avis.

Mode et contagion mimétique

L'expression était maladroite. Et le PDG de France Télécom a reconnu que l'utiliser pour nommer la vague de suicides qui a submergé son entreprise est mal venu. Mais au-delà de l'émotion suscitée par l'intervention de monsieur LOMBARD, au-delà de la réelle maladresse (qui a du reste suscité l'indignation d'Hélène CIXOUS lors de l'émission Ce soir ou jamais), il faut essayer d'aller plus loin.
Une mode est une façon particulière d'être, de paraître et d'agir qui apparaît et se répand dans des circonstances, en une période et dans un milieu spécifiques. On n'en finirait pas de les nommer ces modes qui ont marqué l'après guerre : le bee-bop, les zazous, le hoola-hoop, les jeans troués, les dread-locks, etc. Une mode se répand, et elle se répand entre personnes qui ont quelque chose en commun. Elle a pour but de différencier des groupes d'autres groupes. Ce qui caractérise la mode est donc son caractère contagieux, et son caractère mimétique.
Mais parler de mode à propos de suicides est une grave impropriété, car la mode intéresse la vie, et même l'explosion de la vie. Elle n'est pas toujours de bon goût, mais là n'est pas le point. La mode est une expression vitale. Le goût exagéré que l'on peut avoir pour elle est-il l'indice d'une faiblesse de caractère ? La réponse doit être nuancée. Quelquefois oui, quelquefois non. Mais il est certain que les stylistes, les spécialistes du marketing, les publicistes, etc. jouent sur le phénomène et l'exploite.
En revanche, il n'est pas impossible de juger que les suicides de France Télécom relèvent d'une contagion mimétique. Dans un moment de désespoir, quand on ne sait plus que faire ni vers qui se tourner, quand on est privé de moyen d'expression, on peut vouloir se supprimer. Un employé n'a vu que cette solution pour protester. Et d'autres l'ont imité, en y voyant la protestation la plus forte, la seule capable de faire changer d'avis des responsables qui paraissent bien aveugles. On sait combien l'imitation est une tendance très forte de la psychologie humaine. (René GIRARD a fort bien analysé ce phénomène qui dans ses formes extrêmes a conduit au bouc émissaire.) Hélas, elle a joué ici contre le vie. On ne peut que le déplorer et demander aux responsables de France Télécom un peu plus de doigté, d'humanité, et peut-être même de justice.
En utilisant ce mot, monsieur LOMBARD a simplement marqué d'un signe le lieu d'où il parlait : celui d'un entrepreneur qui veut le bien de son entreprise sans trop se soucier du bien de ses employés.

mercredi 16 septembre 2009

Ce soir ou jamais, une bonne émission de France 3

Jamais je n'avais regardé cette émission. C'est une erreur. Animée par Frédéric TADDEI elle réconcilie les téléspectateurs avec la télévision qui, pour une fois, ne sont pas pris pour des imbéciles. L'animateur est brillant, sympathique, respectueux de ses invités. Il ne leur coupe pas la parole, ne cherche pas à les déstabiliser, sait les mettre en valeur.
Her soir donc, autour de la table, Marin KARMITZ, Matthieu KASSOWITZ, Hélène CIXOUS, Isamïl KADARE et un jeune philosophe qui répond au prénom de Cédric. Frédéric TADDEI met une question en débat, et chacun est invité à donner son avis.
Première question : la série de suicide à France Télécom. Il y en a eu 23 en 18 mois. C'est beaucoup, c'est trop. Et même s'il reste à prouver que tous ses suicides sont imputables aux difficultés rencontrées par les désespérés dans leur travail, il est avéré que nombre d'entre eux le sont effectivement. Cédric, en quelques mots, résument bien les erreurs de la direction : infantilisation, confiscation de la parole, gestion pré-totalitaire de l'entreprise qui se prend pour sa propre fin. Hélène CIXOUS rajoute déshumanisation, et perte d'identité. Les autres invités paraphrasent ces deux interventions, surtout celle de Cédric.
Deuxième question : faut-il laisser numériser par GOOGLE tous les livres de toutes les bibliothèques ? Consensus général pour dire que la numérisation facilite l'accès au savoir, en facilite la diffusion, permet de consulter des ouvrages rares ou inaccessibles. Plus grande réticence quant au monopole de fait que GOOGLE est en train de s'approprier. Cette société est la seule qui dispose des moyens techniques et financiers susceptibles de mener à bien le projet. Cédric, de nouveau, intervient. GOOGLE, dit-il, est en train de numériser la planète et petit à petit, cette numérisation va couper les hommes du réel, et de l'expérience du réel. Un livre s'annote, se perd, se brûle, se déchire. Il est soumis à d'autres influences que celles de notre propre pensée. Pas un livre numérisé. Les invités insistent tous sur le fait que conférer ce monopole à une société privée revient à lui donner tout pouvoir. GOOGLE a numérisé les rues, les bâtiments, les reliefs, les fleuves (GOOGLE Earth) et toutes sortes d'autres données. Sa frénésie de stockage de toutes les connaissances humaines relève d'une intention totalitaire. Mais, pour moi, le plus grand danger est bien la perte de contact avec le réel. Olibrius peut comprendre ici ce que j'ai si mal dit sur le réel. Un livre se perd, s'annote, se brûle, se déchire. Pas un livre virtuel numérisé et dupliqué, caviardé peut-être par celui qui l'a mis en boîte électronique. Il est alors un objet mort que l'on ne peut s'approprier, par aucun moyen.
La troisième question me semblait moins actuelle. Il s'agissait de savoir si les autorités américaines ont ou non dissimulé des informations importantes concernant les attentats du 11 septembre. La discussion m'a semblé relever des présupposés idéologiques des uns et des autres. Deux conclusions importantes émergent de tout cela. L'une vient d'Hélène CIXOUS : on interroge jamais l'anti-américanisme sous-jacent manifestement à cette question. Ce serait intéressant et utile de le faire (sans le dire explicitement, elle soulève la question de l'idéologie). L'autre, de nouveau, vient de Cédric, reprise et commentée par les autres invités : il est légitime de se poser des questions, mais il est peu raisonnable d'anticiper les réponses.
Je connais bien Cédric, et pour cause. Il est le deuxième fils de mon épouse, restée veuve à l'âge de 29 ans avec trois enfants. Nous n'avons pas toujours les mêmes opinions. Mais c'est un philosophe dont on reparlera. Retenez bien son nom : Cédric LAGANDRE. Et si la philosophie politique vous intéresse, lisez son récent essai "La société intégrale", paru début septembre aux éditions Climats/Flammarion. Aucune obligation bien sûr. Mais si vous commencez la lecture de cet ouvrage, vous verrez très rapidement son intérêt.

mardi 15 septembre 2009

Exercice

Supposons qu'on lise dans un journal l'entrefilet suivant (c'est un exercice, je vous préviens) :
"Le jeune LEE-KIM-YO, 33 ans a été exécuté publiquement à SEOUL. Il était accusé d'avoir distribué clandestinement des oeuvres de MARX, dont Le Capital, à la sortie des usines DAEWOO. On l'accusait aussi d'espionnage au profit de la CORÉE du Nord et de la CHINE. L'Association Sud-Coréenne d'enquête sur les crimes contre l'humanité a révélé que la femme de LEE-KIM et ses trois enfants avaient été transférés dans un camp de prisonniers politiques."
Vous voyez d'ici la LICRA, la Ligue des droits de l'homme, les Partis Communistes, l'ONU, les ONG, l'UNESCO, et j'en passe, protester, organiser des défilés, des pétitions, des protestations, brûler le drapeau sud-coréen, la foule en colère envahir les ambassades sud-coréennes, les saccager, les brûler peut-être. Et je serais le premier à participer à ces manifestations. Je vous demande, que dis-je ? je vous supplie de me croire.
Voici maintenant les faits tels qu'ils se sont déroulés.
Le silence qui les a entourés est assourdissant. RI HYON-OK est une jeune coréenne du Nord, âgée de 33 ans ; elle a été exécutée publiquement à RYONGCHON dans le Nord-Ouest du pays, pour avoir distribué des bibles. RI HYON-OK était une chrétienne évangélique, et les chrétiens n'intéressent personne. Ce sont des emmerdeurs patentés. Ils enquiquinent le monde avec leur charité, leur morale, leur clergé, leurs églises, leur méthode Ogino, etc. Ils sont des empêcheurs de tourner en rond. La Commission d'enquête sud-coréenne sur les crimes contre l'humanité a confirmé que l'époux de RI HYON-OK et leurs trois enfants étaient internés dans un camp de prisonniers politiques. Ce n'est pas GUANTANAMO. Ce n'est pas américain. Les pauvres ne sont pas musulmans, ni arabes. Leur pays n'a pas de pétrole. Il est pauvre et peu peuplé. La CORÉE du Nord c'est loin. Ça n'intéresse personne.
Ah, oui ! C'est proprement insupportable cette différence de traitement de l'information. Et si le journal La Croix n'avait pas fait état de cette exécution dans son numéro du 30 juillet, en page 12, il y a fort à parier que l'opinion française n'eût point été mise au courant. RI HYON-OK est morte pour sa foi. C'est une martyre. Elle a part, n'en doutez pas, à la gloire de son Seigneur pour qui elle a donné sa vie. Ayons pour son mari et ses enfants une pensée de compassion, et pour les croyants, prions, prions sans nous lasser pour que de telles abominations ne se reproduisent plus.

A un ami

J'avais promis de lui répondre. Je le fais, avec un très léger retard, aujourd'hui.
Il me disait avec beaucoup de gentillesse, à Vézelay : "Tu lis beaucoup - [ce qui est vrai] - et tu donnes l'impression de te ranger toujours à l'avis du dernier auteur que tu as lu - [ce qui ne l'est pas]. Je vais essayer d'expliquer pourquoi.
Il me semble être relativement cohérent dans mes citations, quand il y en a, ou dans mes raisonnements, quand je vous invite à vous y égarer. Vous remarquerez en effet que nombre de mes emprunts portent sur le rapport que les hommes entretiennent avec le réel, avec l'idéologie, et par voie de conséquence, avec eux-mêmes et leurs semblables, et qu'il en va de même pour mes raisonnements.
Je proclame de nouveau avec insistance que le réel est ce qui nous résiste. Quand j'entends l'opposition réclamer du pouvoir d'achat en période de crise, je me dis que son rapport au réel est assez médiocre ; quand je l'entends vilipender les riches, je sens que ce n'est pas pour des raisons économiques, ni même pour des raisons de justice sociale qu'elle pourfend ses "ennemis de classe", mais pour des raisons idéologiques (je rappelle que l'idéologie est le système de valeurs que les hommes utilisent pour accéder au pouvoir et s'y maintenir) ; quand j'entends les gens de l'éducation nationale raconter l'histoire de France avec les catégories de MICHELET, en faisant fi de toutes les vérités historiques, je sais que cette déformation nous conduit à des affrontements civils qui nous empêchent de voir les problèmes et par conséquent de les résoudre.
Quand j'entends la majorité exalter le marché comme seul facteur de régulation de la vie sociale, je pressens qu'elle le fait pour des raisons idéologiques ; quand je vois des banquiers faire de grosses provisions financières pour verser des bonus à leur traders, je devine qu'il s'agit là d'une invraisemblable ignorance de la réalité humaine et sociale.
Tout cela, je n'ai cessé de le dire. Sans ordre, certes, puisque je n'ai pas de plan de lecture prédéterminé, et que souvent mes réflexions me sont inspirées par les événements du moment. Mais je l'ai dit constamment. Et je termine en rappelant ici mon intuition fondamentale : les seuls facteurs susceptibles de changer l'état de la société sont les comportements individuels. Un tel constat a été fait, après de très soigneuses analyses, par des auteurs aussi divers que Marcel LEGAUT, Simone WEIL, ou LANZA del VASTO. Or je n'ai jamais entendu le parti socialiste le prétendre. Il trouvera tout à fait normal de critiquer BOUYGUES, mais je ne sache pas qu'il y ait recommander qu'on le boycotte (téléphonie mobile par exemple ; idem pour monsieur LAGARDERE et TF1. Regardez, chers camarades, les émissions idiotes de cette chaîne, et tapez à bras raccourci sur les "riches", mais surtout ne faites rien pour les empêcher de l'être).
Voilà la cohérence de mes propos ; voilà l'ambition que j'avais en ouvrant ce Blog : inciter mes lecteurs à réfléchir, à penser, à ne pas se contenter de l'opinion des médias ou de leurs préférences politiques, mais se former une opinion réfléchie, pesée, fondée sur les faits et non sur des systèmes préformés de pensée.
J'espère, cher Georges, avoir répondu quelque peu à tes amicales remarques.

dimanche 13 septembre 2009

Mixité sociale

Le rectorat de l'Académie de Paris signale que la mixité sociale a progressé dans les lycées parisiens à la rentrée de l'année académique 2009-2010. Il l'impute "au nouveau mode d'affectation informatisé", ce qui est une explication secondaire et superficielle du phénomène. Jamais des lycées réputés, comme les lycées Sophie-Germain, Racine, Henri-IV, etc. n'ont accueilli autant de boursiers en seconde.
Un esprit non prévenu s'interrogerait davantage et avec un peu plus d'esprit critique sur l'origine de ce phénomène. Mais demander cet effort à des fonctionnaires de l'éducation nationale, englués dans l'idéologie de l'égalité, viscéralement opposés à l'actuel gouvernement, c'est trop.
Il me semble, moi, que c'est la désectorisation qui est responsable de cette augmentation de la mixité sociale dans les bons lycées. Depuis que les élèves peuvent demander de s'inscrire dans l'établissement de leur choix, il est plus facile à ceux qui le désirent, et en ont l'ambition et les moyens intellectuels, d'aspirer au meilleur. Les proviseurs ont plus de latitude pour déceler les talents, apprécier les motivations des candidats, et les choisir en fonction des critères qui caractérisent leur établissement. Il faut en effet cesser de raconter que tous les lycées se valent ; nous savons bien que c'est faux. Henry IV, Saint-Louis, Louis le Grand, sont bien meilleurs que les nombreux lycées Pablo Picasso, Prévert, et autres éponymes de gauche, qui émaillent les banlieues des grandes villes. On peut le déplorer, on ne peut pas décréter leur équivalence absolue avec les grands lycées parisiens.
Il est évident que les enseignants de ces lycées ne sont pas responsables de cet état de fait ; celui-ci est en partie dû à la nature du recrutement. Donner sa chance à un jeune talentueux qui vient des banlieues (comme l'a fait le Directeur de Science Po à Paris), me semble être la meilleure façon de lutter contre les inégalités.
L'idéologie de gauche, en imposant la sectorisation, a fait la fortune de l'enseignement privé. Les parents, et non les éléphants, éléphanteaux et éléphanticules, sont les seuls et premiers responsables de l'éducation des enfants. C'est leur droit naturel, absolu, et imprescriptible. Ils veulent pour eux le meilleur, et quand ils voient les désordres, les violences, l'absence de sanctions et de discipline dans nombre d'établissements, ils n'ont pas envie de voir leurs enfants confrontés à ces dysfonctionnements. En vérité, plutôt que de proclamer en sautant sur son fauteuil : "égalité, égalité, égalité", "enseignement de riches", etc., il serait bien préférable de chercher concrètement comment rétablir l'ordre, assurer la transmission des savoirs, former des citoyens dans ces établissements difficiles, dans le respect des élèves. A mon humble avis, il faudrait déjà en diminuer la taille, y avoir des classes moins surchargées, y mettre les meilleurs enseignants - à condition qu'ils soient volontaires, chevronnés, et évalués quant à leurs aptitudes psychologiques, qu'ils aient un traitement nettement supérieur, et un nombre d'heures de cours inférieur à ceux de leurs collègues enseignant dans des lycées plus faciles. Tout cela requiert un esprit concret, des recherches pratiques sur les contenus et les méthodes des enseignements, du dévouement, de l'opiniâtreté. Le système napoléonien qui est encore le nôtre n 'est certes pas à la hauteur des défis.
En vérité, charger l'état d'organiser l'enseignement public, est une aberration politique et sociale. J'ai déjà expliqué, il y a de très nombreux billets, que la responsabilité de l'état devrait se borner à la collation des grades, à la définition très souple des programmes, à la vérification préalable de la qualification des enseignants, et à l'attribution à chaque famille d'une allocation d'enseignement destiné à payer l'écolage dans les établissements choisis par les parents. Tout le reste devrait être organisé privément. Que voulez-vous, pour moi c'est cela liberté. Et là-dessus je pourrais raconter comment mon professeur de philosophie, marxiste notoire et patenté, a tenté de nous endoctriner pendant un an. Je dois vous dire - c'est ainsi - qu'avec moi, il est tombé sur un bec !

samedi 12 septembre 2009

Bourrage des urnes et bourrage des crânes

On va dire que je m'acharne. Mais enfin. Qui devrait démissionner ? Monsieur HORTEFEUX qui aurait eu des propos racistes au congrès des jeunes de l'UMP ou madame AUBRY dont les fidèles de la Fédération socialiste du Nord on bourré les urnes de bulletins au nom de leur patronne, pour faciliter son élection comme premier secrétaire ?
J'ai entendu les propos de monsieur HORTEFEUX et vu la vidéo litigieuse, passée au journal permanent de BFM-TV. Il s'adressait à un jeune militant, d'origine kabyle, répondant au prénom d'Amine. Le commentateur a eu l'honnêteté de nous dire que ce jeune n'avait pas été choqué des propos du ministre qui venaient, semble-t-il, après des blagues sur le dialecte auvergnat. Franchement, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Mais regardant dans leur cerveau plutôt que dans la réalité, appuyant sur le bouton du vieux réflexe conditionné de l'antiracisme, quelques éléphanticules réclament la démission du ministre, et madame AUBRY se dit consternée et choquée.
Il ne semble pas qu'elle le soit des conditions douteuses de son élection comme premier secrétaire. Messieurs Antonin ANDRE et Karim RISSOULI sont formels, et disent avoir les preuves de ce qu'ils avancent, dans leur ouvrage intitulé Hold-uPS, arnaques et trahisons. On a bourré les urnes, et l'on a fait pleuvoir sur Martine de bienveillants mais douteux suffrages. Sur un résultat, disent-ils, il y a eu au moins un rajout de 30 voix. Et ils rapportent les dires de certains militants qui ont déclaré leur volonté de bourrer les urnes. Je suis d'autant plus désolé de dire tout cela, qu'à plusieurs reprises j'ai constaté que, sans partager les convictions politiques de madame AUBRY, je lui trouvais des qualités. Je ne suis pas certain que madame AUBRY ait été au courant de ces manoeuvres, qu'elle les ait inspirées ou décidées. Mais le fait est que dans une telle situation, il eut été plus honnête de procéder à un nouveau vote dans des conditions plus transparentes. Que voulez-vous, pour pouvoir bourrer les crânes, il faut d'abord bourrer les urnes...

vendredi 11 septembre 2009

Ah ! Vézelay !

Vézelay est un bourg charmant. Le temps s'y est arrêté depuis longtemps. Les maisons n'y ont plus d'âge. Le silence qui l'enveloppe est doux, comme sont doux les chants des moines de la Fraternité Monastique de Jérusalem quand va finir le jour et qu'ils célèbrent les Complies. Sainte-Madeleine devient alors un vaisseau mystique qui conduit les fidèles aux portes du Ciel.
On peut critiquer Viollet-le-Duc. Il a quand même sauvé la Basilique d'une ruine certaine. A 23 ans, il a obtenu le droit de restaurer l'ouvrage et il l'a fait avec un acharnement, une opiniâtreté incroyables. En montant vers le sanctuaire, on passe devant la maison qu'il habita pendant les travaux. Les habitants ont manifesté leur gratitude au sauveur de leur patrimoine en apposant une plaque qui rappelle son séjour. On apprend avec étonnement que Théodore de Bèze, pasteur, écrivain et compositeur est né à Vézelay ; là encore une plaque signale la chose aux passants curieux.
Mais Vézelay reste pour moi le lieu d'une rencontre inoubliable qui vient juste de s'achever. Les universitaires ne sont pas tous des sauvages. L'une de nos collègues avait pris l'initiative d'organiser une rencontre des Professeurs de Microbiologie qui avaient cessé d'exercer leurs fonctions depuis quatre ou cinq ans. Certes, tous n'étaient pas là. Mais il y en avait suffisamment pour que les retrouvailles fussent joyeuses, pittoresques, gourmandes, savantes, en un mot délicieuses. L'un de mes collègues - je lui répondrai - m'a fait quelques remarques judicieuses sur ce Blog dont il est un lecteur passablement assidu. Vous voyez, nous restons en contact parfois sans le savoir.
Nous avons fort peu parlé du passé. C'était le présent qui nous occupait. Les uns disaient comment ils continuent de restaurer leur belle demeure médiévale, achetée comme une ruine, et aujourd'hui superbement refaite par leurs seuls efforts. Un autre racontait comment il s'adonne à la peinture (c'est un excellent peintre), un troisième détaillait l'attachement qu'il porte à ses petits-enfants dont il s'occupe merveilleusement, et nous disait aussi l'angoisse qui l'étreint quand son fils, médecin militaire, part en opération : récemment, c'était en Afghanistan. Tel autre bricole avec talent. Nous parlions voyage, cuisine, famille, et nous évoquions aussi le souvenir de ceux qui ne sont plus et dont entretenons la présence en remémorant les moments les plus marquants de nos rencontres. Ni nostalgie, ni sensiblerie dans ces rappels ; non ! un respect affectueux pour eux qui nous ont tant donné.
Et je me disais, je nous disais, et nous ne cessions de nous dire la chance que nous avons d'avoir gardé assez de santé, de jeunesse d'esprit, de curiosité, pour vivre aussi intensément ces moments-là. Oui, il faut le reconnaître, nous sommes des privilégiés, et cet état nous crée de grandes obligations d'ouverture, de partage et de transmission.
Ah ! Vézelay ! Comme j'aime ta lumière, tes maisons, ton sanctuaire qui a vu et voit passer tant de pèlerins en route pour Compostelle, et tant d'autres encore qui ne le peuvent pas ou plus ! Tu n'es ni antique, ni médiévale, ni actuelle, tu es définitivement un haut lieu inspiré. A très bientôt te revoir !

mercredi 9 septembre 2009

Absence

Je m'absente trois jours. Silence donc, et repris le 11 ou le 12. Je vous dirai mes impressions sur VEZELAY.

A propos du réel

Il est très difficile pour nos contemporains de donner au mot réel un contenu solide. Fourmi me dit que je suis resté au milieu du gué dans mes explications sur l'absence de contact que PICASSO entretenait avec le réel.
Je vais donc essayer d'éclaircir mes idées.
Depuis les Lumières, l'homme est rentré dans la certitude qu'il n'a pas à connaître la Nature et la Création telles que le Créateur les a faites. Il ne veut pas, dit-il, se laisser aliéner par un monde qui ne dépendrait pas de lui. Il croit que l'objet même de l'intelligence est elle-même "qui se saisit dans son élan créateur où elle se rejoint comme principe d'elle-même et du monde. L'intelligence est Narcisse, non point un Narcisse figé dans la contemplation de soi-même, mais un Narcisse qui, devant son propre miroir, se crée soi-même en créant le monde et progresse sans désemparer vers sa propre apothéose" (Marcel DE CORTE).
C'est ainsi que PICASSO trouve en lui-même son inspiration. Il n'a pas de modèle autre que ce qui naît dans sa pensée ; il ne connaît que ce qu'il peint et produit, et le monde n'est pour lui que ce qu'il construit par son talent. Cela ne veut pas dire qu'il ne crée de superbes chefs-d'oeuvre, cela veut que ces oeuvres ne représentent que lui-même dans les différents états de sa conscience de créateur. On est assez loin du Moyen Âge et de la Renaissance où nombre de génies ne signaient pas leurs oeuvres ; on ne le connaissait que par un nom de substitution (exemple : le Maître de Moulin), ou bien leurs signatures étaient un simple monogramme très difficile à repérer.
J'entends d'ici les critiques. Vous allez me dire en effet : mais les icônes des maîtres byzantins, ou les tableaux des primitifs qui font fi des lois de la perspectives, vous trouvez qu'ils représentent le réel ? A cela je répondrais ceci : les icônes étaient peintes à partir de modèles dont chaque détail avait une signification mystique et les peintres ne se les donnaient pas à eux-mêmes ; ils leur étaient comme imposés et avaient une très haute valeur symbolique ; ils ne prétendaient pas représenter un réel matériel mais mystique ; certes les maîtres byzantins transposaient ces modèles selon leurs talents et leurs possibilités techniques, mais ces icônes obéissaient à des règles précises de composition, en particulier celles du Christ (les fameux signes de VIGNON). Et je vais vous étonner encore davantage, quand je vous aurai dit que l'absence de perspective dans les oeuvres des primitifs est justement l'effort que faisait le peintre pour rendre les choses telles qu'elles sont, non pas telles qu'il les voyait. L'introduction de la perspective par les peintres italiens du quattrocento est justement le début d'un mouvement raisonnable, certes, mais dont le dévoiement nous amène où nous sommes. Car les bords des routes ne se rejoignent pas à l'horizon et la hauteur des colonnes d'un portique florentin de diminue pas, dans le réel, avec la distance qui les sépare du peintre. Et celui-ci le voyait bien, qui n'avait qu'à s'avancer pour voir les choses comme elles sont.
Je ne sais si j'ai répondu à Fourmi. Ceci étant, je suis entièrement d'accord avec elle sur la signification qu'elle donne aux déformations imposées par PICASSO aux formes, aux figures, aux couleurs. Elles reflètent bien la torsion de la pensée qu'ont imposée les "intellectuels" depuis les Lumières. Un mouvement analogue s'est produit en Chine sous l'impulsion dictatoriale des Lettrés. On sait où cela a conduit ce grand pays, étouffé par le poids des rites, et coupé de toutes ses antiques traditions paysannes.
Je reparlerai des rites et de la politesse.