lundi 11 janvier 2010

Ainsi va le temps

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Les électeurs des départements de la Guyane et de la Martinique ont dit non à plus d'autonomie et ils l'ont fait à des majorités écrasantes. Ce résultat est intéressant et devrait inciter les pourfendeurs du "colonialisme" a plus de retenues dans leurs critiques.
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Les Martiniquais et les Guyanais ne sont pas fous. Ils ont sous les yeux, ou à portée de médias, le tableau de l'épouvantable pauvreté qui ravage Haïti, pays indépendant depuis des décennies. Et ils n'ont pas envie de devenir, comme lui, un pays sous-développé. Ils savent, et nous devons savoir, que la mère patrie les aide, par des subventions, des investissements, ou en offrant en métropole des emplois à leurs jeunes gens, emplois qui sont trop rares sur place. Les métropolitains ne doivent pas regretter ces aides. Quand les autorités des Etats Unis ont manifesté, au début du XXe siècle le désir de racheter les antilles françaises, un poète dont j'ai oublié hélas le nom, a dit "La France ne se sépare pas de ses plus beaux bijoux".
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J'ai une bonne raison de tenir ce discours. Mon grand père est mort à la guerre de 14, comme tant d'autres Français. Et cette mort a marqué d'une indicible tristesse toute la vie de ma propre mère. Après avoir élevé sa fille, ma grand mère a épousé un médecin martiniquais. Je considérais cet homme comme mon vrai grand père. Il avait fait la guerre de 14 comme chirurgien militaire, puis la guerre de 39, et une fois démobilisé, avait pratiqué bénévolement la médecine dans ma ville natale, MONTMORILLON. Il avait reçu toutes sortes de décorations, dont la Légion d'honneur, et il aimait sa patrie viscéralement. C'est de lui que j'en ai reçu l'amour. Et il aurait considéré comme une injure mortelle qu'on prétendît faire de la Martinique un pays étranger et même autonome, a fortiori indépendant.
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Je ne suis pas surpris de ce résultat. J'aurais pu le prédire. Il reste aux métropolitains à accepter que la mère patrie fasse les efforts nécessaires pour résorber des poches de sous-emplois, voire de pauvreté, et continuer de faire de cette île paradisiaque, une vitrine, une vraie, de ce que la France fait de mieux. Ainsi, nous pourrons défendre dans cette partie du monde, face au géant américain, ce qui fait notre originalité et notre richesse.
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S'il avait appris que les pouvoirs publics avaient prévu d'organiser un référendum sur l'autonomie, il aurait dit avec cette philosophie délicieuse qui était la sienne "Ainsi va le temps..."

1 commentaire:

Eugénie a dit…

je suis entierement d'accord avec vous sur l'idée que les DOM-TOM font partie intégrante d'une conception volontariste de la Nation française , et sur le ridicule de ces chevaliers pourfendeurs d'un néocolonialisme sans fondements réels et autres défenseurs de "létanchéité des particularismes" aux fondements romantico-relativistes (à ce sujet je vous recommande le livre de finkielkraut "la défaite de la pensée", que vous trouverez probablement trop lumiériste mais riche d'intuitions sur cette question)

Cependant faut il pour autant se réjouir d'une adhésion motivée principalement, soyons lucides, par des motifs économiques? Ces bijoux valent ils un assistanat permanent dicté par la culpabilité ?
je n'en suis pas sure , et sans aller comparer Haiti et la martinique au loup et au chien de la fontaine, il serait temps de relever le défi d'outre mer: allier responsabilités et attachements mutuels..