lundi 8 février 2010

Qu'on ne se méprenne pas

-
Plusieurs lecteurs m'ont fait savoir par d'autres voies que celles des commentaires que mes billets pourraient être exploités par des représentants de "l'extrême-droite". Je pensais avoir été clair. Sans doute pas assez. Je vais donc préciser ma pensée sur ce que j'appelle le droit naturel à une patrie.
-
Chaque être humain est inscrit dans une lignée et dans un territoire. Je puis ainsi dire que ma grand-mère maternelle me parlait de son trisaïeul, né avant la Révolution, et qu'elle m'a légué le gilet brodé qu'il portait ; car sa famille, venu des Flandres à la fin du XVIIe siècle, s'était installée en France pour y exercer le métier de chasublier et de brodeur. Ainsi, je me reconnais de lointaines origines étrangères. Et pourtant, je me sens français, jusqu'à la moelle de l'os. Nombre de membres de ma famille ont combattu pour défendre la patrie qu'elle avait adoptée, y ont perdu la vie parfois, ou des années passées en captivité, voire, pour mon grand-oncle, résistant de la première heure, plus d'une année de déportation à DACHAU. Pouvez-vous comprendre que tout ce passé, qui a bercé mon enfance et mon adolescence, donne une couleur et un prix à l'attachement que je porte à la France ? Semblablement, il me plaît de sillonner tous les coins et recoins de l'hexagone, et il n'est guère de provinces que je n'aie visitées. J'y ai trouvé les traces vivantes d'une histoire vivante, inscrite dans un espace que peu à peu j'ai fait mien. Jamais je n'accepterai que cet héritage soit pollué, trafiqué, altéré au nom d'une pseudo-solidarité et d'une pseudo-générosité qui ne sont que l'alibi de la lâcheté.
-
MAIS, car il y a un mais, je connais nombre de Français d'origine étrangère qui aiment leur patrie, l'honorent de leur amour et de leur travail, de leur culture et de leur participation à la vie civique. Et il me plaît, par exemple, de voir que telle femme d'origine algérienne, mais française non seulement de nationalité, mais de coeur, ait été élue sénateur. Qu'elle soit socialiste ne me gêne guère ; son parcours est exemplaire et son discours (elle est passée par la CFDT et non par la CGT ! Nuance !) me paraît cohérent, argumenté, bienveillant. Je ne veux donc pas qu'on mette dans le même sac toutes ces personnes qui ont un nom ou une allure étrangers. Ce que je récuse, c'est l'extension rampante d'une culpabilité indue, vis-à-vis de tous les étrangers installés légalement ou nom sur notre sol. Le respect qu'on leur doit exige qu'on les traite comme tous les autres citoyens, dans le respect de leur origine bien évidemment, et qu'on exige d'eux un minimum de participation à la vie sociale. Ceci implique, au moins, une bonne connaissance de notre langue, l'adhésion sans arrière-pensée à nos lois et à notre constitution, et l'intégration progressive (par exemple en renonçant à prendre comme premier prénom un prénom étranger) à une culture suffisamment ouverte pour accueillir les apports étrangers mais suffisamment forte pour ne pas se renier elle-même.
-
J'espère qu'Eugénie, de la patronne de qui nous célébrons la fête ces jours-ci, m'accordera qu'il s'agit là de propos très modérés et réalistes.

2 commentaires:

tippel a dit…

Bonjour, mon silence vient que je suis absent de France, je sais que cela plaira aux censeurs de la pensee.

Eugénie a dit…

cher monsieur Poindron, tel que vous avez expliqué votre point de vue , je suis tout à fait d'accord avec vous, je suis bien triste que d'autres habitués de ce blog se meprennent et caricaturent vos prises de positions ..
en espérant vous rencontrer un de ces jours ..