mercredi 24 mars 2010

Précisions

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Certaines de mes opinions pourraient donner à penser, paraît-il, que je pare l'ancien régime de très imaginaires vertus. Il n'en est rien. C'est le nouveau régime dont je dénonce les tares et les dérives, les mensonges et les insolubles contradictions. Surtout les mensonges et les contradictions.
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Les mensonges ? Ils ont commencé avec l'instauration de l'école soit-disant laïque (je ne dis pas prétendue !). Le portrait que celle-ci donne d'un régime détruit dans le sang et les violences (largement passées sous silence) pour le faire détester des Français et instaurer une République au goût furieusement antichrétien, colonialiste, bourgeoise et "capitaliste", est faux, et il faut qu'il le soit pour maintenir la fiction de l'égalité, de la liberté et de la fraternité. En somme, les historiens français n'ont jamais su faire un examen critique du régime que certains de nos aïeux ont détruit. Plusieurs fois, j'ai eu l'occasion de dire que le propre de l'idéologie est de rester insensible au sort de l'homme concret. Les milliers de morts de la Révolution laissent de marbre l'enseignement officiel qui ne cesse en revanche de pleurer sur le sort "des plus démunis" au sein d'une société dont les valeurs et les lois sont l'imparable produit des "valeurs" qui fondent l'actuelle République. Je dis que la solidarité active, le partage, et par-dessus tout le lien social existaient bien avant la Révolution, sous une forme qui mettait en oeuvre les corps intermédiaires et les structures ecclésiales, et que l'Etat dévoreur a repris à son compte ces fonctions sans pouvoir les assumer avec la même qualité.
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Fallait-il modifier en profondeur cette société effectivement injustement inégalitaire ? Mais bien sûr, il le fallait ! Je n'ai aucune hésitation sur ce point. Je voudrais du reste reprendre ici à mon compte ce que mon cher BERNANOS dit de la Révolution dans La France contre les robots :
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"Notre Révolution de 89, ou plutôt ce que nous devrions continuer d'appeler le Grand Mouvement de 89, car c'est le nom que lui donnèrent les contemporains - et cette Révolution de 89 était bien, en effet, un mouvement - la Révolution n'est venue qu'après pour lui barrer la route, la Révolution réaliste et nationaliste qui, par-dessus l'idéalisme à la ROUSSEAU de la Déclaration des Droits, renoue avec l'absolutisme d'Etat des légistes italiens ou espagnols, la tradition centralisatrice et unitaire, pour aboutir logiquement au régime napoléonien, aux premières grandes guerres économiques - le blocus continental - à l'égalité absolue, c'est-à-dire à l'impuissance absolue des citoyens devant la Loi - la loi de l'Etat - rendant ainsi possible l'avènement des systèmes totalitaires."
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Et le fulminant prophète de poursuivre :
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"Pour comprendre quelque chose à ce grand Mouvement de 89, qui fut surtout un grand mouvement prématuré d'espérance, et comme une illumination prophétique, il faut tâcher de comprendre l'homme de ce temps-là. L'homme du XVIIIe siècle a vécu dans un pays tout hérissé de libertés. Les étrangers ne s'y trompaient pas. L'Anglais DALLINGTON définit la France de 1772 : une vaste démocratie. 'Toute ville chez nous, disait amèrement, deux cents ans plus tôt, RICHELIEU, non moins centralisateur que ROBESPIERRE, est une capitale. Chaque communauté française, en effet, ressemble à une famille qui se gouverne elle-même, le moindre village élit ses syndics, ses collecteurs, son maître d'école, décide de la construction des ponts, l'ouverture des chemins, plaide contre le Seigneur, contre le curé, contre un village voisin."
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J'aimerais pouvoir élire mon percepteur, décider avec mes concitoyens de l'utilité de la construction de tel ou tel bâtiment d'intérêt public, choisir mes professeurs, car il me semble que je suis mieux placé que les députés, le Recteur d'académie, ou la Direction Départementale de l'équipement, pour savoir ce qui est bon pour moi, pour ma famille, pour ma ville, ou pour mon pays. Bref, si je reconnais les vertus de la démocratie, j'aimerais qu'elle fût appliquée à tous les niveaux, j'aimerais ne pas être réduit à l'état d'esclave de lois faites par des gens qui ne connaissent de la réalité que les éléments utiles à leur carrière.
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Voilà ce que je voulais dire, pour aujourd'hui, à cette amie très chère qui me reprenait avec amitié hier soir. Elle se reconnaîtra.
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Je continuerai demain en reprenant des éléments factuels, historiques, montrant que nos libertés publiques ont été, au nom de l'égalité, considérablement rognées voire supprimer, pour perpétuer le culte de ROUSSEAU et de ROBESPIERRE.
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A demain.

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