samedi 3 avril 2010

Jours saints

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Pour un chrétien, les jours saints sont tissés de tristesse, de compassion, de contrition, d'espérance et de silence, surtout de silence. C'est donc volontairement que je me suis abstenu pendant ces jours de produire mon billet quasi quotidien. Un Père de l'Église primitive, un Père dont le nom s'est perdu, écrivait dans une homélie sur le "Grand et Saint Samedi" :
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"Que se passe-t-il ? Aujourd'hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines."
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En relisant les récits de la Passion de Jésus, une petite incise de la Passion selon saint Jean m'a plongé dans une lumière toute nouvelle, dont je désire vous faire part. VOLTAIRE disait, je cite approximativement : "Drôle de père que celui qui exige le sang de son fils afin d'apaiser sa colère". Et cela paraît bien juste si l'on présente la mort de Jésus comme un sacrifice rituel. Mais saint Jean nous dit ceci, qui est de la plus extrême importance : [Jésus] sachant que le Père avait tout remis entre ses mains etc. (Jn 13, 3). Jean veut signifier par là que Jésus, dans son humanité, a toute latitude pour agir comme il convient, en fonction des événements et des circonstances de l'ici et maintenant, pour accomplir la mission que son Père lui a donnée. Elle est simple : révéler aux hommes qu'ils sont des fils de Dieu. Du reste, Jésus dira en un autre endroit des Évangiles que nul ne lui prend la vie, mais qu'il la donne librement.
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Pourquoi est-il important de comprendre ce point ? Parce qu'il permet de comprendre que Jésus savait à quoi aboutirait l'annonce de la bonne nouvelle. On ne perturbe pas impunément le ronronnement de la grande machine, des grandes affaires du Temple ; il en avait chassé les marchands, renversé les tables des changeurs, dénoncé l'hypocrisie des pharisiens, annoncé aux pauvres la bonne nouvelle, mangé avec des publicains et des pécheurs, pardonné à la femme adultère. Tout cela était inacceptable pour l'establishment. Jésus n'a pas cherché la mort ; il n'était pas suicidaire, mais il ne pouvait trahir la mission que son Père lui avait donnée. Et aller au bout de cette mission, c'était la mort assurée et assumée avec une noblesse que mêmes les incroyants sont bien obligés de reconnaître.
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Il me semble que mon cher René GIRARD pourrait rebondir sur ce petit passage, tant il vient soutenir l'interprétation qu'il donne de la mort de Jésus.
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