vendredi 30 avril 2010

Requiem pour une placette

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Il y a trente ans, la place Saint-Louis qui donne sur le pont Saint-Thomas, était, le soir, noire de monde. Une aimable anarchie régnait peut-être dans le stationnement des voitures sur le trottoir qui borde l'ILL. Mais on pouvait stationner régulièrement sur la place elle-même. Une foule d'étudiants se pressaient Aux deux Hallebardes et Aux bons crus d'Alsace, deux délicieuses winstubs contiguës. Certes, dans les salles, on n'y voyait pas à trois mètres tant les fumeurs étaient nombreux, et brumeuse l'atmosphère. Mais il y avait de la vie. Un brouhaha vigoureux faisaient un fond sonore vivant et multiforme ; parfois des chants, indubitablement gaulois jaillissaient, à une table, repris en choeur par les dîneurs.
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Imaginez aujourd'hui un endroit minéral, pavé de granit, entouré d'un petit muret qui se veut être une sculpture moderne minimale, un désert humain, pas de circulation, pas de stationnement. Des jeunes couples qui voulaient tenir commerce dans le quartier ont dû fermer boutique. Les deux winstubs sont quasi désertes.
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Les bobos sont passés par là, et les écologistes intégristes. Pas de voitures à STRASBOURG, pas de stationnement, pas de jeunesse le soir dans les rues : les étudiants, on les a repoussé à la périphérie de la ville. C'est dangereux, un étudiant, ça fait du bruit, et il ne faut pas déranger les locataires fortunés qui ont acheté, en connaissance de cause, des appartements rénovés au-dessus des deux restaurants si typiques. Monsieur le maire transforme sa ville en dortoir, en musée, et en touristodrome. Ça me fait mal de voir une ville si belle, que j'aime tant, perdre peu à peu de sa vie, comme un blessé perd de son sang. Hélas, le mal est fait. Plus jamais, cette ville naguère si vivante, ne retrouvera cette pétulance alsacienne, faite de bonhomie, d'humour et de juste distance. Les écologistes sont les ayatollahs d'une nouvelle religion tout aussi sectaire que celle de certains iraniens. Je crains fort qu'ils ne finissent par achever le peu de joie de vivre qui reste à un peuple jadis qualifié "du plus spirituel du monde".
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Allez ! Je chante un requiem pour cette défunte placette.

2 commentaires:

Geneviève CRIDLIG a dit…

Requiem in aeternam BIS:

Effectivement : je reviens de Strasbourg et je n'ai plus retrouvé cette délicieuse placette dont le charme me plaisait tant!

Quel choc ! Cela est vrai : un morceau de la vie alsacienne a disparu et un souffle de la vie strasbourgeoise s'en est allé se figer dans du béton .
J'ai eu le sentiment de me congeler dans un bocal de pierre - pire : dans une pierre tombale.
La mort quoi !

PS. Pour un stationnement encore gratuit ( ne le dites à personne) pas trop éloigné du centre - enfin tout de même à 30' : regardez du côté de l'Allée de la Robertsau - la rue Twinger par ex .
En plus un beau quartier 'plantureux' et verdoyant.

Anonyme a dit…

a L'humanité toute entière. merci a Mr Politis de faire savoir ce que l'on nous cache , des faits biens réels qui sont innacceptables dans notre Société actuelle,et que les nouvelles générations doivent connaitre afin de lutter contre ces pensées fausses de Jules Ferry. (billet suivant).