lundi 26 avril 2010

Tenir bon

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La manière dont les partis politiques réagissent à l'affaire de cet homme supposé être polygame est typique de l'idéologie qui les ronge.
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Il faut commencer par le commencement. En premier lieu, nous sommes un pays de droit, et il est absolument indispensable de le respecter. Il faut tenir ferme sur ce point, et n'y jamais déroger. En second lieu, et c'est là où les choses se compliquent, notre pays ne reconnaît pas le mariage religieux. Il est donc tout à fait possible à un fidèle musulman (a) de se marier civilement à une française, d'acquérir ainsi notre nationalité, et (b) de contracter à la suite trois mariages religieux, sauf qu'un ministre des cultes qui, en France, marie religieusement un homme et une femme non marié civilement se rend coupable d'un délit et est passible des tribunaux. Qu'à cela ne tienne, il suffit d'aller dans un pays musulman qui, lui, reconnaît le mariage religieux, et le tour est joué.
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Ainsi, l'homme soupçonné de polygamie peut être religieusement (et régulièrement aux yeux de sa foi) polygame, sans l'être juridiquement. Voilà où mène l'exacerbation de la laïcité qui refuse de prendre en compte ce fait. Il me semble, toutefois, très facile de juger de la réalité de la polygamie, en se posant quelques questions : (a) les femmes supposées être mariées à cet homme ont-elles des enfants ? Combien chacune ? Ces enfants sont-ils du même père ? Quel âge ont-ils ? Les mamans de ces enfants sont-elles toutes voilées ? Quel nom porte les enfants ? S'il apparaît que les réponses à ces questions indiquent que l'homme soupçonné de polygamie a engendré régulièrement de ces quatre femmes, et d'elles seules, des enfants à des périodes coïncidentes, alors il y a fort à parier qu'il s'agit d'un cas de polygamie, régulier aux yeux de la religion musulmane, mais difficile à condamner chez nous si les mariages ont été contractés à l'étranger.
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Que faire ? La seule solution, à mon point de vue, consiste à reconnaître que le mariage religieux musulman a valeur de pacte civil de solidarité qu'il ait été ou non contracté en France. Or il est impossible aux yeux de la Loi d'en contracter plusieurs simultanément. La gauche s'époumone, mais ne voit le danger qu'il y a à défendre ces pratiques, qui condamne à brève échéance notre pays à être submergé par des familles pléthoriques, à la charge des contribuables, et qui ne manqueront pas de constituer chez nous des ghettos islamistes irréductibles. La droite réagit sans doute trop vite. Il faut réfléchir. Quant à accuser monsieur SARKOZY d'être responsable d'une prétendue manipulation, c'est tout simplement supposer qu'il avait une ligne directe entre l'agent verbalisateur de la porteuse de niqab (tient, d'un seul coup, on retrouve les bons mots pour désigner les pièces vestimentaires ; là on peut faire la différence entre une burqa et un niqab, bizarre, non ? ; voir mon dernier billet) et son bureau. C'est idiot et ne mérite même pas l'attention que je lui porte.
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La vérité est plus nuancée. (a) Nous devons nous abstenir de toute généralisation ; il y a des fidèles musulmans pieux et sincères ; ils ne doivent pas être victimes d'une injuste suspicion, et ils méritent notre respect. (b) Il y a les extrémistes, qui ne rêvent que de prendre une revanche sur la bataille de Poitiers, sur les croisades et sur la reconquista espagnole. Il ne s'agit pas d'un fantasme sorti tout droit de ma tête. Il s'agit là de propos tenus par des intellectuels et par des fidèles fanatisés.
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On peut se demander, aux réactions des uns et des autres, si le contact des responsables politiques avec la réalité humaine et religieuse a encore un sens pour eux. La plus mauvaise réaction est celle de la gauche et elle paiera ce manque de courage qui consiste à ne pas voir en face les faits ; la moins inadaptée est celle de la droite, mais je la trouve trop idéologique. Il nous faut réfléchir à ce que la laïcité signifie, et revoir tout à fait nos concepts en cette matière, en acceptant qu'il existe des cultures qui ne distinguent pas le domaine religieux du domaine politique ; il nous faut tirer les conséquences de cette situation. Si nos lois ne permettent pas de condamner la polygamie religieuse (je ne parle pas de maîtresses, comme le suggèrent plaisamment tel ou tel média, France Info en tête ; peut-être pour nous, mais pas pour un musulman à qui sa foi interdit l'infidélité), alors il ne faut pas accepter sur notre sol des personnes pratiquant ouvertement une forme extrême de l'islam qui ne peut avoir de place chez nous.
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Et qu'on ne me dise pas qu'il s'agit-là d'un argument juridique irrecevable au motif qu'il n'est fait que de soupçons et de présomptions. Toute la législation fiscale est fondée sur l'idée a priori qu'un contribuable est un fraudeur en puissance, de sorte que la charge de la preuve lui appartient quand il est accusé de fraude. Le droit est ici totalement présomptif. Ce qui est possible dans un domaine somme toute grossier, celui de l'argent trompeur, doit l'être encore plus quand il s'agit de la survie de sa patrie.
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Allez, tenez-bon, monsieur le ministre. Allez jusqu'au bout de l'enquête. Et donnez suite, s'il y a lieu.
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