jeudi 13 mai 2010

Silence médiatique pour le moins curieux

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Les médias ont fait grand bruit autour des affaires de moeurs et des crimes contre l'innocence des enfants dont se sont rendus coupables des membres du clergé. Curieusement, ils ne sont pas nombreux, ces juges impitoyables, à avoir fait état, en les commentant, des propos tenus par Benoît XVI, le 11 mai, à LISBONNE, lors de son voyage au Portugal. Il me paraît nécessaire de vous les faire (ou refaire) connaître, de les commenter et de les comparer avec la très élastique morale politique dont la démocratie française est une éminente représentante.
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"La plus grande souffrance de l'Église est son propre péché. [...] L'Église doit apprendre le pardon, même si le pardon ne remplace pas la justice. Les attaques contre l'Église ne viennent pas seulement de l'extérieur. Les souffrances viennent de l'intérieur de l'Église, du péché qui existe dans l'Église. L'Église a un profond besoin d'apprendre le pardon et aussi la nécessité de la justice."
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Je fais appel à la probité intellectuelle de tous mes lecteurs éventuels et leur demande de répondre à cette question : Connaissez-vous beaucoup d'institutions humaines qui reconnaissent aussi clairement leurs propres erreurs, demandent pardon et acceptent que justice soit rendue pour les crimes dont quelques un de leurs membres se sont rendus coupables ? A ma connaissance, je ne vois que l'Allemagne pour avoir osé regarder en face les crimes passés d'un régime épouvantable, demander pardon aux victimes, et leur accorder réparation. Sans doute faut-il aussi évoquer la commission de réconciliation nationale de l'Afrique du Sud, où des victimes et des bourreaux ont pu se parler face à face et trouver les conditions du pardon.
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Ouîtes-vous, lors du bicentenaire de la Révolution française, le Président MITTERRAND faire la moindre allusions aux crimes abominables des colonnes infernales, lors des guerres de Vendée ? Alla-t-il au Luc-sur-Boulogne se recueillir devant le mémorial des quelques cent enfants massacrés par les armées révolutionnaires (je rappelle que le plus jeune avait quinze jours) ? Y a-t-il eu le moindre regret à l'égard de l'Église de France, dont des dizaines de prêtres et d'évêques avaient été emprisonnés puis guillotinés, au motif qu'ils préféraient obéir à leur conscience qu'à César ? A-t-on regretté le pillage, la mutilation, voire la destruction, de près de 90 % des édifices religieux, églises, monastères, couvents divers ? Nous continuons de vivre sur le mensonge, le déni et l'oubli. Faut-il rappeler que les sans-culottes étaient tout simplement la lie du peuple, qu'ils inspiraient à leurs concitoyens le dégoût et l'effroi ? Qu'ils se sont rendus coupables de tortures et d'actes barbares analogues à ceux des nazis dans les camps de concentration ? Que nenni. On a fait défiler sur les Champs Élysées, le 14 juillet 1989, des dizaines de figurants débonnaires pour accréditer dans l'esprit du peuple français contemporain l'idée que les sans-culottes avaient par leur vertu sauvé la Patrie ! Mensonge, mensonge et mensonge ! Je ne marche pas dans cette combine-là.
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Pour dire le vrai, il me faut admettre que la Révolution française a laissé en héritage quelques trésors estimables. Ils ne figurent pas forcément dans la corbeille politique, ni même sociale, mais surtout dans la corbeille des institutions culturelles, encore que nombre d'entre elles (Muséum, Bibliothèque Nationale, Cabinet des médailles, etc.) eussent été créées sous l'Ancien régime.
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En somme, nous continuons à nager dans l'idéologie la plus obscure, la plus obscène, la plus insupportable à qui cherche d'abord la vérité. Bien entendu, je suis un adepte fervent de la liberté, bien entendu, l'égalité devant la loi me semble être un apport fondamental de la Révolution. Mais j'attends encore, qu'à l'image de l'Église catholique, notre République reconnaisse publiquement les erreurs originelles qui font aujourd'hui une grande tache sur la majestueuse tunique dont elle pare ses statues dans nos jardins publics.

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