samedi 3 juillet 2010

Vous devez lire Taine

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TAINE est un homme admirable. Vous devez lire pendant vos vacances son oeuvre majeure : Les origines de la France contemporaine. Il faudrait tout citer, tout mémoriser de cet ouvrage monumental, tant l'analyse est fine et le jugement lumineux. Je vous recommande tout particulièrement la troisième et dernière partie, intitulée "Le Régime moderne" et dans cette partie, le livre sixième, L'école. Vous comprendrez pourquoi le système de l'éducation nationale est une entreprise totalitaire. Du reste, le résumé de ce livre, porte en son milieu cette phrase significative : L'objet du corps enseignant est l'adaptation de la jeunesse à l'ordre établi.
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Je vais, pour aujourd'hui, vous livrer deux extraits significatifs de ce monument d'érudition, me réservant le droit d'y puiser à nouveau quand il le sera nécessaire. TAINE a tout vu, prévu, prophétisé. Et le lamentable état de notre patrie n'est que le résultat de l'action de songe-creux qui ont placé le système avant le réel. J'affirme que la faillite de l'enseignement et ses conséquences sociales ne sont aucunement de la responsabilité des enseignants dont le dévouement est admirable ; il résulte de l'incurie, de la démagogie et de la fausseté de conception de nos responsables politiques quelle que soit leur affiliation partisane.
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Première citation du Livre sixième.
"Au fond, le jacobin est un sectaire, propagateur de sa foi, hostile à la foi des autres. Au lieu d'admettre que les conceptions du monde sont diverses et de se réjouir qu'il y en ait plusieurs, chacune adaptée au groupe humain qui le professe et nécessaire à ses fidèles pour les aider à vivre, il n'en admet qu'une, la sienne, et se sert du pouvoir pour lui conquérir ses adhérents. Lui aussi a ses dogmes, son catéchisme, ses formules impératives, et il les impose. - Désormais, l'éducation sera non seulement gratuite et obligatoire, mais laïque et purement laïque. Jusqu'ici, la très grande majorité des parents, la plupart des pères et toutes les mères avaient souhaité qu'elle fût en même temps religieuse. Sans parler des chrétiens convaincus, beaucoup de chefs de familles, même tièdes, indifférents ou sceptiques, jugeaient que cette mixture valaient mieux pour les enfants, surtout pour les filles. Selon eux, la science et la croyance ne devaient point entrer séparés, mais combinées et en un seul aliment, dans les très jeunes esprits ; du moins dans le cas particulier qui les concernait, cela, selon eux, valait mieux pour leurs enfants, pour eux-mêmes, pour la discipline intérieure de leur maison, pour le bon ordre à domicile dont ils étaient responsables, pour le maintien du respect et la préservation des moeurs."
Cette vue prophétique explique le succès de l'enseignement libre catholique, rend compte de la démission de nombreux parents dans l'éducation de leurs enfants, et permet à madame ROYAL de donner ses chèques contraceptions aux jeunes lycéennes de sa région. C'est que dans son esprit, le plaisir passe avant le bonheur.
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Mais ce n'est pas tout. Deuxième citation du Livre sixième.
"Le jeune homme a subi trop de crève-coeur. Quelquefois avec ses intimes, aigris et fourbus comme lui, il est tenté de nous dire : Par votre éducation, vous nous avez induit à croire, ou vous nous avez laissé croire que le monde est fait d'une certaine façon ; vous nous avez trompé ; il est bien plus laid, plus plat, plus sale, plus triste et plus dur, au moins pour notre sensibilité et notre imagination ; vous les jugez surexcitées et détraquées ; mais, si elles sont telles, c'est par votre faute. C'est pourquoi nous maudissons et bafouons votre monde tout entier, et nous rejetons vos prétendues vérités qui, pour nous, sont des mensonges, y compris ces vérités élémentaires et primordiales que vous déclarez évidentes pour le sens commun, et sur lesquelles vous fondez vos lois, vos institutions, votre société, votre philosophie, vos sciences et vos arts. - Et voilà ce que la jeunesse contemporaine, par ses goûts, ses opinions, ses velléités dans les lettres, dans les arts et dans la vie nous dit tout haut depuis quinze ans."
Ainsi s'achève, prophétiquement, ce chef d'oeuvre d'histoire. Là encore TAINE a tout vu : le phénomène des bandes, le rejet de l'ordre établi, les extravagances vestimentaires ou musicales, les soûleries dans les boîtes. Oui, voilà ce que nos institutions offrent comme grain à moudre à la jeunesse contemporaine. TAINE ne serait point étonné de la voir en cet état.
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Allons, un effort, messieurs et mesdames les responsables politiques. Vous voyez bien qu'il n'y a pas d'égalité, car dans toutes les couches de la société, il y a des avantages ; il n'y a pas davantage de liberté, accablé que nous sommes par la réglementation et les contrôles de toutes sortes. Ne parlons pas de la fraternité, dont le substitut pâlot est la solidarité, laquelle n'est qu'une solidarité fiscale, et non point existentielle. Nous sommes en train de crever de l'idéologie prétendue "républicaine" qui ne fait droit ni à la diversité d'opinions, ni à la responsabilité des familles, ni aux communautés naturelles.
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