jeudi 2 septembre 2010

Automne en Avignon

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Je me suis perdu dans les ruelles ombreuses de la Cité des Papes. J'ai rêvé, en traversant de mystérieuses placettes, silencieuses comme des cloîtres. Je me suis laissé inonder de soleil sur le parvis de la Collégiale saint Agricol. J'ai emprunté la rue de la Velouterie, la rue des Fourbisseurs, la rue Bancasse, la rue de la Carrerie, et tant d'autres dont les noms sentent le moyen âge, les métiers de jadis, et un monde dont nous n'avons même pas l'idée. La Sorgue coule, étroite, entre deux rangées de maisons tortues, dans la rue des Teinturiers. De grandes roues à palettes y tournent indéfiniment, comme si le temps s'était arrêté. Mélancolie paisible des jours qui raccourcissent.
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Du haut du jardin des Doms, la vue donne sur un Rhône majestueux et sur la citadelle de Villeneuve-lès-Avignon. L'île de la Barthelasse s'étire comme un petit dragon. Froissement des feuilles qui commencent à tomber des arbres ! Lumière déchirante de ce soleil qui perce l'azur. Moments uniques.
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Et puis il y a le Musée du Petit Palais. Jamais je n'ai vu autant de merveilles venues de l'Italie des XVe et XVIe siècles. Il faudrait y passer des heures, s'imprégner de la douceur de telle madone, de telle vierge à l'humilité (il s'agit de tableaux dans lesquels on voit la Vierge donner le sein à Jésus), de tel visage torturé d'un Christ portant sa croix. Rien n'est plus beau, rien n'est plus émouvant. J'ai vu les larmes du jeune saint Jean couler alors, qu'au pied de la Croix, il est en train de voir mourir son Maître et j'en fus retourné.
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Que dire de l'admirable Musée Calvet ? Il héberge une collection unique de primitifs flamands, hollandais et allemands, dont un superbe Clair de Lune monochrome, dans le registre du bistre légèrement roussissant. Tout à la contemplation de ce chef-d'oeuvre, j'en ai oublié de qui il était l'oeuvre. On y trouve aussi une belle collection de tableaux modernes dont quelques SOUTINE de la meilleure venue, des GLEIZES, et d'autres encore.
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Voilà comment on peut quitter l'azur d'un été qui se meurt, dans la paix intérieure, et dans la certitude que la beauté est immortelle. Je vous souhaite de faire la même expérience.
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2 commentaires:

Geneviève CRIDLIG a dit…

Merci pour ce partage d'une expérience de beauté!

Geneviève CRIDLIG a dit…

J'ai oublié de dire le principal:
"... pour ce beau partage..."

Me voici emportée dans un rêve... Je me promène dans Avignon...