samedi 16 octobre 2010

A Sylvain

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Cher Sylvain,

Je ne suis pas RILKE, et je suis bien incapable d'écrire une oeuvre du genre Lettres à un jeune poète inconnu. Qu'importe. Je vais m'efforcer de répondre, comme je l'avais promis, à votre commentaire désenchanté du billet du 13 octobre. Je ne vous connais pas, mais vous devine.
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Oui, cela est vrai. Ceux qui font grève aujourd'hui sont ceux que la réforme des retraites ne concernent pas. J'ai pris soin de vérifier, sur le site officiel de l'organisme qui gère les retraites des agents de la SNCF, certains points mentionnés par TIPPEL dans un commentaire. Les agents de la SNCF partent à 55 ans. Ceci figure, pour autant que je m'en souvienne, dans l'article 1 du règlement des retraites. Il est parfaitement inacceptable de voir ces agents faire grève pour protester contre une réforme qui ne les concernent pas, ou pas encore. Il ne s'agit pas d'un privilège (mot que l'on confond souvent avec "avantage" ; un privilège [private lex] est un règlement particulier qui s'applique à un groupe humain particulier, qui est élaboré par les membres de ce groupe en contrepartie des efforts qu'il consent à titre de groupe). Il s'agit tout bonnement d'un avantage indu. Le temps des locomotives à vapeur est révolu. Il n'y a plus de mécaniciens et de chauffeurs noircis par la fumée du charbon et fouettés par le vent âpre dans leur habitacle inconfortable. Les amplitudes de voyage se sont considérablement raccourcies en raison de l'avènement des TGV. Les conducteurs et les contrôleurs ont encore à souffrir de ces soirées qu'ils passent dans les locaux destinés à les accueillir pour une nuit, le temps pour eux de faire le retour. Mais cela est de plus en plus rare. Et c'est bien. Un raisonnement analogue s'applique aux agents de le RATP à PARIS. Je ne sais pas si la convention collective qui règle les droits et devoirs des agents employés dans les lignes de bus et de métros régionaux comportent les mêmes avantages.
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Ce qui me paraît le plus touchant dans votre commentaire c'est l'expression d'une blessure, de cette blessure intime qui vous fait regarder avec tristesse et désenchantement le monde contemporain tel qu'il va. Non ! Ne vous laissez pas aller au désespoir. Le monde sera ce que vous en ferez. Et il suffit de quelques jeunes à l'âme bien trempée, pour le changer ce monde. C'est ma conviction profonde. Et vos réactions, leur profondeur, la sensibilité très fine qui est la vôtre l'indiquent à l'évidence : vous êtes de ceux qui peuvent, par la conscience vive des dysfonctionnements sociaux, des atteintes à la relation entre les hommes, du délitements du lien social, contribuer au nécessaire redressement. Le gémissement, disait un jour le Cardinal Alexandre RENARD, n'est pas un don du Saint Esprit. J'ai entendu de mes oreilles cette homélie mémorable qui invitait les disciples à l'action nourrie par la prière.
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Voilà cher Sylvain ce que voulais vous dire pour aujourd'hui. J'aurai encore des commentaires à faire qui nécessitent de ma part plus de réflexion ; les remarques que je vous livre aujourd'hui sont celle d'un homme dans la dernière partie de sa vie certes, mais un homme plein d'espérance, sans laquelle il n'est pas d'amour possible. J'attends votre réaction avec impatience
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