jeudi 14 octobre 2010

Un nouveau concept politique : la rétropédalitude

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Madame ROYAL vient d'inventer un nouveau concept politique : celui de rétropédalitude. Elle nie avoir appelé les lycéens à manifester pour protester contre la réforme des retraites, lors de son interview par Laurence FERRARI. Apparemment, elle a oublié la teneur exacte de ses propos. Elle a même eu ce lapsus très révélateur lorsqu'elle a indiqué, dans sa tentative de rectification, conduite sur les ondes de France Info qu'elle a prétendu vouloir dire que "s'ils devaient le faire, ils devaient le faire POLITIQUEMENT", avant de corriger son lapsus (je voir les os de papa FREUD frétiller de joie) en "PACIFIQUEMENT". Madame ROYAL aurait dû les dissuader de manifester. En essayant de corriger son tir, elle fait machine arrière : c'est bien ce que je disais, c'est de la rétropédalitude.
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Monsieur de VILLEPIN lui, en bon avocat et bon manieur de notre langue prétend (et vous allez apprécier la nuance) qu' "on ne fait pas une réforme crédible sur un sentiment d'injustice". Il ne dit pas "sur l'injustice", non, il dit "sur un sentiment". La véritable question est donc bien de savoir si cette réforme est injuste ou non. Si elle comporte des aspects manifestement injustes, il faut les supprimer. Il semble bien que de très réelles modifications aient été apportées par les sénateurs. Là où les socialistes avaient maintenu le départ à 60 ans pour tous, il devient possible de partir plus tôt et avec un taux plein, si l'on a cotisé un nombre suffisant d'année, par exemple.
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Parlons des jeunes qui manifestent. Ils sont manipulés, et ils défendent l'indéfendable. J'ai entendu l'argumentation de responsables de l'UNEF et de syndicats de lycéens. C'est hallucinant d'égoïsme et de bêtise : il faut maintenir la retraite à 60 ans, disent-ils, parce que ça libèrera des places pour nous les jeunes ! "Ôte-toi de là que j'm'y mette" en quelque sorte. Ce qui m'épouvante, en fait, c'est que ces jeunes n'aient d'autre aspiration que celle de devenir salarié, et de préférence fonctionnaire. Ils n'imaginent pas qu'ils puissent faire autre chose, créer leur propre entreprise par exemple.
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Vous me direz : il cause, il cause celui-là. Mais ne fut-il pas fonctionnaire ? Je vais leur répondre. Certes, je le fus. Mais, avec quelques amis et collègues, nous avons créé une entreprise de Recherche sur Contrat, en 1996, avec 14 emplois à la clé. Cette entreprise a été rachetée et elle continue de fort bien fonctionner. Et il a bien fallu que nous investissions de nos économies pour constituer l'assez modeste capital de cette entreprise. Par conséquent, j'estime ne pas avoir de leçon à recevoir. J'ai mis mes compétences, des économies personnelles, au service de jeunes dont nombre étaient du reste mes élèves. Que tous les enseignants syndiqués du SNESUP et autres appellations en fassent autant. Après, on parlera.
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Revenons aux jeunes, si gracieusement invités à manifester par madame ROYAL. Ils n'ont strictement rien compris, comme tant de Français, hélas, à l'économie en général et à celle des retraites en particulier. Ils n'ont pas compris que c'est eux qui, en rentrant dans la vie professionnelle, vont payer par leurs cotisations sociales les pensions des inactifs. Comme ils seront insuffisamment nombreux à travailler (démographie oblige), il sera nécessaire d'emprunter des capitaux sur les marchés internationaux pour payer les pensions, et il faudra rembourser ces emprunts et les intérêts par l'impôt. Quant à les voir crier qu'ils défendent leur retraite à eux, il y a de quoi se tordre de rire. Ils y pensent déjà avant même d'avoir travaillé ? S'ils y pensent, ils sont déjà vieux dans leur tête. S'ils n'y pensent pas mais manifestent, c'est une manifestation politique, sans rapport avec l'objet officiel des protestations. Qu'ils le disent clairement. Mais qu'ils ne roulent pas le bon peuple dans la farine.
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En vérité, je le redis, il y a trois moyens pour trouver l'équilibre du financement des retraites : l'allongement de la durée du travail et du nombre d'annuités, l'augmentation de la contribution des uns et des autres, patrons et salariés, et la diminution du niveau de pension. Sans doute faudra-t-il avoir recours au trois moyens un jour, notamment au dernier, si cette réforme de la dernière chance ne passe pas.
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7 commentaires:

tippel a dit…

je voudrais rappeler à tous les éminents blogueurs ,l'article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme: "Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre... les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit".
Pour revenir sur les manifestations controversées et sur le nombre de manifestants, voici un article de MEDIAPART journal en ligne et très anti Sarkozy; l'on ne peu le soupçonner de collusion avec le pouvoir. Une équipe s'est portés volontaires pour cet exercice : A l’aide de compteurs à main, ces «clics-clics» utilisés par exemple dans les avions pour compter les passagers (on en trouve facilement sur internet au prix de 11 euros, nous en avons acheté six), nous avons compté les manifestants quasiment un par un. Plus exactement, par grappes de cinq.” Résultat : alors que les syndicats annoncent 330 000 personnes dans les cortèges et que la police en dénombre 89 000, la rédaction arrive péniblement à 76 000 manifestants ! ” Notre estimation nous a nous-mêmes surpris”, indique la rédaction, qui a refait plusieurs fois ses calculs.
A Marseille, le sujet est très délicat. Pour la quatrième fois consécutive, la préfecture a estimé les manifestants à un nombre presque dix fois inférieur à celui des syndicats : 24 500 contre 230 000. Pour trancher, six journalistes des trois rédactions se sont donc postés en deux groupes. “Résultat : une estimation comprise entre 16.860 et 21.690 manifestants, qui ne saurait constituer un chiffre-référence, étant donné le caractère inédit et totalement expérimental de l’entreprise.” Les journalistes donnent donc plutôt raison à la police. Étonnant non!

potomac a dit…

Mais cher tippel, il ya même mieux puisqu'une société -dont jene sais plus le nom- espagnole, crois-je, a inventé un logiciel de comptage sur base de photos aériennes et il est vrai que, là aussi, les différences sont énormes et assez proche des chiffres"policiers"

potomac a dit…

Y aurait-il des personnes dans notre univers de France qui naissent avec des parents au minimum trés aisés et qui donnent leur fortune à leurs enfants, qui leur permettent de faire d'excellentes études; leur ouvrent des portes dans lavie. Ces mêmes enfants, après certainement beaucoup de travail, deviennent eux-mêmes professeurs en faculté, même en pharmacie peut-être, donc avec un bon salaire, mérite certainement aussi, et une garantie de l'emploi. Ils peuvent investir leurs économies dans des entreprises... ce qui prouve qu'il y a écoinomie. Et qui, finalement,; ont la possibilité de passer une vie sans de réels problèmes financiers; peut être est-ce de même du coté du conjoint, etc...
Alors l'on peut partager avec les autres, oui c'est bien mais......
Jésus a dit voyez cette pauvre veuve n'a pas donné une partie de son bien, elle a donné son nécessaire tout en étant totalement humble vis-àvis de ceux qui donnaient beaucoup plus en se faisant remarquer.

Il y en a marre de politiquailler; passons aux actes. Dans notre pays, la droite est nulle et ce ,de plus en plus les riches sont riches et les pauvres plus pauvres. La gauche, dont beaucoup font partie des riches de la phrase précédente, n'a aucun programme sinon de démolir ce qu'esaye de faire la droite. Les jeunes (qu'est-ce que cela veut dire) sont heureux quand ils mettent la pagaille, à part quelques uns. Doit-on faire une nouvelle révolution, un nouveau mai 68? Des fois je me mlets à réver et si Cohn Bendit était au pouvoir? Essayez de décripter ses messages, cela n'est pas si mal que cela......

Philippe POINDRON a dit…

Cher Potomac,
Je ne suis responsable de la famille dans laquelle je suis né. Et je trouve que vos remarques sont assez désobligeantes, et injustes. Je n'ai pas eu un traitement supérieur à celui de mes collègues. Il leur était loisible d'économiser, et de créer une entreprise où ils auraient pu donner du travail à leurs élèves.
J'aurais pu moi, utiliser mes quelques économies autrement. Et je vois poindre dans vos remarques un fond de ressentiment au sens où l'entend NIETZSCHE. C'est avec ce genre de raisonnement qu'on suscite une jalousie stérile et une haine inexpiable entre les membres d'une société. Je ne vous suivrais pas dans cette voie-là. Et ces explications ne sont pas unde justification, mais une protestation.
J'ajoute que mes parents, s'ils étaient aisés, ne m'ont jamais matériellement favorisé, et que j'ai travaillé très tôt pour pouvoir me payer d'abord une moto (d'occasion ; une 350 BSA) puis une DKW junior (moteur deux temps !) avant de pouvoir m'offrir une 2 CV, la voiture que j'avais quand j'ai été nommé à STRASBOURG. Que savez-vous de l'usage que je fais de mes biens ? Avez-vous lu le billet où je reconnais être un privilégié et cet autre où je dis que je ne trouverais pas anormal de voir diminuer le montant de ma pension pour permettre à d'autres, moins lotis, de voir la leur augmenter.
Mon père ne m'a ouvert aucune porte. Il désirait que je travaillasse avec lui. J'ai quitté son laboratoire d'analyse après trois mois d'un essai non concluant. Et j'ai été boursier de la DRME, pour commencer mon travail de recherche, (800 Francs par mois) pendant un an avant d'être nommé assistant. Mon père ne m'a en aucune manière prédestiné à être professeur. Je le suis devenu presque par accident. Et je crois avoir honoré la fonction.
Mais vous avez raison sur un point : je ne parviens pas à faire le pas du total lâcher prise. Une question : l'avez-vous fait ? Si oui, je vous admire.
Il me semble que le changement social peut commencer par des efforts personnels, notamment dans le changement de regard que l'on porte sur les uns et les autres.
Certes, j'adore polémiquer ; bien sûr la rétropédalitude es une boutade. Quand acceptera-t-on de discutyer vraiment ?

potomac a dit…

Cher mr poindron
Tout d'abord vous n'étiez point visé directement. Vous laissez quand même entendre dans vos différents billets que vous avez eu une certaine facilité dans votre vie.Je n'en suis pas jaloux; je n'ai pas eu ces facilités mais je ne me plains pas de ma situation d'aujourd'hui. je pense plutôt à ces immensités de personnes qui sont dans la souffrance aujourd'hui et qui peuplent,non pas par conviction mais par espérance, les rangs de la gauche et des extrêmes. C'est pour cela que cela m'énerve beaucoup que vous attaquiez la gooooooooooche quasi en permanence et, pourtant, je ne me sens pas de gauche.
Le total lacher prise ne nous est pas demandé (Jésus n'avait contre les riches que le fait de faire de l'argent pour l'amour de l'argent et vous ne me semblez pas être de ceux-là)et je n'y suis pas; néammoins j'essaye de partager et cela avance. Quant au regard sur les autres, c'est aussi difficile mais j'essaye, pas toujours avec succès, de ne pas leur "rentrer dedans" comme vous la faites osuvent dans vos billets.
Néammoins je souhaite continuer à palabrer tout en espérant que les chiffres de votre tension artérielle ne franchissent point des chiffres anormaux.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Potomac,
Vous êtes un indispensable interlocuteur. Je me croyais visé. Apparemment il n'en est rien. Tant mieux.
Je vous recommande de lire le billet de ce jour, 15 octobre.
Si je rentre dans le chou de la gauche, c'est parce qu'elle trahit ses idéaux de fraternité, de tolérance et de respect, c'eszt parce qu'elle est clanique et npon point universelle. Je n'aime pas les petits bourgeois. Mais il semble que ce soit là l'idéal que les responsables socialistes offrent à leurs adhérents. Et c'est tout simplement indigne de l'idée que, personnellement, je me fais de l'homme. Il a droit au meilleur, il a le devoir de se dépasser, il a aussi celui de penser. Et penser ne consiste pas à voir si les faits concordent avec nos idées.
Bref, si je ne parle pas de la droite, c'est qu'on l'attaque misérablement, et surtout pas sur les points où elle est condamnable. Mais pour ce faire, il faudrait avoir recours à des arguments moraux, chose que personne ne se résoud à faire dans le monde politique.
Dites-moi : une question. Est-ce que nous nous connaissons ? Quelque chose me dit que oui.
Je reviendrai aussi sur ce que vous dites des facilités que ma famille m'a offertes.
Avec toute mon amitié.

tippel a dit…

Mais non Potomac ne vous connnait pas cher monsieur Poindron, vous confondez avec Olibrius ex conseiller municipal sur une liste socialiste.