mercredi 3 novembre 2010

Le métier de parents, le rôle de l'enseignement, la responsabilité des politiques

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Jean-Marie BOCKEL, secrétaire d'Etat à la justice vient d'accorder un entretien au journal gratuit Direct Matin de ce jour. On devrait accorder plus d'importance à ses propos. Je reviendrai, du reste, sur une initiative qu'hélas nous n'avons pu poursuivre en Alsace, et qui rejoignait les très justes intuitions de notre ministre.
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Question : Faut-il davantage responsabiliser les parents ?
Réponse : La famille est le premier espace privé de construction de la personne. Mais certains parents sont dans l'incapacité d'exercer leur mission parce qu'ils ne l'ont jamais intégrée. Nous avons sur ce point un vrai savoir-faire au niveau local pour enseigner le métier de parents. Je préconise de généraliser le contrat de responsabilité parentale mené avec succès dans les Alpes-Maritimes. Et pour amener certaines familles à 'se bouger', le risque de la sanction, comme la suspension des allocations familiales, doit exister.
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Question : La famille peut-elle agir seule ?
Réponse : Non, il ne s'agit pas de mettre toute la pression sur les parents. Le repérage des enfants fragilisés se fait aussi à l'école. On le fait déjà au Collège, mais c'est parfois trop tard. Je pense donc qu'on peut repérer dès l'école primaire, afin de les aider, les jeunes en souffrance, dont les problèmes personnels ne sont pas pris en compte. Il n'y a pas de risque d'établir un quelconque déterminisme de la délinquance.
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Pour la première fois, depuis longtemps, un homme politique insiste sur le rôle fondamental de la famille. Bien entendu, le politiquement correct s'efforce de la démolir. Et dans une de ses thèses sur FEUERBACH, MARX déclare qu'il faut détruire la famille pour détruire l'image de la Sainte Famille. En somme, la destruction de la famille est un des éléments de la lutte contre le christianisme et l'anthropologie chrétienne.
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Lorsque j'étais encore enseignant à l'Université Louis Pasteur, nous avions fondé avec quelques amis une association nommée AREGA (Association du Réseau Educatif Grandir d'Alsace) dont l'originalité était qu'elle recrutait des enseignants allant de la maternelle à l'Université, en passant par les écoles, les collèges et les lycées. Notre intuition était triple :
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(a) Responsabiliser les parents, les former, et associer à la démarche de formation par des avantages certains, car en ces matières, il est difficile de dissocier la vertu de l'intérêt. Ainsi, nous préconisions d'accorder, par exemple, des bons de réductions sur les achats scolaires aux parents présents à des conférences de formation à leur métier de parents (pour la maternelle, le primaire, le secondaire, premier cycle). Nous avons pu organiser ainsi cinq soirées de formation au Collège d'ERSTEIN, dont la principale, il faut le souligner, est une femme en tous points remarquable. Ces soirées se déroulaient en trois parties : une causerie faite par un spécialiste, des groupes de travaux pratiques (jeux de rôle, mise en situation, discussion sur des cas concrets, sur des images de publicité, par exemple) qui rendaient compte de leurs résultats devant les autres groupes. Nous terminions la soirée par le verre de l'amitié dûment abondé par les gâteaux et les boissons apportés par les uns et les autres. Il y avait régulièrement entre 20 et 30 familles représentées (en moyenne : parfois moins, parfois plus). Il n'y avait là aucun avantage, simplement l'intérêt porté au bien de l'enfant.
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(b) Créer une filière d'excellence dès la classe de quatrième, de formation aux métiers de l'artisanat, du commerce et de l'industrie, associée à un enseignement général de haut niveau, réservée à un petit nombre d'élèves, parmi les meilleurs, impliquant des stages de formation pratique encadrés par des Maîtres de stage dûment choisis pour leur qualité professionnelle et leur engagement personnelle dans la filière. Notre idée était qu'en France, les métiers déclarés "manuels" sont décriés et sous-estimés et n'attirent, pour cette raison, que peu d'enfants. L'état de l'enseignement technique, dont les enseignants sont pourtant d'un dévouement inouï, le prouve à l'évidence. Les Français ont ceci de particulier qu'ils ont le culte du Diplôme, des concours, des titres, toutes choses que ne comprennent ni les Anglais, ni les Américains, les Allemands formant un cas à part. Notre idée était que plus la sélection serait sévère et resserrée, et plus nous aurions de candidats à cette filière, et des meilleurs.
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(c) Faire reconnaître par les maires, députés, conseillers généraux, régionaux, etc. le mérite de nos jeunes par une remise solennelle de Diplômes, en leur présence (pourquoi pas le 14 juillet, et pour tous ?) et d'un cadeau, même modeste aux plus méritants, que ces jeunes soient collégiens, lycéens, étudiants. Cette remise de Diplôme aurait pu être couplée à une fête organisée par les communes pour leurs jeunes. Pour que les jeunes s'intéressent à la chose publique, il faut que celle-ci s'intéresse à eux.
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Nous n'avons pu poursuivre l'expérience, car les membres fondateurs ont été dispersés par les aléas de la vie, et nul n'est venu prendre le relais, ce qui est dommage. Il me semble que monsieur BOCKEL prend le problème par le bon, bout, même s'il le fait dans le cadre de la prévention de la délinquance. Affaire à suivre.
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